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Critiques de Benoît Coquil (42)
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Petites choses

Mangez-moi Mangez-moi Mangez-moi 🎵🎵🎵 !



C’est en effet tout petit, ça pousse autour des bouses de vaches et sert à confectionner des space-omelettes grandioses ! Je tiens à préciser que je ne parle pas de mon expérience ! Toujours est-il que Benoît Coquil consacre ce roman à l’historique de la découverte des psilocybes, que son personnage est allé chercher et étudier au Mexique, près d’une chamane, qui nommaient les champignons magiques ses « petites choses » .



A partir d’une passion scientifique pour la mycologie, les Wasson, Gordon et Valentina se lancent dans l’étude des propriétés hallucinogènes du psilocybe. Cette quête ne sera anodine pour personne, et le destin du village isolé en sera bouleversé, attirant une foule de curieux, des hippies en mal de transe aux experts de laboratoire qui y voient une source de profit non négligeable.



C’est très instructif, mais c’est aussi très agréable à lire, grâce au talent de Benoit Coquil pour faire de cette épopée une aventure romanesque et passionnante



244 pages Payot et rivages 16 août 2023


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Petites choses

Les petites choses, c’est ainsi que Maria Sabina appelle les champignons qui lui permettent de communiquer avec le monde des esprits. Maria Sabina habite à Huautla, un village reculé de la Sierra sud-américaine. Sa vie est simple jusqu’au jour où les Wasson débarque et découvre les vertus du psilocybe.



J’ai aimé découvrir ce couple new-yorkais qui se prend de passion pour les champignons et qui divise le monde entre les mycophobes et les mycophiles.



J’ai aimé découvrir l’exploitation qui a été faite de ce champignon hallucinogène, et amusée de constater qu’en Suisse, les laboratoires Sandoz avait déjà mis à jour la substance contenue dans le fungie qui lui donne cette propriété.



J’ai adoré le style alerte et enlevé qui rend la découverte d’un champignon passionnante.



J’ai souri de l’auteur qui s’étonne des anciens noms tel que celui de Narcisse Patouillard, grand mycologue français (qui appellerai son enfant comme cela de nos jours ?)



J’ai souri du leitmotiv du combiné en bakélite pour parler du téléphone. De nos jours, il n’est plus que cellulaire.



J’ai découvert Timothy Leary, grand gourou des psychotropes.



Je ne me souvenais pas que dans Central Park il y a avait une Alice en bronze. Le récit évoque aussi les productions Disney ayant rapport aux substances hallucinogènes.



J’ai été triste à la fin de lire (spoiler : que les pouvoirs de Maria Sabina n’existait plus 🙂 mais n’en est-il pas de même pour chaque exploitation commerciale ?



L’image que je retiendrai :



Celle de la pluie omniprésente lors des virées champignons chez Maria Sabina. Eh oui : pas de pluie, pas de champignons….
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Petites choses

Gordon et Valentina Wasson se découvrent une passion commune pour les champignons, cette passion est née de leur divergence d'approche sur les champignons, Valentina est russe et les adore, Gordon est américain et les craint. Valentina est médecin alors que son mari est banquier mais surtout aventurier. Ces scientifiques autodidactes, ethnomycologues passionnés, partent de New York en 1953 pour la sierra mazatèque au Mexique en quête du dernier champignon psychotrope encore inconnu en Occident.



C'est avec la chamane Maria Sabina qu'ils découvrent les psilocybes, de puissants champignons hallucinogènes que la chamane appelle ses "petites choses", "ses enfants saints" par lesquels elle accède à Dieu lors de rituels ancestraux faits de chants, de transes et d'incantations, des enfants qu'elle vénère et chérit. A travers elle, les petites choses parlent, soignent et donnent des nouvelles des absents, pour elle, c'est " la chair des dieux" .



