Citations de Boris Tzaprenko (14)
- Une écrasante majorité de gens consomment des produits laitiers et de la viande, presque tout le monde.
- Et alors ?
- Et alors, ça prouve bien que c’est normal.
- Veux-tu dire que la majorité a forcément raison ?
- Quand elle atteint une telle profondeur, il y a de grandes chances, oui.
- Je comprends.
- Ben, oui !... Content que tu te rendes à l’évidence, répondit Lucien.
- Donc, à l’époque où tout le monde pensait que la Terre était plate, elle était vraiment plate. Elle s’est arrondie plus tard, depuis qu’une énorme majorité pense qu’elle est ronde.
Nous sommes en train de découvrir que bien au-dessus de la puissance du prédateur, il y a la bienveillance du fort. De plus en plus d’esprits intègrent que si quelque chose peut anoblir l’humanité, la rendre grande et à juste titre fière d’elle, ce n’est pas l’emprise qu’elle exerce sur les autres espèces ; ce serait, au contraire, de ne pas faire usage de son pouvoir de les soumettre. Nous commençons à concevoir l’idée que bien au-dessus du dominant est celui qui renonce de plein gré à dominer parce qu’il a pleinement conscience du fait qu’il s’avilirait en utilisant la force. Rien ne dégrade davantage que d’accabler ceux qui sont à notre merci : c’est aussi glorieux que de régner par la terreur sur un peuple d’enfants.
Tu vis avec des esprits viciés pour lesquels violer une vache pour dévorer son enfant et boire le lait qui lui était destiné est moins grave que de faire l'amour avec son élève consentant.
Il y a ceux qui veulent savoir, qui apprennent et changent en conséquence.
Il y a ceux qui veulent savoir, qui apprennent, mais qui ne changent pas parce qu'ils sont indifférents à la souffrance, mais je crois que ceux-ci sont rares, en tout cas je l'espère.
Il y a ceux qui n'ont pas le courage de voir jusqu'au bout des images difficiles, mais qui en apprennent assez pour changer.
Il y a enfin ceux qui ne veulent rien voir et rien entendre, déclarant qu'ils sont trop sensibles, mais qui continuent de participer aux crimes commis par leur espèce.
Oui, les humains pensent beaucoup que les non-humains pensent peu !
Comment expliquer que dans un pays où nous avons le droit de caricaturer et de faire des marionnettes des personnalités les plus influentes, de critiquer qui l'on veut (ou presque), de diffuser des reportages à charge sur presque tous les sujets : intrigues politiques, dangers des pesticides, pollutions industrielles, trafics d'armes, optimisations fiscales crapuleuses des plus grands, exploitations de travailleurs clandestins, trafics d'influence, corruptions, conflits d'intérêts, grand banditisme, Paul Bismutheries en tout genre... Comment se fait-il qu'on ne puisse montrer ce qui se passe dans nos abattoirs ou même seulement dans nos élevages ?
Quand l'association L214 a donné des images de ce qui se passait dans les abattoirs aux télévisions, ces dernières nous ont prévenus : "Nous avons choisi de ne pas tout montrer pour ne pas vous choquer." En effet, nous n'avons pas vu grand-chose, mais, moi, ce qui m'a choqué, c'est qu'on ne montre pas tout. Que quelqu'un se permette de décider pour moi ce que je peux ou non voir, même sur les chaînes publiques. Ce que je dois ou non savoir. J'ai bien sûr compris que toutes ces précautions, aseptisant la réalité, étaient surtout prises pour éviter de contrarier les gros annonceurs qui vivent de l'exploitation des non-humains.
Comme je te le disais, personne ne choisit ni le lieu, ni le moment, ni le corps dans lequel il naîtra. Imagine-toi dans le corps d’une vache. Note bien que je n’ai pas dit « dans un corps de vache », mais « dans le corps d’une vache » ! La différence entre ces deux formulations est de la plus grande importance.
— : Une écrasante majorité de gens consomment des produits laitiers et de la viande, presque tout le monde.
— : Et alors ?
— : Et alors, ça prouve bien que c’est normal.
— : Veux-tu dire que la majorité a forcément raison ?
— : Quand elle atteint une telle proportion, il y a de grandes chances, oui.
— : Je comprends…
— : Ben, oui !… Content que tu te rendes à l’évidence, répondit Lucien.
— : Donc, à l’époque où tout le monde pensait que la Terre était plate, elle était vraiment plate. Elle s’est arrondie plus tard, depuis qu’une énorme majorité pense qu’elle est ronde.
Tu portes le fardeau du jugement d'une société insane dont les membres tolèrent toutes les discriminations arbitraires et les abominables violences qu'elles engendrent, mais réprouvent le sexe comme s'il était pire que le meurtre, l'esclavage ou le joug patriarcal.
Autrefois, dans un environnement compétitif dans lequel les aptitudes physiques avaient de l’importance, l’altruisme n’était pas une qualité favorable à la survie. Hésiter à tuer pour se nourrir ou pour se défendre était au contraire un sérieux handicap. Aujourd’hui, la concurrence pour l’argent ou la célébrité ont remplacé les confrontations des muscles, des dents ou des griffes ; lorsqu’on est bienveillant, il est bien plus facile de rester en vie dans ces nouvelles conditions. Les êtres humains qui possèdent cette qualité ont donc beaucoup plus de chances d’être plus nombreux qu’autrefois et d’influencer le monde.
Le problème est que c’est vous qui régnez sur le monde, parce que vous avez de grands pouvoirs. Or ces grands pouvoirs vous donnent de grands devoirs moraux, car ils vous rendent très dangereux. Ce qui implique que votre éthique devrait être au niveau de votre science. Malheureusement, ce n’est manifestement pas le cas.
Imagine un jeune vison né en cage et qui n’en sortira que pour être écorché. À travers les grilles son regard est dirigé vers la liberté qu’il n’aura jamais. De toute sa courte vie, il n’aura connu que la prison, la privation de relations familiales et sociales, la peur… uniquement de la souffrance ! Pour lui voler sa fourrure sans l’endommager, on le tuera par électrocution ou on lui arrachera la peau à vif. Pourquoi ? Seulement pour porter autour du cou l’enveloppe qui abrita cette tragique existence.
Chez les êtres Homo sapiens, il arrive qu’on parle de vous à sa progéniture : « Qui donne le lait ? » lui demande-t-on. La réponse : « La vache » est souvent accompagnée de : « meuh… meuh ». Oui, on explique que vous « donnez » votre lait, pas qu’il vous est dérobé. De bonne foi, on répète ce qu’on a appris quand on était soi-même jeune. Inutile de te préciser que presque personne ne sait qu’il faut vous inséminer puis kidnapper vos propres bébés pour vous faire produire du lait. Presque tous pensent que vous en pissez comme eux de l’urine.