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Critiques de Bella Pollen (19)
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L'été de l'ours

Un titre curieux, n'est-ce pas? Et l'histoire ne se passe même pas dans une région polaire! Quoique...en Ecosse, il ne fait jamais bien chaud.😉



Un emprunt au hasard à la médiathèque qui s'est révélé une superbe lecture!



Vous aimez les îles sauvages? Bienvenue aux Hébrides-extérieures, au large de l'Ecosse. C'est là que Lettie se réfugie , avec ses trois enfants, après le décès ( suspect) de son mari, Nicky, qui travaillait à l'ambassade d'Angleterre à Bonn, en pleine guerre froide, dans les années 80.



Murée dans son chagrin, elle ne s'aperçoit pas vraiment du mal-être de ses deux filles, Georgie, 18 ans, hantée par un secret lié à son père, et Alba la rebelle, qui ne peut pas s'empêcher d'être méchante avec tout le monde et surtout avec son petit frère de 8 ans, Jamie, hypersensible, qui vit dans son monde à lui.



Chacun de ces personnages est émouvant, et l'auteure sait bien montrer les liens complexes qui les unissent. Elle décrit aussi à merveille la lande écossaise envoûtante ( j ai succombé également à son charme âpre, notamment sur l'île de Skye) les marais dangereux, les nombreuses variétés d'oiseaux marins, les coutumes des îliens, repliés sur eux-mêmes. Un souffle magique effleure le lecteur lors de ces évocations.



Ajoutez à cela un soupçon d'espionnage, les dangers d'une base militaire, et un ours au grand coeur perdu sur l'île, ayant échappé à son dresseur qui l'aimait beaucoup ( fait-divers véridique), vous obtenez un livre captivant, vibrant d'émotion et de poésie.



Il est dommage qu'il soit peu chroniqué sur le site, il mérite une plus large diffusion, même s'il date déjà de 2012. Alors, laissez-vous tenter!



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L'été de l'ours

Un enfant pas comme les autres, un deuil terrible et un ours sur une île écossaise.



Un enfant triste parce que son père a disparu alors qu’il lui a promis d’aller voir le cirque avec lui, un cirque qui présente un ours apprivoisé qui l’intéresse particulièrement.



On ne dit pas vraiment à l’enfant que son père est mort, car on craint que ce père diplomate ne se soit suicidé à Berlin, après avoir trahi son pays. Autour de l’enfant, une recherche de la vérité, à travers les tiraillements de la famille où chacun vit son chagrin à sa façon.



En parallèle, la narration de l’ours réfugié dans une caverne, qui observe l’agitation de l’île.



Un roman de paysages poétiques, mais aussi sur la tragédie du deuil, avec un brin d’intrigue d’espionnage.

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L'été de l'ours

Il est vrai que je ne lis pas ce genre de récit habituellement. Je suis plutôt lectrice de littérature de jeunesse ou jeunes adultes, je ne vais quasiment jamais dans les rayonnages où Bella Pollen et ses confrères pourraient m'attendre. Donc une lecture qui sort de ma zone de confort, mais je suis très contente d'avoir sauté le pas.



L'été de l'ours est l'histoire d'une famille touchée par le deuil comme beaucoup d'autres malheureusement. Une perte brutale et incomprise. Mais chaque membre de la famille ne vit pas ce drame de la même manière, et si Letty, la mère, s'engouffre dans le chagrin, son fils Jaimie, lui, continue de chercher ce père qu'il a perdu. Ses soeurs Alba et Georgie se débattent entre leurs sentiments d'enfants et ceux de jeunes adultes.



Il n'est pas difficile d'entrer dans le vie de cette famille. Il a même été assez déconcertant de voir avec quelle facilité Bella Pollen arrive à nous plonger dans l'univers de ces parfaits inconnus. Les chapitres se suivent, très courts et chaque, à tour de rôle, nous révélant les penser de Letty, Jaimie, Georgie, Alba et de l'ours. J'ai beaucoup aimé cette dynamique. C'était un pari osé car il est difficile de s'attacher à des personnages en si peu de temps. Mais en même temps, les histoires et les pensées s'entrecroisent. Même Nicky, le père, est très présent dans cette histoire. Il l'est d'ailleurs peut-être trop, ce qui empêche le reste de la famille de réellement faire le deuil. Car le roman traite avant tout de cela. Comment gérer la perte tragique et soudaine d'un être cher ?



Letty se perd entre trouver la raison de ce suicide et comment gérer cette perte. Elle, la mère de cette fratrie de trois enfants, qui perd petit à petit son rôle et laisse le chagrin l'engloutir, laissant ses enfants livraient à eux-même. Elle ne réussira à sortir de cette torpeur que grâce à la colère sourde qu'elle laissait enfouie en elle. Sa fille cadette, Alba, est d'ailleurs celle qui représente le plus cette colère. Chacun d'eux représente en fin de compte des étapes du deuil : le dénie de Jaimie, l'acceptation de Georgie, la colère d'Alba, la tristesse de Letty... Mais cette avant tout à leur propre rythme et à travers d'autres épreuves comme la découverte de la vérité que chacun d'eux finira par arriver à la dernière étape : la reconstruction.



