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Critiques de Brian Wood (222)
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Aliens - Defiance, tome 1

Je remercie avant tout Babelio pour cette Opération Masse critique, ainsi que la Maison d’édition Vestron pour l’envoi du livre. « Aliens : Défiance » se situe entre « Le huitième passager » et « Aliens : le retour ». À la manière du livre audio « La sortie des profondeurs » situé à la même époque, on reprend les mêmes ingrédients qui ont fait le succès des deux premiers livres. Rien de très nouveau sous le soleil des xénomorphes, mais on appréciera toujours de replonger dans cet univers connu et qui semble inépuisable. N’étant que peu coutumier des bandes-dessinées et autres comics, je ne peux pas apporter d’œil réellement critique sur le travail graphique si ce n’est que les créatures sont extrêmement bien dessinées et que l’héroïne aurait mérité un plus beau traitement même si j’imagine à quel point ça ne doit pas être évident. On se laisse porter par l’histoire, convaincante et dans l’ordre d’idée de ce que proposent les deux premiers films de la saga. J’y ai en tout cas trouvé plus de plaisir dans la lecture de cette bande-dessinée que dans le visionnage des deux derniers films pondus au cinéma (Prometheus et Covenant pour ne pas les citer). Le rythme est très bien maîtrisé et les personnages ont un background travaillé et intéressant. Les thèmes de la tolérance, de l’évolution et de l’être humain dans sa nature en contradiction avec les monstres sont abordés de manière forte et critique. On a là une bonne oeuvre qui vous fera passer un agréable moment, surtout si vous aimez nos amis xénomorphes, le temps de 140 pages entre actions, intrigues, flash-backs et démembrements sanglants comme on aime. Si vous êtes amateur, tentez le coup.
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Aliens - Defiance, tome 1

Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions Vestron pour cet envoi pour la Masse Critique Graphique. Le livre est arrivé en fin de mois... et donc parfait pour un cadeau de Noël.



Pour le grand fan de la franchise que je suis, c'était vraiment un cadeau rêvé (choisi par moi de toute façon, moins de chance de se tromper... ). On peut regarder d'un œil critique les différents spin off qui sont tirés d'un titre principal et n'y voir que des tentatives commerciales pour attirer le fan acheteur. On peut aussi y voir des moyens de combler les vides de l'histoire. Ce volet se passe entre les films Alien, le huitième passager et Aliens. Cela nous permet d'apercevoir la fille de Ripley, qui travaille pour la si controversée Weiland-Yutani. Elle est amie avec l'héroine principale de cette série, Zula Hendricks, au background intéressant de Marine gravement blessée lors de son premier assaut.



L'album respecte parfaitement les codes de la série. Jusqu'à en être d'abord énervant car, comme dans les films, les premiers affrontement avec les Alien sont dans l'obscurité et la confusion, on peine à savoir qui attaque qui, et on s'agace un peu... mais comme en tant que spectateur au cinéma finalement. La suite s'éclaircit et permet de découvrir un personnage à la psychologie complexe, qui cherche à retrouver confiance en elle mais surtout en son corps... avec l'aide d'un synthétique qui aimerait devenir un humain à part entière (oui, ça on connait pas mal, n'est-ce pas Bishop !)... La suite menace de s'enliser dans le déjà vu et les missions qui se ressemblent... jusqu'à la rencontre avec le Dr Hollis, seule survivante du dépôt de carburant Wright-Aberra. Quoi de mieux qu'un tel lieu de passage pour voir poindre le risque d'une contamination globale de la galaxie par les Aliens. En tout cas, cette fin de volume relance l'intérêt... juste avant le deuxième tome, quel heureux hasard !



En tout cas, la série respecte bien la philosophie de la franchise, donnant la part belle à la fois aux personnages de femmes fortes et aux synthétiques plus empathiques que certains hommes. La réflexion sur ce qui fonde notre humanité et sur les risques de la course à l'armement est également bien menée et le duo entre Zula et son Davis synthétique à lunette fonctionne parfaitement.
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Aliens - Defiance, tome 1

Merci à Babelio et aux éditions Vestron pour cette belle opération Masse Critique. Je ne suis pas une lectrice de comics ; en revanche, je suis une très grande fan de la saga cinématographique ALIEN. Alors, autant vous dire qu'écrire une critique sur un univers que j'adore, abordé dans un genre littéraire où je suis quasiment néophyte, bonjour le challenge...



Tout d'abord, cet ouvrage est un bel objet, qui plaira tant aux fans du Monstre, qu'aux lecteurs de comics : une belle couverture en papier glacé, qui rappelle la palette de couleurs du film Alien de Ridley Scott (noir - vert - marron) , pages en couleurs dans un papier de belle qualité. Bref, on ne boude pas son plaisir à tourner les pages.



Quant à l'histoire, celle-ci prend place après les événements de ALIEN (à savoir l'attaque de l'équipage du Nostromo par un xénomorphe particulièrement hostile ; le tout commandité par la société Weyland-Yutani, qui est prête à tous les sacrifices, y compris humains, pour faire main basse sur cette nouvelle espèce). Ainsi, nous faisons la connaissance de Zula Hendricks, colonial marines (mais oui, vous savez, comme ces soldats dans la suite ALIENS, qui vont chasser de la bestiole sur LV-426) qui assure une mission de peu de gloire. La Weyland-Yutani a besoin d'accéder à des épaves de cargo et Zula est réquisitionnée pour fournir et taper les codes d'accès aux vaisseaux. Très vite, l'héroïne nous dresse un portrait d'elle-même cru et désenchanté : femme de couleur au physique qui ne correspond pas aux standards du soldat, elle a dû travailler 2 fois plus que les autres marines pour prouver qu'elle méritait son uniforme. Grièvement blessée dès son premier combat, elle a été aussitôt reléguée au rang des "intouchables" par l'armée. Fortement diminuée suite à une opération de la colonne vertébrale, elle tient le coup grâce à des anti-douleurs puissants qui lui permettent de faire illusion auprès de l'équipe d'androïdes qu'elle accompagne. Au fil des pages, on découvre donc un beau portrait de battante, à l'instar de Helen Ripley, qui va devoir dépasser ses limites physiques et mentales pour survivre. Très rapidement, l'histoire se corse puisque Zula apprend par un des "synthétiques" – Davis – que plusieurs cargos sont infestés de monstres et que la compagnie veut récupérer les spécimens pour les étudier et les exploiter à des fins commerciales. Ainsi, le robot entraîne malgré elle Zula dans une double bataille : contre les xénomorphes et contre les hommes de Weyland-Yutani, qui doivent empêcher Zula et ses coéquipiers de stopper le rapatriement des créatures vers la terre. Pour comprendre tout cela, on alterne entre scènes d'action pure (les aliens attaquent ; Zula et consorts répliquent et essuient des pertes) , dialogues entre Davis et Zula et flashbacks dans le temps pour connaître l'histoire de notre héroïne. Si vous êtes lectrice/lecteur habituel.le de comics, le déroulé non linéaire de l'intrigue ne vous perturbera pas. Mais, si, comme moi, vous débutez... et bien, au début, vous pataugerez un peu dans la semoule, ah ah ! Une fois que vous saurez repérer les ellipses narratives, vous serez happé.e tout entier.e par l'histoire et vous n'aurez qu'une envie : vous procurez le tome 2 pour avoir le fin mot de cette aventure !
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Black Road, tome 1 : The Holy North

