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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782265154759
448 pages
Fleuve Editions (26/08/2021)
3.61/5   71 notes
Résumé :
Cat est partie s’installer à Los Angeles, loin de sa ville natale d’Edimbourg, et de sa sœur jumelle, El, dont elle est sans nouvelles depuis de longues années. La première partie de sa vie semble effacée de sa mémoire. Mais le jour où elle apprend la disparition inquiétante de sa sœur, elle décide de rentrer en Ecosse.
La police locale l’attend en effet pour l’interroger.

Peu après son arrivée, des messages apparaissent en divers endroits de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Cat et El sont jumelles. Alors qu'elles ne se parlent plus depuis 12 ans, Cat apprend la disparition de sa soeur et doit se résoudre à retourner en Écosse sur les traces de son enfance. Mais pour elle, sa soeur n'est pas morte et leur joue un tour à sa façon.
Mirrorland est un thriller original, avec une narration un peu déroutante, qui mêle le passé et le présent, le réel et l'imaginaire. Parce que Mirrorland, c'est le monde que les jumelles ont créé, un monde peuplé de fées et de pirates qu'elles explorent. Et quand Cat revient dans la maison de son enfance, les frontières se brouillent et les souvenirs affluent.
L'intrigue est vraiment prenante et distille au compte-goutte les infos sur l'enfance des jumelles, tout en développant avec habileté l'enquête sur la disparition d'Ellice.
Pour ses personnages, l'autrice distille une ambigüité à leur sujet, les indices qu'elle nous laissent nous obligeant à nous interroger sur les caractères et les relations qu'ils ont.
Mirrorland est un livre au style original avec un suspense prenante difficile à lâcher.
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Catriona Mac Auley vit en Californie, loin de son Ecosse natale et de sa soeur jumelle Ellice, avec qui elle est en froid depuis des années. Lorsqu'Ellice disparait mystérieusement en mer lors d'une sortie solitaire sur son voilier, Cat décide de rentrer en Ecosse. Malgré le différent qui les sépare, leur lien gémellaire semble plus fort que tout : Cat est en effet persuadée qu'El est vivante car elle reçoit depuis son arrivée des mails accusant étrangement son beau-frère Ross de la disparition de sa soeur. D'étranges messages apparaissent également en divers endroits de leur maison, qui n'est autre que le lieu où elles ont passé leur enfance en compagnie d'une mère paranoïaque et d'un grand-père dément. Ces messages font référence au Mirrorland, un pays imaginaire que les deux soeurs s'étaient inventé pour terrain de jeu et refuge personnel, qui se transforme dés lors en jeu de piste pour inciter Cat à retrouver sa soeur. Qu'est-elle devenue? El est-elle vivante ou morte? Qui envoie ces indices? Cat devra accepter de renouer avec son passé pour découvrir la vérité.

La couverture de ce roman m'a terriblement intriguée: le titre, l'image et l'avis de Stephen King... Je l'ai espéré tout l'été et lorsque que je l'ai obtenu via Netgalley, je me suis littéralement jetée dessus. Excellent choix !!! le roman n'est pas parfait mais l'univers dans lequel il m'a entrainé m'a complétement séduite.

Je parle d'emblée des points négatifs pour m'en débarrasser : j'ai compris certaines choses après coup, certains éléments manquant de clarté ou étant juste sous-entendus. A la moitié du livre, la redondance des messages et mails reçus anonymement et demeurant toujours inexpliqués commençait à devenir lassante: peut-être que certaines longueurs auraient pu être évitées? Mais tout cela n'est pas grave, car j'ai adoré ce roman pour plusieurs raisons.

Tout d'abord l'atmosphère étrange de cette maison victorienne dont l'auteur nous révèle les moindres recoins, un véritable labyrinthe qui semble se mouvoir au gré des souvenirs de Cat. Des souvenirs qui ont plus de vingt ans et qui ne semblent pas très fiables. Cat se replonge dans l'univers qu'elle a créé avec sa soeur jumelle, un monde à la fois merveilleux et cauchemardesque peuplé de personnages fantasmagoriques inspirés d'une littérature dont les abreuve leur mère. de ces contes et récits d'aventures est issue une effrayante panoplie de clowns, fées, pirates et sorcières qui animent le Mirroland, un pays imaginaire dont il faut pourtant se méfier. Comme dans certains romans de Stephen King, on retrouve ici le thème de l'enfance notamment dans sa puissance créative. Les deux soeurs, cloîtrées chez elles, nourries de littératures fantastiques, se sont échappées de la réalité par leur imaginaire. J'ai aimé le sens du détail dans l'écriture, même si je pense que la traduction manque parfois de justesse. La relation entre Cat, El et Ross m'a semblé assez caricaturale, j'ai préféré ces personnages dans les passages consacrés à leur enfance.