Et cela se fait avec douceur et justesse. Chaque membre de la famille progresse à son rythme et rencontre d'autres soucis lié à son âge. Jaimie se débat entre les propres des adultes souvent trop obscurs pour lui. Alba entre dans l'adolescence trop brutalement et n'arrive à s'exprimer que par la colère et la rébellion. Georgie devient adulte, se débattant entre les secrets qu'elle garde et son envie de vivre une vie normale. Et enfin Letty, de retour chez elle, dans celle île perdue à la recherche de la vérité... de sa propre vérité.



Les choses évoluent avec douceur et petit à petit tout s'enchaîne avec clairvoyance et fluidité. le fond de guerre froide et d'ambassadeurs donne une petite touche de curiosité à l'ensemble. Ils donnent cette petite part de mystère qui entoure la mort de Nicky beaucoup plus crédible, sans pour autant alourdir cette histoire de famille... Et puis, enfin l'Ours. Personnage si important durant toute ce roman. Un emblème, une lueur d'espoir qui donne au récit de Bella Pollen une dimension un peu magique qui m'a charmée sans aucun doute.



En clair, un roman a découvrir. Une auteur à découvrir. Si jamais Bella Pollen est de nouveau publiée en français, je dois dire que je me laisserai tenter sans trop d'hésitation car cela fait du bien de lire ce roman à l'ambiance douce-amère, et qu'il est toujours bien de lire d'autres univers que ceux qu'on affectionne habituellement.
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L'été de l'ours

Nicky Fleming, diplomate anglais à Bonn, a été retrouvé mort. Tout laisse supposer un suicide, mais il y a des inconnues dans la disparition de cet agent. Était-il un espion passé à l’Est ? A-t-il trahi son pays en pleine Guerre froide ? « Il existait une faille dans le procès maison de Nicky Fleming. Qu’il soit coupable était accepté comme un fait avéré. Mais de quoi, personne n’en savait rien. » (p. 131) Pour surmonter la perte de Nicky, son épouse Letty décide de s’installer sur une île isolée des Hébrides-extérieures. « Par le passé, cette île désolée des Hébrides avait été le refuge de toutes sortes d’âmes perdues. » (p. 33)



À leur arrivée, toute l’île se passionne pour un ours de foire qui s’est échappé et qui rôde dans les environs. Personne n’a vu le plantigrade, mais Jamie s’est mis en tête de le trouver, comme une ultime promesse qui le lie à son père. Cet ours n’a plus rien du fauve : capable de réflexion et d’émotion, il se laisse mourir de faim dans une grotte plutôt que de manger des charognes. Et il ne peut s’empêcher d’observer le petit garçon qui le cherche sur la falaise.



Avec ses trois enfants, Georgie, Alba et Jamie, Letty tente de faire front, mais se laisse submerger par le chagrin et l’incompréhension. « Ils ne semblaient plus former une famille. Plutôt un ramassis d’âmes endommagées liées les uns aux autres par une série de rites et de rythmes qu’ils contrôlaient mal. Mais peut-être était-ce la définition d’une famille. » (p. 24) Georgie, douce jeune fille, ne rêve que de changer de vie et se laisse aller à ses premiers émois amoureux. Alba est une adolescente féroce qui nourrit une haine tenace du monde et des gens, prenant son petit frère pour cible principale. Quant à Jamie, il vit dans un monde imaginaire et attend patiemment le retour de son père. « Car si Alba pouvait l’aimer, l’impossible devenait possible. On retrouverait l’ours. Son père disparu rentrerait à la maison, et son trou au cœur se réparerait. » (p. 249)



L’intrigue de ce roman est intéressante, mais la narration chaotique en rend la lecture pénible. On oscille sans cesse entre passé et présent et les évènements qui précédent la mort de Nicky se mêlent à la nouvelle vie de la famille Fleming. À force de me perdre dans le temps, j’ai fini par m’ennuyer et c’est sans grand intérêt que j’ai suivi la résolution du mystère politico-diplomatique qui entoure le suicide de Nicky. J’aurais aimé que les chapitres consacrés à l’ours soient plus longs, plus fouillés. Aussi touchante que soit l’histoire de cette famille endeuillée qui doit réapprendre à vivre et à faire confiance, elle n’a pas su m’émouvoir. Dommage, car cette histoire avait bien des choses pour me plaire. Mais la panne de lecture est toujours là. Rien ne me plaît vraiment et je compare tout au grand Zola, ce qui est une barre trop haute pour beaucoup de livres.

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L'été de l'ours

Pas facile d'écrire une chronique sur ce roman alors que les émotions me bouleversent encore et que l'air océanique retient mon âme et mes pensées sur les Hébrides Extérieures. (Ces îles écossaises figurent d'ores et déjà sur la liste de mes prochaines destinations de vacances.)



Ce roman est un hymne à la Famille (avec un grand F), lorsque celle-ci est blessée, qu'elle tente de se relever, qu'elle affronte les doutes, les incompréhensions, les violences intérieures et extérieures, qu'elle avance, envers et contre tout, vers cet avenir meilleur auquel elle croit.



Ce roman est un hymne à la Vie alors que la violence de la mort vient frapper de plein fouet un écrin familial confortable et enlever un père et un mari tant aimé.



