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Critiques de Carlos Puerta (72)
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Jules Verne et l'Astrolabe d'Uranie, tome 1

Le petit Jules rêvait de monter à bord d’un bateau et de voyager. Devenu adulte, son frère lui propose de partir pour l’Amérique, sur le plus grand paquebot du monde. La tentation est trop grande et l’écrivain laisse femme et enfant pour accomplir ce rêve…



Vous remarquerez la superbe couverture de cet album, c’est d’ailleurs ce qui m’a convaincue de lire cette BD car je ne suis pas une grande fan du romancier. Tous les dessins sont dans cette veine, à tel point que l’on se croirait presque dans un roman-photo. On fait la connaissance de l’écrivain, avec un petit retour en arrière, dans son enfance, de son éditeur, Hetzel, de son frère Paul. Si Verne a réellement pris le bateau pour aller en Amérique, les aventures que vont vivre les deux frères dans cet album sont issues de l’imagination d’Esther Gil. Il n’en reste pas moins que cela permet d’entrer dans le monde de l’écrivain. Je pense qu’il n’aurait pas renié cette histoire.



Si vous me cherchez, vous savez où je suis : le nez dans le tome 2 !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Maudit sois-tu, tome 1 : Zaroff

Leur médiocre anonymat touche à sa fin. La chasse a déjà commencé.

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Ce tome est le premier d’une trilogie. Sa parution initiale date de 2019. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, et par Carlos Puerta pour les dessins et les couleurs. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées.



Quelque part à Londres, dans une grande artère, la nuit. Les véhicules roulent sur la chaussée, leurs lumières allumées. Sous une plaque d’égout, un homme est en train de monter le long des barreaux encastrés dans le béton : il fuit. Celui qui le pourchasse est éminemment conscient de ce que pense sa proie. Il conseille à Clarence, la créature qui l’accompagne de laisser sa proie s’épuiser, de la laisser respirer l’odeur de la peur qui suinte par les pores de sa peau ruisselante. Car il sait. L’animal n’a pas conscience de sa propre mort. L’homme, lui, sait qu’il va mourir. Il tourne le dos à la créature, mais celle-ci l’imagine hagard. Il la fuit et elle le devine terrorisé. Car il sait. Il sait qu’il est maudit. Dans l’œil de la bête, il y a l’innocence. Mais le regard de l’homme devenu proie révèle cette vérité : Il est moribond. Si l’animal meurt, l’homme, lui, périt. Faut-il que les hommes s’ennuient ? Ils se divertissent pour éviter de penser au néant qui les attend. Ils s’adonnent à a guerre, aux jeux, ils s’adonnent aux femmes. Lui, il chasse. La perception du danger provoque la fuite, seul moyen de survivre à cette épreuve. Celle de la sélection naturelle. Ceux qui restent immobiles ou qui choisissent de combattre sont condamnés. Pour survivre, il faut fuir. Il aime cela. Il est Baal, il est Mithra, il est Seth. Il est la chasse, Il est la mort.



Dans les égouts, la créature a traqué le fuyard, et celui-ci est mort, un carreau d’arbalète ayant transpercé son crâne. Le comte Nicholas Zaroff regarde le cadavre de sa proie, la créature Clarence à ses côtés, le docteur Charles Moreau l’a rejoint, ainsi que deux hommes de main. À une question de Moreau, Zaroff le rassure : il a son appât. Leurs quatre tristes héros ne le savent pas encore, mais ils sont sur le point de goûter à la gloire. La première est aussi superficielle et paresseuse que son aïeule fut brillante et laborieuse. Ce n’est pas l’intelligence qui lui manque, mais elle a érigé la frivolité en vertu. La deuxième, malgré sa volonté et sa force de caractère, n’est qu’une jeune femme abîmée par des années d’errance et de perdition, des années qui l’ont marquée au fer rouge. Le troisième, lui, n’a que quelques vagues gènes en commun avec celui qui illustra son siècle et fut un fer-de-lance du progrès de l’humanité ; l’alcool a détruit ce qui lui restait de fierté. Quant au dernier, ce personnage vulgaire et immonde révulse son être tout entier. Il n’est que corruption et infamie alors que son ancêtre n’avait pas assez du globe pour étancher sa soif de connaissance. Ils n’ont pas conscience du grand destin que Zaroff leur réserve. Leur médiocre anonymat touche à sa fin. La chasse a déjà commencé.



Une couverture macabre avec une créature, Clarence, assise sur un tas de squelettes humains. Une référence directe au film Les Chasses du comte Zaroff (1932, The Most Dangerous Game) réalisé par Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel, d’après une nouvelle de Richard Connell (1893-1949), The Most Dangerous Game (1924). S’il a la curiosité de regarder la quatrième de couverture, le lecteur découvre le titre des tomes deux et trois, avec l’annonce d’un autre personnage dont le descendant joue un rôle important dans celui-ci, le docteur Charles Moreau, une écrivaine ayant laissé une marque indélébile dans l’Histoire du roman et du fantastique. Il comprend également que les tomes se suivent à rebours de l’ordre chronologique : 2019 pour celui-ci, 1848 pour le deuxième et 1815 pour le dernier. Le lecteur ouvre l’ouvrage et il n’en croit pas ses yeux. Carlos Puerta se montre aussi photoréaliste que pour la trilogie Baron Rouge (2012-2015) écrite par Pierre Veys. L’impression faite par les dessins relève de la photographie : le réalisme des façades, des voitures, des enseignes lumineuses. Pour un peu, le lecteur croirait que l’artiste a pris des photographies et s’est contenté de les retoucher par infographie, en jouant par endroit avec un peu de floutage, et en ajustant les couleurs. L’effet est saisissant. Une fois l’action se déroulant dans les égouts, il devient évident que l’artiste ne s’y est pas rendu pour réaliser un reportage photographique, et pourtant la qualité du rendu ne diffère pas d’un iota des images en pleine rue. Il s’agit vraiment de sa technique de dessin, et de ses choix en termes de représentation.