Le sujet de ce premier roman est très original, l'auteur s'appuie sur une solide documentation pour nous raconter d'un ton léger et vif l'histoire de ce couple. Gordon, surnommé le Christophe Colomb des champignons hallucinogènes, va consacrer sa vie à ce champignon sacré, l'étudier scientifiquement, documenter ses propres expériences hallucinogènes et le faire découvrir au monde entier en publiant un dossier spécial dans Life en 1957. Etudié à Paris au Muséum d'Histoire naturelle puis fabriqué chimiquement chez Sandoz en Suisse cette potion magique va ensuite être utilisée légalement aux États-Unis.

La vie de Maria Sabina va en être à jamais bouleversée, la culture des mazatèques pillée sans vergogne par les hippies de tout bord qui viennent envahir leurs villages. "Les petites choses, les cérémonies, tout a été documenté, photographié. Le champignon divin a quitté la sierra dans les valises des Wasson. Les chimistes ont percé à jour son pouvoir, l'ont fait molécule, transformé en pilules. Les chevelus, pour finir, ont tout dévoré, tout souillé." Un roman très intéressant qui nous plonge dans les rites ancestraux autour des champignons en Amérique Centrale tout en croisant des célébrités comme Clark Gable et Mick Jagger. Une belle réussite.




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Petites choses

Les Wasson sont un couple américain qui va s’intéresser de près aux champignons, en particulier à ceux qui sont hallucinogènes. Lorsqu’ils découvrent qu’il existe une espèce au Mexique, ils n’hésitent pas à s’y rendre. Ils vont y faire la rencontre de Maria Sabina, qui va les initier. Cette femme utilise depuis longtemps ces champignons à des fins divinatoires. C’est ainsi que débute la découverte du psilocybe.



C’est un premier roman des plus surprenants que nous propose ici l’auteur, et je dois dire que j’ai vraiment apprécié cette expérience de lecture enrichissante. Je ne m’attendais pas à cela, et si au début j’ai été surprise, j’ai pourtant vite accroché et lu ce récit avec beaucoup de curiosité.



L’auteur va nous narrer la découverte de ce champignon psychotrope. Il s’agit donc de véritables personnages, et de faits réels, et je ne peux qu’être admirative face au travail de recherches minutieux qu’a dû effectuer l’auteur, afin de coller au mieux à la réalité.



Ce roman est très plaisant à lire, puisque l’auteur a un véritable talent de conteur, et ce n’est par conséquent jamais monotone, bien au contraire. En peu de pages, il réussit vraiment à nous retracer les origines de cette découverte.



La plume de l’auteur est tout en finesse. J’en ressors conquise et j’espère que Benoit nous proposera rapidement un second roman. Avec des petits chapitres, l’histoire est très rythmée, et même si ce roman est à la frontière de l’essai, il se lit réellement comme un récit d’aventures.



Un premier roman surprenant et passionnant, servi par une plume hautement qualitative. À découvrir sans hésiter.
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Petites choses

vis aux amateurs de voyage et de psychédélique...

Partez pour une aventure au fin fond du Mexique et laissez vous porter par la magie des petites choses, elles sont peut-être juste là, à vos pieds.



Un très beau roman, mêlant une écriture pétillante et une grande qualité documentaire.



A ne pas manquer.
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Buenos Aires n'existe pas

Un très beau récit qui nous transporte dans l'Argentine du début du 20ème siècle et nous fait découvrir un pan mystérieux de la vie de l'artiste Marcel Duchamp, quittant New-york.

L'auteur use d'une très belle écriture, imagée, très ciselée, descriptive, tout en mélangeant fiction et histoire de l'Amérique latine en pleine effervescence.

Je conseille fortement cet ouvrage, premier roman de Benoit Coquil, auteur à suivre, je pense.
Lien : https://editions.flammarion...
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Petites choses

Valentina et Gordon, couple de New-Yorkais bien intégrés, respectivement banquier et pédiatre, l'une mycophile, l'autre mycophobe vont se lancer dans la découverte des champignons qui vont les mener au fin fond du Mexique dans la région de Oaxaca.



Là, Maria Sabina, chamane, va les initier et leur faire découvrir les vertus du psilocybe.



A travers le temps depuis le Krach de 1929 aux années 1950, le couple Wasson et leur fille, nous embarquent et nous montrent les ravages que font "les découvreurs" sur les autochtones lorsqu'ils les donnent à voir au reste du monde. Ainsi cette paisible et reculée région des montagnes du Mexique va être envahie par une horde de hippies qui ne respecteront ni lieux, ni culture locale.