Il est un hymne à la Mer sur ces îles du bout du monde qui se font réceptacle des envies du vent, de la pluie, des marées, de la terre qu'il faut apprivoiser, comprendre, accepter et parfois dompter.



C'est un hymne au Passé et à L Histoire qui mêlent ses fils troubles au quotidien déstructuré de cette famille qui tente de se reconstruire à travers les événements des dernières années et de retrouver sens et équilibre.



Les personnages sont plus bouleversants les uns que les autres :

Letty, la maman, tout à son désespoir ne sachant pas comment rejoindre ses enfants dans leur souffrances respectives.

Georgie, l'aînée, qui rêve de liberté, d'autonomie, d'amour et de fuite.

Alba qui, sous ses airs de rebelle et d'hérisson piquant, cache des blessures si profondes qu'elle rejette tout amour.

Jamie, le petit dernier, ultra sensible, sans filtre, qui accepte tout parce qu'il croit que c'est ça la vie, surprotégé et pourtant le meilleur capteur de sensations, d'étonnements, de vie. Un tourbillon de pensées qui ne s'arrête jamais.

Et puis, il y a l'ours... Ce sauvage aux comportements parfois si humains, si compatissant, si attentif à la détresse des autres qu'il nous fait oublier la peur et le danger.

Il y a tous les autres encore qui, chacun à leur façon, m'ont touchée profondément.



Ce roman est une pépite, une perle, un trésor émouvant. Ce n'est certes pas de la grande littérature mais les mots touchent au coeur et embarquent dans une aventure émotionnelle et sensorielle tous ceux qui sont d'accord de monter à bord. N'hésitez pas ! Le voyage en vaut vraiment la peine !

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L'été de l'ours

Premier livre de la journaliste anglaise Bella Pollen a être publié en France, L’été de l’ours est un roman contemporain à la fois tendre et très dur.



Nous sommes en 1980, aux Hébrides-Extérieures, une île écossaise. Letty Fleming s’y est réfugiée avec ses trois enfants après la mort de son mari. En effet, Nicky Fleming, diplomate anglais en poste à Bonn en Allemagne, s’est visiblement suicidé en se jetant du haut d’un toit. Fuyant les mondanités de l’Ambassage, Letty retrouve ses racines. Mais elle n’est pas seule. Ses trois enfants doivent eux aussi faire face au deuil, à leur manière.

Georgie, l’aînée, jeune fille de dix-huit ans est plutôt renfermée. Essayant d’être un support pour sa mère, elle s’en oublie elle-même. Jusqu’à ce que le jeune Aliz lui fasse chavirer le cœur et lui permette d’avancer. Un personnage tout en douceur, aux portes du monde adulte, qui cache un lourd secret à propos de son père.

Alba, quant à elle, est une adolescente de quatorze ans. Ne trouvant pas sa place, elle est violente tant physiquement que psychologiquement avec son entourage. La mort de son père adoré n’améliore pas les choses, au contraire. Elle n’a de cesse de torturer son petit frère. Ce personnage est agaçant mais tellement attachant au fond.

Enfin, le dernier de la fratrie est Jamie, neuf ans. Un enfant rêveur et très fragile. Letty le surprotège, à tel point qu’on ne lui a jamais dit que son père était mort ; simplement qu’il était « perdu », qu’il avait eu un « accident ». Afin de ne pas le choquer, il ne participe pas à l’enterrement, si bien que, dans son esprit, il va sublimer l’image de son père et le réincarner dans la peau d’un ours, cet animal qu’il admire. Or, il se trouve qu’un ours vient justement de s’échapper de la bienveillance de son dresseur sur l’île où la famille a trouvé refuge.



Ce roman parle donc de la manière de gérer un deuil. Chaque enfant, avec son caractère propre, tente de surmonter cette épreuve. La difficulté est l’éloignement de Letty. Incapable d’aller au-delà de son chagrin, elle s’enferme, en oublie parfois ses enfants et rend la mort de son mari tabou. C’est un récit très fort en émotions quelles qu’elles soient : tristesse, désespoir, amour. Ajoutons à cela que l’auteur est une conteuse hors pair. Je me suis sentie portée par ses mots. De plus, elle réussit parfaitement à nous prendre d’affection pour les quatre personnages principaux : une adulte, une jeune fille proche de la majorité, une adolescente et un enfant.



Ce roman, c’est aussi une enquête ; celle que va mener Letty pour faire le jour concernant les rumeurs scabreuses qui fleurissent autour de son mari. Qui était-il vraiment ? S’est-elle méprise sur son compte ? D’indices en aveux, elle avance peu à peu dans ses recherches, sur fond de Guerre Froide et de secret ministériel. Ceci dit, ne vous méprenez pas : il ne s’agit pas d’un polar. Plutôt d’une fresque familiale dramatique mais toujours optimiste ; qui se déroule dans un paysage écossais dont les descriptions entraînent le lecteur dans une ambiance, dans un paysage îlien magnifique : des grandes landes, des falaises abruptes, des plages de galets, etc.



Enfin, je noterais une dernière chose : la présence de cet ours ajoute une touche de magie. On entre dans sa tête, on connaît ses pensées, son désir de liberté et en même temps son besoin des hommes. Il est un des personnage phare de l’histoire, même si je n’ai compris qu’assez tard son importance.