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Brian Wood avait déjà écrit une suite d'histoires consacrées aux vikings dans la série Northlanders, à commencer par Sven the returned. Ce tome contient les épisodes 1 à 4 (sachant que le premier est double), initialement parus en 2016, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Garry Brown, avec une mise en couleurs réalisées par Dave McCaig. Wood et Brown avaient également collaboré dans la série The Massive, à commencer par Black Pacific. Ce tome commence par une page de texte évoquant le contexte de l'évangélisation des villes vikings et l'édification d'une église qualifiée d'Hérésie d'Oakenfort à l'extrémité nord du territoire.



Le récit se déroule en l'an 1000. Il commence par un viking d'une stature gigantesque, en train d'enterrer une femme morte dans une tombe creusée à même le sol qu'il recouvre ensuite de pierres qu'il soulève à main nue. Quelques temps plus tard, Magnus le Noir (c'est le nom de ce viking) séjourne dans le village d'Iskfold. À l'auberge, il est abordé par un individu qui souhaite louer ses services. Il s'agit de servir d'escorte à un cardinal nommé Farina. Celui-ci souhaite emprunter la Route Noire (Black Road du titre) pour se rendre sur la côte d'Hammaruskk, jusqu'à l'Hérésie d'Oakenfort. Magnus accepte le boulot, après s'être assuré que personne ne suit le cardinal, et qu'il ne s'agit pas d'un guet-apens. Avant de partir, Magnus va récupérer ses armes auprès de Kitta, la maure qui s'est établie comme maréchal-ferrant à Iskfold.



Les 2 compagnons de route progressent à cheval sur des routes désertes, devant parfois passer des cours d'eau avec de l'eau jusqu'à la taille. Le soir autour d'un bon feu, Magnus interroge le cardinal sur la foi chrétienne. Ce dernier évoque en particulier le rituel du baptême. Au bout de quelques jours, Farina et Magnus sont attaqués par une équipe de brigands. Magnus découvre que leur objectif est de passer le cardinal Farina par le fil de l'épée. Il découvre également que le cardinal lui a caché qu'ils sont suivis par un individu qu'il désigne sous le nom d'ange gardien. Le voyage s'annonce très périlleux.



Le lecteur peut être venu à cette série parce qu'il a déjà lu Northlanders et qu'il souhaite retrouver la narration particulière de Brian Wood sur ses histoires de vikings. Le nouveau lecteur constate rapidement qu'il y a une forme de décalage entre la période du récit et la manière dont parlent les personnages. Ils n'emploient pas de termes anachroniques, mais leurs tournures de phrase sont modernes, et certains mots de vocabulaire renvoient à des concepts sociaux modernes. De la même manière, il est pris au dépourvu en découvrant que le maréchal-ferrant est une femme, de couleur qui plus est. Il s'agit d'un parti pris narratif sciemment choisi par Brian Wood qui refuse une narration académique trop rigide, ou des personnages trop stéréotypés (d'où le placement d'une femme dans un métier d'homme). Une fois que le lecteur a identifié cette particularité narrative, il s'y adapte facilement et se rend compte qu'elle rend les personnages beaucoup plus vivants. Il se dit que finalement c'est le signe que Brian Wood estime que la nature humaine est inchangée, qu'elle est identique à toutes les époques.



Le lecteur constate également que Kitta n'est le seul personnage à être fortement typé. Magnus est un colosse à la musculature très impressionnante, avec un crâne soigneusement rasé de près et une barbe longue et épaisse. Ses biceps sont plus gros que sa tête, comme une sorte de musculature de superhéros. Il dispose d'une résistance à la souffrance hors du commun (mais en partie expliquée par son stoïcisme pragmatique), et il ne semble pas souffrir du froid (là encore à un degré un peu forcé). Le cardinal est à peu près aussi épais qu'une feuille de papier à cigarette, avec un visage fortement ridé et des cheveux gris. L'ange gardien dispose également d'une morphologie unique, et d'une vivacité impressionnante. Les auteurs ont donc choisi de donner une apparence fortement marquée aux principaux personnages, comme si leur personnalité transparaissait au travers de leur apparence physique.



Garry Brown réalise des dessins, en détourant les formes d'un trait rapide et irrégulier, comme s'il s'agissait d'une étape intermédiaire entre l'esquisse et le dessin encré avec soin. Il ajoute des gros traits épais et rugueux pour figurer les textures ou les ombres portées. Ce mode de dessin leur donne une apparence âpre et quelque peu mal dégrossie, en adéquation avec la vie dure et difficile dans ces contrées encore majoritairement sauvages. Néanmoins ces dessins à gros traits ne sont pas synonymes d'à peu près ou de précipitation. De séquence en séquence, le lecteur peut observer des détails comme les huttes en bois d'Iskfold, la cotte de maille de Magnus, la tenue vestimentaire ouvragée de l'ange gardien, les toits des maisons à Rome, les habits de l'évêque Oakenfort, etc.



Le parti pris graphique de Garry Brown se trouve totalement justifié lors des scènes de combats qui se déroulent toutes à l'arme blanche ou à l'arc. Le choix de traits appuyés et rapides transcrit la brutalité des affrontements, la force primaire utilisée pour frapper, les plaies béantes infligées par des armes basiques. Le dessinateur n'a pas besoin de se complaire dans les détails gore pour faire ressortir le choc entre individus, la nécessité de frapper le premier pour survivre, la boucherie sanguinolente qui s'en suit. Tout au long de ces pages, le lecteur constate également que Garry Brown dispose d'un niveau élevé de compétence en tant que metteur en scène. Il sait aussi bien mettre en avant les personnages, varier les angles de vue lors des discussions, ou ouvrir le champ lors du cheminement des personnages. Sa narration visuelle est en parfaite cohérence avec la nature du récit. D'ailleurs le lecteur observe que le scénariste se repose entièrement sur l'artiste pour raconter l'histoire, en limitant le volume de phylactères dans de nombreux passages.