Un désastre. Le monde découvre Fantasia et Alice au pays des merveilles, le champignon est magnifié, les laboratoires et les psychiatres se frottent les mains.



Le temps du LSD est venu. Naturel, le monde des dieux de Sabina s'offre à tous.



L'auteur nous présente un roman qui interroge. Ces toutes petites choses qu'elle a naïvement partagées valaient-elles l'anéantissement du monde de Maria-Sabina ?
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Petites choses

Les petites choses sont des champignons, mais des champignons qui donnent des visions … Leur histoire draine dans son sillage l’évocation d’une époque de l’histoire des USA, celle du Flowers powers, et aussi le moment d’une bascule pour la culture indienne du Mexique. En se croisant, l’une videra l’autre de ses résonances magiques. Les dieux des Andes n’ont pas survécu au Disneyland de la drogue.



Tout commence par une dissonance entre Tina et Gordon Wasson, tout juste mariés. Elle est d’origine russe, les champignons font parti des odeurs et des goûts de son enfance. Lui est un WASP, la cueillette et la consommation des « mushrooms » ne lui inspirent que méfiance. De cette broutille démarre une passion pour l’étude de ces petites choses qui poussent dans les sous bois, ils commencent à écumer les bibliothèques, les collections ethnographiques pour interroger la frontière entre les cultures micophiles et les micophobes, entre les civilisations qui en font des êtres supérieurs ou des monstres. Pour cette passion, ils inventent un mot, ils deviennent ethnomycologues, tout en restant respectivement banquier et pédiatre. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils vont déclencher la révolution psychédélique.



Pendant ce temps là, Albert Holfman fait breveter la molécule du LSD dans les laboratoires pharmaceutiques, on fabrique de la vision … L’usage psychiatrique intéresse de nouveaux adeptes, du côté d’Hollywood. Et la CIA se pence sur les techniques de la manipulation mentale.



Pendant ce temps là, Disney sort Fantasia, où des champignons roses avec des chapeaux étincelants, dansent en cercle, tout mignons, une récréation hallucinée sur l’air de « Casse noisette » déferle sur les écrans en cinémascope. Un peu plus tard, c’est Alice qui croque le champignon, pour une aventure et une métamorphose de l’autre côté du miroir de la perception …



Les Wasson s’envolent pour une région plus obscure encore, Huauta de Jimenez, village mazatèque, où des cérémonies nocturnes se dérouleraient et viendraient réveiller les dieux endormis. Car, pour les Indiens, les champignons vous amènent là où se trouvent les dieux. D’ailleurs, leur nom, ndi-xi-tjo signifie » ce qui jaillit » et il est tabou, on ne le prononce pas, on le murmure … Mais, lors de ce premier voyage, pas de chamanes à l’horizon pour donner aux Wasson le mode d’emploi. Mais c’est le début … Ils reviendront, rencontreront Maria Sabina, auront accès au monde des dieux, en des trips dont ils garderont le contrôle, et insassiables curieux, livreront au magazine Life, et au monde visible, le secret des « enfants saints » … A Huauta, viennent alors par flopées, les enfants perdus de l’Amérique qui transforment l’usage sacré en une consommation mercantile et destructrice, d’eux mêmes, mais aussi de l’usage ancestral, raisonné et sacré.



De cette histoire, anecdotique au premier abord, l’auteur fait un symbole d’une colonisation culturelle, dans un registre d’écriture jubilatoire, enlevé, ironique et distancié. Il jongle avec les pronoms personnels, le vous du lecteur se trouve interpellé, il se moque des Wasson, voleurs de feu bien intentionnés, tout en suggérant la tragédie sous jacente qui va, à leur insu provoquer un déséquilibre irréversible. Un texte qui se lit quasiment comme un roman d’aventure décalé, celui des petits champignons à l’usage perverti …
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Petites choses

GROS coup de cœur pour ce premier roman. L'histoire se déroule dans les années 50, au fin fond des montagnes brumeuses de la région de Oaxaca, Mexique. 