Pour conclure, une lecture très agréable, qui m’a arraché quelques larmes à la fin. Je retiens le nom de cette auteure car, si d’autres de ses livres sont traduits en français, je pense retenter l’aventure.
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L'été de l'ours

Merci à Babélio et aux éditions Belfond pour ce partenariat.

Je commencerai par une petite déception : bien que ce roman s'appelle l'été de l'ours (traduction littérale de son titre anglais), celui-ci n'est pas le personnage principal du roman. Il aura une place importante (certains chapitres sont racontés de son point de vue) avant d'acquérir une dimension symbolique à travers les yeux du petit Jamie, qui ne parvient pas à faire le deuil de son père mais il n'est pas le sujet central du livre.

Le deuil. Le mot est jeté. L'un des sujets principaux du livre est là. Letty et ses enfants ne peuvent faire le deuil de Nicholas parce que l'oppobre a été jeté sur son nom. Letty est dans un dilemme. D'un côté, elle ne parvient pas à communiquer avec ses enfants, parce que rien n'est plus difficile que de trouver les mots quand la souffrance vous submerge, de l'autre, ceux-ci sentent bien, à travers les non-dits de leur mère et de leurs amis de Bonn que quelque chose ne va pas, quelque chose qui les arrache à cette ville où ils ont vécu sept ans, où ils avaient leurs amis, leurs écoles.

1980 : nous sommes en pleine guerre froide. Si nous lisons un roman sur la seconde guerre mondiale, nous saisissons immédiatement l'arrière-plan historique mais là, combien de lecteurs ont oublié ce qu'était la guerre froide ? D'ailleurs, combien de romanciers consacrent un roman sur cette période pendant laquelle les relations Est-Ouest étaient plus que tendues ? Je pense certes à La taupe de John Le Carré, je pense aussi à Berlin 73 qui présente une vision plutôt riante de la vie à l'Est (sans commentaires). Ici, Bella Pollen montre l'envers du décor, les obligations des femmes de diplomates, et la hiérarchie qui règne entre elles, la manière dont elles doivent se comporter pour que leur mari puisse faire carrière. Elle montre aussi combien il est difficile pour un diplomate de faire son devoir parce qu'il lui a fallu avant toute chose définir en quoi il consistait. Si le mot "espion" peut subjuguer les enfants (et nous faire irrésistiblement penser à James Bond), il est surtout lourd de conséquence pour Letty qui doit non seulement surmonter la mort de son mari mais tenter de comprendre ce qui s'est passé, avec trois enfants à sa charge.

Et là, je reviens, presque logiquement, à ce thème du deuil que chacun vivra véritablement à sa manière. La mère, bien qu'elle agisse, est emmurée dans son chagrin, et comme elle ne communiquait plus avec son mari - pour ne pas le déranger, lui avait-on conseillé, en une réminiscence d'un manuel de la bonne épouse des années 60 - elle ne parvient plus non plus à parler avec Alba, sa seconde fille. Alba commence une crise d'adolescende cabarinée, manipulant sa soeur aînée, houspillant son frère, submergée qu'elle est par son mal-être. De nos jours, on dirait qu'elle teste les limites, et qu'une fois qu'elles sont posées, elle trouve un nouveau moyen de les franchir. Georgiana tente de concilier son rôle (ingrat) d'aînée modèle, de confidente de son père et de toute jeune fille. Quant à Jamie, ce doux rêveur, il est celui à qui on en a dit le moins, parce qu'on ne peut pas tout dire à un enfant aussi sensible (encore un préjugé toujours valable). Du coup, Jamie vit une vie quasiment parallèle à celle de sa famille, il voit ce que les autres ne voient pas, les mots et les gestes prennent d'autres sens pour lui. Il est à la fois terriblement attachant et terriblement égoïste. Terriblement résistant aussi.

L'été de l'ours est un roman psychologique (pour l'analyse des sentiments), historique (pour la guerre froid) qui tend parfois vers le conte. Dis ainsi, cela paraît peu crédible, pourtant Bella Pollen réussit à concilier les trois. J'espère maintenant que ses précédents livres seront traduits en français.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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L'été de l'ours

Suivez l'ours, et vous passerez à côté d'une partie du roman: telle est la fallacieuse invitation soufflée par le titre du roman "L'Eté de l'ours" (The Summer Of The Bear) de Bella Pollen. Les éditions Belfond en ont publié une traduction française solidement construite par Florence Bertrand, et c'est une lecture qui en vaut la peine - d'autant plus que pour le lectorat francophone, il s'agit d'une sorte de découverte. "L'Eté de l'ours" est, en effet, le premier roman de l'auteur traduit en français.



C'est que les ingrédients sont nombreux et apparemment antagonistes: vie aux Hébrides contre diplomatie, guerre froide contre tentatives de vie de famille, tensions familiales contre amour entre mari et femme, loyauté familiale contre trahison d'Etat. Pour assurer une cohésion à ces éléments, l'auteur use d'un leurre, un McGuffin comme dirait l'autre: elle place un ours sur la minuscule île des Hébrides où l'action se déroule. Ours mystérieux: existe-t-il, ou pas? Personne ne l'a vu, tout le monde en parle, c'est un peu l'Arlésienne du roman. Le lecteur va être amené à s'y intéresser...



