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Critiques de Brian Wood (222)
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DMZ, tome 3 : Travaux publics

Un troisième tome réellement passionnant, […] mais en plus il réussit à nourrir une intrigue réellement très engagée et passionnante.
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DMZ, tome 3 : Travaux publics

Troisième tome et nouveau reportage pour Matthew Roth, ce jeune journaliste qui se retrouve coincé par hasard en pleine zone hostile.



L’action se déroule à nouveau au cœur de l’île de Manhattan, dans une ville de New York en plein chaos, ravagé par une seconde Guerre Civile américaine imaginaire, dont la ligne de front se situe dans la Big Apple. Matt décide cette fois d’enquêter sur les agissements de la société Trustwell, l’entreprise chargée de la reconstruction de Manhattan et de ses nombreux symboles : l’Empire State Building, Central Park et Ground Zero... Une immersion au sein des ouvriers qui reconstruisent la ville et une investigation qui va le conduire à intégrer un groupuscule terroriste.



Le scénario d'anticipation de DMZ continue donc de mêler habilement fiction et réalité. Les thèmes abordés font clairement référence à l’actualité et aux guerres en Irak et en Afganistan. Des multinationales qui profitent de la guerre pour s’enrichir via des programmes de reconstruction lucratifs, aux actions suicides de terroristes, en passant par l’impuissance des forces de l’ONU, le no man's land imaginé par Brian Wood est des plus crédibles. Malgré le côté fictif évident de ce Manhattan en guerre et une image des Etats-Unis qui est bien loin de la vision idéalisée dont on a l'habitude, c’est pourtant le réalisme de cette saga qui fait sa force. Le dessin de l'artiste d'origine italienne, Riccardo Burchielli, contribue d’ailleurs également à donner un côté réaliste à l'intrigue imaginée par Brian Wood.



Le personnage de Matt a également évolué de manière intéressante au fil des tomes. Il a évolué du photographe stagiaire dépassé par les événements au journaliste de terrain aguerri, qui comprend parfaitement les lois qui régissent cette zone démilitarisée et utilise son métier pour influencer le conflit ou dénoncer ses déboires.
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DMZ, tome 3 : Travaux publics

Décidément je ne regrette pas d'avoir commencé cette série avec un Matty Roth qui devient de plus en plus charismatique au fil des tomes et toujours autant impliqué dans les intrigues les plus primordiales de la DMZ. Cette fois ci, il décide d'infiltrer Trustwell, société de reconstruction qui doit s'occuper des principaux bâtiments de New York et qui pourrait par la meme occasion redonner de la crédibilité positive aux citoyens vis a vis des États Unis d' Amérique. Il veut enquêter sur cette organisation réputée mafieuse et qui est victime d'actes terroristes meurtriers. Notre journaliste va se retrouver malgré lui sous tous les feux...

Encore un scénario mature, quelques rebondissements, un héros qui prend de plus en plus ses responsabilités et du sentiment. Sans oublier comme d'habitude des planches impeccables. Il y a des chances que si ça continue comme ça j'aille au bout de cette série mélangeant le post apo, enquête et thriller destinée a un public adulte car je prends beaucoup de plaisir a chaque fois.

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DMZ, tome 4 : Tirs amis

Durant le " Jour 204 ", 198 manifestants pour la paix ont été tués par l'armée américaine qui les avait pris pour des insurgés.

Ce jour-là, le cours de la guerre a changé, et placé les États-Unis sur la défensive. Manhattan a été abandonné, est devenu une DMZ et l'armée des États libres s'est retrouvée en position de remporter la guerre. L'opinion mondiale en a été ébranlée et les survivants à l'intérieur de la DMZ sont devenus autant de nouveaux insurgés.





Matty est amené à suivre le procès des soldats de l'Armée américaine, qui ont participé au massacre, pour le compte de Liberty News (média clairement engagé au point qu'il est parfois difficile de le dissocier du gouvernement). Matty est donc titulaire d'une carte d'accès d'une semaine pour couvrir l'événement.

Il rencontre en premier lieu le principal accusé, STEVENS, petit caporal qui porte sur ses épaules la responsabilité de ce carnage.
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DMZ, tome 4 : Tirs amis

Voici une critique qui vaut pour les 4 premiers tomes, où l'on passera sur le dessin qui n'est pas bien détaillé mais cela au profit du dynamisme de l'image



J'ai Déjà lu cet ouvrage il y a quelques années.

Ca n'a pas vieilli, et la nouvelle rivalité politique Biden/ Trump le rend d'autant plus d'actualité.



Il s'agit de l'histoire d'Un journaliste dans les USA de nouveau en pleine guerre civile, avec Manhattan comme No man's Land entre les 2. On notera que cela n'a déjà aucun sens en terme géographique, géopolitique, social etc. Mais on doit donc croire que Manhattan est une partie de NY cosmopolite et divers où vivent des gens très pauvres et capables de faire du maraichage, de la mécanique etc.



Enfin admettons, la série continue, le héros devient progressivement (mais une progression éclair tout de même) antipathique et pédant, heureusement l'univers m'intéresse.



Voilà ce tome 4, Matty, le héros, est justement un héros: LE journaliste de la DMZ.. Il est le seul journaliste dans une zone de guerre, Manhattan, et n'a évidemment rien d'un journaliste puisqu'il est idiot, 100% subjectif et n'a aucune méthodologie.



Il faudra voir à prévenir Brian Wood que Vu le nombre de journalistes qui se font tuer chaque année sur des zones de conflits je ne vois pas dans quel univers il n'y aurait qu'un seul journaliste à Manhattan, et qui plus est le plus gros stagiaire de 3ème que j'ai jamais vu.



A lire quand même, c'est dire si l'histoire est bien ...
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DMZ, tome 4 : Tirs amis

Ce tome fait suite à DMZ, Tome 03 : Travaux publics (épisodes 13 à 17) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 18 à 22, initialement parus en 2007, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Riccardo Burchielli (épisodes 18, 19, 21 et 22), avec une mise en couleurs réalisée par Jeromy Cox. L'épisode 20 a été dessiné et encré par Kristian Donaldson. Les scènes d'interrogatoire ont été dessinées et encrées par Nathan Fox (épisodes 18, 19), Viktor Kalvachev (épisode 19). Les couvertures ont été réalisées par Brian Wood.



Fin mai, il fait déjà 80°F (26,7°C) à New York. La chaine Liberty News a obtenu un laisser-passer de 7 jours pour Matty Roth afin qu'il couvre le procès qui va s'ouvrir : celui des l'unité militaire qui a ouvert le feu sur des civils à Manhattan, l'événement ayant été surnommé le massacre du jour 204. Lorsqu'il pénètre dans les locaux de Liberty News à Long Island dans le Queens (un territoire des États-Unis), Matty Roth y est accueilli par le cadre Roth (son père) qui le félicite pour son reportage sur Trustwell. Matty Roth ne relève pas la pique et se dirige vers la pièce pour interrogatoire, pour interviewer le soldat (Private First Class) Chris Stevens. Au tout début de la guerre, Chris Stevens était un jeune homme vivant à Yanktown dans le Dakota du Sud. Un soir qu'il assiste à un concert en plein air avec sa copine, il est pris à parti par une bande de Rednecks qui le passe à tabac, lui et plusieurs autres parce qu'il s'est vraisemblablement enrôlé dans l'armée régulière des États-Unis, alors que cette bande leur avait bien dit de rejoindre les sécessionnistes dans l'armée des états libres. En fait, il ne s'est engagé volontairement que parce que c'était ça ou 18 mois de prison. Après six semaines d'entraînement, il a été embarqué dans un avion militaire avec d'autres jeunes recrues pour rejoindre l'aéroport JFK, et de là partir pour patrouiller New York. Après avoir survécu à 3 jours de patrouille dans Brooklyn, son unité a été affectée à Manhattan. Dans des rues qui se ressemblent, les soldats ont pris l'habitude de se faire tirer dessus et de riposter en tirant sur tout ce qui bouge. Dans sa tête, Chris Stevens envisageait ça comme un jeu vidéo : si quelque chose apparaît sur l'écran, il faut tirer dessus, puis recharger son arme.