Un parti pris graphique aussi saisissant installe une narration visuelle à la saveur particulière, entre impressions photographiques et peintures en couleur directe. En fonction de la scène, le lecteur éprouve une sensation de réel quand il se trouve dans un bar au comptoir avec Eleonore Dabney, dans les rues de Londres avec le très reconnaissable 30 St Mary Axe (dit le cornichon) en arrière-plan, à la sortie d’un théâtre, dans le zoo de Londres pour braconner le tigre, dans le salon très confortable d’Emily Robinson, à la sortie d’une école élémentaire, ou dans le salon puis la salle à manger luxueuse de la demeure de Nicholas Zaroff dans le Yorkshire. Il croit ensuite pouvoir toucher les pierres des ruines d’une église, jusqu’à sentir les aspérités de la pierre. Il se trouve encore plus épaté quand sur la page suivante, deux personnages en fuite voient des cerfs dans une clairière, avec un rendu entre la photographie et l’impressionnisme, confondant d’exactitude et de sensation de luminosité. À ce point hypnotisé par la qualité du rendu, le lecteur ne remarque pas dans un premier temps que l’artiste sait très bien régler le degré de précision photographique, entre le réalisme incroyable et le camaïeu en fond de case en fonction de ce que requiert la scène. Une expérience visuelle de lecture très singulière. De la même manière, l’artiste joue sur le degré de réalisme et de précision dans la représentation des personnages, préférant une forme d’imprécision pour leur insuffler plus de vie, plutôt que de les figer dans une photographie.



Captivé par les dessins de chaque case, le lecteur ne se concentre pas forcément autant sur l’histoire. Au vu du titre, il sait que le comte Zaroff, ou plutôt son descendant, va organiser une chasse à l’homme sous un prétexte plus ou moins plausible, et que le récit culminera dans une course-poursuite dont l’issue peut aussi bien favoriser la proie que le chasseur. D’ailleurs la première scène comprend une traque d’un homme dans les égouts. Du coup, il focalise plus son attention sur les phrases qui courent dans les cartouches : une exhortation à laisser la peur monter chez le fuyard pour que sa course n’en soit que plus désespérée et efficace, et qu’ainsi la chasse s’en trouve plus intéressante. Ce thème revient une seconde fois quand les quatre proies sélectionnées par Zaroff font le voyage pour se rendre dans sa propriété du Yorkshire. Zaroff évoque l’état de la bête : désespérée, alors qu’elle n’entend plus que le son du cor qui semble tout proche, le hurlement des chiens sur ses talons, le froissement des taillis qu’elle bouscule. Elle ne sait pas ce qu’est la mort. Elle ne sait même pas ce qu’est la vie. Mais elle connaît le danger. Tous ses sens tendent vers la survie, et elle se fie à la seule chose qui puisse la sauver. Au seul et dernier sens que partagent encore les hommes et les bêtes. L’instinct. Avec ces passages, le scénariste retranscrit bien la ferveur qui habite Nicholas Zaroff quand il pense au frisson de la chasse, aux sensations intenses qu’elle lui procure, à la jouissance de l’inéluctabilité de la chasse du fait de sa supériorité sur la proie, sur l’être humain ravalé à l’état de bête.



Le lecteur entame donc cette histoire avec la connaissance de savoir qu’elle consiste essentiellement à mettre en place les circonstances et les conditions de la chasse du comte Zaroff version 2019, et qu’il assistera à cette chasse. Il fait donc connaissance avec le descendant de Piotr Vassili Zaroff, cousin du tsar, et avec les quatre proies décrites par Zaroff en des termes peu flatteurs : Emily Robinson journaliste paresseuse et droguée, Eleonore Dabney fille facile et suicidaire, Josuah Cornford docteur alcoolique et violent, l’inspecteur Sisted policier vulgaire et ripou. Il découvre par la suite les raisons qui ont conduit Zaroff à les choisir comme proie. Il se rend compte que Zaroff a également fait appel à Charles Moreau, descendant d’un personnage de fiction issu d’un roman de Herbert George Wells (1866-1946). Le scénariste mêle habilement des personnages littéraires avec des figures historiques pour tisser une toile de causes et de conséquences, un exercice de style amusant qui révélera certainement plus de saveurs dans les deux tomes suivants.



S’il a déjà pu apprécier la qualité des images de Carlos Puerta ou la qualité de l’écriture de Philippe Pelaez (par exemple Automne en baie de Somme, 2022, avec Alexis Chabert), le lecteur est conquis par avance par la promesse d’une nouvelle chasse du comte Zaroff. Il n’est pas forcément assez préparé au choc visuel des cases, entre exactitude photographie donnant une consistance incroyable à chaque lieu, et glissement vers des touches impressionnistes pour des sensations plus tournées vers l’émotion. L’intrigue délivre bien une chasse à l’homme, plusieurs même, tout en développant le thème du sentiment de supériorité du chasseur qui ravale sa proie humaine à l’état de bête, sur fond de liens entre trois œuvres littéraires. Captivant.
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Maudit sois-tu, tome 3 : Shelley

Comme Mithridate, il faut administrer le poison pour être immunisé.

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Ce tome fait suite à Maudit sois-tu, tome 2 : Moreau (2021) et c’est le dernier de la trilogie. Sa parution initiale date de 2022. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, et par Carlos Puerta pour les dessins et les couleurs. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées. Cette édition se termine avec un carnet baptisé Pour aller plus loin, comptant sept pages : le crayonné de la couverture du tome un en double page, celui du tome deux également en double page faisant ressortir la filiation avec la version [[ASIN:2302066324 Frankenstein]] illustrée par Bernie Wrightson, celui en double page du tome trois, et celui en simple page de la couverture alternative du tome un.



Torquay, mai 1815. Mary Shelley s’interroge : Quelle est sa faute ? Elle a rêvé sa fille, son bébé, engloutissant son sein, la jolie joue prolongeant le galbe de sa poitrine gonflée. Elle a rêvé son regard fixé sur le sien, ses grands yeux bleus comme hypnotisés, sondant le tréfond de son âme sans un battement de cil. Pour sa fille, elle était l’alpha et l’oméga, elle était l’absolu, elle était le tout. Elle a rêvé que sa fille était vivante. Quelle est sa faute ? Elle se souvient de ce naufrage, l’année dernière. La mer du Nord vomissait les marins du Gottfried Mehn sur la côte de Whitby. Sa langue d’écume léchait les cadavres gonflés qui roulaient en crissant sur la grève. Parmi tous ces corps désarticulés, il y en avait un qui respirait encore. Un vieux matelot qui resta entre la vie et la mort plusieurs semaines durant. L’abîme se refusait à lui. Il respirait, mais ne bougeait plus. Son cœur battait, mais personne ne l’entendait. Et le docteur Cline, ce brave docteur Cline, le ramena à la vie par des frictions, des massages, il le ramena à la vie. Cet homme était vieux, son enfant à elle était pimpant. Ce marin était laid, son bébé était un ange. Ce Lazare portait les péchés du monde, sa fille était l’innocence. Pourquoi est-elle morte ? Quelle est sa faute à elle, Mary ?