... et ce faisant, il s'attachera au personnage de Jamie, fils de Letty, un enfant "différent", comme qui dirait. Dans une démarche qui a tout du "show not tell", l'auteur suggère qu'il est un peu handicapé, ou attardé, sans jamais le dire franchement - ce qui entretient un certain doute chez le lecteur, mal pris entre l'idée de considérer Jamie comme un idiot ou un génie. Le refus d'une qualification qui pourrait être considérée comme dévalorisante laisse à ce personnage l'occasion d'affirmer, sans a priori, sa part de vérité - qui touche à la transcendance: et si l'ours était la réincarnation de son défunt diplomate de père? L'auteur suggère par ailleurs, çà et là, qu'une communication s'installe entre "Jamie qui, seul entre tous, a vu l'ours" et l'ours lui-même. Et puis, le lecteur ne peut s'empêcher de penser qu'un enfant et un ours, vrai ou en peluche, ça va bien ensemble. Bref, le couple fonctionne.



Ceux qui préfèrent un regard plus adulte délaisseront cette approche un peu trop directe pour être honnête pour essayer de répondre, page après page, à la principale question posée par ce roman: qu'est-ce qui a poussé Nicky, le fameux diplomate, à un trouble suicide? Peu à peu, se dessine ici un dilemme qui a tout de celui d'Antigone: faut-il obéir à la raison d'Etat ou donner, ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, la priorité aux siens - bref, laisser parler son coeur? Dans le contexte de guerre froide qui constitue l'arrière-plan de ce roman campé dans les années 1970, il est assez facile à l'auteur de camper un personnage fidèle à la fois à la Couronne britannique et à sa famille - et, partant, à construire un dilemme insoluble et indicible qui touche simultanément au secret défense et au secret de famille. Lequel est le plus lourd?



Ce roman comporte un troisième niveau, plus fouillé encore: celui de la radiographie des rapports existant entre les membres d'une famille de cinq personnes - un père, une mère, deux filles et un garçon. Le lecteur sera ici impressionné par la différenciation faite par l'auteur entre chaque membre de la famille, mais aussi par les interactions tendues, fortes, que cela autorise, dès les premières pages du roman - qui attirent l'attention sur l'animosité de la peste Alba envers son frère Jamie, évoqué plus haut. Cela, sans oublier Georgie, apparemment plus romanesque (alors que sa soeur a les pieds bien sur terre, de manière parfois un peu trop mécanique), qui va découvrir l'amour au fil des pages. Enfin, il n'est pas évident, pour Letty, de découvrir que son Nicky de mari a, lui aussi, dû choisir entre l'Etat et les siens dans le cadre de sa mission diplomatique en Allemagne. Ces interactions, l'auteur les présente dès les premières pages en serrant tout le monde dans une antique Peugeot 404: rien de tel qu'un voyage familial en voiture pour faire ressortir la substantifique moelle des caractères de chacun des passagers.



Et si la guerre froide constitue le contexte planétaire de ce roman, celui-ci est également marqué, en contrepoint, par le regard très local que l'auteur porte sur les habitants d'une île. Ceux-ci sont dépeints avec le souci de leur offrir, à tous, au moins un trait de personnalité distinct: alcoolisme teinté de malice, maniaquerie comptable, complexes liés au statut de secondo, excentricités diverses, etc. C'est là que l'auteur arrive à apporter à un récit qui aurait pu être simplement dramatique une petite touche d'esprit, voire d'humour, qui apporte à ce roman une saveur particulière et unique. Le tout, sur un fond sauvage, dépeint avec un vocabulaire riche et précis, qui tranche avec l'ambiance feutrée des représentations diplomatiques.



Alors... préférez-vous les tanières des ours ou les ors des ambassades? Construit en plusieurs strates permettant à chaque lecteur de construire son histoire à partir d'éléments qu'il assemblera à sa manière personnelle, ce roman s'adresse à un public large; chacun devrait donc y trouver une porte d'entrée. Et puis, pour convaincre les indécis, n'oublions pas que Jamie a, au sens le plus littéral comme le plus figuré, un coeur gros comme ça.


Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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L'été de l'ours

•Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec L'été de l'Ours?

"C'est une fois encore grâce à la gentillesse de Babelio, qui a pensé à moi, que j'ai pu découvrir ce livre."



•Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

"Letty avait une vie confortables à Bonn, avec son mari diplomate et ses trois enfants. Mais lorsque son mari meurt, dans des conditions curieuses, toute sa vie bascule. Elle emmène alors toute sa petite famille sur une minuscule île d'Ecosse où elle laisse libre court à son chagrin pendant que ses enfants partent à la dérive..."



•Mais que s'est-il exactement passé entre vous?

"C'est un livre qu'il m'a fallut plus d'une semaine pour lire, ce qui est très rare pour moi, et sur lequel je ne me jetais pas chaque soir. On pourrait penser en toute logique que c'est un livre que je n'ai pas aimé mais ce n'est pas le cas! En fait, c'est un livre un peu hors du temps, que se lit lentement, délicatement. Il faut pouvoir digérer tout ces sentiments, la colère, la tristesse, le désoeuvrement. C'est un livre qui raconte tout ça sans devenir mièvre et qui amène ses réponses en son temps avec une fin touchante."