Brian Wood reprend donc le thème des vikings pour une nouvelle histoire, indépendante de celles racontées dans la série Northlanders. Cette fois-ci, il ne s'attache pas à des faits historiques, ou en tout cas il choisit des noms de lieu qui ne sont pas identifiables, qu'il n'est pas possible de placer sur une carte. Il a choisi des personnages fortement typés, ce qui lui permet d'assurer le spectacle et de rester dans le domaine du divertissement. Il a construit une solide intrigue dont la nature n'est pas immédiatement apparente. En découvrant l'histoire de Magnus le Noir, le lecteur se dit qu'il va suivre le destin d'un guerrier plus robuste que les autres. Il y a bien sûr un peu de cela, avec le sort de sa famille, et sa quête de spiritualité. Mais le regard du lecteur est également attiré par le sous-titre présent sur chaque page de titre : une enquête de Magnus le Noir (A Magnus the Black Mystery). Le scénariste écrit donc un polar viking.



Il s'agit d'un polar ancré dans l'environnement dans lequel il se situe : l'an 1000 au pays des vikings. Avec cette perspective en tête, le lecteur se dit que l'auteur a repris les conventions propres au détective privé de type dur à cuire (hardboiled) qu'il a transposées à cette époque, avec un guerrier viking plus fort que la normale. Une autre des caractéristiques du polar hardboiled est d'éclairer des aspects peu reluisants de la société. L'intrigue met effectivement en avant les ravages de la christianisation dans ce pays. Les prêtres chrétiens arrivent avec leurs armées pour convaincre de force la populace. Wood se montre très malin car le personnage principal Magnus a perdu la foi dans les dieux nordiques, et il s'interroge sur les pratiques chrétiennes. C'est donc un individu capable de prendre du recul à la fois sur les pratiques religieuses ancestrales de son peuple, mais aussi sur celles des conquérants, sans les rejeter d'office.



Ce premier tome de Black Road reprend l'approche narrative de la série Northlanders, avec une efficacité intacte. Brian Wood a conçu un récit dense, à la fois polar historique, mais aussi regard sur l'expansion de la religion chrétienne, sans oublier de donner une personnalité à ses protagonistes. Il utilise sciemment un parler contemporain pour donner plus de vie à ses personnages et contourner un académisme pesant. Garry Brown se révèle être l'artiste idéal du fait de sa narration compétente, et de l'apparence rugueuse et primale de ses dessins. Le lecteur prend plaisir à découvrir un divertissement adulte et intelligent, sans être condescendant. Il apprécie la forme de polar, et relève avec gourmandise les éléments historiques, comme ce village abandonné pour l'hiver et servant de garde-manger en préservant la nourriture pour le retour des habitants avec les beaux jours.
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Black Road, tome 2 : A Pagan Death

Ce tome fait suite à The holy north (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2017, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Garry Brown, avec une mise en couleurs de Dave McCaig, et un lettrage de Steve Wand, soit la même équipe créatrice que le premier tome.



En 1001, dans une région désolée au nord de la Norvège, Magnus le noir est en train de dormir sous sa tente en se remémorant sa peur du noir quand il était petit. Il est réveillé par un bruit de brindille écrasée. Il saisit de suite son épée. Julia fait demi-tour sans aller jusqu'à la tente. Le lendemain matin, il est en train d'observer la forteresse d'Oakenfort, à bonne distance, avec Kitta à ses côtés. Elle se plaint de l'attente ; il lui explique qu'il est essentiel d'observer les allées et venues des patrouilles pour connaître leur routine et s'élancer au bon moment. Kitta n'en a que faire de ces atermoiements et de ces précautions, elle s'élance sur une patrouille et en garde 2 en vie pour que Magnus puisse les interroger. Magnus apprend ainsi que l'évêque d'Oakenfort attend un navire qui doit arriver le lendemain et lui apporter une relique inestimable : la lance de Longin.



Magnus et Kitta se rendent sur une falaise surplombant le port d'Oakenfort. Ils voient effectivement arriver 3 navires. Ils assistent au débarquement d'une caisse très protégée par le moyen de palans, à partir du vaisseau central. Kitta assure qu'elle peut s'élancer sur le navire et faire en sorte que cette précieuse cargaison finisse au fond de l'eau. Magnus lui fait observer que cette stratégie ne résoudrait rien. La lance (ou plutôt l'épée) de Longin conserverait sa valeur symbolique, et sa proximité avec Oakenfort renforcerait quand même le prestige de cette place forte et de son évêque qui se fait également appeler Oakenfort.



Le premier tome avait permis de se faire une idée de la dynamique assez particulière de cette série. Après la série Northlanders publiée par Vertigo, Brian Wood lui donne une suite thématique officieuse, en reprenant les mêmes principes. Il raconte donc une aventure historique se déroulant en 1001, mettant en scène un personnage principal viking. Il utilise des anachronismes pour les dialogues, faisant jurer les personnages comme dans un comics contemporain, et il donne au personnage principal une conscience aigüe de sa condition, et de son environnement social, comme s'il pouvait le juger avec des valeurs plus contemporaines. Ce décalage produit un effet de commentaire social direct et décalé. Mais avec le recul, le lecteur se rend compte que cet effet n'est pas plus artificiel que de vouloir prétendre pouvoir recréer le passé de manière authentique, à la fois en ce qui concerne les comportements et les tournures de phrase. La narration visuelle était assurée par des dessins âpres et sans afféteries qui transportait le lecteur dans une société fruste et rugueux, peuplée d'individus durs et besogneux.



Le lecteur retrouve exactement cette ambiance dans ce deuxième tome. Il sourit un peu en voyant la silhouette massive de Magnus le noir, un vrai colosse, très résistant au froid, à l'effort et à la douleur. Garry Brown lui dessine des poings plus gros que la tête, et des biceps plus gros que la tête. Il apparaît comme une force de la nature que rien ne peut arrêter, au point que le lecteur ne peut concevoir qu'il puisse être grièvement blessé. Effectivement sa stature et sa morphologie font que le lecteur peut croire à sa résistance et à son endurance. Par contre il a du mal à croire qu'une telle armoire à glace puisse passer inaperçu dans une foule, avec un simple capuchon. Le lecteur admire la manière dont l'artiste arrive à donner vie aux personnages, même si leurs visages sont dessinés grossièrement à coups de traits gras. Il réussit à marier une apparence de dessins exécutés rapidement sans finitions, avec des particularités qui rendent chaque protagoniste unique. Chacun se distingue par sa tenue vestimentaire, par sa chevelure, sa couleur de peau, sa taille, sa morphologie. Le lecteur ne risque pas de confondre Kitta avec Julia, ou Oakenfort avec un autre prêtre.