Malgré ses défauts, je trouve que ce roman est un sacré bon thriller, par contre je conseille de le lire en étant absolument AU CALME, et ce en raison des passages non dissociés entre le passé et le présent. Il m'a été possible de le lire « coupée du monde » pour véritablement « être dedans » et l'apprécier, mais en d'autres circonstances je serai passée à côté.

Je remercie les Editions Fleuve et NetGalley pour cette lecture originale.
Lien : https://loeilnoir.wordpress...
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Lorsque j'ai découvert le synopsis de Mirrorland, j'ai été totalement captivée. Il faut dire aussi que la petite phrase de Stephen King a plus qu'éveillé mon intérêt. Et bordel ! Quelle lecture ! Juste woh ! Tout, j'ai tout aimé. J'ai été happée par cette histoire angoissante à l'ambiance glauque. Là encore c'est le gros foutoir dans ma tête, car soyons honnête cette histoire m'a complètement retourné et malmené, et clairement j'ai adoré ça.

Ici nous allons faire la connaissance de Cat qui vit a Los Angeles depuis plus de dix ans. Lorsque ça soeur jumelle El disparaît en mer, la jeune femme retourne en Ecosse, persuadée que El lui joue encore un mauvais tour. Dés son arrivée Cat est interrogée par la police, tout semble supposer que ça soeur a sans doute eu un terrible accident. Cependant Cat commence à recevoir des messages anonymes lui intimant de partir, mais aussi des mails qui la lance dans une chasse aux indices… est ce El qui s'amuse avec sa soeur en remuant le passé ?

L'histoire de El et Cat m'a totalement captivée, ces jumelles miroirs m'ont passionné, une fois ce livre commencé j'ai eu beaucoup de mal à interrompre ma lecture. J'ai été totalement happée par le mirrorland ce monde qu'elles se sont créées quand elles étaient enfants.

J'ai adoré l'atmosphère créée par l'auteure, lourde et pesante, parfois glauque. J'ai aussi énormément aimé le fait que présent et passé s'entremêlent. J'ai navigué dans le flou, un peu à tâtons aux côté de Cat, espérant démêler les rouages de son passé et du traumatisme qu'elle a vécu. J'ai eu l'impression d'être perdue dans un immense labyrinthe, recherchant le moindre indices pour en sortir, et j'ai adoré cette sensation.

Il faut aussi que je vous parle du Mirrorland, le monde que Cat et El ont imaginé lorsqu'elles étaient enfants. Ce monde fantastique et un peu lugubre peuplé de créature particulièrement étranges. Certaines gentilles, d'autres mauvaise. Ce monde complexe, m'a passionné et tout au long de ma lecture j'avais une question, et si il était réel ?

J'ai aussi beaucoup aimé Cat, je l'ai trouvé particulièrement réelle, avec ses qualités mais aussi ses défauts et ses doutes. Je l'ai trouvé passionnante et particulièrement attachante. Et si El n'est pas présente comme on pourrait si attendre elle reste un personnage omniprésent tout au long de cette histoire. On l'a découvre enfant, on apprend des détails de sa vie d'adulte par les personnes qu'elle fréquentait mais aussi par son mari. Son mari Ross qui est leur ami d'enfance.


En parlant de Ross, j'ai eu du mal avec ce personnage, je l'ai trouvé très bien développé mais il me mettait mal à l'aise durant ma lecture. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais malgré l'épreuve qu'il traverse je n'ai pas réussi à avoir de la compassion pour lui.

Mirrorland est surtout une histoire qui nous plonge dans les méandres de l'enfance, de l'imagination mais surtout, sur la psychologie familiale. Clairement je ne suis pas ressortie entière de cette lecture.