Au bout de trois mois de service, au deux-cent-seizième jour du conflit, Chris Stevens et son unité étaient stationnés dans un abri dans une rue de Manhattan, attendant de voir un ennemi. Sous une pluie diluvienne, un bruit de pas s'est fait entendre. Des dizaines de manifestants silencieux marchaient, avec un capuchon sur la tête, masquant complètement leur visage, sans proférer aucun slogan. Les soldats étaient fatigués, et Chris Stevens a une hallucination, ayant l'impression que l'eau qui s'écoulait par terre s'était changée en sang. Il s'est avancé en courant vers les manifestants qui avaient dépassé l'abri des soldats, et qui s'éloignaient déjà. Alors qu'un manifestant glisse sa main sous son poncho, le sergent Nunez, responsable de l'escouade, avait donné l'ordre de tirer. Le deuxième jour des auditions, Matty Roth recueille le témoignage du sergent Nunez dans la même salle d'interrogation.



L'horrible oxymore du titre (tir ami) annonce une nouvelle enquête de Matty Roth qui promet d'être polémique. Effectivement, le système de justice des États-Unis juge ses propres soldats, mis en accusation pour avoir ouvert le feu sur des civils dans des circonstances troubles. Matty Roth est dépêché par la chaîne qui l'emploie pour couvrir l'événement. Le lecteur constate qu'il dispose d'un laisser-passer mais qu'il est très encadré dans les locaux de la chaîne Liberty News Network. Dans le même temps, il bénéficie d'une organisation qui lui permet de recueillir le témoignage de deux militaires directement impliqués dans le massacre du jour 204. Le lecteur se retrouve embarqué dans cette enquête journalistique pour découvrir la vérité, avec une vraie possibilité de travailler dans des conditions favorables. Chris Stevens a décidé de parler sans retenue de donner sa version des faits, sans aucune censure. Le lecteur découvre un jeune homme conduit à s'enrôler par la force des choses, sans conviction particulière. Au cours des 2 entretiens accordés à Matty Roth, il évoque rapidement son passage à tabac par les rednecks. En 1 page, il passe de sa campagne à une première mission dans Brooklyn. Le fait qu'il choisisse d'appréhender cette réalité comme un jeu vidéo permet au lecteur de prendre la mesure de l'absence de tout repère, de tout cadre de référence de Chris Stevens pour faire sens de ce qu'il est en train de vivre. Les dessins de Nathan Fox rendent très bien compte de cette sensation mêlant éléments très concrets (l'uniforme militaire, les équipements, les autres membres de la section) et éléments relevant plus d'une vision globale (en particulier les incendies, les éléments urbains détruits par les bombardements, les éclats des armes à feu. Le lecteur ressent que les sens de Stevens puissent être saturés par toutes ces informations, incapables de les traiter, de les analyser de les organiser.



Le massacre en lui-même est abordé du point de vue de Chris Stevens à deux reprises : d'abord dans l'épisode 18 pendant 9 pages, puis dans l'épisode 21 pendant 3 pages. Dans l'épisode 18, le lecteur vit la suite d'événements en temps réel, par les yeux du soldat. Il sait déjà qu'il va se produire un massacre, mais ce n'est alors qu'une information sans réalité concrète. Les auteurs ont choisi que la séquence se déroule sous un ciel gris, avec une faible luminosité et une forte pluie sans discontinuer. Jeromy Cox adopte une palette de couleurs en conséquence : essentiellement des nuances de gris, avec quelques éléments d'une couleur différente, sombre et délavée, ne tranchant presque pas avec la grisaille, sauf pour le rouge du sang. La tension est palpable dès l'apparition des manifestants silencieux, dans une ambiance irréelle, un événement qui sort de nulle part, qu'il n'est pas possible de rattacher à des signes avant -coureurs, une situation angoissante du fait du nombre d'individus et de leur comportement à nouveau sans repère. La narration visuelle transcrit bien la fatigue accumulée des soldats, leur inquiétude quant à ce qui va se passer, leur incapacité à évaluer le danger, la tension générée par l'impossibilité d'anticiper quoi que ce soit, la conscience de leur mission qui consiste à maîtriser et à éliminer des individus fauteurs de trouble. La narration de Nathan Fox transcrit toute l'horreur de la situation des soldats. Dans l'épisode 21, Riccardo Burchielli passe en mode soldat guerrier, ce qui est tout aussi terrible car le lecteur sait que cette attaque militaire est un massacre.



Avec les déclarations de Chris Stevens, Matty Roth (et donc le lecteur) découvre ce qui s'est vraiment passé : la réalité du danger constitué par les manifestants, la réaction du chef de groupe demandant de ramasser les douilles après le massacre donc parfaitement conscient de l'erreur d'appréciation commise, de la faute professionnelle ayant abouti à la mort de dizaines de civils inoffensifs. Le lecteur attend donc avec la même impatience que le journaliste de pouvoir interroger le sergent Nunez. La conversation est tendue, mais sans l'hostilité ou le mutisme auquel le lecteur s'était préparé. Le sergent raconte sa version des faits, assez proche de celle du soldat Stevens, avec une approche plus professionnelle, plus technique, mais sans nier les faits. Les dessins de Nathan Fox ont gagné en noirceur, comme si la description métier du sergent ajoutait à l'horreur des faits en prenant du recul vis-à-vis des manifestants, en les considérant comme une présence potentiellement hostile a priori, sans leur accorder d'humanité, sans les considérer comme des individus. L'épisode 20 est l'occasion pour Matty Roth de recueillir le témoignage d'une survivante du massacre, et de proches de défunts. Les traits de contour de Kristian Donaldson sont plus fins, plus effilés, et la couleur se fait plus lumineuse, sous le soleil de mai. Les décors sont toujours aussi présents, montrant les rues de New York défoncées par endroit, les façades d'immeuble abimées, les ameublements de fortune dans les appartements, les endroits de passage et les pièces techniques transformés en lieux de vie. Les témoignages recueillis confirment les faits décrits par les militaires, et font apparaître un ressentiment très profond chez la population, du fait de l'absence de jugement, de reconnaissance de la souffrance des habitants de Manhattan en tant que peuple.



Riccardo Burchielli revient pour les 2 derniers épisodes, avec une direction d'acteurs un plus dramatique, et une sensation plus organique pour les personnages et les décors. Matty Roth mène à bien son enquête qui lui a permis de se faire une idée claire de la réalité des faits et des responsabilités, et le jugement est rendu, ne faisant qu'empirer la situation. Dans une interview, Brian Wood a indiqué que cette histoire lui a été inspirée par la façon dont ont été traités les militaires responsables du massacre d'Haditha le 19 novembre 2005, une ville de la province irakienne d'Al-Anbar, durant la guerre d'Irak. Le récit s'avère beaucoup plus ambitieux que de dénoncer une forme de complaisance vis-à-vis de l'armée. D'un côté, la vérité reconstituée par Matty Roth s'avère d'une portée très limitée, ne changeant rien à la situation. De l'autre côté, le procès des militaires met en évidence leur compétence professionnelle réelle : leur métier est de faire régner l'ordre par la force, ce qui constitue une dynamique systémique s'imposant aux individus, conditionnant leurs comportements. Le récit devient encore plus noir et terrifiant quand la population de Manhattan laisse s'exprimer l'intensité de son ressentiment en massacrant un bouc émissaire dans une violence aveugle et injuste qui soulève le cœur.



À nouveau, Brian Wood utilise le principe de Manhattan comme zone démilitarisée pour donner à voir la réalité de l'occupation d'un territoire par une armée, sous un angle original qui met en lumière le traitement des populations pacifiées. Nathan Fox se révèle un artiste d'une sensibilité incroyable pour montrer la tension et les conflits psychiques d'un individu, ainsi que le caractère irréel d'une situation impossible à anticiper. Les autres artistes se montrent tout aussi convaincant, chacun à leur manière, pour une narration visuelle à la fois descriptive, et dégageant une puissance émotionnelle d'une rare justesse. Brian Wood mène son récit bien plus loin qu'un simple La guerre c'est mal, se livrant à une analyse psychologique et systémique intelligente, pertinente et très humaine.
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DMZ, tome 4 : Tirs amis

Cette fois, Wood met en avant cette inquiétante machine qu'est l'armée, la critique est dure et sans concession, il met l'accent sur le soucis de sauvegarder les huiles quitte à sacrifier les bleu-bites qui ne représentent, en fin de compte, rien. On ne peut que ressentir les mêmes sentiments que Matty face à cette réalité cynique et écrasante, une sorte de dégout, de colère qui font de cette série un remarquable pamphlet très lucide sur le monde et sur cette logique de la puissance qui nous avale petit à petit.
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DMZ, tome 4 : Tirs amis

Après avoir infiltré une cellule terroriste lors du tome précédent, Matthew Roth s’attaque à une enquête journalistique plus classique.