Malgré une apparence grossière, les dessins comportent un nombre significatif d'informations visuelles, suffisant pour donner de la consistance aux environnements, pour permettre au lecteur de se projeter dans cette reconstitution historique. L'artiste sait transcrire l'allure générale des bâtiments et des navires. Ses dessins ne constituent pas une description photographique, mais ils sont suffisants pour convaincre le lecteur qu'il s'agit d'un navire viking, ou d'une ville fortifiée moyenâgeuse. Il peut sentir la dureté et la froideur du sol sur lequel Magnus a planté sa tante. Il peut voir l'aridité autour de la place forte d'Oakenfort et le dénuement des arbres, ainsi que la rareté de la végétation. Il ressent la résistance spongieuse des rues en terre, et il constate la présence des flaques d'eau qui ne s'assèchent pas. Il ressent la viscosité de la boue à la manière dont elle colle aux chausses de Magnus et d'Oakenfort. Il regarde Julia et Magnus progresser dans l'herbe de la lande qui ondule. Dave McCaig complète les dessins avec adresse, sans les écraser, sans donner l'impression que les couleurs pallient les déficiences ou les manquements de formes encrées bâclées. Il utilise essentiellement des teintes verdâtres et brunâtres pour rendre compte de la luminosité particulière de cette région du monde située très au nord. Il ajoute un peu de reliefs aux surfaces pas sous la forme de dégradés lissés, mais sous la forme de gros coups de pinceaux, en cohérence les traits du dessinateur. Il faut que le lecteur prenne un peu de recul pour se rendre compte que traits et couleurs tirent discrètement les dessins vers une forme douce d'expressionnisme, ce qui souligne les états d'esprit, la volonté farouche de Magnus, le décalage de la pensée de ceux à qui il s'adresse.



Bien qu'ils donnent une impression d'exécution grossière et rapide, les dessins et les couleurs plongent le lecteur dans un monde consistant, face à des personnages au caractère décidé. Le lecteur prend donc plaisir à découvrir le comportement de Magnus et la manière dont il va exécuter sa vengeance. Dans un premier temps, il ne comprend pas forcément pourquoi il s'expose ainsi, plutôt que d'exécuter froidement Oakenfort en toute sécurité. Il n'arrive pas à deviner ce qu'il attend de Julia. Par contre, Brian Wood explicite la manière dont Magnus envisage son partenariat avec Kitta. À nouveau le lecteur ne peut pas réprimer un sourire en voyant le rôle joué par cette dernière, celui dévolu à une héroïne contemporaine, plutôt qu'à une femme maure à cette époque. Déjà son métier de forgeronne était peu plausible. Cela reste logique avec le choix de raconter le récit avec une sensibilité moderne, plutôt qu'une reconstitution historique hasardeuse à base d'hypothèses invérifiables.



Le lecteur retrouve donc les réflexions de Magnus sur la nouvelle religion (le christianisme) qui est imposée aux populations locales, et dont il estime qu'elle va devenir la religion dominante du fait des moyens dont disposent les colonisateurs. Il considère donc la situation et l'évolution de la religion, avec un regard analytique particulièrement affuté. Il utilise également sa force herculéenne et sa résistance physique pour se battre et résister aux mauvais traitements qu'il subit. Ce récit conserve donc une forme d'aventure, dans laquelle un individu aux capacités physiques supérieures aux autres se mesure à des individus se positionnant comme des ennemis. Toutefois le lecteur se demande bien pour quelle raison Brian Wood a apposé la mention A Magnus the black mystery, en ouverture de chaque chapitre. En effet arrivé au terme de ce tome, il ne voit pas en quoi il s'agissait d'une enquête. Il se souvient alors que le terme de mystère peut aussi renvoyer à un rite ou enseignement mystique, caché à ceux qui n'y sont pas initiés, ou au plan divin de salut dans la religion chrétienne. Effectivement de ce point de vue, Magnus s'expose au credo de cette nouvelle religion et accepte de le considérer dans ce qu'il peut avoir de paradoxal, entre les valeurs professées, et la manière dont se conduise une partie des envoyés de cette église. Le scénariste réussit à maintenir un équilibre précaire entre le questionnement mystique de Magnus, sa capacité à renoncer à sa foi païenne, et une religion imposée par la force. Il ne s'agit effectivement pas tant d'un questionnement sur la foi, que d'une sensibilité mystique que l'auteur ne tourne jamais en dérision.



Ce deuxième tome apporte une résolution satisfaisante à l'histoire de Magnus le noir, de sa vengeance de la forteresse d'Oakenfort avec son évêque souhaitant établir son indépendance, et de la jeune Julia. Les dessins âpres et rugueux de Garry Brown immergent le lecteur dans cet environnement et cette époque, avec une conviction inattendue au regard de leur apparence de surface, bien complété par le travail tout aussi sophistiqué du metteur en couleurs Dave McCaig. Brian Wood a conçu sa narration de manière à s'appuyer sur les compétences des artistes, développant régulièrement des scènes essentiellement visuelles. Il réalise un amalgame assez improbable à base de personnage principal fort et introverti, dans l'action mais aussi dans une quête mystique crédible, de reconstitution historique, de dialogues contemporains, et de destin peu clément. En fonction de sa sensibilité, le lecteur éprouve des sursauts d'incrédulité, 4 étoiles, ou se laisse convaincre par le charme de cette narration personnelle et sophistiquée.
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Briggs Land, tome 1 : State of Grace

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6 qui constituent la première saison, initialement parus en 2016, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Mack Chater, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge, assisté par Jeremy Colwell. Les couvertures ont été réalisées par Tula Lotay.



Quelque part dans le nord de l'état de New York, dans une prison de haute sécurité, Grace Briggs rend visite comme chaque semaine à son mari Jim Briggs, emprisonné pour tentative de meurtre sur le président des États-Unis. Elle lui explique c'est la dernière fois qu'elle vient, et qu'elle a décidé de prendre les affaires de la famille en main. Alors qu'elle ressort de la prison pour monter dans sa voiture (un pick-up), 2 gardiens de la prison lui adressent la parole pour lui rappeler que son mari est un homme influent et qu'elle ne devrait pas se conduire comme ça avec lui. Elle est également observée depuis une autre voiture par Daniel Zigler et sa coéquipière Andrea Nolan, 2 agents fédéraux de l'ATF (= Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives, service fédéral des États-Unis). Elle retrouve son fils Isaac Briggs dans la voiture.