Percy Bysshe Shelley rejoint son épouse sur la plage, et elle lui confie qu’elle a rêvé qu’elle ramenait leur fille à la vie. Rome, juin 1819. De nuit, un fiacre dépose Mary Shelley affolée à la porte de John Polidori. Elle écart le domestique sur le côté et se précipite vers les appartements du docteur. En pleurs, elle lui indique que son petit William va mourir. Très calme et distant, il lui répond qu’il savait qu’elle viendrait. Il s’est arrangé pour qu’elle apprenne sa présence à Rome. Elle continue : elle a perdu son premier bébé, et puis Clara les a quittés en septembre dernier. Elle ne veut pas voir mourir un troisième enfant. Elle le supplie. Il la raille : Quelle humilité ! Est-ce la douleur qui désenfle l’immense orgueil de Mary ? Est-ce la douleur ou l’espoir ? Il exige qu’elle rampe devant lui, et alors il écoutera peut-être ses supplications. Elle l’a humilié. Sur les bords du lac Léman, dans cette maison sans âme, cette année sans été, elle l’a humilié. C’était à Cologny, en Suisse, à l’été 1816. Mary et John évoquaient la démonstration publique de Giobanni Aldini sur le corps du criminel George Foster en 1803, et le Zoonomia (1794) de Robert Darwin.



Le lecteur s’attend peu ou prou à retrouver le même déroulement que dans les deux premiers tomes : une chasse à l’homme, des voyages menant au rassemblement dans un même lieu de tous les protagonistes, et une autre grande chasse à l’homme menée par Zaroff ou un de ses descendants, avec l’aide de Moreau ou un de ses descendants. Il n’en est rien. Après un tome consacré à l’héritage du chasseur Zaroff, et un autre au docteur Moreau et à ses créatures, les auteurs se focalisent sur Mary Shelley (1797-1851), autrice qui a bel et bien existé, et qui a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la littérature avec son roman [[ASIN:2010120329 Frankenstein ou le Prométhée moderne]] publié en 1818. Dans le tome précédent, il était déjà fait allusion à son époux Percy Bysshe Shelley, et à cet été passé dans la villa Diodati située au bord du lac Léman à Cologny, en Suisse. Ils évoquent sa vie : sa relation avec le poète Percy Bysshe Shelley, la naissance et la perte de ses enfants, sa relation potentielle avec John William Polidori, ses voyages en Europe avec son mari, sa fausse couche dans la villa Magni en juin 1822, la mort de son mari. Le lecteur se rend compte que le scénariste a choisi pour raconter son histoire complète, une série de récits en abyme enchâssés les uns dans les autres au sein de la trilogie, à l’identique de la structure du roman Frankenstein. En outre, pour ce dernier tome, il déroule deux fils chronologiques en alternance : le temps présent du récit qui commence en 1815, et les événements survenus à Cologny en Suisse en 1816.



L’artiste emmène direct le lecteur dès la première page avec une vue incroyable sur la falaise du Torquay. La texture de la roche est rendue avec une sensation photoréaliste qui fait croire à une véritable photographie, y compris pour la végétation qui s’accroche. Toutefois la technique utilisée pour l’océan, puis dans les cases du dessous l’herbe ou l’étoffe de la robe de Mary Shelley montre bien que ce n’est pas une photographie. Le lecteur éprouve la même sensation avec d’autres environnements : la mer du nord déchaînée qui vomit les marins du Gottfried Mehn, le parquet bien ciré de la demeure romaine où réside John Polidori en 1819, le salon de la villa Magni en Suisse avec ses fauteuils et leur tapisserie, l’immense salon du manoir familial dans le Yorkshire avec ses tapis et ses candélabres, les flancs enneigés du Monte Prado en Toscane, un magnifique vitrail dans l’église de Haworth dans le Yorkshire, le pont du petit voilier l’Ariel. Ces cases apportent une consistance incroyable au récit, l’ancrant dans un monde très réel, très concret, ayant bel et bien existé avec une consistance telle qu’il semble possible de le toucher, avec une représentation telle qu’elle donne une sensation de réalité.



Comme dans les autres tomes, Carlos Puerta sait positionner sa narration visuelle dans d’autres registres picturaux en fonction de la nature de la séquence. Il peut ciseler le visage de Mary Shelley comme s’il s’agissait d’une des plus fines statuettes du Bernin. Passer dans un registre impressionniste pour un décor végétal comme le jardin de la propriété de la villa à Cologny. Revenir à une bande dessinée très classique avec détourage encré et mise en couleurs naturaliste pour des tête-à-tête. Donner la sensation de gravures d’époque pour une scène d’extérieur. Mettre en avant les sensations lors d’une scène de crime dans un cimetière avec une mise en couleurs expressionniste. Puis contraster cette ambiance lumineuse bleutée avec celle tout en vert de la séquence suivante. Puis repasser en mode naturaliste. Et repasser en mode expressionniste avec un jaune brun lors d’une discussion étouffante. Le spectre de la narration visuelle va de prises de vue évoquant un déplacement continu de la caméra (la première page avec une vue qui se rapproche progressivement de Mary Shelley), à des images isolées pour établir une situation telle la carcasse du Gottfried Mehn échouée sur la plage. L’esprit ainsi tenu en alerte, le lecteur prête attention à chaque page, en se demandant ce que l’artiste va lui offrir, va lui concocter, relevant ainsi un détail par ci par là. Par exemple, il sourit en découvrant que John Polidori est en train de lire Faust (la version de 1808) de Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832).



Le scénariste parvient donc à l’origine, aux événements qui ont donné lieu à un conflit qui s’est répété à deux reprises en 1848 (tome deux) et en 2019 (tome un) et qui a affecté les descendants de ces personnes sur plusieurs générations, jusqu’à Emily Robinson, Eleonore Dabney, le docteur Josuah Cornford, et l’inspecteur Stisted. Il entrelace habilement les événements de la vie de Mary Shelley et de son époux, avec une intrigue inventée autour de John William Polidori. Il confirme la séquence relative à la mort de Percy Shelley vue dans le tome deux, et il explique comment le docteur Moreau est devenu tel qu’il apparaît par la suite. Il relie la vie de Mary Shelley à des créations littéraires, l’écriture ayant une incidence sur le monde réel. Le lecteur peut également y voir le fait que l’écrivaine cristallise dans sa création plusieurs thèmes ou forces présentes dans la société de l’époque, et donc que sa vie soit façonnée par ces mêmes thèmes et ces mêmes forces. Il retrouve les sujets présentés dans le dossier en fin du tome deux : corps & âmes, le corps objet de fantasme objet de science, le savant fou, le créateur égal de Dieu. En outre, le scénariste met également en scène la force de la passion amoureuse, la haine déclenchée par l’humiliation publique, la force de l’amour maternel, la stupidité occasionnée par l’amour propre, la monstruosité d’un individu privé d’empathie, les morts arbitraires occasionnées par une épidémie, le progrès scientifique (la vaccination), etc.