Chargé de couvrir un procès militaire, Matt va tenter de reconstituer les événements tragiques du «Jour 204». Que c’est-il vraiment passé lors de cette journée où l’armée américaine a ouvert le feu sur un groupe de manifestants (pacifiques). Sur le banc des accusés, un bouc émissaire, désigné comme seul responsable du massacre ...



Le récit de Brian Wood est à nouveau parfaitement construit et conserve constamment un voile d’incertitude sur les véritables causes de cette bavure militaire. Au fil des interviews, la balance penche d’un côté, puis de l’autre, jusqu’au verdict final, pas forcément juste, mais terminant l’histoire de manière bouleversante. Sur base d’interviews de soldats et de témoignages de civils témoins du drame, Matt effectue une reconstitution journalistique de cette tragédie où des militaires sous pression ont causés des dommages collatéraux ... de nationalité américaine. Et c’est bien la que se situe l’une des forces de cette saga, car si ouvrir le feu dans un pays étranger est psychologiquement lourd à porter, cette seconde Guerre Civile américaine oblige les militaires à s’en prendre à des compatriotes.



Au niveau du graphisme, ce quatrième volet réserve quelques surprises. Lorsqu’il doit livrer le point de vue des soldats, Riccardo Burchielli abandonne le dessin à Nathan Fox et Viktor Kalvachev. Les deux livrent de l’excellent travail sur ces flashbacks qui reviennent sur l’horreur des événements, avec une mention spéciale pour Nathan Fox. Le troisième épisode est dessiné par Kristian Donaldson, dont le style tranche un peu plus avec le reste. La colorisation de Jeromy Cox contribue néanmoins à livrer une certaine uniformité graphique à l’ensemble.
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DMZ, tome 5 : La guerre caché

Ce tome fait suite à DMZ, Tome 04 : Tirs amis (épisodes 18 à 22) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il comprend les épisodes 23 à 28, initialement parus en 2007, tous écrits par Brian Woodqui en a également réalisé les couvertures. Ces épisodes ont été dessinés et encrés par Riccardo Burchielli (épisodes 23, 24, 26, 28), Danijel Žeželj (épisode 25), Nathan Fox (épisode 27). La mise en couleurs de tous les épisodes a été réalisée par Jeromy Cox. Ces épisodes ont été réédités dans DMZ intégrale Tome 2 (épisodes 13 à 28).



À Manhattan, en pleine zone démilitarisée, deux hommes traversent la rue en évitant un tir de balles. L'un d'eux est le graffeur qui se fait appeler Decade Later. Ils arrivent à pénétrer dans un petit magasin spécialisé. Ils récupèrent les bombes de peinture qui sont encore dans le stock de l'arrière-boutique. Avant de partir avec leur butin, Decade Later trace son graff signature : un rond avec une flèche pointant vers la droite, et le nombre 10 à l'intérieur du rond. Il se souvient de comment il était traité au début de la guerre. À Manhattan dans la zone démilitarisée, Amina revient dans le squat en piteux état qu'elle partage avec une autre femme qui berce son jeune enfant dans ses bras. Elle est couverte de sang, mais elle rassure l'autre : ce n'est pas le sien. Par contre, elle a une écharde dans son pied gauche, car elle était pied nu. Elle va l'enlever dans la baignoire. Elle a rencontré le roi, celui qui règne sur le quartier. Entouré de ses hommes, il lui a expliqué que pour pouvoir vivre dans le quartier, il va falloir faire quelques courses pour lui. Il lui a remis un sac qu'elle ne doit ouvrir sous aucun prétexte et qu'elle doit aller remettre à un certain Len, et elle doit lui rapporter ce qu'il lui aura remis en échange. Ça ne se passe pas comme prévu : Len est déjà à l'état de cadavre quand elle le retrouve. À Manhattan, il pleut à verse sur la zone démilitarisée. Wilson arrive dans un immeuble, accompagné par un de ses hommes de main. Il vient pour s'entretenir avec une femme : Sheila Chang. Elle tient leur enfant dans ses bras, et elle demande son aide financière. Il lui explique que ça ne marche pas comme ça : elle doit se débrouiller seule, mais il laisse une enveloppe avec son numéro de téléphone que l'enfant pourra appeler quand il aura 12 ans. Et il s'en va.



Matty Roth est agenouillé devant le cadavre d'une femme : Kelly Connolly. Il l'identifie pour les militaires qui se tiennent à côté. Ils peuvent alors se charger d'enlever et d'emmener le corps. Il y a deux jours, Kelly Connolly effectuait un reportage à haut risque dans les rues de Manhattan. Elle accompagnait un soldat et ils s'étaient abrités pour éviter de choper une balle perdue. La nuit d'avant, elle avait proposé à Matty Roth qu'ils s'associent, ce qu'il avait décliné. Il y a deux jours, elle accompagnait trois soldats dans une patrouille et elle les avait obligés à la suivre dans un recoin pour sauver un jeune enfant en train de pleurer. À Manhattan dans la zone démilitarisée, deux personnes avec des masques à gaz se trouvent dans une voiture, en train de rouler. Une bombe explose, l'un d'eux en réchappe. Random Fire (un DJ) se réveille en sueur de ce cauchemar. Il s'habille et prend son matos sur le dos. Il parcourt prudemment les rues désertes de la ville et parvient à un immeuble où il descend dans le sous-sol. La porte s'ouvre sur une boîte clandestine, remplie de monde, avec une sono d'enfer. Il vient pour faire un set. Soames est un vrai redneck et il s'est engagé dans l'armée des États Libres, ceux qui ont fait sécession. Il se retrouve posté à New York. Il décide de passer à l'ennemi en traversant la zone démilitarisée.



Ce n'est pas la première fois que Brian Wood décide de consacrer des épisodes à des personnages autres que Matty Roth : il l'avait déjà fait avec l'épisode 12 qu'il avait dessiné ou plutôt illustré lui-même. Par contre, là, il le fait pendant 6 épisodes d'affilée. Peut-être qu'en parution mensuelle, le lecteur était un peu contrarié que l'intrigue principale ne progresse pas, et encore parce qu'il ne s'agit pas vraiment d'une intrigue principale, mais plutôt de reportages successifs de Matty Roth. En recueil, il peut mieux mesurer le plaisir de pouvoir expérimenter la vie dans la zone démilitarisée avec le point de vue d'autres personnages. En effet les tomes précédents ont établi que cette DMZ est un lieu unique, révélateur des caractères, mais aussi exprimant avec une rare acuité les horreurs d'un territoire occupé. Ces 6 personnages permettent de voir la DMZ par les yeux d'un artiste urbain, d'une survivante en état extrême de pauvreté, du chef politique de Chinatown, d'une autre journaliste, d'un DJ de souche, et d'un soldat déserteur que le lecteur a déjà rencontré précédemment. C'est donc aussi l'occasion d'en apprendre plus sur eux.



Au vu de ces points de vue différents, il fait sens que d'autres artistes soient impliqués. En connaissant le mode de fabrication des comics, le lecteur sait que cela permet à l'artiste en titre Riccardo Burchielli de s'avancer pour tenir les délais de parution mensuelle. Il dessine quand même 4 épisodes sur 6 et le lecteur prend grand plaisir à retrouver ses pages. Ses personnages sont toujours aussi vivants et expressifs : Decade Later totalement impliqué et concentré dans ses gestes de graffeur, Amina prenant de plein fouet les intimidations des individus qui la manipulent sans aucun égard, Kelly Connolly obstinée et directive imposant le respect et l'obéissance, Somaes tout aussi obstiné mais avec une silhouette plus musclée et virile, et le regard un peu perdu. C'est toujours un grand plaisir que de pouvoir se projeter dans la DMZ grâce aux dessins : les couloirs du métro, une fête entre potes sur le toit d'un immeuble, les immeubles délabrés du Bronx, jonchés de déchets, les rues dévastées par l'impact des balles et des bombes. La narration visuelle sait être haletante et tendue, en particulier avec la progression de Soames pour rallier le point de passage de la DMZ vers les États-Unis officiels.