Grace Briggs et Isaac Briggs (26 ans) se rendent à la quincaillerie Hilson Home Value, où ils retrouvent Caleb Briggs (34 ans), le fils aîné, qui exerce la profession de comptable dans cet établissement. Isaac fait face à son frère Caleb à qui leur père a déjà passé un coup de fil pour l'avertir des velléités d'indépendance de sa mère. Caleb se tient la main sur son arme à feu qu'il porte à la ceinture. L'échange est froid, mais Caleb Briggs finit par parler à sa mère. Il lui indique qu'en tant que premier né, la succession lui revient de droit. Il lui remet quand même les 72.000 dollars qu'il tient dans un sac de sport. Après avoir sorti un fusil de l'arrière du pick-up, Grace le place entre elle et le siège passager, et se dirige vers Briggs Land. En route, elle appelle Noah Briggs (30 ans) pour lui demander de s'assurer qu'elle pourra rentrer sans incident. Avec 2 de ses hommes, il vient d'intercepter un chargement illicite, et d'abattre les convoyeurs.



Brian Wood est un scénariste prolifique, capable aussi bien d'écrire pour Marvel ou DC, que de créer des séries originales. Il avait déjà écrit une série longue, publiée par Vertigo, avec une dimension sociale et politique : DMZ (72 épisodes). Pour cette nouvelle série, il prend comme point de départ une communauté de suprématistes blancs souhaitant faire sécession d'avec les États-Unis, ou au moins être souveraine sur ses terres. Le scénariste ne fait pas semblant et le lecteur trouve les conventions attendues : un responsable en prison pour un crime pas clair, un culturiste tatoués de partout avec des symboles nazis et aryens (par exemple 88, 8 comme la huitième lettre de l’alphabet, c’est-à-dire HH pour Heil Hitler), une milice armée, des trafics en tout genre pour financer la communauté, une pauvreté extrême avec des individus vivant dans des caravanes, une idéologie attribuant une place de subalterne aux femmes, des grands espaces naturels. À partir de ces repères aisément identifiables, Brian Wood raconte une histoire de prise de pouvoir.



Dès le départ, le lecteur plonge dans une atmosphère vaguement pesante du fait de l'emploi de couleurs un peu ternes et parfois blafardes. Lee Loughridge (avec l'aide de Jeremy Colwell) emploie des teintes principales différentes en fonction des scènes : verdâtre pour la prison, violet pour la rencontre avec Caleb Briggs, mauve pour le soir dans la chambre de Grace Briggs, ocre pour la préparation du repas dans la cuisine, bleuté pour la scène de nuit dans la maison de Bud Hilson, etc. Toutefois, il n'applique pas la même teinte à toutes les surfaces, et il conserve une approche de type naturaliste, en utilisant 2 nuances par surfaces pour en accentuer le relief, et des teintes plus sombres pour les ombres portées. Mack Chater réalise des dessins de type réaliste, également avec une approche naturaliste et descriptive, évoquant ceux de Michael Lark dans la série Lazarus de Greg Rucka. Il ne dessine pas pour faire joli, avec des traits de contour pas arrondis, pas lissés, des aplats de noir irréguliers, et des petits traits courts dans les surfaces pour marquer les plis des tissus, les marques des visages, ou encore la texture d'une matière. Habillés par les couleurs de Lee Loughridge, les dessins donnent une impression de réalité rugueuse, pas bienveillante, plutôt indifférente à la présence des êtres humains, ne faisant rien pour être accueillante.



Les dessins de Mack Chater engendrent une sensation étrange, entre des images pas forcément très précises, mais avec quand même un bon niveau de détails. Les plis des vêtements tombent un peu au hasard. Il n'est pas possible de reconnaitre l'essence des arbres dans les bois aux alentours de Briggs Land. Il n'est pas possible de reconnaître les marques et les modèles des voitures, mais elles sont différentes de forme et évoquant des véhicules réels. Les chemises, chemisiers et pantalons sont génériques, mais avec des boutons, des cols et des coupes réalistes. De ce fait, le lecteur identifie aisément chaque élément, sans passer trop de temps à les déchiffrer ou à les examiner. Le même phénomène de lecture se produit avec les bâtiments et leur façade, ou avec l'aménagement intérieur des pièces. Les personnages présentent également une apparence extérieure ordinaire, des individus banals que l'on pourrait croiser dans la rue.



Le lecteur peut ne pas prêter plus d'attention que ça aux dessins et concentrer son attention sur les situations, sur les événements et les dialogues, totalement accaparé par l'intrigue. En prenant un peu de recul, il se rend compte que la narration visuelle est en fait très riche en détails qui nourrissent l'histoire et qui lui donnent corps. Mack Chater a conçu une apparence spécifique pour les personnages ce qui permet de les reconnaître au premier regard, y compris les 3 fils de Grace & Jim Briggs. La prise de conscience de la richesse de la narration visuelle grandit au fur et à mesure des séquences, avec la description des différents lieux. L'apparence banale ne diminue en rien la qualité de la description et génère une immersion de grande qualité dans des endroits aussi différents que le parloir de la prison, le parking devant la quincaillerie, la clôture autour de Briggs Land, les mobil-homes, la salle de musculation, une portion de route au milieu de nulle part, etc. À chaque fois, le lecteur peut constater que les décors sont consistants, avec des aménagements réalistes et concrets, rendant compte d'un milieu urbain, d'une réalité sociale, d'un niveau économique, d'un usage particulier. Mack Chater réalise des mises en scène vivantes, permettant de voir les gestes des personnages, l'environnement dans lequel ils évoluent de manière naturelle. Même si les dessins peuvent sembler prosaïques et pragmatiques, ils constituent une narration visuelle fournie et riche.



En fait, les dessins de Mack Chatter sont en phase avec la narration de Brian Wood. Le scénariste ne souhaite pas faire dans le spectaculaire, mais rester dans un registre naturaliste. Le lecteur est un peu surpris par l'exécution sommaire des convoyeurs dans le premier épisode, mais par la suite les événements relèvent du domaine du plausible, voire les faits divers regorgent d'événements bien plus spectaculaires. De ce fait il peut tout à fait croire à ce qui lui est raconté, ajouter foi à ce que cette situation, ces personnages, ces événements ont toutes les chances d'exister dans le monde réel. Dans un premier temps, cela produit un effet similaire aux dessins : une histoire presque banale. Effectivement, il existe des communautés tentées d'instaurer leur propre loi sur leur territoire au sein des États-Unis, sur la base de principes souvent extrémistes et rétrogrades. Ce dosage privilégiant le réalisme au spectaculaire peut donner l'impression de lire le récit d'un fait divers. Les horreurs décrites sonnent justes, que ce soit un passage à tabac laborieux, l'implantation de croix gammées en feu sur une pelouse, l'antisémitisme larvé, le port d'arme dans les lieux publics, ou encore la pauvreté ordinaire dans un campement de mobil-home.