On y découvre avec délectation l’histoire de ces petits champignons hallucinogènes, ces « petites choses », nommées ainsi par Maria Sabina, étonnante et charismatique chamane. Incantations, chants, transes et psilocybes sont au programme de rituels auxquels participeront très vite Gordon Wasson, banquier de son état, et son épouse Valentina, tous deux passionnés de mycologie. Et c'est autour de ce modeste champignon, mais puissant psychotrope, que vont graviter chamanes, sorciers, chercheurs, chimistes, hippies et artistes. Et la vie de Maria Sabina en sera bouleversée.



Fin connaisseur de l'Amérique latine, Benoît Coquil s'est visiblement très documenté sur ce champignon magique, le psilocybe et sur la guérisseuse mazatèque Maria Sabina, morte en 1985 à l'âge de 91 ans.

Avec son style très personnel, sa belle écriture, imagée, fine et précise, l’auteur nous transporte du petit village d'Huautla aux quartiers d’affaires new-yorkais des années 50, entre les griffes de la CIA et l'avidité des laboratoires Sandoz. Une passionnante aventure de 220 pages.
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Buenos Aires n'existe pas

Débarquez sur les quais de la cosmopolite Buenos Aires en compagnie d’un certain Marcel Duchamp en 1918, et partez à la découverte de cette ville toute à la fois splendide comme un New York sud américain, et fiévreuse des luttes sociales qui la traversent . Ça y est vous y êtes .. depuis le Rio de la Plata jusqu’aux quartiers chics ou pas de la Boca a San Telmo, Buenos Aires vibre, s’agite et Marcel Duchamp regarde de son œil d’européen cette majuscule humanité tandis que la guerre fait rage bien loin ailleurs . J’ai adoré ce livre, captivée par une écriture subtile mais jamais prétentieuse, sachant nous mener au rires et sourires par petites touches délicates, m’apprenant les bouleversements sociaux qui bouillonnaient déjà dans cette Amérique du Sud . J’ai vécu au voisinage de Marcel Duchamp mais j’ai aussi voyagé dans le temps et posé ma valise sur les quais du Rio de la Plata comme ces immigrants atteignant enfin une terre pacifique . Roman brillant, écriture fine »,Buenos Aires n’existe pas «  vous donnera sans nul doute autant qu’à moi, l’envie de boucler votre valise et de monter sur le bateau: destination plein Sud .

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Buenos Aires n'existe pas

C'est pas compliqué: j'ai tout bonnement ADORÉ ce bouquin. D'abord c'est drôle, c'est fin, et très poétique. On se laisse embarquer dans l'imaginaire de l'auteur qui invente la vie de Duchamp à Buenos Aires, pendant ces quelques mois durant lesquels personne ne sait ce qu'il a fait, avec une grande facilité. Duchamp est un personnage que déjà j'affectionnais beaucoup parce qu'il est tellement à part, dans le monde de l'art et dans l'histoire culturelle, drôle et fin, mais là, je l'aime encore encore plus, j'ai comme l'impression de l'avoir redécouvert. L'auteur joue avec beaucoup d'habileté entre des éléments réels, biographiques, historiques, et son imaginaire poétique. Mais même si on ne le connaît pas trop, je pense qu'on peut apprécier, à condition de se laisser embarquer. C'est le genre de lecture qui change de ce qu'on a l'habitude de lire, c'est rafraîchissant, en ce sens.

Et puis c'est superbement écrit. Il y a toute cette ambiance de Buenos Aires que j'ai aimé m'imaginer, parce que je ne connais pas cette ville, et qui est très minutieusement et parfois ironiquement dépeinte. Il y a toutes ces petites inventions langagières qui m'ont fait sourire au fil de la lecture. En le lisant d'ailleurs, je m'arrêtais régulièrement pour relire certaines phrases qui me faisaient kiffer, juste pour le plaisir. Il y a une variété de tons et de styles qui sont assez éblouissants, on sent que l'auteur a pris du plaisir à écrire et du coup il en donne aux lecteurs par la même occasion, mais sans arrogance ou prétention, juste comme ça, comme on boirait un bon café ensemble sur une terrasse sympa, avec aisance. J'ai envie de vous en citer plein mais j'en donnerai juste quelques unes à la fin de ma critique.

