Citations de Bernard Barokas (19)
Mardi
C'est au tour de Lily d'avoir le coeur trop plein... Après mon père et Nicolas, je commence à croire sérieusement à ma vocation de curé. L'air de rien, je dois inviter à la confidence. Vaches responsabilités qui m'incombent là !... Au demeurant Lily, c'est le même topo que papa. Bizarre, ces adultes qui, aux frontières de la quarantaine, se mettent à dresser de consternants constats d'échec !.... Tout le monde est seul, toujours...
Le soleil a cassé tous les miroirs de glace que la nuit avait sculpté dans les vieilles flaques d'eau.
J'ai passé une nuit blanche à fantasmer sur mon avenir, parce que j'ai bu du café, à la fin du dîner. Peut-être que si je ne bois plus de café, le soir, je n'aurai plus de problèmes d'avenir.
Lundi, 28 novembre
Ce tissu de liens, plus ou moins relâchés, où s'entremêlent la famille, les copains et les amourettes, peut-il habiller ma vie convenablement ?... Je trouve que le vêtement est trop disparate et colle mal à ma peau. Je me disperse à la recherche de mille moi ; et je n'ai pas trouvé de liant pour faire prendre ma petite sauce existentielle. C'est peut-être ça, avoir dix-huit ans : un vieil enfant qui s'est déguisé en jeune adulte. Et, bien sûr, l'apparence est grotesque, même si le fond est pitoyable.
C'est énervant les gens qui ne correspondent pas à la caricature qu'on s'en fait.
Je voudrais écrire quelque chose dans ce Journal qui résume mon état d'esprit actuel, et qui m'aide à lutter contre je ne sais trop bien quoi... mais je ne trouve pas les mots, et je n'ai pas envie de les chercher, et ce Journal ne sert à rien... et merde !
Quand j'étais môme, la mort c'était comme un refuge peinard auquel je pensais très fort dans mes moments de gros chagrins. Ca me semblait une chose toute simple, toute bête, pfuit !... un geste , tu y étais au chaud pour l'éternité, pas plus compliqué que ça... Ma mort, je la voyais très chouette, avec des murs blancs et des photos de Marilyn épinglées dessus, les murs de ma mort avec le beau sourire de Marilyn, jusqu'à la fin des temps... Y avait un grand lit, des tonnes de bouquins, des disques de musique un peu triste... Extra. Rêve de gosse ! Je trouve à présent que la mort a mauvaise mine. Alors, quand t'as plus la mort pour t'aider à vivre !...
« Il est entre les mains des Allemands qui doivent le séquestrer quelque part dans le désert… Ou je me trompe, ou j’ai raison » philosopha benoîtement Romain qui n’était sûr de rien moins que de lui-même.
(Folio junior, p.55)
Le silence bourdonnait aux oreilles. Plus que la mort, l’endroit évoquait une sorte de no man’s land initiatique entre vie et trépas, le passage intemporel de monde des vivants au royaume d’éternité.
(Folio junior, p.91)
Umberto finit d'un trait son verre de bière et bondit hors de la pièce, en courant.
Entendre la confession d’un des plus grands truands de la planète vaut tous les romans policiers que l’on puisse lire. Ce Mancuso, pardon, cet Arbakos est une manière de chef-d’œuvre d’intelligence et de malignité, comme notre époque en produit peu.
L’Égypte éternelle achevait de se décomposer dans la misère, dans l’orgueil et dans la paresse et l’indifférence du reste du monde, venu reluquer de façon éhontée l’agonie d’une civilisation plus de sept fois millénaire.
Il est plus périlleux de s’attaquer à quelqu’un du pays qu’à un étranger. Je suis trop connu dans la vallée, ils n’oseront rien contre moi… Tandis que vous, vous n’existez pour ainsi dire pas. Vous disparaîtrez et on ne vous retrouvera jamais. Votre ambassade ordonnera une enquête qui traînera des années durant et s’enlisera lamentablement dans les sables du désert…
Ils ne sont que les hommes de main d’une bande puissante et bien organisée. Pour eux, la vie humaine est sans valeur. Vous êtes le grain de sable qui risque de faire s’enrayer leur machine. Ils n’auront pas de pitié… Ce sont des tueurs !
« De deux choses l’une, se dit Romain, ou il est plus bête que la moyenne, ou il me prend pour le roi des imbéciles ! Il ne sait rien ou il sait tout ! »
« L’homme qui n’a peur de rien, sauf de son ombre »… Ce soir, Romain avait peur de tout autant que de son ombre.
Écouter aux portes est le premier devoir d’une bonne secrétaire.
Soyez prudent tout de même, un trésor, ça attire bien des convoitises.
La réverbération était telle que même les indigènes cherchaient les rares places à l'ombre, sur les galeries du vapeur brinquebalant.