Pourtant dans ce sous-genre, Brian Wood raconte une histoire bien peu commune. Pour commencer, il a fait l'effort de concevoir une communauté crédible et plausible avec ses classes sociales, ses principes, et son mode de financement basé sur des trafics illicites. Ensuite, il place à la tête de cette communauté une femme, ce qui sort des schémas habituels louant la virilité. Le lecteur ne peut pas adhérer à l'éthique des membres de la famille Briggs ; il ne peut pas les voir en héros. Dans le même temps, il se rend vite compte qu'il éprouve de l'empathie pour Grace Briggs, à la fois parce qu'elle risque gros à vouloir déposséder son mari en prenant la tête de la communauté, à la fois parce que ses motivations comprennent une dimension sociale aussi inattendue que cohérente avec ses convictions, une forme de justice sociale et de conscience des responsabilités envers les membres de la communauté. Si par malheur, le lecteur a eu la curiosité de lire le texte de la quatrième de couverture, il a découvert bien plus d'informations que n'en contient ce premier tome, en particulier ce qui fait la richesse économique de cette communauté. Il a conscience que l'histoire de Brian Wood est beaucoup plus riche que ne le laisse entrevoir ce premier tome. S'il a déjà lu d'autres séries du même auteur, il remarque aussi la fibre historique, la volonté d'être maître de sa communauté et de la protéger par une milice, thème développé d'un point de vue historique dans Rebels: A well-regulated militia avec Andrea Mutti.



Au premier coup d'œil, voici une histoire qui ne paye pas de mine. Les dessins sont corrects, mais sans éclat. L'histoire évoque la prise de pouvoir dans une communauté suprématiste et séparatiste, en utilisant les conventions attendues du genre. De séquence en séquence, le lecteur se plonge dans une histoire très plausible, tout en se prenant d'intérêt pour les trajectoires de ces personnages pourtant pas recommandables. Au fil des chapitres, les dessins de Mack Chater (bien complémentés par la mise en couleurs de Lee Loughridge) révèlent leurs saveurs, plus subtiles qu'il n'y paraît. Le scénario de Brian Wood est à la fois une intrigue avec un suspense intense, mais aussi la description d'un mode de vie alternatif, et encore une étude sociologique complexe et nuancée.
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Briggs Land, tome 2 : Lone Wolves

Ce tome fait suite à Briggs Land Volume 1: State of Grace (épisodes 1 à 6) qu'il faut impérativement avoir lu avant pour comprendre l'intrigue, et parce qu'il était excellent. Il comprend les épisodes 1 à 6 de la deuxième saison, initialement parus en 2017, tous écrits par Brian Wood. Les épisodes 1 à 3 ont été dessinés et encrés par Mack Chater, l'artiste des 6 épisodes de la première saison. L'épisode 4 a été dessiné et encré par Vanessa R. Del Rey. Les épisodes 5 & 6 ont été dessinés et encrés par Werther Dell'edera. Lee Loughridge a réalisé la mise en couleurs des 6 épisodes. Les couvertures principales ont été réalisées par Matt Woodson.



Une meute de journalistes s'est installée devant la clôture d'accès au territoire des Briggs, avec caméras et antenne satellite sur les véhicules. Pendant ce temps-là, une chaîne d'information diffuse une interview de Sam Sinclair, l'homme de loi des Briggs (de Grace Briggs) qui explique en quoi le gouvernement des États-Unis dépasse ses prérogatives, et à quel point les commentaires sur les réseaux sociaux sont désinformés et à côté de la plaque. Cette activité est interrompue par l'arrivée de 2 hélicoptères qui survolent le territoire des Briggs. Alors que tous les habitants ont regagné leur mobile home ou leur maison, un individu sort en tenant un drapeau enroulé autour d'un mat. Il court jusqu'au centre de la place et déploie le drapeau après avoir planté le mat au beau milieu. Les hélicoptères continuant leur vol, il sort un revolver de sa ceinture et tir sur l'un des deux.



Quatre semaines plutôt, Isaac Briggs avait emmené James (l'un des fils de Caleb & Elie Briggs) pour une randonnée au nord du territoire des Briggs afin de vérifier l'état de leur frontière. Ils étaient tombés sur 2 randonneurs Cecilia & son mari, 2 canadiens en provenance de Toronto. Ces derniers avaient supposé qu'Isaac Briggs avait soustrait James à sa famille, peut-être avec des visées criminelles de type pédophile. Incapable de s'assurer de leur silence, Isaac Briggs avait pris sur lui de les ramener au camp des Briggs pour les mettre au secret dans le saloir. Grace Briggs doit déterminer comment gérer cette situation potentiellement à charge contre la communauté, alors que les services de l'ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives) sont déjà sur leur dos, à leur porte. Ils ne se rendent pas compte que James a récupéré le portable du mari et continue à s'en servir, permettant ainsi de les géolocaliser grâce à la puce.



Dans le premier tome, Brian Wood avait emmené le lecteur découvrir une communauté américaine ayant établi ses propres lois sur son territoire, utilisant ainsi toute la liberté promise par la Constitution. Il utilisait les conventions du genre polar, avec des individus se livrant à toute sorte de trafics pour pouvoir financer la communauté, la pauvreté des habitants de Briggs Land, la guerre de pouvoir au sein même de la communauté, et l'omniprésence des armes à feu. Dans le même temps, le récit bénéficiait de dessins se tenant à l'écart du sensationnalisme et d'un scénario montrant les bons côtés de cet état dans l'état. Le lecteur a donc hâte de retrouver Grace Briggs et de voir comment elle arrive à assurer la pérennité de la communauté malgré les dissensions internes et la pression de l'état américain. Il découvre un peu déçu que Mack Chater n'a dessiné que la moitié des épisodes, ce qui n'est jamais bon signe dans une série mensuelle, encore moins dans une minisérie, ce qui constitue une forme de déception quant à l'implication des créateurs.



Dans la première moitié, Grace Briggs doit gérer une nouvelle crise : des ressortissants canadiens détenus illégalement sur son territoire, ainsi qu'un de ses citoyens abattu par le FBI sur le territoire de la communauté. Brian Wood fait savamment monter la pression, avec la survenance d'événements sur lesquels Grave Briggs et les siens n'ont pas la main, et des enjeux qui vont en prenant de l'ampleur, les forces armées des États-Unis se rapprochant de plus en plus de disposer du motif légal pour investir (envahir ?) le territoire de Briggs Land. Il sait gérer une distribution importante, en conservant la personnalité de chacun, telle qu'il l'a établie dans le premier tome. Mack Chater réalise des dessins aussi bruts et précis que dans le premier tome. Le lecteur continue de voir des individus normaux évoluer devant, sans musculature hypertrophiée, avec des tenues vestimentaires cohérentes avec leur statut social, leur budget, les conditions météorologiques, ou encore leur fonction quand il s'agit d'un uniforme.