Pour ce qui est de la plume de l'auteure, j'ai adoré ! J'ai adoré son style un peu particulier qui rajoute de l'épaisseur à l'histoire mais aussi à l'ambiance qu'elle a créé.

Pour conclure, ce livre est un étrange coup de coeur, glauque et particulier. J'ai adoré ma lecture et je ne peux que vous la conseiller si vous vous sentez prêt à plonger dans le Mirrorland.
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J'avoue que la prise de contact avec ce roman ne s'est pas forcément passée aussi bien que je l'espérais, j'ai en effet eu beaucoup de mal à me plonger dans l'intrigue et à accrocher aux personnages. Heureusement le mix réussi entre le thriller psychologique et la chasse au trésor et l'ambiguïté grandissante de certains protagonistes ont fini par me faire oublier ces débuts difficiles.

Il faut dire que Carole Johnstone sait y faire quand il s'agit de nous faire douter de ses personnages (le lecteur aura bien du mal à démêler le vrai du faux autour de El, Ross et même Cat). Qu'est-il réellement arrivé à El ? Pourquoi les deux soeurs étaient-elles brouillées depuis plus de dix ans ? Et surtout que s'est-il passé cette nuit du 4 septembre 1998 où tout a basculé ?

À travers un jeu de piste macabre (sous forme d'une chasse au trésor parsemé d'indices) orchestré par sa soeur, Cat va redécouvrir le Mirrorland, un monde imaginaire que les deux soeurs avaient créé pour échapper à la réalité ; un voyage dans le passé qui va faire remonter les souvenirs refoulés des traumatismes de leur enfance.

Le récit à la première personne nous permet de suivre l'intrigue du point de vue de Cat, avec elle on redécouvre son passé pour dénouer les événements du présent (la disparition en mer de sa soeur… accident, suicide ou homicide ?).

Au départ la situation paraît très embrouillée, mais heureusement les choses se précisent peu à peu. Ce qui ne signifie pas pour autant que tout devient limpide comme de l'eau de roche, au contraire le lecteur n'a pas fini de douter et de s'interroger. Les multiples rebondissements rebattent totalement les cartes, trop peut-être… j'ai trouvé en effet que l'ultime retournement de situation était un peu (beaucoup) too much, idem pour les explications qui suivront ; du coup la crédibilité de l'intrigue prend du plomb dans l'aile.

Pour qu'un thriller psychologique fonctionne, il faut que les personnages soient particulièrement crédibles, c'est heureusement le cas ici. le trio formé par Cat, El et Ross est très réussi et vous donnera bien du fil à retordre. Les personnages secondaires ne sont pas pour autant laissés pour compte, je pense notamment au duo d'enquêteurs formé par Rafiq et Logan.

L'intrigue est plutôt bien ficelée (machiavélique parfois) malgré quelques bémols. L'idée de combiner le passé et le présent est une idée plutôt bien trouvée et bien exploitée, idem pour l'essentiel de l'intrigue qui se joue quasiment à huis clos.

