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Citations de Carole Johnstone (35)


Quelques jours de plus et vous vous seriez fondues l’une dans l’autre pour devenir quelqu’un d’autre, comme le sable et le calcaire se mêlent pour faire du verre.
Cette idée m’avait effrayée. Comme si nous n’avions échappé que de peu à devenir un monstre.
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Peut-être les souvenirs d'enfance de tout le monde sont-ils les mêmes : en partie vérité, en partie fantasme. ( p 201 )
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Mais la radio a disparu. Il n’y a plus de montagnes de vis, d’écrous et de ressorts, de moteurs et d’appareils mutilés. Il n’y a pas d’odeur de pétrole et de métal chaud. Le cœur de la Salle des Machines a cessé de battre depuis longtemps.
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(...) j’entends El hurler dans mes oreilles : N’entre pas ! On ne doit entrer sous aucun prétexte ! Puis la voix de maman, plus aiguë, plus cinglante, ne souffrant jamais la contradiction ou l’expression d’une opinion : Si jamais vous entrez dans cette pièce, je me ferai des jarretières avec vos boyaux, vous m’entendez ?
Oui.
Je laisse tomber et repars à reculons, peu encline à tourner le dos à cette porte avant d’être de nouveau sur le palier, baignée d’une chaude lumière dorée. Je suis parcourue d’un frisson violent, sans savoir pourquoi. Le pourquoi est comme une démangeaison sous ma peau ; je le sens, mais pas suffisamment pour vouloir me gratter.
Arrête. C’est des fantômes, tout ça. Rien d’autre.
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La Tour de la Princesse, c’était la chambre de maman. J’ai une boule dans la gorge aussitôt que j’ouvre la porte, vois le petit lit simple poussé contre le mur, l’oreiller et l’édredon roses, la coiffeuse blanche ornée de crinoline rose et son tabouret rembourré. Un frisson me parcourt
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La maison est à la fois trop silencieuse et trop bruyante.
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Soudain avide d’air frais, je vais à la fenêtre et tire fort sur la guillotine. Comme elle ne bouge pas, je baisse les yeux : une douzaine de longs clous tordus sont plantés dans le bois, à travers le cadre de la fenêtre. Et ce détail n’a aucune raison de me faire peur, pourtant, il me fait aussi peur que cette fraction de seconde, à L.A., où j’ai pensé qu’El était peut-être réellement morte. Ou que cette partie de moi qui se réjouit d’être ici. En ce lieu où ma première vie s’est terminée et n’était jamais, jamais censée redémarrer.
— Oh, El, je murmure, pressant les doigts contre la vitre froide. Qu’est-ce que t’as foutu ?
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Je n’aimais pas trop les clowns ; à l’époque, nous croyions toutes les deux qu’ils constituaient une espèce entièrement distincte de la race humaine. Je ressentais pour eux un mélange de pitié et de méfiance nauséeuse ; il me semblait qu’ils n’avaient pas tellement d’opportunités dans la vie, à part celles qu’on leur concédait, et même à huit ans, je pouvais me reconnaître là-dedans. El pensait que voyager avec un cirque serait le plus beau métier du monde, bien sûr.
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— Je n’étais même pas au courant qu’elle savait naviguer, encore moins qu’elle possédait un bateau.
Arrimé au port de Granton. Une image de nous devant le beaupré du Satisfaction s’impose douloureusement à moi – en train de rire, de crier, avec le vent chaud et tropical qui nous emmêlait les cheveux – et je suis submergée par un sentiment qui oscille entre la nostalgie et la rage.
— Elle l’a acheté sur Internet il y a deux ans. (Nouvelle bouffée de colère.)
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— Je me suis dit que pendant que tu serais là, tu aurais besoin de ça, pour aller et venir à ta guise. (Il me tend deux clefs.) Celle-ci, c’est celle du vestibule, mais je ne le ferme pas, en général. Ça, c’est pour la porte d’entrée, la nuit. Il y a aussi un verrou, mais je n’ai pas de double, alors je ne le mettrai pas.
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Ma gorge se bloque, mes yeux se mettent à me brûler. Soudain, c’en est trop : El, lui, cette maison. Je suis fatiguée, je suis triste, j’ai peur, et par-dessus tout, je suis foutrement en colère, furieuse d’avoir dû revenir ici, furieuse même qu’une partie de moi veuille être de retour ici.
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Je me tourne de nouveau vers le 36, ouvre le portail, emprunte l’allée, gravis les quatre marches de pierre, et voilà : le grattoir pour bottes en métal rouge, la dernière marche, rouge, l’immense porte rouge. Elle est entrouverte. J’ai un jour demandé à maman pourquoi on ne l’appelait pas la Maison rouge. Elle a cligné des yeux et m’a jeté un regard qui semblait dire : Pauvre idiote. Ce regard est parfois tout ce qui me revient lorsque je pense à elle, désormais.
C’est la Maison du Miroir. Comme toi et Ellice. Comme le Mirrorland.