L'artiste dispose également de solides compétences de metteur en scène. La première case occupe les 2 tiers de la page et montre les équipes de journalistes s'apprêtant à filmer devant la clôture de Briggs Land. Le lecteur retrouve les éléments familiers tels que les camionnettes, les caméras sur leur trépied, et les journalistes en train d'apprendre leur texte à la main, de réviser leurs notes. Il voit aussi l'environnement boisé et éloigné de tout centre urbain. Ce n'est pas une scène générique, mais bien un plan parfaitement raccord avec les autres éléments du récit. Le lecteur retrouve également les panneaux solaires assurant un peu d'autonomie énergétique à la communauté, le milieu naturel de la forêt autour de Briggs Land, et les constructions un peu précaires de la communauté. Au cours de ces 3 épisodes, il découvre de nouveaux décors, comme la chambre de James, ou la construction servant à la préparation de la conservation du gibier. La mise en scène est tout aussi parlante, que ce soit lors des séquences de dialogue dynamiques grâce à un plan de prise de vue bien construit, ou la randonnée dans les bois, ou encore l'action de défi de ce père qui va planter le drapeau des États-Unis, alors que Briggs Land est survolé par 2 hélicoptères.



Le lecteur apprécie à sa juste valeur la tension narrative et le suspense quant à l'issue de la situation. Il doit patienter jusqu'à l'épisode 9 pour que la dimension sociale et politique redevienne consistante. À nouveau Brian Wood a fait en sorte de maintenir toute l'ambiguïté de la nature de Briggs Land. Il montre que ces habitants sont engagés dans une lutte permanente d'un petit David (Briggs Land) contre un colossal Goliath (le gouvernement des États-Unis) et que des individus extérieurs (le couple de Toronto) portent un jugement plus favorable à leur égard, en constatant l'acharnement des services du gouvernement, et le caractère inoffensif de la communauté pauvre. Ce point de vue est encore renforcé quand l'homme de loi Sam Sinclair se retrouve face à un officiel de haut rang prêt à tous les coups bas pour coincer la communauté. Dans le même temps, le scénariste montre que pour résister, Grace Briggs et ses commandants usent de méthodes expéditives pour réussir prendre de vitesse les manœuvres du gouvernement, aux dépends des individus, et souvent en ayant recours à des actions illégales.



Le lecteur passe ensuite aux 2 autres récits, en soupçonnant qu'ils ne seront que des histoires secondaires, en attendant le retour du dessinateur attitré dans une prochaine saison, dont l'existence n'a rien de certain. Effectivement dans l'épisode 10, l'une des femmes de la famille Briggs emmène Gilly (une adolescente de 16 ans, enceinte) pour se faire avorter dans la grande ville la plus porche. Vanessa R. Del Rey utilise une approche graphique similaire à celle de Mack Chater, mais avec un rendu moins assuré dans les traits de contour et des visages un peu trop expressifs. Brian Wood montre une adolescente incertaine de son choix, et une femme d'une trentaine d'années essayant de l'aider à prendre une décision. Il a la surprise de voir Abbie Briggs se retrouver dans une fête d'anciens amis. Wood joue sur le décalage de la vie quotidienne dans Briggs Land et des valeurs sur lesquelles elle repose, avec les valeurs du monde séculier et des valeurs sous-jacentes plus frivoles sous l'égide du divertissement tout puissant. À nouveau, il a l'art et la manière d'associer un dilemme à l'échelle de l'individu, avec une question de valeurs morales épineuses. Le lecteur en ressort troublé, plus attentif à ce qui peut motiver des individus à former leur propre communauté au sein d'un état.



Le dernier récit démarre alors que les pouvoirs publics locaux ont coupé l'électricité et l'eau potable à la communauté de Briggs Land, en plein hiver. Brian Wood revient à une crise majeure pour la communauté de Briggs Land, déclenchée par Jim Briggs qui est toujours en prison, mais qui bénéficie d'un appui. Le récit revient sur la tentative d'assassinat du président des États-Unis, perpétrée par Jim Briggs et sur l'impact qu'elle a eu sur l'un de ses fils. Le lecteur apprécie que l'absence du dessinateur originel n'empêche pas le scénariste de revenir à l'intrigue principale du récit, et de voir ce qui a valu à Jim Briggs de finir en prison. Par contre, ce retour dans le passé diminue d'autant le nombre de pages consacrées à la situation au temps présent. Cette dernière en perd beaucoup en impact, étant réduite à une péripétie sans beaucoup de substance. La continuité graphique est assurée par la mise en couleurs de Lee Loughridge, présent pour les 6 épisodes. Par contre les dessins de Werther Dell'edera sont beaucoup moins organiques que ceux de Chater, avec moins de texture, moins de naturel. Cela renforce encore l'impression que l'intrigue a perdu en densité. La curiosité du lecteur est satisfaite, mais cette histoire manque de consistance par rapport aux 2 premières du fait que le récit se partage entre la tentative d'assassinat et la nouvelle crise qui semble neutralisée un peu trop facilement.



Brian Wood et Mack Chater avaient réalisé une première saison d'une grande qualité, dense originale et provoquant la réflexion sur la nature de liberté promise inscrite dans la constitution des États-Unis, sur la réalité de cette liberté face aux lois édictées par un gouvernement centralisé. Cela avait établi l'horizon d'attente du lecteur pour cette deuxième saison. Il a le plaisir de voir que cette deuxième saison a vu le jour, mais qu'elle ne présente pas le même niveau de qualité. L'absence de Mack Chater se fait cruellement sentir dans la deuxième moitié des épisodes, et est a priori inexplicable puisque les auteurs ont décidé de publier leur récit en une série de miniséries dont ils maîtrisent a priori le calendrier de parution. Le fait de raconter différentes histoires se fait également au détriment de l'intrigue principale qui donne l'impression de prendre des chemins de traverse ce qui dilue d'autant le thème principal de la série. Au final le lecteur est content que cette deuxième saison ait vu le jour, mais un peu frustré de la forme qu'elle a prise.
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Conan le barbare, tome 1 : La reine de la c..

Sympathique à lire pour ceux qui aiment l’aventure avec un gros muscle. Les fans du cimmérien, eux, y trouveront certainement leur bonheur.
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Conan le barbare, tome 1 : La reine de la c..

J'avais déjà avisé Les Nouvelles Aventures de Conan qui finalement n'ont pas fait long feu. Voilà que ce héros mythique est repris par l'éditeur Panini Comics avec l'auteur de DMZ et de Northlanders. Je dois bien reconnaître qu'il se débrouille plutôt bien.



