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3.61/5 (sur 71 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) à : Lanarkshire (Ecosse)
Biographie :

Carole Johnstone vit en Écosse, près de Glasgow. Elle a publié pendant plus de dix ans un grand nombre de nouvelles, régulièrement primées. Mirrorland est son premier roman, dont les droits ont été cédés dans 11 pays.


Carole Johnstone est originaire du Lanarkshire, en Écosse, où elle a commencé à écrire ses propres histoires presque dès qu'elle a su lire. Dans un effort pour être «sensible», elle a étudié les sciences à l'Université calédonienne de Glasgow et, après avoir obtenu son diplôme, a déménagé dans l'Essex, en Angleterre, pour devenir radiologue dans un hôpital du NHS. Dans la trentaine, elle s'est reconvertie en dosimétriste en physique médicale, mais malgré tout ce côté pratique, l'écriture ne l'a jamais tout à fait laissée partir.

Sa première nouvelle, "The Morning After", est parue dans Black Static en 2007, et depuis lors, sa courte fiction a été largement publiée dans le monde entier. Son travail est apparu dans de nombreuses anthologies de Titan Books, Tor Macmillan, Simon & Schuster et bien d'autres. Elle a également écrit des histoires de Sherlock Holmes pour Constable & Robinson, et sa nouvelle "Signs of the Times" a remporté un British Fantasy Award.

En 2018, Johnstone a choisi de prendre un congé sabbatique d'être raisonnable et a écrit son premier roman, Mirrorland, alors qu'elle vivait sur une île en Grèce. Mirrorland a été publié en 2021 et a déjà été mis en option pour la télévision. Johnstone vit maintenant à Argyll & Bute, en Écosse, où elle écrit maintenant à temps plein et travaille dur sur un autre roman.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Prologue
5 septembre 1998