•Et comment cela s'est-il fini?

"Ce n'est pas un coup de coeur, mais une jolie rencontre que ce livre. On ne s'amuse pas follement, on verse même peut-être quelques larmes, mais on s'est très certainement enrichi."
Lien : http://booksaremywonderland...
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L'été de l'ours

Georgie, Alba et Jamie se retrouvent désormais sans père et sont obligés de s’exiler sur une île des Hébrides Extérieures, en Ecosse. Nicky Fleming, leur père est tombé du toit de l’ambassade. Mais on ne leur dit rien de plus. Est-ce un suicide ? un accident ? Une nouvelle vie de famille, amputé d’un membre, qui essaye de continuer leur vie tant bien que mal…

L’entrée dans le monde des Fleming se fait en douceur mais en flashs-backs enchevêtrés, on découvre petit à petit chacun des membres de la famille : Georgie, l’ainée dont on sent le mal-être, Alba, pleine de rancœur et méchante avec son frère, Jamie, le petit dernier qui a sa façon de voir les choses mais aussi leur mère, Letty triste mais aussi désorientée par toutes les insinuations du gouvernement. J’ai apprécié découvrir cette famille mais je n’ai pas réussi à m’intéresser au côté diplomatique.

La partie sur l’ours m’a un peu partagé, j’ai eu du mal à comprendre que l’auteur parlait de l’ours au début (je n’ai plus pensé au titre), certains moments sont assez émouvants, d’autres moins mais les références entre l’ours et le père sont assez poétiques et donnent à l’histoire une allure de conte. J’ai trouvé intéressant que l’auteur s’est basé sur quelques faits réels pour démarrer son histoire. La fin m’a un peu déstabilisée parce que j’avais l’impression d’être dans une sorte de brouillard puis d’un coup, tout est dévoilé !

Je retiens cette auteure, j’ai apprécié de suivre cette famille, d’imaginer ces endroits.
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L'été de l'ours

J’ai un peu tardé à commencer ce livre arrivé en même temps que d’autres partenariats. Je ne regrette pas d’avoir pris le temps de m’y plonger car j’ai pu en savourer la langue exprimant finement les sentiments et ressentis de chaque membre de la famille ou décrivant avec subtilité les lieux et les atmosphères. C’est un livre hors du temps qu’il faut pouvoir déguster lentement.



J’ai aimé la construction du roman alternant les points de vue et racontant en parallèle l’histoire de la famille Fleming et les aventures d’un ours de cirque ayant échappé à son dompteur. Chacun va peu à peu livrer l’histoire au complet, racontant ses propres souvenirs et perceptions des faits.

Jamie, le benjamin de la famille, un enfant renfermé, un peu attardé, comme se plait à lui marteler méchamment sa sœur Alba, va s’accrocher à cette histoire d’ours à la dérive, comme sa famille, persuadé qu’un lien existe entre l’animal et la disparition de son père.



Ayant du quitter Bonn dans la précipitation, la famille arrive en Ecosse, dans les Hébrides, une région austère à la météo maussade. Tout concourt à créer un climat tendu, une atmosphère oppressante. En arrière plan, se découpe les tensions politiques dues à la Guerre froide, les secrets professionnels du père décédé et des questions sans réponse auxquelles se heurte jour après jour la mère de famille, Letty. Chacun survit, replié sur lui-même, cherchant à sa façon à lutter contre la peine et à se reconstruire une vie après le deuil. La famille a volé en éclats et Letty ne semble pas le remarquer. Seul Jamie, par sa vision différente des choses, apportera poésie et fantaisie dans le quotidien.

Un très beau roman, une histoire contée avec une grande tendresse, tout en émotion.



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L'été de l'ours

Lorsque Nick, haut-fonctionnaire à Bonn, décède de manière brutale et suspecte, Letty se retrouve seule avec leurs trois enfants, Charlie, 9 ans, et les deux aînées, Alba et Georgie, 14 et 17 ans. Après avoir sillonné le monde pendant des années pour suivre son mari et tenir le rôle mondain d'épouse de diplomate, Letty choisit de souffler en s'installant sur l'île écossaise de ses ancêtres, un coin perdu au climat hostile, peuplé d'une poignée d'habitants attachés à la terre qu'ils n'ont, pour la plupart, jamais quittée. La jeune veuve tente, tant bien que mal, de remonter la pente...



L'auteur a un don admirable pour décrire la géométrie d'une famille endeuillée : la mère en grande souffrance, recroquevillée sur son chagrin et ses questions. Les enfants négligés : le petit dernier livré au sadisme de la cadette, meurtrie par la disparition paternelle, l'aînée qui essaie de prendre ce qu'elle peut sur ses fragiles épaules, avec l'aide de voisins de bonne volonté.