En effet, il rend ce personnage plus vulnérable face à l'amour d'une femme à savoir Bêlit, la reine de la Côte noire. La mort rôde autour de ce couple notamment dans le second tome. Il y a une dimension plus profonde et moins légère. J'apprécie beaucoup cette maturité. On regrettera juste quelques longueurs.



Par contre, il y a une succession de dessinateurs avec des styles différents. Parfois, Conan ressemble à Thorgal. Parfois, il est vraiment hideux avec une tête de demeuré. Bref, cela dépend du dessinateur ce qui procure une série bien inégale dans le traitement graphique. Je ne conseillerais pas l'achat à cause de ce point négatif. Cependant, pour le reste, c'est une série à découvrir pour les amateurs de fantasy. Il faut dire que Conan est le symbole en la matière.
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Conan le barbare, tome 1 : La reine de la c..

J'ai apprécié cette nouvelle version du mythe mais ma principale critique va à la réalisation de cette BD (les textes off sont quasiment illisibles, le corps 2 ou 3 c'est très moyen)

à quand un grand format ?
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Conan le barbare, tome 1 : La reine de la c..

Le scénariste a derrière lui un excellent palmarès, mais surtout il a su développer une approche toute en finesse dans ses scénarios, privilégiant la caractérisation, le rythme lent et de la sobriété ! Tout ce qui est longtemps resté éloigné de ce personnage, justement !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Conan le barbare, tome 1 : La reine de la c..

Conan, après avoir tué un juge et divers soldats lors de son jugement à Messantia trouve refuge sur un bateau marchand. Mais celui-ci est attaqué par des pirates dirigés par La Reine de la Côte Noire. Après un combat éprouvant, Conan et cette déesse tombent amoureux l'un de l'autre et il est proclamé comme le seigneur de ces nouveaux compagnons...

Ce Conan revisité est passionnant et divisé en deux parties l'une expliquant comment Conan est devenu plus ou moins pirate avec des dessins assez décevants je trouve et l'autre partie traite de sa vengeance envers la ville qui l'a comdamné à mort dans laquelle par contre les graphismes ( changement de dessinateur ) sont superbes et le rendu des scènes d'action violentes très bien réalisées.

2 parties un peu inégales dans lesquelles le scénario est juste et bien mené et dont les dernières pages sont jouissives à souhait pour tous fan du Cimmérien.

J'attends le 2ème Tome avec impatience avec encore une fois un dessinateur différent à chaque fois ce qui permets de changer d'ambiance ( bonne idée ? ).

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Conan le barbare, tome 2 : Fureur sur la fr..

2 histoires différentes dans ce Tome 2 :

- Conan et sa reine pirate sont en Cimmérie, sa contrée d'origine afin de trouver un usurpateur qui pille des villages en prenant le nom de Conan.

- Tout l'équipage ainsi que Belit sont atteints d'un virus mortel et Conan doit trouver une solution pour les soigner.

3 dessinateurs différents pour ses 2 parties.

Une bonne narration mais malheureusement les dessins ne sont pas à la hauteur surtout les 2 derniers chapitres ( 7 et 8 ) de la 1ère partie de Vasilis Lolos. Cela manque aussi d'action et de scènes épiques ! Le 1er Tome était prometteur sans être non plus transcendant mais ce 2ème tome n'est vraiment pas terrible...

Cette saga connaîtra une suite qui se déroulera sans moi car je dénote un manque de rythme évident et un graphisme général plus que moyen.

A oublier...
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Conan le barbare, tome 2 : Fureur sur la fr..

Une des séries à suivre en ce moment, surtout depuis qu'elle a la chance d'être traduite par Panini !
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Conan le barbare, Tome 3 :

Cela reste une série hors du commun, voir quelque peu décalée. Très fortement conseillée !
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Conan le Barbare, tome 4

Burchielli a affiné son style et sa Bêlit est décidément magnifique, un vrai régal. Quand à l'épisode de Fernandez, cela reste sympa, légèrement en deça des autres, mais tout de même très agréable !
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Conan, tome 14 : The death

En gardant l'esprit du personnage Wood distille une étude psychologique très subtile, il revient sur la matière même du couple qu'il compose avec Bélit, sur ce qui les soude l'un à l'autre. Cette façon de redéfinir les enjeux de Conan est passionnante car elle amène un nouveau profil au barbare.
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Conan, tome 16 : The song of Belit

J'ai un coup de cœur particulier pour Azaceta qui me rappelle John Paul Leon, avec des très beaux noirs et un encrage gras sublime. Burchielli a affiné son style et sa Bêlit est décidément magnifique, un vrai régal.
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Demo

De courtes histoires, comme des nouvelles, nous racontant la vie d’adolescents ou de jeunes adultes qui virent leur vie basculer pendant cette période de leur vie à cause de pouvoirs ou des capacités particulières. Si l’adolescence est une transition parfois difficile à vivre et à gérer entre l’enfance et la vie d’adulte, imaginez comme elle serait compliquée à traverser avec en plus de la puberté, la découverte de ses pouvoirs qui ne sont pas maîtrisés par inexpérience.

Cette bande dessinée est étrange. Découpée en courtes historiettes, elle ne baigne jamais dans l’optimisme. Elle est même souvent dérangeante ou provoque un certain malaise. L’art doit nous émouvoir et pas toujours dans le des positif, n’est-ce pas ? Les dessins sont sans nuance, uniquement de noir et de blanc, les traits sont durs, anguleux, contemporains. Ils sont complices à l’intransigeance du scénario qui ne nous épargne pas. Si je continue, vous allez croire que ce livre est morose. Il n’en est pas loin, à déconseiller aux dépressifs. Mais il est intéressant. C’est une expérience. Parfois, il vous tord les tripes, parfois, il vous met mal à l’aise mais il ne vous laissera jamais indifférent. Je crois que pour le lire, il est préférable de le distillé, chapitre après chapitre, en ouvrant d’autres livres entre les historiettes, histoire de ne pas s’étouffer en le lisant, comme je l’ai fait, d’une traite. Attention, je crois, et loin l’idée de moi d’être maso, que j’ai apprécié. La modernité des dessins, l’originalité des scénarios, la force et l’émotion, même parfois négative que ce livre diffuse sans concession. Bref, à tenter pour les plus audacieux, cette bande dessinée ne pourra pas vous laisser indifférents.

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Demo

Brian Wood nous démontre une nouvelle fois qu'il est possible de faire du décompressé sans pour autant étioler son intrigue sur 6 numéros ou encore sans aller faire du remplissage avec des dialogues à rallonge.
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