Et puis il y a la construction du livre, autour de ces avatars multiples de Duchamp et des cartes de visite fictives qui pourraient en découler. Le principe est cool, à la fin de chaque chapitre ou presque, une petite carte de visite fictive d'un Duchamp possible donne un angle de vue sur le personnage, et participe à construire ce kaléidoscope qui créé et décompose le mouvement dans la peinture - ce qui est très duchampien, au fond (on pense au "Nu descendant un escalier", par ex). C'est original. Ça ne cherche pas à fixer les choses de manière définitive, genre "Duchamp c'est untel ou untel", mais au contraire, avec générosité je trouve, ça laisse ouvert à l'imagination, à la créativité du lecteur, la possibilité d'un Duchamp multiple, "à notre guise".

Alors oui, c'est pas pour les gens qui aiment les gros romans à suspense où une galerie de personnage bien épais s'ébat sous nos yeux affamés et bientôt repus. Si vous recherchez ça, vous allez être déçus. Mais ça invite à un autre genre de lecture, à une autre posture, que, personnellement, je n'ai pas regretté d'avoir adoptée. Une posture plus rêveuse, plus de lâcher-prise, et qui fait du bien... Comme un espace d'air et de temps à la fois hors et dans le monde, qu'on aimerait nous aussi nous offrir, tel que l'a fait Duchamp, mais que l'auteur nous permet de nous offrir un peu, comme par procuration.

Allez, pour finir, quelques phrases prises dans le livre.



-sur ce que j'appelle les "trouvailles langagières": " A Buenos Aires, il va passer neuf mois. Neuf mois suspendus, le temps de prendre congé du monde et pourquoi pas de lui-même. Il veut s'amuïr, comme une voyelle : cessé d'être prononcé."



- sur la peinture qui est faite de Buenos Aires: "Pas de Greenwich Village porteño à l’horizon. Pas de quartier bohème : ici on s’affaire, on achemine, on transmet. Ville de Mercures en pantalons à pinces, de négociants aux chaussures ailées qui filent en zigzags de bourses de commerce en silos à grain. Ici on produit, on importe-exporte. Buenos Aires l’industrieuse, où l’on ne vient que pour faire quelque chose, ou en tout cas pour faire mine de faire quelque chose. Il y a bien quelques oisifs qui traînent aux encoignures, l’échine collée aux vitrines des bars, qui craquent leurs allumettes sur les murs ou sur leurs semelles, mais avec leurs vestes trop neuves et leurs cheveux trop brillants ils ont des gueules de macs plus que de poètes flâneurs. Même eux sont au travail, ils guettent, négocient, tiennent leur territoire.

Pour le reste, ça fourmille, foule esquivant les rafales de pampero, les couteaux tirés des quartiers Sud et les trams qui s’engouffrent dans les couloirs du labyrinthe, ça grouille mais à bien y regarder, ça grouille surtout de mâles. De moules mâlic, comme dirait Marcel."



- sur une des "cartes de visite" qui ponctuent le livre, ici celle de Marcel Duchamp "porteur d'ombre" :

"MARCEL D. PORTEUR D’OMBRE ! / ¡MARCELO D. OMBRADOR !

Livraison rapide à toute heure du jour (nuit : électricité requise, tarifs spéciaux) – À domicile, pour ombre au tableau ou aux paupières – Ombre brève ou longue / droite ou oblique, selon heure / exposition – Article de qualité : contours nets, adhérence infaillible.

Sécurité garantie : où qu’il aille, Marcelo D. ne perd jamais son chargement d’ombre – Déjà 32 années d’expérience !"