A priori, le lecteur entretient quelques réserves sur cette trilogie : une histoire racontée à rebours, un mélange entre personnages de fiction (Zaroff, Moreau) et personnages réels (Mary Shelley), une haine tenace s’exprimant au travers d’une vengeance de grande ampleur. Il est très vite conquis par la qualité de la narration visuelle, la sophistication des dessins, du photoréalisme le plus confondant à l’impressionnisme, avec des séquences saisissantes par leur naturalisme ou leur touche horrifique. Il plonge sans retenue dans cet amalgame entre romans et réalité historique pour des relations indissociables de cause et conséquences entre créatrice et personnages, créatures et savant. Envoûtant.
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Maudit sois-tu, tome 2 : Moreau

Il faut avoir conscience de sa propre mort, sinon à quoi bon vivre ?

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Ce tome est le deuxième d’une trilogie : il fait suite à Maudit sois-tu, tome 1 : Zaroff (2019). Sa parution initiale date de 2021. Il a été réalisé par Philippe Pelaez pour le scénario, et par Carlos Puerta pour les dessins et les couleurs. Il comprend cinquante-quatre pages de bandes dessinées. Cette édition a bénéficié d’un ex-libris qui correspond à la couverture de réédition du tome un en 2021 à l’occasion de l’opération 48H BD. À la fin se trouve un dossier de quatre pages, abordant les thèmes Corps & âmes, Le corps objet de fantasme objet de science, La savant fou, Le créateur égal de Dieu. Il se termine avec les trois premières pages du tome trois.



Whitby Harbor, Yorkshire, Angleterre, le 13 juin 1848, à onze heures du soir. Le capitaine du port se rend devant un navire dont l’équipage est en train de décharger la cargaison. Il arrive avec un état d’esprit remonté car on ne décharge pas sans autorisation. En s’adressant aux marins, il leur intime d’arrêter, et leur demande qui est le responsable. Une voix se fait entendre pour indiquer qu’il est le responsable : le docteur Jérôme Moreau, un bel homme à la chevelure blanche portant des lunettes de vue aux verres fumés. Il présente la documentation justificative au capitaine du port : tout est là, son ami le comte Vassili Piotr Zaroff s’est occupé de toutes les formalités. Il ajoute qu’il vient de loin et que ses os craquent comme craque le bois de ce navire. Les flancs de ce dernier sont lourds et il aimerait les alléger car il est fatigué, comme ses hommes d’ailleurs. Le capitaine le reprend : il manque quelques autorisations importantes et le déchargement doit être interrompu, et il faut qu’il inspecte les caisses là-bas.



Le docteur Moreau indique au capitaine du port qu’il peut prendre tout le temps qu’il lui faut. Puis, il rentre dans une coursive, se rend devant une cage et parle à un dénommé Clarence qui se tient dedans. Il fait glisser le loquet pour ouvrir la porte en indiquant à Clarence qu’il peut aller se dégourdir les jambes. Le capitaine du port a commencé son inspection du contenu des caisses, tout en consultant l’inventaire qui lui a été remis : spécimens africains, indiens, amazoniens. Mais des spécimens de quoi ? Il soulève un drap recouvrant le dessus d’une cage : des animaux sauvages. Le félin émet un grondement qui fait prendre ses jambes à son cou au fonctionnaire. Il se dit qu’il lui faut prévenir les autorités, car il n’y a pas de parc zoologique dans le Yorkshire. Alors qu’il court dans les rues désertes faiblement éclairées, il entend un grondement derrière lui. Il se retourne sans rien apercevoir. Il décide de couper à travers le cimetière. C’est là qu’il est rejoint par Clarence. Le lendemain, Mary Shelley est conduite par son fils jusqu’au train. Il lui suggère de renoncer à son voyage car ce mot lui évoque plus les eaux chatoyantes de la Méditerranée ou l’air apaisé de la Toscane, que la lande lugubre et le brouillard épais du Yorkshire.



Conscient qu’il s’agit d’une trilogie, le lecteur a vraisemblablement commencé par le premier tome, sauf s’il nourrit une passion exclusive pour les ouvrages dérivés de L’Île du docteur Moreau (1896, The Island of Dr. Moreau) roman de science-fiction de Herbert George Wells (1866-1946). Il a déjà conscience que les trois tomes se suivent dans une chronologie à rebours, passant ainsi de 2019 pour le premier à 1848 pour celui-ci. Il se souvient également des personnages principaux du premier tome : Emily Robinson (descendante d’Emily Brontë), Eleonore Dabney (descendante de Mary Shelley) Docteur Josuah Cornford (descendant de Robert Darwin) et l’inspecteur Stisted (descendant de Maria Katherine Elizabeth Stisted, la sœur de Richard Francis Burton l’explorateur), sans oublier les deux criminels le comte Nicholas Zaroff et le docteur Charles Moreau. Il débute sa lecture et comprend vite que la scène introductive va déboucher sur une traque, ou plutôt une forme de chasse, comme la scène introductive du premier tome avec sa chasse dans les égouts. Il n’est donc pas très surpris de voir Mary Shelley (1797-1851) conduite au train, ou de la présence d’Emily Brontë dans la propriété de Jérôme Moreau. Du fait de ces parallèles entre les deux tomes, il repère plus facilement l’image du cerf et du daim lors de la chasse de Moreau & Zaroff, un écho visuel d’un cerf et de daims lors de la chasse finale du tome un.