Le lecteur compare donc le travail des deux autres dessinateurs aux pages de Riccardo Burchielli, excellent dessinateur, et artiste originel qui a fixé la tonalité visuelle de la série. S'il a déjà lu d'autres épisodes ou séries dessinés par Danijel Žeželj, le lecteur salive à l'avance. Il a bien raison. Cet artiste travaille plus sur l'ambiance de ses planches que Burchielli, avec des traits de contours moins déliés, plus rigides, ce qui dramatise les personnages, leur donne une apparence chargée de leur état d'esprit ou des contraintes qui pèsent sur eux. Les décors peuvent être aussi détaillés que ceux de Burchielli, ou aller plus à l'essentiel. Le lecteur est trempé par la pluie quand Wilson ressort de l'appartement. Il est happé par la foule de touristes qui déambulaient dans Chinatown avant la guerre. Il est soufflé par l'explosion d'une bombe se retrouvant étourdi. Il est aux premières loges pour assister à des moments de légende : Wilson se fait tirer dessus par un soldat un hélicoptère, un repas de luxe dans une grande tablée d'un restaurant de Chinatown. Les dessins insufflent une dimension plus grande que nature à ce personnage et à son histoire depuis le début de la guerre civile. Nathan Fox avait déjà réalisé des épisodes pour la série, et le lecteur le retrouve avec plaisir. Il ne s'attend pas à un tel degré d'implication, à une telle narration viscérale. L'artiste représente le bazar accumulé dans la chambre de Random Fire avec à la fois minutie et des traits organiques. Le vide des rues traversées par Random Fire semble presque surnaturel. Le contraste avec la foule dense dans la boîte de nuit n'en est que plus impressionnant. C'est une narration visuelle incroyablement prenante, juste et organique du début jusqu'à la fin, un tour de force.



Brian Wood se lance donc dans des histoires en un épisode suivant un personnage particulier que le lecteur a déjà rencontré le temps d'une histoire, d'un épisode, ou juste d'une case. L'histoire de Decade Later est un récit à chute, mais aussi une interrogation sur l'utilité d'un artiste de rue dans une zone démilitarisée, mais aussi un questionnement effectué par Decade Later lui-même sur son art, sans aucune prétention, de manière pragmatique, sans illusion sur l'éventualité d'influer sur la société en faisant des graffitis, et c'est très réussi. Le lecteur prend plaisir à suivre cet individu normal exerçant son art dans des circonstances anormales. Amina dispose déjà d'un capital sympathie beaucoup plus important du fait de ce qui lui est arrivé dans le tome 3. Sa situation ne s'est pas améliorée de beaucoup. Brian Wood ne joue pas sur le thème de Cendrillon, montrant que le milieu socioculturel d'origine de la jeune femme conditionne sa vie sans espoir d'accéder à un autre milieu social. Il en va différemment de Wilson dont l'envergure et la sphère d'influence grandissent au fur et à mesure de la série. Il atteint ici une stature quasi shakespearienne, magnifiée par les dessins de Danijel Žeželj. Le lecteur ne s'attendait pas à retrouver Kelly Connolly dans une telle situation dès la séquence d'ouverture. L'auteur réussit à changer le regard du lecteur sur elle du tout au tout, et il regrette encore plus la perte de cette vie humaine, irremplaçable. L'histoire de Random Fire vaut à la fois pour la découverte de sa vie, et pour celle de l'existence d'une vie nocturne. Le lecteur retrouve avec plaisir le major Soames, le suit dans sa course haletante pour rejoindre l'autre camp, et hallucine avec lui en pleine rue.



Loin d'être une pause, ces 6 épisodes offrent une ouverture extraordinaire sur d'autres vies se déroulant dans la zone démilitarisée, un environnement incroyablement riche, un terreau extraordinaire. Brian Wood est un excellent conteur qui sait donner vie à des personnages variés, et mettre en scène des drames résonnant chez le lecteur, bénéficiant d'une mise en images d'une qualité supérieure, que ce soit pour l'artiste habituel de la série, ou pour Danijel Žeželj et Nahtan Fox.
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DMZ, tome 5 : La guerre caché

Pour ce cinquième tome, Brian Wood abandonne son personnage principal et livre le portrait de six personnages secondaires. A travers ces six épisodes (#23 à #28), on découvre la destinée de personnes dont le quotidien a été chamboulé par cette nouvelle guerre civile qui divise les Etats-Unis.



Le fait de se concentrer sur d’autres personnages, le temps d’un album qui a tout d’un hors-série, permet d’offrir d’autres perspectives sur ce conflit. On suit ainsi Décade, un taggeur à la recherche de son chef-d’œuvre malgré la guerre, Random Fire, un DJ qui va connaître une soirée assez explosive et quelques anciens tels que Amina, l’ex-terroriste, Kelly Connolly, la collègue journaliste de Matt, Wiston, le nouveau chef de la pègre et Soames, l’ancien militaire qui règne sur Central Park.



Au dessin, le travail de Riccardo Burchielli est à nouveau excellent et l’on notera également un épisode dessiné par Danijel Zezelj et un autre par Nathan Fox, déjà excellent sur le tome précédent.



Un tome qui à le mérité d’offrir une perspective différente sur les événements et d’en apprendre plus sur certains personnages secondaires, mais personnellement, je ne suis pas trop fans de ces histoires trop courtes et situées hors continuité.
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DMZ, tome 5 : La guerre caché

Ce tome 5 de la série comporte 6 chapitres qui traitent chacun d'un personnage en particulier.

Certains de ces personnages font partie intégrante de l'intrigue principale (Amina, Wilson, Soames, Kelly). Pour RF (chapitre 5), il a très très rapidement été question de lui à la fin du tome 2. Enfin DECADE (chapitre 1) est une découverte mais tout comme les autres, il apporte sa pierre à l'édifice de DMZ.


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DMZ, tome 6 : Un jeu sanglant

Ce tome fait suit suite à DMZ, Tome 05 : La guerre caché (épisodes 23 à 38) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 29 à 34, initialement parus en 2008, écrits par Brian Wood qui a également réalisé les couvertures, dessinés et encrés par Riccardo Burchielli, et mis en couleurs par Jeromy Cox.



Un hélicoptère de l'armée est en train de survoler un quartier de Manhattan où des manifestants défilent avec des banderoles portant la mention : Delgado Nation. Un coup de feu est tiré dans la foule, plusieurs hommes armés apparaissent portant es teeshirts violets et des bérets assortis. En première ligne se trouve Matty Roth, avec un fusil mitrailleur, et derrière lui deux hommes en soutiennent un autre avec un bob qui lui couvre le visage. Plusieurs semaines auparavant, Zee Hernandez se réveille dans l'appartement de Matty Roth après une nuit passée ensemble. Elle lui dit qu'il pourrait rendre son appartement et venir habiter avec elle. Les informations annoncent que les négociations pour un traité de cessez-le-feu vont bientôt commencer. Roth n'est pas dupe des images qui accompagnent l'annonce : elles montrent un quartier tranquille, mais en fait il a été pacifié peu de temps auparavant et les coups de feu se font entendre quelques pâtés d'immeubles plus loin. Le commentateur continue en indiquant qu'autour de la table se trouvent des représentants des États-Unis, ainsi que des Armées des États Libres, des Nations Unies, de l'entreprise Trustwell Inc, et des factions armées opérant dans Manhattan. Matty Roth arrive devant l'immeuble où se tiennent les négociations et accepte et signer un nouveau contrat avec Liberty News pour avoir un accès presse aux négociations.



Avant d'entrer dans le bâtiment, Matty Roth papote un peu avec un Casque Bleu : il lui demande où ils ont parqué les manifestants. Le soldat lui dit d'aller se faire voir. En attendant l'allocution officielle, Roth se demande si ces négociations vont vraiment changer quelque chose, s'il en sortira un processus de paix viable : ça ne lui parait pas complètement impossible. Un général des États-Unis prend la parole et annonce un cessez-le-feu d'une durée de quatre semaines, qui s'achèvera par des élections pour avoir une assemblée gouvernante de la zone démilitarisée. Un premier participant intervient pour indiquer que sa faction armée ne soutiendra que la vraie Amérique. Un autre participant prend la parole et attire tout de suite l'attention de tous les présents. Il s'agit de Parco Delgado, représentant de la population au Nord de Central Park : il remet en cause l'élection à venir car les candidats ne sont pas représentatifs de la population de Manhattan. Le général le remercie de son intervention et met fin à la discussion. Matty Roth se dit qu'il lui faut absolument parler à ce Parco Delgado. À la sortie, il le retrouve, entouré de ses gardes du corps. Delgado le traite immédiatement d'instrument et d'idiot. Puis il l'invite à le suivre, indiquant qu'il ne faisait que le chambrer, ce qui amuse beaucoup un de ses gardes du corps. Les informations relaient la mise en place du cessez-le-feu, ainsi que la création d'une liste de candidats, et les alliances qui se forment, pendant que Matty Roth discute avec Delgado dans l'appartement de ce dernier.