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Petites choses

Voilà les sélections de ces dames du Femina viennent de tomber, elles ont fait disparaître de leur pré-selection ce superbe livre d'un jeune auteur qui m'avait tellement plu! Ces dames n'ont pris aucun risque et ont « selectionné » ce que les autres jurys avaient déjà retenu ! Aucune envie de créer l'interrogation sur un sujet pourtant novateur et qui donnait l'envie de voyages intérieur (ou pas) , de dépaysement , de découvertes, d'aventures à plus d'un titre ! le jury du Femina bien calé dans ses escarpins a choisi de les remplacer par des charentaises bien confortables! Bon ces dames du Femina n'ont rien compris, tant pis pour elles, elles ne savent que respirer l'air du temps, entre introspection permanente et inceste. Laissons-les prendre leur thé à la causerie des lilas, drapées dans leurs châles en étamine de laine.. elles finiront comme les autres rentrées dans leur ombilic à force de vouloir faire tourner leurs soucoupes blablateuses . Je suis peinée de l' exclusion de ce antastique roman de leur sélection définitive , le vent de l'aventure devait déranger leurs brushings

.. reste que ce roman est toujours en lice pour le « Femina des lycéens » qui je l'espère tant, n'ont pas d'oeillère , savent lever la tête et hument de leurs jeunes naseaux un autre parfum, celui de l'aventure, du coeur du monde qui bat avec eux. Je forme le voeu qu'ils ne laissent pas abattre par la convenance rance,

Quand ces jurys comprendront que les lecteurs ont aussi besoin d'autre chose à lire que des histoires d'inceste, même si c'est très important et grave, et qu'à force du vécu traumatisant, nous finirons désespérés de la nature humaine ! Alors un peu d'aventures, de texte finement ciselé, intelligent, drôle et qui offre aux lecteurs exigeants le VRAI PLAISIR DE LIRE !

Ne passez pas à côté de « petites choses », voyagez avec les Wasson , asseyez vous auprès de Maria Sabina la chamane , écoutez le chant du monde, évadez-vous juste pour le temps d'un livre , de grâce écoutez votre coeur , vous verrez il va Vraiment battre ..



Voir la critique https://www.kimamori.fr/litterature-fiction/petites-choses-de-benoit-coquil/

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Petites choses

Las Cositas ou les Petites Choses, façon détournée de désigner les champignons sacrés des Mazatèques. Ce roman rapporte au présent, avec vivacité, la découverte par les Wasson, de riches amateurs américains, de l’usage divinatoire des champignons hallucinogènes. Nous suivons deux aventures, d’abord l’approche locale où la transe de la prêtresse Maria Sabina s’accompagne d’une divination, puis l’étape scientifique où Roger Heim, mycologue au Muséum d’histoire naturelle, inclut « la chair des dieux » dans le vaste genre des psilocybes et fait extraire par Albert Hofmann son principe actif, la psilocybine.



Suivent les années psychédéliques avec Timothy Leary et Antonin Artaud, le LSD et le peyotl, le mouvement hippie et le New Age, la référence obligée aux Rolling Stones et aux Beatles. Et enfin les surdoses, les complications, la réaction policière. L’histoire romancée de nouvelles ivresses.

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Petites choses

Premier roman de Benoît Coquil : une réussite !

Je rejoins totalement les critiques des Inrockuptibles n°23 ! Un premier roman caracolant, souvent psychédélique et hilarant.

L'histoire passionnante de ce petit champignon qui relie, dans les années 50, la vie de Maria Sabina, chamane mexicaine, à celles du couple Wasson, pseudo-scientifiques new-yorkais, qui n'auront de cesse d'explorer - d’exploiter - les vertus hallucinogènes du psilocybe, jusqu'à attirer l'attention de la CIA, des chercheurs, des hippies des années 60...

Savoureux, stylé, documenté, c'est un roman à lire et à offrir !
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Petites choses

Dans son premier roman, Benoît Coquil nous embarque dans la vie d’un couple de curieux, les Wasson. On suit ces deux amoureux et passionnés avec amusement et étonnement qui évoluent dans cette Amérique des années 50. Il y a d’un côté les Etats-Unis, le monde intellectuel et financier qu’ils peuvent fréquenter. De l’autre, le monde des esprits et de la nature avec la présence d’une chamane, héritière de la culture indienne. La connexion entre ces deux mondes se fait par l’intermédiaire des champignons. L’auteur nous montre alors tout un univers insoupçonné des champignons. Cela passe par les descriptions, par la saveur et l’éventuelle menace de leur ingestion. Rapidement, arrive le pouvoir de certains spécimens, les psychotropes. L’auteur nous embarque alors dans des voyages immobiles, des rêveries qui se confrontent à une société étatsunienne qui se construit avec rigidité, se voulant temple du capitalisme.



