Je donnerais n'importe quoi pour un coup de fil à ma mère. Un seul. Une minute? L'entendre me dire qu'il fait un peu frais aujourd'hui. Ou alors qu'il neige !
Jai réellement envie de lui parler, de lui raconter les petits tracas de l'existence. Je comprends après sa mort qu'elle est la seuleà qui je parlais de choses futiles comme la météo, la bouffe, et puis des sujets plus sensibles comme l'rgent, la santé, l'actualité, et les enfants bien sûr.
Mais je crois désormais qu'un ami c'est quelqu'un qui vient aux obsèques de mes parents. Parce qu'il ou elle veut me soutenir dans cette épreuve. Je sais qui était là. Et je ne l'oublierai jamais.
Dans un monde ou l'on recherche à tout prix le plaisir, l'épanouisement personnel, la réussite, ou l'on demande cinq étoiles pour juger la qualité d'un repas, le trajet d'un chauffeur VTC, dans ce monde ou tout se vaut tant qu'on semble y trouver une forme de bien-être, la perte d'un être cher ne se partage pas
Le bonheur, c’est la somme de tous les malheurs qu’on n’a pas vécus. J’aime cette phrase. Elle est dure, mais juste. Nous étions heureux. Mais le savions-nous vraiment ?
Je pensais, naïvement, que la tristesse s'estomperait. Que le chagrin doucement se muerait en nostalige. Mais non, je suis ramené sans cesse à cette douleur qui m'envahit dès que la vie, les rencontres, les lieux soulignent leur absence.
Il faut ouvrir un débat public sur notre manière (ne pas) gérer le deuil. Et commencer par allonger ce délais de congés.
Trois jours cela ne suffit simplement pas à organiser des obsèques dans notre pays. C'est facile à comprendre, le premier jour on est dans un état de sidération. Et les deux jours suivants, on essaie de remonter à la surface.
Tout en commençant à gérer l'énorme boulimie administratif qui va gâcher une bonne partie des mois suivants.