D'un côté, c'est facile pour le scénariste : il n'a qu'à reprendre les informations relatives à l'occupation de territoires par les États-Unis, par exemple en Irak, et à relever les principaux événements qui y sont survenus. Il a ainsi une liste d'histoires toutes prêtes pour sa série. Le lecteur peut lui aussi relever ces éléments dans cette histoire : un processus de cessez-le-feu, la présence incongrue d'une entreprise privée américaine à la table des négociations, le mécontentement de la population du territoire occupée, la participation d'individus au passé douteux comme candidats aux élections, la formulation très orientée des informations par la presse et les journalistes qui appartiennent plutôt à la nation occupante qu'à la nation occupée, l'arrivée d'experts en politique pour manipuler l'opinion publique, l'allégeance incertaine de la population, l'utilisation de la force armée de manière officieuse que ce soit par l'occupant, ou par des factions antagonistes indigènes, sans oublier une tentative d'assassinat sur un candidat gênant pour faire bonne mesure. Le pire est que Wood n'a pas besoin d'exagérer et que le lecteur a la conviction qu'il est encore en-dessous de la réalité qui dépasse de loin la fiction. Comme dans les tomes précédents, le fait que tout ça se déroule sur le territoire des États-Unis pendant une guerre opposant deux camps américains, change complètement le ressenti. Le lecteur américain et européen se sent tout de suite beaucoup plus impliqué par le fait que ce soit des intérêts qui s'opposent au sein d'un même pays occidental. Cet éclairage rend le lecteur beaucoup plus concerné.



Riccardo Burchielli assure la mise en images de tout ce tome. Le lecteur remarque que la collaboration entre lui et le scénariste est beaucoup plus organique, beaucoup plus fluide. Brian Wood se repose plus sur lui dans des pages avec très peu de texte, pour que la zone démilitarisée prenne la dimension d'un personnage à part entière. Le lecteur observe la silhouette de gratte-ciels en arrière-plan, la façade reconnaissable de l'immeuble Cooper Union dans East Village, la structure métallique du pont de Brooklyn, les rives de la rivière Hudson, l'arc de triomphe et la colonnade du pont de Manhattan, le quartier de Washington Heights, Madison Square Park, une grande artère de Chinatown. Il ne s’agit pas simplement de se servir de photographies pour référence : l'artiste sait montrer des endroits habités, fréquentés, souvent marqués par les impacts, voire partiellement détruits ou en reconstruction. De même, il suffit de regarder les personnages pour savoir à quelle partie de la population ils appartiennent, et même dans quel quartier ils vivent. Le dessinateur a travaillé pour concevoir un registre de vêtements pour les habitants de la DMZ, avec des différences notables en fonction de leur appartenance ethnique. Les uniformes militaires sont réalistes et montrent bien la distinction entre les différents grades. Le tailleur chic de Madeleine Mastro indique au premier coup d'œil qu'elle vient de l'extérieur. Le choix de vêtement de Parco Delgado est très étudié, reflétant à la fois son origine populaire et ethnique, une vraie déclaration en soi, sans parler de sa manière de tenir un micro.



Riccardo Burchielli sait tout aussi bien insuffler une personnalité à chaque personnage, que de la vie. Dans ce tome, Matty Roth a gagné en assurance et en agressivité : il suffit de le voir répondre à un journaliste ou prendre part à l'action pour le comprendre. En regardant Zee Hernandez, le lecteur perçoit qu'elle est toujours aussi autonome, mais aussi qu'elle attend une forme d'engagement de la part de Matty Roth, et il le voit sans avoir besoin de lire les dialogues, grâce à son langage corporel, à la direction d'acteurs de l'artiste. Madeleine Mastro est impressionnante dès sa première apparition : tirée à quatre épingles, très maîtresse de son image, très professionnelle, quasiment impossible à déstabiliser. Bien sûr, Parco Delgado est un spectacle irrésistible. Le dessinateur a dû concevoir un personnage charismatique, populaire, ambigu, sans être démagogue. C'est une extraordinaire réussite visuelle : son apparence combine un mixte entre un rappeur et des touches hispaniques, avec un cynisme né de l'expérience, sans verser dans une opposition de principe sans rien à proposer. Le lecteur voit un adulte d'expérience, rompu à l'exercice politique, à la rhétorique, à l'exhortation des foules : un charisme convainquant, avec une part d'ambiguïté qui fait planer un doute sur son objectif réel, sur son passé. Parco Delgado n'est pas simplement plausible comme chef politique : il est évident et naturel, une réussite visuelle extraordinaire.



Il n'est pas possible de réduire cette histoire uniquement à une transposition du processus d'instauration d'un cessez-le-feu copié à partir des articles de journaux dans une région réelle. Comme à son habitude, Brian Wood insuffle lui aussi une personnalité crédible et complexe à ses personnages. Matty Roth continue d'être un journaliste avec des convictions, sans risque d'être blasé. Il a pu constater dans les épisodes précédents comment les États-Unis et les armées des États Libres manipulent l'information pour leur avantage, et accomplissent des missions aux objectifs souvent inavouables. Il n'a donc pas grand espoir que la promesse d'élection aboutisse à un gouvernement provisoire bénéfique aux habitants de Manhattan. Dans le même temps, le discours bien rôdé de Parco Delgado comprend une saveur populiste, mais semble honnête dans sa démarche. Roth décide donc de prendre parti, de s'impliquer pour un candidat, quittant la zone plus ou moins confortable de l'impartialité journalistique. Bien évidemment, il se retrouve au milieu de conflits d'intérêt, que ce soit ceux de son père sur lequel ses employeurs de Liberty News font pression, ceux de sa mère qui arrive sans être annoncée, des États-Unis, des armées des États Libres, mais aussi de Parco Delgado. Il sait bien que les dés sont pipés qu'aucune partie ne joue franc jeu. Son idéalisme se heurte à cet état de fait : son engagement pour le candidat Delgado repose sur la franchise et l'honnêteté de ce dernier. Or ses actions montrent qu'il utilise les mêmes techniques que les autres, les mêmes subterfuges, les mêmes stratégies de manipulation. Est-ce que cela signifie pour autant que ses objectifs ou ses intentions ne sont que de la poudre aux yeux ? Dépourvu de tout angélisme, le propose du scénariste est pragmatique et adulte, à l'opposé d'un cynisme de pacotille.



Trop facile pour les auteurs : il leur suffit d'aller piocher dans les articles de journaux sur la vie dans un territoire occupé pour tenir un nouveau chapitre de leur série. Certes, c'est bien de ça qu'il s'agit, mais aussi de beaucoup plus. L'artiste donne vie aux différents quartiers de New York, et aux personnages, avec une véracité remarquable. Le scénariste sait mettre en scène les différents niveaux de réalité, les enjeux des différentes parties, les jeux de pouvoir complexe qui sont à l'œuvre, sans tomber dans la facilité du tous pourris. Il va encore plus loin en questionnant le principe même du vote démocratique dans de telles conditions. Remarquable.
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DMZ, tome 6 : Un jeu sanglant

Manhattan Island.

La guerre civile se poursuit. Un cessez-le-feu est mis en place et globalement respecté.

Afin d'aider à la stabilisation de la situation, les États-Unis veulent mettre en place un gouvernement provisoire sur l'Ile et organiser des élections afin que les habitants de Manhattan élisent leurs propres représentants au gouvernement provisoire.

Le seul problème, c'est que dans les personnalités proposées, aucune n'est originaire de Manhattan et aucune n'a réellement conscience de ce que vivre en ce lieu implique.

Parco DELGADO va imposer sa candidature et embarquer Matty dans sa campagne...
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DMZ, tome 6 : Un jeu sanglant

Après un hors-série qui invitait à suivre six personnages secondaires au sein de cette guerre civile qui déchire les Etats-Unis, Brian Wood renoue avec l’histoire principale et livre une nouvelle enquête de notre journaliste sur place : Matthew Roth !