D’une certaine manière, l’intrigue se déroule d’une façon très balisée, en jeu de miroir avec celle du tome un, en particulier parce que les antagonistes sont Zaroff & Moreau, et parce que ceux qui sont destinés à devenir les proies appartiennent aux mêmes familles que les pourchassés du tome un. Le lecteur éprouve une grande satisfaction de savoir qu’il va également retrouver les dessins de Carlos Puerta. Dès la première page, les caractéristiques réapparaissent : des cases sagement rectangulaires, sans bordure, des gouttière très fines, quelques cases en insert avec un gros plan sur un interlocuteur intervenant dans la conversation. Le rendu des dessins frappe toujours autant par sa singularité : certaines parties qui évoquent des photographies légèrement retouchées par des filtres, d’autres réalisées en couleur directe, et certaines avec un trait de contour encré et une mise en couleurs classique. Le lecteur s’adapte sans mal à ces différents rendus, se délectant des qualités des uns et des autres. Le rendu photographique s’avère le plus saisissant : des pavés humides, un escalier en pierre, un mur de briques, une locomotive à vapeur, le cerf, un escalier en bois dans la demeure de Zaroff, les livres sur les étagères de la bibliothèque, les ruines d’une église, le dallage du couloir d’un hôpital, etc. Difficile de croire que l’artiste parvient à un tel rendu par de simples dessins.



Le dessin en couleur directe se remarque tout aussi facilement : absence de trait de contour, rendu des formes et des reliefs uniquement par la peinture, jeu sur les nuances d’une même teinte pour développer une ambiance lumineuse, etc. Cette technique se prête particulièrement bien pour faire flotter une brume au-dessus du sol du cimetière, ou les effets d’environnement végétal dans les terres de chasse de Zaroff, ou encore les eaux agitées de la mer de Ligurie. Le lecteur s’attend moins à découvrir des fonds de case dans lesquels l’artiste passe en mode impressionnisme pour rendre compte d’un environnement, avec de magnifiques résultats, par exemple pour le vert d’un sous-bois, ou le jaune d’une végétation desséchée par le soleil. Les formes avec un contour encré peuvent elles aussi passer d’un registre photoréaliste, à des dessins plus bruts, aux contours moins polis. Le lecteur se régale de spectacles variés : la traque dans le cimetière, la chasse au cerf, le cheval emballé et sa cavalière en détresse, le dîner de réception à la lumière des nombreuses bougies, le laboratoire du savant fou avec son éclairage baignant tout d’une lumière verdâtre, la course haletante dans les grandes prairies.



Voilà donc le docteur Jérôme Moreau (personnage inventé pour l’occasion), aidé par le comte Piotr Vassili Zaroff, qui invite quatre personnalités de l’époque pour leur présenter les résultats spectaculaires de ses recherches. S’il a déjà croisé le docteur Moreau dans une fiction ou une autre, ou même simplement dans le premier tome, le lecteur sait très bien à quoi s’attendre. Il peut alors considérer cette histoire comme un exercice de style pour rendre hommage à ces deux créatrices, ce scientifique et ce chasseur, une autre époque, et des personnes dont la renommée a traversé les décennies jusqu’à l’époque contemporaine. Il y voit également un regard jeté sur des thèmes de société de cette époque, un tournant dans certaines opinions et certains domaines scientifiques. Cela se confirme avec les thèmes du dossier Pour aller plus loin : les manipulations et les biotechnologies évoquées par Herbert George Wells (1866-1946) dans son roman L’île du docteur Moreau, la volonté de déshumanisation appliquée aux individus malformés (ravalés à l’état de monstres de foire, quasiment des animaux), le savant fou agissant comme un père pour ses créatures, l’homme jouant au démiurge avec ses prétentions de se hisser au statut de créateur à l’égal de Dieu. Il lit alors les échanges des personnages à partir de ce point de vue.



Au vu du nombre de personnages, le scénariste n’a pas le temps de les développer tous, et il s’appuie sur les éléments passés dans la culture populaire, ce qui fait leur notoriété toutes ces décennies plus tard. Pour autant, ils ne sont pas tous réduits à un principe. Il s’amuse bien avec la mégalomanie du docteur Moreau. Il fait contraster la jeunesse d’Emily Brontë avec l’âge de Mary Shelley qui évoque son histoire personnelle. Il fait ressortir la propension à l’action de Richard Francis Burton (1821-1890). Il joue avec les possibilités offertes par la concomitance de certaines dates. Mary Shelley évoque la mort de son époux le poète Percy Bysshe Shelley (1792-1822) et la possibilité d’une malveillance dans les circonstances de sa mort. Il évoque bien sûr le séjour à l’été 1816 de Lord Byron, Mary Shelley, Percy Shelley, John Polidori et d'autres de leurs amis dans la villa Diodati, avec l’écriture des romans Frankenstein et Le Vampire. Si son inclination l’y porte, le lecteur peut également se demander ce que le principe de raconter l’histoire à rebours de l’ordre chronologique apporte : la révélation de secrets bien sûr, mais aussi la mise en lumière de la répétition des schémas, du poids du péché des pères, de la force arbitraire de l’Histoire, de la convergence d’idées de leur temps, etc.



Une certaine curiosité de découvrir ce qui s’est passé avant le premier tome, de savoir comment tous les personnages en étaient arrivés là (ou plutôt en arriveront là), et l’espoir de retrouver plus de ce qu’il a dans le tome un. Les créateurs délivrent tout ça de manière fort élégante. La narration visuelle s’avère toujours aussi riche et discrètement protéiforme, permettant au lecteur de se plonger dans cette époque pleinement concrétisée. Le scénariste reprend la même trame d’intrigue que dans le tome un, cette fois-ci nourrie par les circonstances de l’époque, les grandes interrogations de la société, en y mêlant l’histoire personnelle d’individus passés à la postérité.
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Maudit sois-tu, tome 2 : Moreau

Après avoir beaucoup aimé le premier tome du duo Pelaez-Puerta, je me suis lancé dans ce second avec grand plaisir.



On va cette fois-ci plus particulièrement s'intéresser au célèbre Dr Moreau qui semble avoir eu une relation dans sa jeunesse avec Mary Shelley qui est l'auteure de Frankenstein ce qui l'a beaucoup inspiré pour son œuvre scientifique. On ajoute au tableau Charles Darwin et Richard Burton sans compter sur le comte Zaroff.



Il y a des interconnexion avec le troisième et dernier tome qui n'est pas encore sortie. A noter que ce récit remonte à chaque fois dans le temps. Bon, comme on pouvait sans douter, les créations originales du Dr Moreau ne sont pas au goût de tout ce beau monde qui semblait pourtant avoir les idées plus larges et en avance pour leur temps.



Bien qu'il soit décrit des choses extraordinaires, le tout demeure assez crédible ce qui constitue un très bon point pour les auteurs. On navigue entre le réel et le fantastique avec aisance. J'ai bien aimé la tonalité de ce récit qui reste dramatique.



