Cette vidéo est une captation de la rencontre qui a eu lieu le 8 mai à la librairie Paroles, à Saint-Mandé, autour de la collection « Les Plumées », en présence d'Aurore Evain, préfacière du "Vieillard amoureux" de Françoise Pascal, et de Laurence Faron, directrice des Éditions Talents Hauts.
“Reste que contrairement aux injonctions académiciennes le terme autrice est bien légitime, comme la réflexion féministe sur le rapport sexué au langage. Il nous faut nous réapproprier ces mots enfouis par la masculinisation politique de la langue française, redonner une « épaisseur historique » à certains mots, redonner vie à l’accord de proximité et inventer un langage plus adéquat à l’égalité…”
L'histoire du mot autrice est donc née d'une histoire du théâtre, et ce sont des femmes de théâtre qui ont grandement contribué à le faire renaître dans l'usage.
Au commencement était autrice… et autrice devint théâtre.
Théâtre d’une revendication politique et féministe.
Théâtre d’une lutte pour une langue égalitaire, débarrassée des interventions sexistes d’un autre âge, nettoyée, pour les générations à venir, de ses mécanismes de délégitimation mis en place il y a quatre siècles.
Puis théâtre tout court : mise en espace d’une histoire d’effacement et de disparition, qui a « empêché » des générations d’autrices ; mise en voix d’une renaissance terminologique qui a libéré de nouvelles générations d’autrices.
Maintenant / Il faut que j’explique / A maman et à papa / Que la note de la maitresse est juste / Parce que la règle de grammaire / N’est pas juste
Les Editions iXe invitent leurs autrices et leurs auteurs à appliquer la règle dite de proximité, de voisinage ou de contiguïté, qui accorde en genre, et en nombre, l'adjectif, le participe passé et le verbe avec le nom qui les précède ou les suit immédiatement.
L’histoire d’autrice, dont nous proposons ici une rapide esquisse est passionnante à plus d’un titre, car elle recoupe à la fois l’histoire de la langue, celle de la fonction-auteur et les étapes de l’accès des femmes à la sphère publique en général, et à la création en particulier. Elle permet surtout de mettre à bas certains préjugés concernant le soi-disant incongruité de ce féminin et son incapacité à désigner la femme qui écrit
Ce mot allait à l’encontre de l’histoire littéraire telle qu’on nous l’avait enseignée. Avec autrice, remontait à la surface une longue généalogie littéraire de femmes qui l’avaient porté, de lointaines devancières en qui puiser notre autorité et notre légitimité de créatrices.
Aurore Evain, Épilogue à Histoire d’autrice de l’époque latine à nos jours.
L'enjeu d'une légitimité terminologique est notamment portée auprès du grand public par une écrivaine populaire, Benoîte Groult.
Vous ne faites qu’enregistrer l’usage, dites-vous ? Croyez bien que vous allez en entendre, et dans beaucoup de bouches et sous beaucoup de plumes, des noms de métier sous leur forme féminine. C’est une autrice qui vous le dit !
Réplique de Marie-Louise Gagneur dans la pièce de Sarah Pèpe, Presqu’illes.
Apparaîtra actrice quant le terme acteur se limitera au sens de « comédien » ; disparaitra autrice quand la fonction-auteur s’institutionnalisera et se dotera d’un prestige littéraire et social