Bella Pollen signe ainsi un roman magnifique sur le deuil, la confiance et les secrets dans un couple, la famillle, les difficultés de communication entre mère et adolescente, les relations parfois impitoyables et délétères dans une fratrie. Le tout est servi par une grande sensibilité, des moments poignants, un style fluide, captivant, qui m'ont rappelé les talentueuses Maggie O'Farrell et Kate O'Riordan.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette bien jolie surprise.
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L'été de l'ours

Letty appelle son mari Nicky. Nicky travaille à l'ambassade d'Angleterre. Nicky et Letty sont parents de trois enfants. Nicky se suicide. Nicky était-il un traitre ?



L'été de l'ours est le genre de roman qui s'enroule autour de vous comme une couverture. Les pages, douces-amères, racontent la vie d'une famille dont le monde s'écroule. Plus de repères, terminé les certitudes, ceux sur qui l'on croyait compter, la vie avant et après.



J'ai aimé cette personnalisation du deuil, la façon dont chacun l'interprète, le vit, l'imagine pour pouvoir survivre. Les fantasmes d'un petit garçon, d'une adolescente et d'une adulte à partir de ce que l'on sait ou croit savoir.



La quête de la pièce manquante, la recherche de sens à tout prix. L'enfermement dans sa propre souffrance, ne plus pouvoir voir le monde autrement qu'avec ses propres filtres. Et cette belle métaphore de l'ours, poétique, onirique et pourtant tellement logique.



Un roman à prendre dans ses valises.
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L'été de l'ours

Nous sommes en 1980, époque de la Guerre Froide. Nicky Fleming, diplomate anglais en poste à Bonn en Allemagne, est mort dans des conditions inexpliquées, il serait tombé du toit de l'Ambassade. Sa femme Letty décide de quitter Bonn avec ses trois enfants, pour sa maison d'enfance dans une petite île au nord de l'Écosse dans les Hébrides Extérieures.

La mort de Nicky est un choc pour chacun des membres de la famille. Et chacun ne vit pas ce drame de la même manière.

(...)

Les chapitres sont très courts et révèlent tour à tour les pensées de Letty, de Jamie, de Georgie, d'Alba et même de l'ours. Ils évoquent également des évènements en Allemagne ou en Grande-Bretagne, avant ou après la mort de Nicky.

Une histoire belle et très forte en émotions avec des personnages attachants se débattant avec la perte brutale d'un mari ou d'un père. Ce livre est un coup de cœur pour moi.
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L'été de l'ours

La mort de Nicky laisse la famille Fleming très désorientée : que pouvait bien faire ce diplomate anglais sur le toit de l'ambassade de Bonn ? Un décès brutal, qui ouvre la porte à toutes les suppositions en ces temps de guerre froide.









Sans véritable attache en Allemagne, Letty décide de rejoindre le Royaume Uni et plus précisément les Hébrides extérieures : elle a toujours vu la maison de Ballanish comme un sanctuaire et c'est là qu'elle souhaite se reconstruire, entourée de ses enfants.









Des trois enfants du couple, chacun vit les événements et s'acclimate à sa nouvelle vie à sa manière : Georgie, l'aînée, est très concernée par ses responsabilités. Elle a été très marquée par un voyage à Berlin Est, en compagnie de son père. Alba au caractère rebelle semble en vouloir au monde entier et tout spécialement à son jeune frère Jamie. Jamie est un enfant particulier, attachant : il évolue dans un univers bien à lui; tout y est possible... Même de retrouver son père dans l'ours qui, échappant à son dresseur, se terre dans l'île.









Découverte avec ce premier récit en français, Bella Pollen nous livre ici un joli roman, tout en finesse et en poésie, en accord avec le monde que se construit Jamie. A tour de rôle, elle laisse la parole aux différents membres de la famille Fleming et à l'ours. L'ensemble nous permet de découvrir les secrets de Nicky et d'élucider les circonstances de sa mort. Le décor est superbe, un peu tourmenté, à l'image des pensées de Letty et de ses enfants. Un texte empreint d'émotions qui m'a beaucoup plu et que je vous invite à découvrir à votre tour.
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L'été de l'ours



Letty vient de perdre son mari. Nicky Fleming diplomate anglais est mort en sautant du toit de l’Ambassade à Bonn où ils vivaient. Letty quitte l’Allemagne avec ses trois enfants et rejoint sa terre natale une petite île au nord de l’Ecosse.



Nous sommes dans les années 1980, l’espionnage et la surveillance faisaient partie des missions de Nicky. Letty part pour fuir les rumeurs auxquelles elle ne veut pas croire. Son mari était loyal et non pas un traître, elle nie également la thèse du suicide. Rongée par la mort de son mari, Letty agit en automate, en mode de survie. Pour elle-même et pour protéger ses enfants. Georgie l’ainée, dix-sept ans, s’efforce de comprendre l’attitude de sa mère contrairement à Alba. Agée de quatorze ans, Alba est un véritable volcan, révoltée en permanence contre tout et tout le monde. Et il y a Jamie. Un garçon de onze ans, émotif, attendant le retour de son père.



La suite sur :

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L'été de l'ours

Drame familial, espionnage, surréalisme... Sur le papier, si je peux permettre l'expression pour un livre, l'Eté de l'Ours a quelque chose d'un pari risqué, d'un roman trop dense, trop riche pour se lire aisément ou se digérer en douceur. Pourtant c'est bien en douceur qu'on l'aborde, et qu'on se laisse porter sans mal tout au long de ses 400 pages fort bien agencées.