Au niveau du graphisme, il est toujours aussi réaliste et soigné dans une ambiance qui me convient parfaitement. Les planches sont réellement de toute beauté.



On attend le final en espérant qu'il soit à la hauteur de nos attentes.

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Jules Verne et l'Astrolabe d'Uranie, tome 1

Magnifique bd que je devrais plutôt qualifier de roman graphique tant les dessins sont d'une qualité époustouflante, reprenant un style 1900. Le livre, en partie biographie de Jules Verne et aussi partie roman d'aventures avec un bref passage dans une crevasse dans les chutes du Niagara qui pourrait très bien être l'entrée du centre de la terre. Un mystère s'ajoute au récit au sujet de l'instrument astrolabe, un autre à propos d'un amour de Jules. Nous découvrirons les solutions dans le 2e tome que j'ai hâte de lire.
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Jules Verne et l'Astrolabe d'Uranie, tome 1

Magnifique bd que je devrais plutôt qualifier de roman graphique tant les dessins sont d'une qualité époustouflante, reprenant un style 1900. Le livre, en partie biographie de Jules Verne et aussi partie roman d'aventures avec un bref passage dans une crevasse dans les chutes du Niagara qui pourrait très bien être l'entrée du centre de la terre. Un mystère s'ajoute au récit au sujet de l'instrument astrolabe, un autre à propos d'un amour de Jules. Nous découvrirons les solutions dans le 2e tome que j'ai hâte de lire.
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Maudit sois-tu, tome 1 : Zaroff

Visiblement, le conte russe Zaroff semble faire des émules chez les auteurs actuellement qui reprenne ce personnage à toutes les sauces. Bien entendu, il reste toujours ce chasseur d'humains assez sanguinaire.



En l'espèce, il souhaite accomplir une vengeance vieille de 150 ans pour punir les descendants ayant causé la perte d'un arrière arrière grand père. Il va employer les grands moyens que lui permettent sa fortune acquise dans la Russie de Poutine. La motivation ne semble pas très crédible.



L'originalité de ce récit est qu'il va former une trilogie avec deux autres personnages que l'on verra notamment dans les tomes suivants à savoir le Dr Moreau en 1848 puis Mary Shelley en 1816 qui est l'auteur de Frankenstein pour rappel. Chaque récit va apporter des réponses au précédent.



Le dessin de Carlos Puerto (dont on se souvient de la fameuse série non achevée Adamson) reste d'un réalisme assez saisissant. Il y a une colorisation dans les tons sépia du meilleur effet qui crée une atmosphère assez oppressante.L’alchimie entre histoire et dessin fonctionne vraiment bien et donne un premier tome à la véritable tension dramatique.



On n'a qu'une hâte: découvrir la suite en remontant dans le temps afin de savoir précisément ce qui s'est passé pour en arriver là. C'est un bon thriller qui repose sur une intrigue digne des meilleures fictions.
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Maudit sois-tu, tome 2 : Moreau

Charles Darwin, Emily Bronte, Lord Byron et Mary Shelley sont les illustres invités du comte Zaroff et de son ami le docteur Moreau. Ce dernier s'apprête à révéler au monde le résultat de ses expériences et souhaite avant tout l'approbation de ses pairs.



Apres un premier tome avec les descendants, nous revenons ici sur la rencontre qui a tout changé. Ce second tome éclaire plusieurs aspects du tome 1 et s'il peut se lire dépendamment il permet d'en savoir plus.

L'histoire est glauque et l'ambiance gothique. Enfermés dans un manoir perdu au milieu des landes, les prestigieux invités se retrouvent coincés entre un fou de la chasse à l'homme et un savant fou créant des monstres dressées à tuer.

J'avoue que je n'aime pas trop ces ambiances gores et sombres exacerbées par un dessin dense aux lumières sombres aux tons verdâtres ou grises.
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Jules Verne et l'Astrolabe d'Uranie, tome 1

Superbe album où chaque case s'admire comme un tableau. Le réalisme en ferait presque un roman-photo plutôt qu'un bande dessinée et le dessinateur espagnol Carlos Puerta a fait des merveilles sur un très bon scénario de la française Esther Gil. On imagine la somme de documentation qu'il a du retrouver pour assoir le réalisme de cette histoire dont Jules Verne devient le héros.
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Maudit sois-tu, tome 3 : Shelley

En 1816, sur les bords du lac Leman, Mary Shelley passe l'été en compagnie du docteur Polidori et de lord Byron. A parler de galvanisée et d'électricité, elle va écrire son fameux roman Frankenstein.



Dernier tome du triptyque Maudit-sois-tu et l'on remonte encore un peu dans le temps avec ce fameux été qui créera le docteur Moreau du tome 2.

La bande dessinée alterne entre la vie émaillée de deuils de Mary Shelley, et le développement de la folie du docteur Polidori futur docteur Moreau. Mary Shelley est un personnage assez touchant surtout quand on aborde ses enfants. Polidori lui est parfois amoureux transi parfois savant fou sans éthique.

Avec beaucoup d'éléments historiques, cette histoire ne manque pas d'intérêt mais elle manque parfois de clarté.

Le dessin est beau mais dense et diminue un peu la lisibilité.
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Maudit sois-tu, tome 1 : Zaroff

2019, un milliardaire organise une chasse dans les égouts de Londres. Cet homme c'est un descendant du comte Zaroff et il n'est pas seulement animé par sa soif de sang mais aussi par la vengeance.



Réappropriation du personnage de Zaroff et de ses chasses à l'homme particulièrement glauques mais à l'époque moderne. Pour cela il fait de ses personnages des descendants du roman initial : le comte Zaroff et le docteur Moreau. Bon ca fait un peu réchauffé et le coup des descendants qui ont les mêmes folies et le même fanatisme que leur ancêtre... pas très crédibles.

Les personnages secondaires, proies de la chasse, sont eux aussi des descendants de personnes célèbres comme Brontë ou Darwin, mais eux n'ont pas hérité du génie de leur ancêtre. C'est plutôt l'inverse, ce sont des drogués, des alcooliques, des prostituées ou des ripoux. Bref on ne s'attache pas à eux.