A cela s’ajoute l’écriture très précise de l’auteur. Il suit ce parcours avec attention et le rythme de ses phrases est faite de pirouettes et de chutes. L’aventure de ce couple est assez rocambolesque et Benoît Coquil y ajoute beaucoup d’humour et d’esprit. Il parvient ainsi à digérer la documentation réunie pour décrire le succès rencontré par ces champignons hallucinogènes et cerner par les mots les effets sensibles provoqués par eux.
Lien : https://piao.fr/2023/10/peti..
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Buenos Aires n'existe pas

A travers une restitution plus ou moins imaginaire des neufs mois passés à Buenos Aires par Marcel Duchamp, Benoît Coquil nous propose ici de découvrir ce personnage atypique de l’avant-garde artistique. Sorte de Léonardo Da Vinci du XXème siècle, Duchamp est un original, toujours en train de griffonner sur ses petits papiers, transportant partout sa Sculpture de voyage franchement étrange, passant ses nuits à jouer compulsivement aux échecs, seul dans sa chambre. Ce personnage, je le connaissais bien peu, à peine l’avais-je croisé dans quelques biographies, et ce fut intéressant d’en savoir plus sur sa vie et son œuvre.



Pour autant, j’ai été gênée à la lecture par les nombreux paragraphes de réclames publicitaires fantasques et improbables : est-ce que ce sont des textes écrits par Marcel Duchamp pendant son séjour en Argentine ? Est-ce une plaisanterie qu’il avait coutume de faire à ses correspondants, de singer avec ses amis ? Je n’ai pas tellement compris la place de ces textes dans le récit, ils reviennent souvent, soit sous la forme d’un paragraphe en fin de chapitre soit comme texte à part entière, pour clôturer un chapitre, un moment de la vie de Marcel Duchamp. Ils donnent un aspect très décousu au récit, qui est déjà assez difficile à suivre, avec ses sauts dans le temps, ses retours en arrière, ses chapitres contextuels puis ceux centrés uniquement sur Duchamp et sa prolifique vie intérieure.



Je suis restée très extérieure au texte, notamment à cause du style, qui place le lecteur et le narrateur comme simple observateurs, tout juste habilités à faire quelque suppositions sur ce qu’il se passe dans la vie, et dans la tête de Marcel Duchamp à ce moment-là. A force de vouloir maintenir la vérité historique et biographique, Benoît Coquil nous sert un roman qui n’a rien de romanesque, ni vraiment d’historique ou de biographique, mais plutôt une succession de tableaux descriptifs d’une vie dont on ne sait réellement à quel point elle fut vraie. Un desencuentro, « rendez-vous manqué » comme le précise l’auteur dans le texte, pour moi aussi.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Buenos Aires n'existe pas

" Il est celui par qui le scandale est arrivé, d'abord nu et dans l'escalier, puis dans un urinoir retourné. Il est l'éléphant dans le jeu de quilles des Salons, l'Ulysse aux mille ruses de l'art moderne, le Français le plus connu de l'époque à New York avec Sarah Bernhardt et Napoléon."



Nous sommes en septembre 1918 et Marcel Duchamp est un jeune dandy discret et mondain, "la poigne de l'avant-garde dans un gant de velours", qui a fui les Etats-Unis et la guerre pour s'installer à Buenos-Aires. Il va être déçu par ce qu'il va trouver dans cette ville cosmopolite où il ne retrouve aucune trace de cubisme, aucune élucubration moderne " Ici ça clair-obscur, très adroitement, mais c'est insipide".