Peut-être parce que le roman se caractérise plus en terme d'ambiance qu'autre chose, Bella Pollen recréant à merveille le caractère isolé et collectif, à la fois étouffant et ouvert de la vie insulaire, et l'atmosphère toute particulière de l’Écosse. Il faut dire que ses descriptions sont soignées, choisissant le détail qui fait mouche plutôt que de se faire lourdes pas trop de précisions.



Formellement, l'auteur ne joue presque jamais avec la grammaire ou la construction des phrases, mais use abondamment d'images et de métaphores, toujours très bien choisies selon le personnage qui les formule, et l'atmosphère de manière générale. De sorte que si le style reste 'sage', limpide, les figures et les images générées rendent la prose de l'auteur riche, colorée. Posée mais poétique, une description qui pourrait d'ailleurs résumer le roman en lui-même, qui de plusieurs strates et thématiques très denses en elles-mêmes (la famille, le deuil, mais aussi la guerre froide, l'imaginaire, l'enfance) parvient à raconter une histoire solide, et à dessiner une progression subtile de ses personnages comme de ses situations.



La construction est d'ailleurs le point fort du livre : évitant l'écueil de la linéarité tout en passant organiquement d'un chapitre à l'autre, elle alterne les points de vue mais aussi les 'époques', et permet un développement de chaque protagoniste, malgré quelques chapitres un peu courts.



A ce qu'on pourrait appeler l'intrigue principale (l'installation de la famille Fleming sur l'île) viennent se greffer habilement d'autres fils, notamment le semblant d'enquête menée par Letty (la mère de famille) sur les événements ayant menés à la mort de son époux, et... l'Ours. Un 'fil' dont je ne dirais pas plus ici mais qui donne plus que son titre, son caractère poétique au roman, et lui permet de se démarquer. Ni le fond historique (très bien utilisé) ni les sous-intrigues ne viennent alourdir l'ensemble, toujours porté par l'un ou l'autre membre de la petite famille...



La seule chose qui m'ait empêchée d’être pleinement enthousiaste tient plus à une question de goût personnel, puisque ce sont justement les personnages les moins exposés qui m'auront le plus plu tandis que je peinais un peu à m'attacher aux figures plus centrales... Ou peut-être parce qu'à trop exposer leurs pensées, l'auteur enlève un peu de leurs auras à certains...
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L'été de l'ours

"Le problème avec Bonn, c'est que ses deux industries principales sont l'espionnage et les ours en gélatine*. Il n'y a pas grand-chose entre les deux."



Mais quelle famille! Leur vie à l'ambassade de Bonn (nous sommes en 1979, en pleine guerre froide) s'est achevée avec le décès brutal du père. Diplomate, oui, mais aurait-il trahi? Letty, la mère, s'interroge en vain, cherche des indices, et ne peut donner assez d'attention à ses trois enfants. Georgie, la sage, la raisonnable, veut de l'amour dans sa vie. Alba, mal dans sa peau, joue les pestes et martyrise moralement son petit frère Jamie, adorable enfant un peu différent, qui prend tout pour argent comptant et continue à attendre son père dont on lui a caché le sort réel pour le protéger.



Tous les quatre vont s'installer sur une île écossaise où se cache un ours échappé à son maître...



Je me suis glissée dans cette histoire comme dans un doux cocon, charmée par le petit Jamie et son univers imaginaire reliant des fils improbables, "les spores de la magie, les résidus de rêves, quelques échardes acérées de réalité puis les formes et motifs de désirs qui se confondaient tous, chevauchant des pans d'espoir et d'optimisme." Sans oublier cette île aux personnages hauts en couleurs (mention spéciale à Alick) et bien évidemment l'ours, véritable personnage lui aussi.



Un bien joli roman, bourré de tendresse, de drôlerie et d'imaginaire. Vraiment très bien.
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L'été de l'ours

Voici un très beau roman plein de bons sentiments où les gentils auront des réponses à leurs questions et dans lequel le méchant gouvernement n'aura pas le dernier mot.



Mais que cette histoire est racontée de façon embrouillée : oui, il y a des falsh-back avec ce qui s'est passé à Bonn avant la mort du père, puis des retours en arrière de flash-back pendant lesquels Georgie se souvient de ce qui s'est passé lors de son voyage à Berlin-Est avec son père. Sans oublier la façon si particulière de réfléchir de Jamie.



Et puis il y a l'ours, également, qui est parfois le narrateur de certains chapitres.



Le gouvernement britannique qui est méchant, fait parti intégrante de l'histoire : il ne veut rien expliquer à propos de la mort du père et construire un centre de lancement de missiles nucléaires sur la fameuse île.



Bref, (comme dirait certains) tout ceci ne m'a pas franchement permis de m'émouvoir à la lecture de ce roman.



Je fais donc ce triste constat : j'ai perdu mon âme d'enfant (bouououou....)



L'image que je retiendrai :



Il est beaucoup question d'ours (Lystig, tu vas adoré) à telle point que je me suis demandée pourquoi le récit ne se déroulait pas à Berne.
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