Le scénario a un côté confus accentué par les dessins. Ils sont beaux mais alors pas du tout lisibles. On a un mal fou à reconnaître les personnages ce qui n'aide pas à éclaircir l'histoire.
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Adamson, Tome 1 : Opération Spitsberg

Pour les amateurs d'ambiance britannique, j'aurais bien placé le mot suranné mais ça ne convient pas vraiment quoique l'action, si on veut bien parler d'action, commence à la veille de la première guerre mondiale. Un développement tout en silences, ou presque, sans récitatif, uniquement des dialogues. Peut-être même un peu trop verbeux au départ (ce qui n'est pas contradictoire, il y a bien une séquence de présentation assez longue où un personnage parle beaucoup). Mais les images s'enchaînent et la chronologie semble évidente. Quand, tout à coup, survient un accroc, un détail hors norme, qui fait qu'on pourrait se demander si le personnage éponyme n'a pas quelques problèmes de perception de la réalité.



L'histoire se poursuit cependant, avec même quelques notes d'humour à froid, bien amenées pour conforter l'impression d'être vraiment au Royaume-uni. On oscille entre Conan Doyle pour les énigmes, H. G. Wells pour l'étrange et le mystérieux (mais ça pourrait aussi bien être Doyle avec son professeur Challenger, et son Monde Perdu), Kipling pour le militarisme à tout crin car on voit vraiment beaucoup de bateaux de guerre au milieu d'images de mer baignées d'embruns et de crachins, sublimées pas le travail très spécial des textures et des lumières de Carlos Puerta qui réalise là, à mon humble avis, quelques unes des plus belles images de l'océan en bande dessinée qui m'aient été données de voir.
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Maudit sois-tu, tome 1 : Zaroff

Zaroff est le premier tome de Maudit sois-tu, série de bande dessinées écrite par Philippe Pelaez et dessinée par Carlos Puerta. En 2019, Nicholas Zaroff, oligarque russe et descendant du comte (popularisé par Richard Connell dans sa nouvelle Le plus dangereux des jeux en 1925 et adapté au cinéma par Irving Pichel et Ernest B. Schoedsack en 1932) tente de retrouver ceux qui ont fait condamner son ancêtre. L'idée est intéressante mais l'intrigue est parfois confuse. Les dessins sont magnifiques avec une mise en couleur impressionnante.
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Maudit sois-tu, tome 2 : Moreau

Une intrigue très connotée des films fantastiques anglais des années 50 sur Dracula, une atmosphère gothique, sombre avec des personnages réels ou imaginaires issus de la littérature du XIXeme : Si Charles Darwin, Mary Shelley, Emily Bronté ou Richard Burton sont réels, le comte Zaroff et le docteur Moreau sont issus de l'imaginaire d'écrivains. Ils se retrouvent ici chez le docteur Moreau qui les a réunit car il est persuadé que seuls ses esprits supérieurs pourront apprécier son oeuvre. Or ceux ci sont outrés des libertés prises par ce savant fou avec l'éthique. Une femme le renie plus particulièrement alors que son oeuvre lui été dédié.

Le graphisme sombre est adapté à cette histoire qui invite à découvrir à rebours les liens unissants les différents personnages : aprés un premier tome suivant les descendants de ceux ci à notre époque, nous voici 30 ans aprés une premiere rencontre. Des éléments viennent éclairer d'un jour nouveau le premier tome.

Dans le style, c'est trés bien fait et prenant. Une bonne série B.
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Baron Rouge, tome 1 : Le bal des mitrailleu..

Voici une approche originale d'un personnage qui compte parmi les pilotes les plus connus de la Première Guerre mondiale, tous pays confondus. Son tragique destin est lié à un village au nord-est d'Amiens où il connut la mort à la fin avril 1918. Toutefois ce premier tome n'aborde ni ce point, ni les raisons du surnom de "Baron rouge" qui fut attribué à Manfred von Richtohfen. Le scénario ne cache pas qu'il prend des aspects romanesques ; il livre une dimension psychologique originale du personnage. Si l'on connaît un peu la brutalisation que connut rapidement le conflit, on se dit que la fiction sert convenablement à rendre une réalité historique où la violence ne fut pas seulement acceptée mais revendiquée par nombre de combattants sur le moment.



Pour bien rentrer dans le récit, le jeune lecteur devra avoir entendu parler de la Première Guerre mondiale. Le dessin est d'une rare originalité, il peut faire penser par certains côtés à des tableaux historiques de Goya qui appartiennent à la culture du dessinateur Carlos Puerta, d'origine madrilène. La ville de Bruges bénéficie d’un magnifique traitement en huit pages à la fin de l'album.



Le scénariste Pierre Veys, originaire de Cambrai, avait déjà travaillé avec ce dessinateur pour une série en cours (Adamson) mettant en scène des prémisses de l'entrée en conflit ouvert des bâtiments allemands et germaniques dans les environs du Pôle nord où s'ouvrirait la possibilité de passer dans un monde surnaturel. La série est prévue en trois tomes.
Lien : http://crdp.ac-amiens.fr/cdd..
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Baron Rouge, tome 1 : Le bal des mitrailleu..

Un dessin somptueux qui renvoie à l'idée que l'on se fait des premiers tirages photographiques en couleurs pour les pages de combat aérien, avec pour les autres planches des traits pour l’illustration qui rappellent ceux de certains dessinateurs américains comme Howard Pyle, N.C Wyeth ou Norman Rockwell. Un récit qui conte une partie de la vie du plus célèbre pilote de guerre de l'aviation allemande durant la Première guerre mondiale. Comme il est signalé il s'agit d'une bibliographie romancée ; le goût pour le héros de donner la mort et la capacité à deviner les actions à venir des adversaires appartiennent au domaine fictionnel sans aucun doute. Toutefois cette complaisance pour la violence reflète bien l'esprit de certains combattants embrigadés dans le conflit en question. Le premier tome évoque les années que Manfred Von Richthofen passe à l’académie militaire de Berlin à la Belle Époque et ses premiers pas comme pilote d'avion militaire dans les Flandres belges. Ce n'est qu'ultérieurement (on nous l’expliquera vraisemblablement dans les tomes suivants) qu'il gagne son surnom de "Baron rouge" sans avoir besoin de peindre, comme le veut la légende, pour des raisons tactiques son célèbre triplan Fokker car celui-ci était livré de cette couleur. Dans ce premier tome c'est aux commandes d'un bombardier allemand l’AEG G 4 que la couverture nous le fait découvrir. La propension à utiliser des vignettes sans aucun texte pour les affrontements renforce la puissance de l’intensité dramatique.
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Adamson, Tome 1 : Opération Spitsberg

Avis portant sur la série:



C’est un extraordinaire voyage que voilà. J’ai franchement adoré. Je regrette simplement que l’action soit si longue à se mettre en place et que les évènements soient aussi distillés même si cela fait monter la tension. On aimerait sans doute que cela avance plus vite. C’est tout de même bon signe de l’intérêt que l’on porte.