Une grande grève qui débute en décembre 1918, prélude à la Semaine tragique, plonge Duchamp dans la plus grande insurrection ouvrière de l'histoire du pays. S'ensuit un hiatus de neuf mois dans la biographie de Duchamp, l'auteur comble par la fiction cette période dont on ne sait pas grand chose hormis par quelques lettres auxquelles il se réfère régulièrement. Il décrit Duchamp tuant l'ennui en jouant aux échecs sans arrêt nuit et jour "l'échiquier jusqu'à l'aube les retient prisonniers." et va jusqu'à imaginer des rendez-vous manqués avec des célébrités argentines dont Jorge Luis Borges "les deux astres ne sont manqué de peu". "A Buenos Aires, il promène sa flemme en étendard. En éternel célibataire, il réduit ses besoins jusqu'à se défaire de tout lien"



Ce roman raconte un rendez-vous manqué entre Duchamp et Buenos Aires, ville qui n'a laissé aucune trace sur l'artiste, lui-même n'ayant laissé aucune trace à Buenos Aires. Ce roman est aussi globalement un rendez-vous manqué pour moi.

L'idée de départ était bonne, il y avait vraiment matière à roman mais j'ai trouvé ce texte assez fouillis. L'auteur peine à retranscrire l’atmosphère sud américaine et l'ensemble, assez superficiel, ne nous permet pas de mieux cerner à la fois l'homme et l'artiste qu'était Marcel Duchamp.




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Buenos Aires n'existe pas

Un livre magnifique qui se démarque par son style à la fois poétique et précis - c'est en soi une expérience artistique complètement dingue qui fait écho à l'oeuvre de Duchamp. On plonge avec plaisir dans la Buenos Aires de 1918 tout en découvrant un moment méconnu de la vie de l'énigmatique Duchamp.
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Petites choses

Pour son premier roman, Benoît Coquil nous fait découvrir une histoire de champignon, pas n'importe lequel, un champignon hallucinogène, un champignon magique venu du Mexique. Nous allons à la rencontre d'un couple de New-yorkais des années 50, les Wasson Gordon et Valentina, elle est pédiatre et lui banquier. Un couple relié par une passion commune l'ethno mycologie traduisez l'amour des champignons. Ils vont rencontrer une chamane mexicaine qui utilise ce champignon sacré au cours de ses cérémonies. Alors même s'il n'a pas trop d'allure avec sa petite taille et son chapeau marron, c'est bien pour son puissant effet psychédélique que le psilocybe est connu. Ils rencontrent donc Maria Sabina qui les appelle ses « petites choses » et les utilise lors de cérémonies chamaniques à des fins divinatoires. Ils décident d'étudier et de consommer ce champignon psychotrope et d'en rapporter aux États-Unis. Malgré leur promesse de ne rien dévoiler au monde, ils ne pourront s'empêcher de raconter leurs aventures. Une fois le secret éventé et perverti, la consommation va bon train. Dès lors comment conserver la notion du sacré ? Un ouvrage riche en expérience et passionnant puisqu'il fait état des différents « trips » et de leur perception selon qui les utilise et dans quel but.

Un style engageant et vif qui nous entraîne dans la narration de cette histoire vraie. J'ai apprécié toutes les ramifications en passant par Walt Disney qui fait apparaître le pouvoir des champignons dans Alice au pays des merveilles. Une véritable révolution qui intéresse autant la CIA en vue de pouvoir mieux manipuler les gens tout autant que les laboratoires Sandoz. Une histoire qui aurait dû rester entre soi et qui finalement va essaimer à travers le monde et provoquer un certain chaos et l’accélérer la chute du monde tel que le connaissait Maria Sabina. Bonne lecture.
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Buenos Aires n'existe pas

Passionnant roman documenté sur les aventures de Marcel Duchamp dans la Buenos Aires du début du XXe. Il m’a fait voyager aux  « arrabales » du Río de la Plata. L’indifférence des argentins face à l’art moderne a l’époque, les possibles rencontres manquées entre des titans de l’art et de la littérature comme Duchamp, Jorge Luis Borges ou Macedonio Fernández nous interrogent sur le caractère fragile et les dérives possibles de l’histoire de l’art. Je recommande fortement!
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Il frappa à la porte, l'ouvrit, entra et salua tout le monde.

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