Le ciel était rose. Ça valait mieux que rouge, a observé El lorsque nous avons recommencé à avoir peur. Papy nous disait toujours : Ciel rouge le soir, délice du marin ; ciel rouge le matin, alarme du marin. Et marin, il l’avait été. Le vent était froid et se refroidissait encore. El avait encore le visage strié de larmes et les doigts agités de soubresauts. Je tremblais convulsivement.
Main dans la main, nous avons suivi l’odeur iodée jusqu’à ce que toutes les rues de hauts immeubles surpeuplés et de pavillons mitoyens se confondent en une seule bâtisse sombre où vivaient les assassins d’enfants, tapis, aux aguets. Cependant, nous n’avons vu personne. Entendu personne. Comme si nous étions de nouveau au Mirrorland.
Le port n’était que gras, essence, métal et sel. Les mouettes se réveillaient en piaillant, annonçant l’aube tels de jeunes coqs. Nous nous sommes arrêtées à côté d’un entrepôt en bois rayé et taché par l’humidité. Devant, une grue où un crochet pendait au bout de chaînes rouillées, et une rampe de pierre qui disparaissait vite sous l’eau.
Marée haute. Le moment ou jamais pour s’embarquer vers la haute mer.
El s’est cramponnée plus fort à ma main tandis que nous contemplions les balises rondes qui flottaient, les longs pontons. Il y avait des voiliers blancs et lisses dont les mâts en métal faisaient un bruit de ferraille. Et au loin, après l’estuaire, un pétrolier sur la ligne d’horizon. Aucun ne correspondait à ce que nous cherchions. À la raison de notre présence.
J’ai sorti le poudrier compact de maman de mon sac à dos et j’ai tamponné les joues d’El avec le coussinet.
— Tu as les yeux tout rouges, ai-je chuchoté, mais elle a fait comme si elle ne sentait pas la douleur.
— Tu saignes encore, a-t-elle répliqué dans un murmure, la voix encore plus rauque que moi alors que j’avais crié davantage.
— Eh, mes p’tites demoiselles, qu’est-ce que vous fabriquez là à une heure pareille, hein ?
Sa lampe torche m’a éblouie, mais quand j’ai réussi à distinguer ses traits, il était exactement comme maman l’avait dit : buriné, les dents écartées, avec une barbe blanche broussailleuse. Un Vieux Loup de Mer.
— Je m’appelle Ellice, a dit El.
J’ai senti la piqûre de ses ongles dans mes doigts, mais sa voix était calme comme l’eau du port.
— Et c’est Catriona, ma sœur jumelle.
— Ah oui ?
Il s’est approché et, lorsqu’il a titubé, j’ai senti une odeur de rhum. Mon cœur s’est mis à battre plus vite. J’ai contracté les épaules.
— Nous voulons embarquer dans un bateau pirate.
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Un homme aux joues flasques, presque chauve, solennel comme la journaliste, mais avec dans les yeux une lueur qui laisse entendre qu’il fait semblant, fixe la caméra, les bras croisés. Sous sa panse satisfaite : James Paton, garde-côte de Sa Majesté, coordinateur de mission, Aberdeen.
— Nous savons que Mme MacAuley était une navigatrice expérimentée…
Ah bon ?
— … mais en considérant la vitesse du vent dans l’estuaire le matin du 3, nous estimons qu’elle avait déjà disparu depuis environ six heures au moment où l’alerte a été lancée.
Il marque une pause. Bien qu’il ne soit filmé qu’au-dessus de la taille, je vois qu’il se campe sur ses jambes comme pour tirer au fusil. Il ne parvient que de justesse à éviter de hausser les épaules.
— Au cours des soixante-douze dernières heures, la température de l’estuaire n’a pas dépassé les 7 °C. Dans ces conditions, un individu ne peut pas survivre plus de trois heures dans l’eau.
Connard, je pense. Avec la voix d’El.
La caméra repasse sur la journaliste, qui fait toujours semblant de se ficher de son brushing bousillé par le vent.
— À la fin de la deuxième journée de recherches, et dans des conditions qui vont empirant, l’espoir de retrouver Ellice MacAuley saine et sauve s’amenuise, dit-elle.
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Il me faut près de deux verres de merlot dans un bar plus tamisé, plus feutré, loin du vacarme du Shake Shack, pour me résoudre à regarder la première vidéo.
Jour 2, 4 avril.
Et même à ce moment-là, lorsque la photo d’El apparaît à l’écran (elle rit, la tête renversée en arrière dans ce qu’elle a toujours appelé sa pose Like a Virgin, putain, avec son chemisier transparent, ses cheveux blond argenté coupés au carré), je tressaille et appuie sur « Pause ». Je ferme les yeux puis passe les doigts dans mes mèches trop longues et emmêlées, soudain complexée. Je finis mon verre, en commande un troisième, et le serveur qui me l’apporte regarde l’écran de mon ordinateur si longuement et si fixement que je me demande s’il est en train d’avoir une attaque. C’est fou ce qu’on oublie, des vérités qui étaient autrefois aussi simples que respirer. Il croit voir une photo de moi sous les mots : Ellice MacAuley est-elle vivante ou morte ?
Je retire mes écouteurs :
— Ma sœur jumelle.
— Désolé, m’dame, dit-il avec un sourire Ultra Brite.
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(...) j’entends El hurler dans mes oreilles : N’entre pas ! On ne doit entrer sous aucun prétexte ! Puis la voix de maman, plus aiguë, plus cinglante, ne souffrant jamais la contradiction ou l’expression d’une opinion : Si jamais vous entrez dans cette pièce, je me ferai des jarretières avec vos boyaux, vous m’entendez ?
Oui.
Je laisse tomber et repars à reculons, peu encline à tourner le dos à cette porte avant d’être de nouveau sur le palier, baignée d’une chaude lumière dorée. Je suis parcourue d’un frisson violent, sans savoir pourquoi. Le pourquoi est comme une démangeaison sous ma peau ; je le sens, mais pas suffisamment pour vouloir me gratter.
Arrête. C’est des fantômes, tout ça. Rien d’autre.
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Quelques jours de plus et vous vous seriez fondues l’une dans l’autre pour devenir quelqu’un d’autre, comme le sable et le calcaire se mêlent pour faire du verre.
Cette idée m’avait effrayée. Comme si nous n’avions échappé que de peu à devenir un monstre.
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Soudain avide d’air frais, je vais à la fenêtre et tire fort sur la guillotine. Comme elle ne bouge pas, je baisse les yeux : une douzaine de longs clous tordus sont plantés dans le bois, à travers le cadre de la fenêtre. Et ce détail n’a aucune raison de me faire peur, pourtant, il me fait aussi peur que cette fraction de seconde, à L.A., où j’ai pensé qu’El était peut-être réellement morte. Ou que cette partie de moi qui se réjouit d’être ici. En ce lieu où ma première vie s’est terminée et n’était jamais, jamais censée redémarrer.
— Oh, El, je murmure, pressant les doigts contre la vitre froide. Qu’est-ce que t’as foutu ?
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(...) il fait froid et il y a du soleil dans un ciel sans nuages. Le vent venu de la ville – fumée, bus à marquise, brasseries et mazout – est grêle et mordant. Ça sent la mer. Tout est pareil et rien n’est pareil. Les maisons sont les mêmes, la route est la même, et la supérette est à son emplacement de toujours : Colquhoun’s of Westeryk. Une brise soudaine, plus froide, soulève mes cheveux dans mon cou et apporte une autre bouffée saline, acide, d’air marin. Elle doit être froide aussi, la mer. J’essaie de ne pas penser à ce pseudo-shérif à l’air suffisant. Beaucoup plus froid encore.
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Le mari de la disparue de Leith, médecin, perd espoir. Je m’étrangle un peu. Ça me fait mal de le regarder. Ça ferait mal à n’importe qui. Ross est accroupi devant un muret, les genoux sous le menton. Les mains jointes derrière la nuque, il presse ses coudes l’un contre l’autre devant lui, comme un bouclier. Un homme en anorak long se tient debout à côté, les yeux baissés vers lui. Manifestement, il lui parle, mais Ross ne l’écoute pas. Il contemple l’estuaire, la bouche ouverte et les dents mises à nu en un gémissement atroce de désespoir absolu que j’entends presque d’ici.
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Elle a couru de l’autre côté de l’entrepôt, ramassé un anneau d’amarrage cassé, couvert de rouille écaillée. Les mains froides et claquant des dents, nous y avons attaché les bras du pull à l’aide de nœuds marins. Puis nous nous sommes précipitées vers l’eau clapotante du port et avons balancé le tout au loin de toutes nos forces. Ça a fait un grand plouf. Le temps de retourner à la jetée de pierre, nous étions hors d’haleine. Nous nous donnions toutes deux tant de mal pour ne pas pleurer qu’on aurait cru à nous entendre que nous étouffions de nouveau.
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Je me tourne de nouveau vers le 36, ouvre le portail, emprunte l’allée, gravis les quatre marches de pierre, et voilà : le grattoir pour bottes en métal rouge, la dernière marche, rouge, l’immense porte rouge. Elle est entrouverte. J’ai un jour demandé à maman pourquoi on ne l’appelait pas la Maison rouge. Elle a cligné des yeux et m’a jeté un regard qui semblait dire : Pauvre idiote. Ce regard est parfois tout ce qui me revient lorsque je pense à elle, désormais.
C’est la Maison du Miroir. Comme toi et Ellice. Comme le Mirrorland.
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