On a même droit à un cessez-le-feu, à la vieille des élections qui se profilent au sein de la DMZ. Le combat de ce sixième tome n’est donc plus vraiment militaire, mais plutôt politique. Matt va y suivre la montée en puissance de Parco Delgado, un candidat outsider, issu de la population de la DMZ. Au sein d’une ambiance où la neutralité n’a plus vraiment sa place, Matt va

prendre partie pour ce nouveau candidat. Si le contexte politique est parfaitement maîtrisé et à nouveau assez réaliste et que cette élection constitue une sérieuse évolution pour le conflit, c’est surtout la présence des parents de Matt qui ajoute un peu de piment à cette histoire. Si l’on fait ainsi connaissance avec la mère de Matt, l’auteur en profite également pour développer la relation sentimentale entre Matt et Zee.



Au niveau du graphisme, les six épisodes (#29 à #34) sont cette fois dessinées par Riccardo Burchielli, dont le travail est toujours aussi bon.

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DMZ, tome 7 : Les pouvoirs de la guerre

New York... un no man’s land au cœur de la Seconde Guerre civile américaine, que le reporter Matty Roth considère comme son chez-lui. Enquêtant sur la vie quotidienne des civils qui luttent pour survivre dans une zone de guerre, le journaliste est de plus en plus impliqué dans les méandres de la politique de la ville.
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DMZ, tome 7 : Les pouvoirs de la guerre

Ce septième tome reprend les épisodes #35 à #41 de la saga US et contient trois histoires.



La première histoire ne se concentre plus sur les habitants de la DMZ, mais sur les militaires stationnés à Staten Island. L’auteur s’y intéresse à la vie des militaires et à la relation entre les soldats américains et ceux des états libres. Au fil des deux épisodes qui composent cette histoire, la fraternité qui lie les deux camps adverses sur cette île isolée du reste du conflit, va lentement s’effriter, montrant la fragilité de toute forme d’amitié en temps de guerre.



Après ce récit sympathique, mais loin d’être indispensable, Brian Wood renoue avec l’histoire principale et ramène Matthew Roth à Manhattan. Lors du sixième tome, plus politique que militaire, Matty avait déjà tourné le dos à sa neutralité journalistique pour soutenir Parco Delgado lors des élections. Le changement de personnalité et d’orientation professionnelle se poursuit lors de ces quatre nouveaux épisodes, où Matty devient le livreur attitré de Delgado. Si ce nouveau rôle manque un tout petit peu de crédibilité, c’est surtout le contenu de ces livraisons/missions qui m’a laissé perplexe. L’histoire de l’or de Wilson m’a semblé assez invraisemblable et je ne parle même pas du petit paquet que Matty doit ramener de chez Soames. Mais, même si je me suis posé quelques questions au niveau du scénario, l’histoire de ce héros cherchant sa place au sein de cette guerre civile qui déchire les Etats-Unis demeure tout de même intéressante.



Le dernier épisode de l’album, invitant à suivre les pas de Zee après son départ de Parco City, est par contre totalement anecdotique et assez dispensable.



Au niveau du graphisme, le travail de Riccardo Burchielli sur l’histoire principale est toujours aussi bon. Les dessins de Kristian Donaldson sur la première histoire et de Nikki Cook sur la conclusion, ne sont pas mauvais, mais tranchent un peu trop avec le style de Burchielli
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DMZ, tome 7 : Les pouvoirs de la guerre

Ce tome fait suite à DMZ, Tome 06 : Un jeu sanglant (épisodes 29 à 34) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend les épisodes 35 à 41, initialement parus en 2009, écrits par Brian Wood. Les couvertures ont été réalisées par John Paul Leon, la mise en couleurs par Jeromy Cox.



Épisodes 35 & 36 : dessins et encrage de Kristian Donaldson. Cette fois-ci, Matty Roth va effectuer un reportage sur Staten Island : il a pris place à bord d'un canot pneumatique militaire qui l'emmène de nuit sur l'île où est affectée une garnison de l'armée des États-Unis. À bord du canot, un soldat dirige l'embarcation, un autre a perdu connaissance et s'est vomi dessus. Le premier indique que le canot a été baptisé George W. Bush. Une fois débarqué à Staten Island, Roth se demande ce qu'il va y trouver : il s'agit en effet d'un territoire avec une forte concentration de soldats inexpérimentés et d'armes à feu. Il entend une sono de boîte de nuit : des soldats sont en train de s'éclater dans un bar avec un DJ. Il voit d'autres soldats en tenue décontractée, s'amuser à tirer en l'air, d'autres défoncés allongés par terre sur une couverture, d'autres faire l'amour, d'autres parier sur un match de combat à main nue. Que se passe-t-il sur Staten Island ?



Le scénariste continue de transposer des situations réelles de guerre, à l'environnement très particulier de cette guerre civile sur le sol américain, en plein Manhattan. Bien évidemment, il y a des troupes stationnées de part et d'autre de la zone démilitarisée, pour pouvoir intervenir au cas où, mais surtout pour pouvoir surveiller le camp militaire de l'autre armée. Wood a conçu une intrigue très surprenante : Matty Roth ne découvre pas du tout ce à quoi il s'attend. L'esprit de détente semble incompatible avec la mission prioritaire de surveiller l'ennemi. Qui plus est, il se produit un vol dans la base, d'un objet au fort potentiel de destruction. Du coup, l'ambiance change du tout au tout quand le commandant de la base décide de rétablir une discipline teintée de paranoïa. Donaldson avait déjà illustré les épisodes 11 & 20, le lecteur est donc déjà habitué aux particularités de ses dessins. Ceux-ci sont plus doux et moins détaillés que ceux de Burchielli, pour autant, il retranscrive bien les lieux, les comportements des soldats, l'irréalité de la situation initiale, la dangerosité du comportement imprévisible du commandant de la base. Le lecteur ressent bien la déstabilisation de Matty Roth, l'instabilité de la situation qui peut dégénérer d'un instant à l'autre. D'un côté, il s'agit d'une parenthèse dans l'intrigue globale : de l'autre c'est une illustration déconcertante de la manière dont des êtres humains peuvent trouver une plage de liberté et de bon sens là où il n'y en a aucune a priori.



Épisodes 37 à 40 : dessins et encrage de Riccardo Burchielli. Un taxi s'arrête à un point de contrôle pour accéder au nord de Manhattan. Le garde armé se montre tatillon, jusqu'à ce qu'il reconnaisse le passager : Matty Roth. Ce dernier est rentré chez lui il y a quelques jours pour s'apercevoir que Zee Hernandez est partie, en laissant ses armes à feu dans les toilettes. Parco Delgado a commencé à prendre son administration en main, et il a exigé le retrait de toutes les troupes armées de Manhattan, à commencer par les mercenaires de l'entreprise Trustwell. Zee Hernandez est sortie de la zone démilitarisée, juste avant que Delgado ne fasse fermer les frontières. Matty Roth n'est pas content : il n'arrive pas à avoir un rendez-vous avec Parco Delgado en personne, et il constate des brutalités policières perpétrées par le service d'ordre de Delgado. Ce dernier continue de louer les services de directrice de communication politique de Madeleine Mastro, la mère de Matty. Finalement, le rendez-vous a lieu : Delgado assure à Matty qu'il fait toujours partie de ses conseillers de premier rang. Il a une mission à lui confier : mettre la main sur l'or de Chinatown. Il sait que Matty entretient de bonnes relations avec Wilson, le chef de la triade qui gère ce quartier de Manhattan.



Retour à l'intrigue principale de la série : en fait le lecteur se rend compte que le scénariste a établi une continuité, un fil conducteur initié dans le tome précédent : le gouvernement provisoire avec l'élection de Parco Delgado. C'est du sérieux et Matty Roth voit l'occasion de continuer à faire un journalisme engagé, et plus seulement pour contrer ceux qui le manipulent et l'instrumentalisent. Dans le même temps, Wood sort du chapeau un McGuffin en provenance d'une histoire d'aventures du siècle passé : l'existence d'un trésor. Le lecteur n'est pas au bout de sa surprise, car l'auteur continue de plus belle avec deux rebondissements énormes. C'est vraiment surprenant et déstabilisant de se retrouver face à des rebondissements en provenance directe d'œuvres de divertissement, plutôt que de rester dans cette politique fiction si réaliste. D'un autre côté ça fonctionne bien parce que c'est en phase avec l'environnement de la série. Effectivement, cette idée d'un magot planqué quelque part est en phase avec des gardes de sécurité à la provenance douteuse, avec une cité dévastée, avec des énormes 4*4, avec un homme politique nouvellement élu qui a désespérément besoin de fonds pour faire vivre son mouvement. En fait une fois passé le moment de surprise, le lecteur se rend compte qu'il n'a pas besoin de faire un effort supplémentaire de suspension consentie de l'incrédulité : c'est cohérent avec le reste.



