Le serment effaçait toute distinction entre la loyauté envers l’État et la loyauté envers Hitler. L’opposition devenait, de ce fait, plus difficile. Ce devait être un bon prétexte pour ceux qui, comme Manstein, hésitèrent ensuite à s’associer à une conjuration contre Hitler. Pourtant, ils n’avaient guère hésité lorsque vint le temps de briser leur serment de fidélité à l’égard de la République de Weimar pour en prêter immédiatement un autre à la personne du Führer. À vrai dire, c’était un serment qui devait plus tard poser des cas de conscience à un certain nombre d’officiers supérieurs, quand leur chef s’engagerait dans une direction dont ils savaient qu’elle ne pouvait conduire qu’à l’anéantissement de leur nation.
Vous ne pouvez pas comprendre Rommel qu’en prenant en considération son assaut contre le mont Matajur. Il est toujours resté au fond le lieutenant de cette époque-là qui prend des décisions instantanées et qui agit sous l’impulsion du moment.
« Quand bien même le régime soviétique aimait se référer aux idées occidentales du marxisme et acquérir avidement les nouveautés techniques du monde occidental, l’Union soviétique ne faisait plus partie de l’Europe ! L’ombre du despotisme asiatique planait sur le pays, les êtres humains et les événements23. » Mais, plus important encore, ses visites en terre soviétique lui confirmèrent l’image que le corps des officiers allemands se faisait de la prétendue « tyrannie despotique asiatique », incarnée notamment par les commissaires politiques de l’Armée rouge. En d’autres termes, elles confortèrent ses préjugés selon lesquels les cadres de l’Armée rouge et du parti communiste étaient pour la plupart des Juifs, l’amenant ainsi, au moment de la Seconde Guerre mondiale, à cautionner la guerre d’extermination de l’Allemagne nazie en URSS contre l’ennemi « judéo-bolchevique ».
« La paix est un rêve [...] et la guerre est un élément dans l’ordre mondial de Dieu. Dans la guerre, on retrouve les plus grandes vertus de l’homme : le courage, le renoncement à soi-même, le devoir de loyauté et l’esprit de sacrifice. Sans la guerre, le monde succomberait au matérialisme. »
tres bon livres bien ecrit
Quoi qu’il en soit, les historiens militaires de renom sont presque unanimes à considérer Manstein comme le plus grand talent stratégique et le plus habile tacticien de la guerre de mouvement chez les généraux allemands de la Seconde Guerre mondiale. Sa compréhension de la dimension opérationnelle de la guerre moderne, impliquant notamment le binôme chars d’assaut et avions de combat, et sa capacité d’improvisation et de flexibilité en cas d’imprévu faisaient de lui le plus doué des officiers supérieurs de la Wehrmacht et le plus redouté par le haut commandement de l’Armée rouge.
La restauration de la puissance militaire allemande, en tant que moyen pour faciliter la révision du traité de Versailles et le rétablissement de la position d’avant-guerre du Reich, était, depuis le début des années 1920, l’objectif premier des militaires et de plusieurs politiciens allemands. On envisageait même la guerre, en tant qu’instrument de politique étrangère, une fois que la Reichswehr aurait retrouvé sa capacité de mener des offensives et que les circonstances lui seraient favorables.
« Nous ne pouvons pas supprimer la guerre. » Bref, pour les militaires allemands, la guerre était un fait de nature historique et, si elle n’avait pas existé, il aurait fallu tout simplement l’inventer, car elle était indispensable pour toute politique se réclamant de la raison d’État.