Le premier tome est introductif. On fait la connaissance d’un héros suicidaire à savoir Adamson qui va donner le titre de la série. On va ignorer totalement ce qui l’a conduit à ce désespoir. On suppose que c’est le manque d’aventure. Et voilà qu'on lui offre sur un plateau une expédition réellement extraordinaire suite à la découverte inopinée d’une porte menant à une autre dimension. Et c’est parti comme si de rien n'était ! Bref, il y a de réelles facilités scénaristiques.



Par ailleurs, ce personnage sera vite intégré dans un groupe d’aventuriers où son influence ne sera plus aussi déterminante pour la suite même si on veut nous le faire croire. Je n’ai pas perçu une trempe qui rend le personnage charismatique. C’est dommage. La dimension humaine semble effacée par rapport à celle des faits qui se produisent et qui sont pour le moins étonnants.



Le second tome est celui de l’exploration de cet univers parallèle où l’on rencontre de monstrueux insectes plutôt dangereux. Cela ressemble un peu à ces fameux romans d’aventure de Jules Verne. L’originalité tient au fait de l’avoir inscrit dans le contexte de 1913 c'est-à-dire à l’aube de la Première Guerre Mondiale. Ce chapitre nous dévoile également les clés d’un mystère posé dans le tome précédent. On revient d’ailleurs sur un terrain plus rationnel avec l’entrée en lice des belligérants allemands. On va également assister à une scission du récit en deux concernant une enquête dans le monde londonien.



Le troisième tome sera sans doute le plus décevant car l’histoire semble faire du surplace avec cette course poursuite. Il n’en demeure pas moins que c’est réussi car la fin nous apporte un nouveau mystère qui fait que nous souhaitons avancer dans l’histoire. Un découpage plus efficace permettrait d’aller plus vite. Cependant, chaque case même contemplative est un bonheur pour les yeux. J’aime ce graphisme très réaliste. On se croirait dans un film digne de ce nom. On ne va pas se plaindre !



Cette série est un pur bonheur de lecture. C’est bien construit et on a envie de découvrir la suite avec impatience. Cependant, en mai 2012, on apprend que la série ne sera pas poursuivie faute de ventes suffisantes et là, je me dis que c'est une terrible déception. J'avais déjà amèrement regretté l'arrêt de séries excellentes comme Candélabres par exemple. Là encore, il y avait arrêt malgré la publication de plusieurs albums et un bon succès au niveau de la critique. Il est vrai que Adamson m'a été conseillé directement par ma libraire qui commence à connaître mes goûts. Je ne l'aurais pas acheté spontanément sans doute à cause d'un graphisme désuet qui fait veille époque mais qui est voulu pour le contexte de l'histoire. Et je n'ai pas été déçu de cette lecture au point de m'être précipité pour acheter tous les tomes. C'est dur quand c'est la logique commerciale qui dicte la loi en matière de publication. Adamson ne le méritait pas, loin de là. Et finalement, on se dit qu'il y a beau avoir des sites qui conseille ou mette l'accent, cela ne suffit pas. Tout cela est bien regrettable...



Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.25/5
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Maudit sois-tu, tome 1 : Zaroff

Encore une découverte que je viens de faire grâce au Mois Anglais (à force de chercher dans les bédés que je n’ai pas lues et dont l’action se déroule en Angleterre) et une fois de plus, il y a du bon et du moins bon.



Comme par hasard, ce sont les dessins qui m’ont déroutées, ainsi que les couleurs fort sombres, lorsqu’ils sont dans les égouts, que ce soit pour la chasse à l’homme que lorsque les enquêteurs sont sur place.



Les visages se mélangeaient et j’ai dû faire quelques retours en arrière afin de bien enregistrer qui avait la tronche de qui.



Nous sommes clairement dans une bédé fantastique, à mi-chemin entre du Shelley pour le mélange de parties humaine et le côté "science sans conscience", de l’île du Docteur Moreau pour les mélanges animaliers et le film tiré du roman "Les Chasses du comte Zaroff" (The Most Dangerous Game) puisque le gibier est... humain.



Nous sommes dans les égouts de Londres, un cadavre est retrouvé, il était le gibier…



Nous, lecteurs, nous avons assisté à tout mais pour les enquêteurs, c’est un peu le fouillis, surtout qu’une journaliste vient d’arriver sur la scène du crime et que l’on comprend, peu à peu, qu’autant l’enquêteur que le médecin, ont des casseroles à leur cul.



Moi aussi j’ai pataugé dans ce bourbier de récit aux couleurs sombres et aux dessins styles "images vraies mises en bédé" et il m’a fallu quelques pages avant de trouver mon rythme dans cette bédé.



D’ailleurs, c’est vraiment une fois arrivée à la fin que l'œuvre totale s’est inscrite dans mon petit cerveau. Quand on manque de caféine, ça prend plus de temps. Une relecture d’ici quelque temps ne me fera pas de mal.



C’est une bédé amorale, les flics sont aussi délicats que des éléphants dans un magasin de porcelaine, font des réflexions sexistes à l’ex-copine du défunt, sont alcoolos, violents, ripoux.



La journaliste est droguée et l’ex-copine suicidaire. Le conte Zaroff est un chasseur exécuteur d’être humains et son éminence grise, un certain docteur Moreau, joue à Dieu. Anybref, aucun personnage n’est à sauver et j’ai eu zéro sympathie pour eux, hormis pour le médecin alcoolo (qui est violent avec sa femme, pardon).



Si j’ai eu du mal au début, j’ai adoré le final qui a du rythme, qui pulse, où toutes les révélations sont faites, les filiations établies et le mobile dévoilé aux victimes.



Grâce à ce final surprenant, inattendu, je compte être au rendez-vous pour le tome 2 afin d’avoir des réponses aux quelques questions restées en suspens dans ce premier album.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Jules Verne et l'Astrolabe d'Uranie, tome 1

Jules Verne, enfant, a surpris une conversation à bord d'un bateau, concernant un mystérieux astrolabe. Adulte, le voilà embarqué au côté de son frère pour les Amériques. Là, il va être le témoin d'une étrange apparition. Les dessin semblent des peintures. Par contre la police des textes jure un peu. L'intrigue est prenante. J'ai envie de connaitre la suite.
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