Le lecteur retrouve avec plaisir l'artiste en titre sur la série. Les personnages sont visuellement consistants. Matty Roth s'est laissé pousser la barbe et l'a conservée. Il a les traits du visage de plus en plus marqués, ce qui est cohérent avec les épreuves qu'il traverse et son investissement dans le maire, ce qui l'oblige à gérer un conflit psychique interne entre sa neutralité de journaliste, et son implication pour améliorer la situation des habitants de la zone démilitarisée. Parco Delgado reste un personnage doté d'un fort charisme, et d'une tenue vestimentaire originale. L'artiste s'amuse bien avec l'apparence de Wilson, en décalage avec la réalité de sa position dans Chinatown. Le commandant de la FSA est toujours aussi insupportable dans sa manière d'être, dans ses postures. C'est bien sûr un très grand plaisir de retrouver des personnages marquants du tome 1. Comme dans les tomes précédents, le personnage qui apparaît dans le plus de pages reste Manhattan elle-même. Le lecteur se retrouve à regarder le pont de Brooklyn par en-dessous dès la première page. Il regarde les façades d'immeubles que ce soit en marchant dans une rue, ou en les voyant à l'horizon depuis l'autre côté de la rivière. Il regarde comment les gardes de Delgado assurent un périmètre dans une voie non fréquentée, comment un chien sauvage erre dans la rue. Il lève la tête pour regarder un hélicoptère de surveillance passer dans le ciel. Il baisse la tête lorsqu'il y a une vue de dessus d'un quartier. Il lève à nouveau la tête pour regarder les hauts gratte-ciels qui dominent les êtres humains, les rendant minuscules et insignifiants. Il peut vraiment se projeter aux cotés de Matty Roth et des autres personnages dans cet environnement à nulle autre pareil.



Avec cette histoire, Brian Wood augmente la composante espionnage et mission secrète de son récit, sans que cela ne nuise à sa dimension politique. Les dessins sont toujours aussi immersifs et directs. L'intrigue réserve de nombreuses surprises, avec plus d'effets en provenance de l'industrie du divertissement, tels que des coups de théâtres qui prennent la forme de révélations. Le résultat est haletant, sans rien perdre de son regard pénétrant sur la nature humaine, sur le pouvoir, le capitalisme, la souffrance des êtres humains en temps de guerre.



Épisode 41 : dessins et encrage de Nikki Cook. Zee Hernandez a réussi à franchir le point de contrôle et à sortir de la zone démilitarisée pour se rendre au nord. Elle s'installe dans un immeuble encore en bon état où elle a trouvé un appartement inoccupé. Elle déroule son tapis de sol et son sac de couchage. Elle installe son réchaud et se fait chauffer un café. Elle contemple les feux dans le lointain qui atteste de combats. Au petit matin, les habitants de l'appartement au-dessus du sien reviennent : un groupe de 4 soldats de l'armée des États Libres, dont Martel, une jeune femme grièvement blessée à la jambe droite. En entendant ses hurlements de souffrance, Zee finit par monter, entrer dans l'appartement et s'occuper de la blessure de Martel.



Zee a été déçue par l'attitude de Matty Roth, par les choix qu'il a faits : s'engager pour soutenir Parco Delgado, accepter les avantages qui vont avec le fait de côtoyer le pouvoir, comme de pouvoir voyager en limousine. Elle décide donc de changer d'air. Pour autant elle ne peut pas laisser mourir quelqu'un sans lui apporter de l'aide. Brian Wood force un peu la main de son scénario avec la coïncidence bien pratique des soldats en infiltration qui logent juste au-dessus de l'appartement choisi par Zee. L'artiste dessine dans un registre descriptif et réaliste, sans les exagérations de Donaldson. Elle rend bien compte de l'environnement urbain, en reproduisant des rues de New York. Ses personnages sont un peu moins convaincants : des visages trop jeunes, des silhouettes aux postures manquant de naturel. Cet épisode permet à Burchielli d'avoir assez de temps pour travailler sur les suivants, et au scénariste de se focaliser sur un personnage secondaire, mais aussi le premier rôle féminin. Il la confronte d'une autre manière à la réalité d'une zone en situation de guerre civile, ce qui l'amène à reconsidérer l'engagement de Matty Roth sous un autre angle. Le lecteur voit bien qu'il s'agit pour Wood de développer ce personnage pour le positionner là où il le souhaite, mais dans le même temps c'est aussi une progression organique et Zee est toujours aussi attachante.
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DMZ, tome 8 : Coeurs et esprits

L’ambiance est très particulière. Sombre, tendue... Le rythme, lui, est en revanche assez plat. Ce livre ressemble à une transition vers un nouveau devenir pour la série.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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DMZ, tome 8 : Coeurs et esprits

Matty Roth a joué tous les rôles dans la DMZ. Il a été témoin, victime et résistant mais dans cet album, il décide d’interpréter un nouveau personnage, celui de chef !



Il a en effet décidé de prendre le pouvoir. Aidé par une force de sécurité privée, il veut reprendre le contrôle de la ville pour la mener sur le chemin de la reconstruction.



Mais Matty a-t-il vraiment la carrure pour endosser cette fonction ? Ne va t-il pas s'isoler et se faire surprendre ?



Dans un premier temps, en tant que porte-parole de Parco Delgado, Matty Roth annonce aux médias, au monde entier que la cité de Manhattan est désormais un état possédant l'arme nucléaire ...



Cette annonce dans le but de gérer l'opinion publique et d'assurer la stabilité à l'intérieur de la DMZ, aura l'effet contraire. Les tensions montent avec le monde extérieur et les relations tumultueuses que la DMZ avait avec le reste des Etats-Unis commencent à isoler Matty. Delgado est devenu un mystère et Matty se pose des questions, il doit prendre des décisions. N'aurait-il pas pris le mauvais chemin ?



Pendant ce temps là, des soldats des états-unis d'amérique poursuivent et accentuent leur recherche de l'arme nucléaire dans des zones spécifique de la ville. Officiellement, une mission "de recherche et de récupération", mais ça n'empêche pas certains soldats de régler leurs comptes ... Les habitants se laissent faire dans l'espoir qu'il n'y ais pas de bavure ... Matty Roth en sera la victime. Pris à parti et tabassé par un groupe de militaire, il est secoué, vivant mais très amoché et très énervé. Bien qu'il croisera Zee à ce moment, il commettra une erreur de guerre ... un jugement, un commandement sans retour, un acte de barbarie, de "terrorisme". Et, alors qu'au même moment une voix de radio, la voix de la DMZ qui nous aura accompagné en filigrane tout au long de la lecture de ce volume, cette voix nous annonce que l'arme nucléaire viens d'être localisée ... État d'alerte maximum ... "Toutes les options sont possibles."






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DMZ, tome 8 : Coeurs et esprits

Ce tome fait suite à DMZ, Tome 07 : Les pouvoirs de la guerre (épisodes 35 à 41) qu'il faut avoir lu avant. Il contient les épisodes 42 à 49, initialement parus en 2009/2010, écrits par Brian Wood, avec une mise en couleurs réalisée par Jeromy Cox, et des couvertures réalisées par John Paul Leon. Il contient deux histoires.



Épisodes 42 à 44 : dessins et encrage de Ryan Kelly. Dans une grande pièce déserte, dans un haut étage d'un gratte-ciel, Tony M. participe à un groupe de parole, avec neuf autres hommes, tous d'anciens policiers, avant le déclenchement de la seconde guerre civile américaine. Il raconte comment il a perdu sa femme Maribeth et leur fille quand la cité a été évacuée. Les autres l'écoutent en silence le visage fermé, mais avec de la compréhension et de l'empathie dans leur regard. Au temps présent, en plein cœur de la zone démilitarisée de Manhattan, Tony est debout au milieu d'une rue où se tient un marché, sous la pluie. Son imperméable en cuir est entrouvert et il est visible qu'il porte une ceinture d'explosifs. Le groupe de parole se tenait 6 fois par semaine, conformément aux ordres de l'organisation et chaque participant racontait son histoire à tour de rôle. Ils dormaient le jour et réalisaient des opérations de terrain la nuit à partir de 16h00, par rotation.