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(...) il fait froid et il y a du soleil dans un ciel sans nuages. Le vent venu de la ville – fumée, bus à marquise, brasseries et mazout – est grêle et mordant. Ça sent la mer. Tout est pareil et rien n’est pareil. Les maisons sont les mêmes, la route est la même, et la supérette est à son emplacement de toujours : Colquhoun’s of Westeryk. Une brise soudaine, plus froide, soulève mes cheveux dans mon cou et apporte une autre bouffée saline, acide, d’air marin. Elle doit être froide aussi, la mer. J’essaie de ne pas penser à ce pseudo-shérif à l’air suffisant. Beaucoup plus froid encore.
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Je n’étais pas à Édimbourg quand ma sœur est morte. Je n’étais pas à LAX ou à JFK. Je n’étais même pas sur le balcon en fer forgé de mon appart californien, en train de contempler le Pacifique en buvant du zinfandel, faisant comme si j’étais là où j’avais toujours désiré être.
Je n’étais nulle part quand ma sœur est morte.
Parce qu’elle n’est pas morte.
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Le mari de la disparue de Leith, médecin, perd espoir. Je m’étrangle un peu. Ça me fait mal de le regarder. Ça ferait mal à n’importe qui. Ross est accroupi devant un muret, les genoux sous le menton. Les mains jointes derrière la nuque, il presse ses coudes l’un contre l’autre devant lui, comme un bouclier. Un homme en anorak long se tient debout à côté, les yeux baissés vers lui. Manifestement, il lui parle, mais Ross ne l’écoute pas. Il contemple l’estuaire, la bouche ouverte et les dents mises à nu en un gémissement atroce de désespoir absolu que j’entends presque d’ici.
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Un homme aux joues flasques, presque chauve, solennel comme la journaliste, mais avec dans les yeux une lueur qui laisse entendre qu’il fait semblant, fixe la caméra, les bras croisés. Sous sa panse satisfaite : James Paton, garde-côte de Sa Majesté, coordinateur de mission, Aberdeen.
— Nous savons que Mme MacAuley était une navigatrice expérimentée…
Ah bon ?
— … mais en considérant la vitesse du vent dans l’estuaire le matin du 3, nous estimons qu’elle avait déjà disparu depuis environ six heures au moment où l’alerte a été lancée.
Il marque une pause. Bien qu’il ne soit filmé qu’au-dessus de la taille, je vois qu’il se campe sur ses jambes comme pour tirer au fusil. Il ne parvient que de justesse à éviter de hausser les épaules.
— Au cours des soixante-douze dernières heures, la température de l’estuaire n’a pas dépassé les 7 °C. Dans ces conditions, un individu ne peut pas survivre plus de trois heures dans l’eau.
Connard, je pense. Avec la voix d’El.
La caméra repasse sur la journaliste, qui fait toujours semblant de se ficher de son brushing bousillé par le vent.
— À la fin de la deuxième journée de recherches, et dans des conditions qui vont empirant, l’espoir de retrouver Ellice MacAuley saine et sauve s’amenuise, dit-elle.
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— L’alerte a été lancée quand on a constaté que Mme MacAuley n’était pas rentrée au club royal de voile de Forth, et on a appris depuis qu’elle n’était jamais parvenue à sa destination, Anstruther, plus tôt dans la journée. La garde côtière et le RNLI participent aux recherches, mais le mauvais temps a considérablement freiné leurs efforts.
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Comment n’ai-je pas remarqué avant que c’était le même port, un endroit auquel je n’ai pas repensé depuis des décennies ? Et pourtant le voici, presque inchangé. Un frisson me bloque le cou. Une frayeur que je ne veux pas examiner davantage que tout ce qui m’est passé par la tête depuis que tous ces messages se sont mis à encombrer mon répondeur.
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La photo d’El laisse place à une journaliste : une femme jeune et enthousiaste, certainement moins de trente ans, les cheveux s’agitant dans tous les sens autour de sa tête.
— Le matin du 3 avril, Ellice MacAuley, trente et un ans, habitante de Leith, a pris la mer au club de voile du port de Granton, sur l’estuaire de Forth, et on n’a pas eu de ses nouvelles depuis.
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Il me faut près de deux verres de merlot dans un bar plus tamisé, plus feutré, loin du vacarme du Shake Shack, pour me résoudre à regarder la première vidéo.
Jour 2, 4 avril.
Et même à ce moment-là, lorsque la photo d’El apparaît à l’écran (elle rit, la tête renversée en arrière dans ce qu’elle a toujours appelé sa pose Like a Virgin, putain, avec son chemisier transparent, ses cheveux blond argenté coupés au carré), je tressaille et appuie sur « Pause ». Je ferme les yeux puis passe les doigts dans mes mèches trop longues et emmêlées, soudain complexée. Je finis mon verre, en commande un troisième, et le serveur qui me l’apporte regarde l’écran de mon ordinateur si longuement et si fixement que je me demande s’il est en train d’avoir une attaque. C’est fou ce qu’on oublie, des vérités qui étaient autrefois aussi simples que respirer. Il croit voir une photo de moi sous les mots : Ellice MacAuley est-elle vivante ou morte ?
Je retire mes écouteurs :
— Ma sœur jumelle.
— Désolé, m’dame, dit-il avec un sourire Ultra Brite.
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