Régulièrement, Brian Wood quitte Matty Roth le temps de quelques épisodes pour s'intéresser à d'autres personnages dans la série. Le lecteur sait que ces respirations permettent à Riccardo Burchielli d'avoir le temps de dessiner les épisodes suivants, sans les bâcler, mais il sait aussi que le personnage principal est bel et bien présent dans ces histoires qui ne peuvent pas être réduites à des interludes de circonstance. Dès la cinquième page, le lecteur découvre quelle est la finalité de la progression de Tony dans cette organisation dont le récit ne dit pas grand-chose. Le lecteur suit donc les pas d'un individu physiquement costaud, traumatisé par la phase de transition entre Manhattan, quartier de New York comptant environ 1.600.000 habitants, et une zone démilitarisée ne comptant plus qu'entre 200.000 et 400.000 habitants, à la suite de l'institution de la zone et son évacuation brutale. Le titre est également sans appel : pas de futur. Pour autant, la narration n'est pas larmoyante ou désespérée. Tony continue de vivre sa vie, de se plier au rituel du groupe de parole, de respecter le rythme régulier des journées, de suivre les ordres, d'entraider ses compagnons avec qui il partage des épreuves communes. La hiérarchie n'a rien de caricaturale : ni invisible, ni tyrannique ou sadique. Il mène une existence structurée, régulière, avec des amis, des tâches qui ont du sens, un traumatisme lourd à porter mais pas incapacitant.



Ryan Kelly est un artiste qui a régulièrement collaboré avec Brian Wood, pour des histoires comme Local, New York Four, New York Five, Northlanders et Star Wars. Ses dessins sont précis et détaillés : les étals du marché découvert, les façades des gratte-ciels, les armes à feu, les pièces très fonctionnelles dans lesquelles les membres de cette milice vivent. Il représente des individus ordinaires et normaux, sans qu'ils n'en deviennent génériques ou interchangeables. Éventuellement, le lecteur peut sourire en relevant les points de similitude entre Tony et Frank Castle : sa carrure, son long imperméable noir, la perte de sa femme et de sa fille, son visage fermé et son quotidien cadré par une discipline rigoureuse. Il semble évident que Ryan Kelly fait des efforts pour éviter que ses dessins ne soient trop doux, sans pour autant donner l'impression de se forcer, juste de faire un effort conscient. La narration visuelle est claire, les cases sont denses et restent facilement lisibles, inscrivant l'histoire de Tony dans une forme de reportage descriptif, ancré dans une réalité normale et tangible, totalement en phase avec la nature de l'histoire. Du coup, le lecteur accompagne Tony M. en le regardant comme un individu plausible et presque banal, unique et doté d'une solide constitution, clair dans sa tête et de nature posée, capable de passer en mode action de façon efficace et réfléchie, l'opposé d'un fou furieux incontrôlable. Ayant tourné la dernière page, le lecteur prend un peu de recul et constate la nature de ce qu'il vient de lire : un individu normal et intelligent, qui se fait sauter, ce que les médias présenteront comme un terroriste suicidaire. Une histoire racontée de manière prosaïque, une humanisation évidente, débarrassée de tout cliché, à l'opposé d'une histoire bouche-trou bâclée.



Épisodes 45 à 49 : dessins et encrage de Riccardo Burchielli. Matty Smith est venu recruter le tireur d'élite qui veille sur tout un quartier de Manhattan. Il retourne ensuite dans son appartement à Chinatown et récupère ses affaires, sans oublier son fusil automatique. Son chauffeur est venu le chercher et lui fait observer qu'ils sont 5 minutes en retard par rapport à l'ultimatum. Une fois sur place, Matty Roth effectue sa déclaration publique devant les médias en cinq minutes : la nation de Parco Delgado dispose de l'arme atomique. Il ne répond à aucune question. L'animateur de la radio libre de la DMZ commente ensuite, en rappelant qu'il y avait avant 1,6 millions d'habitants à Manhattan, qu'il en reste au mieux quatre cent mille. Il évoque le fait que l'élection de Delgado a permis de dépasser une société clivée par des questions de race. Il espère que l'annonce de Roth permettra de dépasser l'âge de la bombe atomique. Peu de temps après, Matty Roth a un entretien avec le maire Parco Delgado. Ce dernier lui demande de se mettre au boulot sur deux choses : tout d'abord instaurer un média au sein de la zone démilitarisée, ensuite éviter que les gardes du corps de Matty n'occasionnent trop de dommages collatéraux.



Dans le tome précédent, Matty Roth avait quitté la position neutre du journaliste pour s'engager politiquement. Il s'agissait d'une évolution cohérente du personnage, lassé de se faire manipuler par toutes les factions magouillant au sein de la zone démilitarisée, révolté de voir la population instrumentalisée par les deux pouvoirs s'opposant dans la guerre civile, ainsi que par les différents groupes armés, et les grosses entreprises faisant tout pour mettre la main sur le marché de la reconstruction, pour des questions de profits, sans aucun égard pour la population, sans aucune notion d'intérêt public. Bien évidemment, Matty Roth ne souhaitait pas non plus devenir le jouet du chef élu de la DMZ, et avait dû batailler pour se faire reconnaître comme un membre de son équipe, et acquérir un degré d'autonomie réelle. Au début de ce chapitre, il est presque là où il voulait : il est un collaborateur direct de Parco Delgado, il bénéficie d'une autonomie suffisante pour prendre des initiatives, et il dispose d'un groupe d'individus armés à ses ordres. Il parvient à recruter Angel, le tireur d'élite, ainsi que sa copine Claire, membre des Forces Spéciales. Il peut enfin commencer à agir pour l'intérêt de la population (traquer et éliminer les trafiquants de drogues) et un peu pour les siens (venger Kelly Connolly).



Bien sûr ce changement de positionnement (de journaliste neutre à un poste de responsabilité au sein du pouvoir en place) a eu des répercussions en particulier sur son entourage proche, à commencer par Zee Henrnandez qui a préféré prendre du recul en passant de l'autre côté de la frontière de la DMZ, mais aussi sur Angel qu'il a recruté comme subalterne. Riccardo Bruchielli est de retour pour ces 5 épisodes, ses dessins étant toujours complétés par les couleurs de Jeromy Cox. Le lecteur observe que ce dernier maîtrise de mieux en mieux les différentes possibilités de l'infographie, nourrissant les surfaces détourées avec des nuances de couleurs rehaussant les reliefs, et apportant également des textures. De temps à autre, il donne l'impression de trop en faire : les informations de la mise en couleurs passant au premier plan, et reléguant les dessins encrés au deuxième plan, ce qui donne une impression plus chargée, diminuant le degré de spontanéité de la narration visuelle. Burchielli semble avoir gagné dans sa maîtrise de l'utilisation des variations d'épaisseur des traits de détourage, donnant une sensation plus organique à ce qu'il représente. Les rues et les gratte-ciels de Manhattan sont toujours aussi réalistes et concrets, donnant une présence plausible et palpable à la DMZ comme personnage. Son talent de costumier se déploie en toute discrétion, avec des tenues vestimentaires adaptées aux conditions climatiques, reflétant la condition sociale de chaque protagoniste, avec des touches personnelles. Le lecteur sourit à chaque fois en découvrant une nouvelle tenue de Parco Delgado, un mélange d'influences au goût discutable. L'artiste réalise des dessins avec un bon niveau de détails, intégrant des éléments conférant à la fois une unicité à chaque plan, et montrant des éléments informatifs sans être génériques. La solide densité d'informations visuelles concourt à ce que le lecteur éprouve la sensation d'évoluer dans un environnement urbain chargé et compact.



Le précédent tome avait franchi un palier : Matty Roth ne se cantonne plus à effectuer une mission après l'autre, en réaction aux événements. Ce nouveau chapitre continue dans cette lancée : il concrétise son engagement auprès de Parco Delgado en utilisant les moyens à sa disposition au profit du peuple, avec l'amélioration des conditions de vie comme objectif, dans le principe du bien de la communauté. Riccardo Burchielli donne à voir une ville dense et des individus s'étant adapté à leur environnement. Le lecteur plonge dans un roman noir avec une touche d'anticipation (la seconde civile des États-Unis), en suivant un personnage faisant de son mieux, avec des résultats catastrophiques.
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