Force est toutefois de reconnaître que pour son premier roman Carole Johnstone n'a pas fait le choix de la simplicité, ça force le respect.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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J'ai saisi ce roman un peu par hasard et je ne l'ai pas regretté. L'univers des jumeaux contient encore maintenant du mystère, de l'inconnu car comment vit-on avec un double identique de soi même, où commence l'autre et où finit-on ?
Ici, des jumelles miroir (certaines caractéristiques apparaissent de manière asymétrique, en vis à vis, comme si elles se regardaient dans un miroir) nommées Ellice et Catriona. Leur nouvelle vie débute en septembre 1998 sur le quai d'un port d'Ecosse où elles sont retrouvées : elles ne se rappellent plus leur passé commun.
Des années après, Cat revient d'un exil volontaire de 12 ans à San Francisco : sa soeur est portée disparue en mer alors qu'elle naviguait. Cat et El se sont fâchées, séparées et se manquent.
Cat retrouve Ross Mac Cauley, l'époux de sa soeur, devenu médecin psychiatre, dont elles étaient enfants toutes les deux amoureuses, mais surtout la maison dans laquelle elles habitaient, meublée comme autrefois et un passé qu'elles avaient occulté à dessein pour survivre. Si Cat est d'abord persuadé que celle qui est la jumelle dominante, El, s'amuse à leur faire peur, rapidement, l'évidence s'impose et les questions aussi. Car étrangement, plusieurs femmes du village avisent Cat que Ross n'est pas celui qu'elle croit, qu'El voulait s'enfuir : qui croire surtout que des lettres arrivent régulièrement ainsi que des indices pour une chasse au trésor, vont obliger Cat à ouvrir les yeux.
Ce roman est envoûtant : on ne sait où commence la réalité et quelle est la fiction. Il y a des personnages de conte de fées maléfiques : une mère qui cache l'identité du père des fillettes, une grand-père formidable, mais aussi une sorcière, Barbe Noire, Barbe Bleue, un café clown, un vaisseau pirate, Anne Bon (la pirate), une jungle, une tour de princesse, Souris ... A la façon d'un Narnia maléfique, d'un Overlook nouveau genre, l'auteur nous entraîne vers les abysses de l'esprit de Catriona et de ceux qui l'entourent. Il n'est pas toujours évident de suivre l'enchaînement des univers dans lesquels on bascule rapidement. J'ai bien sûr pensé à Alice, mais aussi à "l'histoire de Lisey" de S. KIng dans laquelle l'écrivain Scott Landon pour survivre à une famille dysfonctionnelle, a un monde imaginaire Na'Ya Lune où il se ressource. Un roman pas forcément "diaboliquement intelligent" comme le note S. KING, mais un bon bouquin sur le pouvoir de l'imaginaire et la résilience accompagnée par les lectures ambitieuses et la curiosité.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Prologue
5 septembre 1998

Le ciel était rose. Ça valait mieux que rouge, a observé El lorsque nous avons recommencé à avoir peur. Papy nous disait toujours : Ciel rouge le soir, délice du marin ; ciel rouge le matin, alarme du marin. Et marin, il l’avait été. Le vent était froid et se refroidissait encore. El avait encore le visage strié de larmes et les doigts agités de soubresauts. Je tremblais convulsivement.
Main dans la main, nous avons suivi l’odeur iodée jusqu’à ce que toutes les rues de hauts immeubles surpeuplés et de pavillons mitoyens se confondent en une seule bâtisse sombre où vivaient les assassins d’enfants, tapis, aux aguets. Cependant, nous n’avons vu personne. Entendu personne. Comme si nous étions de nouveau au Mirrorland.
Le port n’était que gras, essence, métal et sel. Les mouettes se réveillaient en piaillant, annonçant l’aube tels de jeunes coqs. Nous nous sommes arrêtées à côté d’un entrepôt en bois rayé et taché par l’humidité. Devant, une grue où un crochet pendait au bout de chaînes rouillées, et une rampe de pierre qui disparaissait vite sous l’eau.
Marée haute. Le moment ou jamais pour s’embarquer vers la haute mer.
El s’est cramponnée plus fort à ma main tandis que nous contemplions les balises rondes qui flottaient, les longs pontons. Il y avait des voiliers blancs et lisses dont les mâts en métal faisaient un bruit de ferraille. Et au loin, après l’estuaire, un pétrolier sur la ligne d’horizon. Aucun ne correspondait à ce que nous cherchions. À la raison de notre présence.
J’ai sorti le poudrier compact de maman de mon sac à dos et j’ai tamponné les joues d’El avec le coussinet.
— Tu as les yeux tout rouges, ai-je chuchoté, mais elle a fait comme si elle ne sentait pas la douleur.
— Tu saignes encore, a-t-elle répliqué dans un murmure, la voix encore plus rauque que moi alors que j’avais crié davantage.
— Eh, mes p’tites demoiselles, qu’est-ce que vous fabriquez là à une heure pareille, hein ?
Sa lampe torche m’a éblouie, mais quand j’ai réussi à distinguer ses traits, il était exactement comme maman l’avait dit : buriné, les dents écartées, avec une barbe blanche broussailleuse. Un Vieux Loup de Mer.
— Je m’appelle Ellice, a dit El.
J’ai senti la piqûre de ses ongles dans mes doigts, mais sa voix était calme comme l’eau du port.
— Et c’est Catriona, ma sœur jumelle.
— Ah oui ?
Il s’est approché et, lorsqu’il a titubé, j’ai senti une odeur de rhum. Mon cœur s’est mis à battre plus vite. J’ai contracté les épaules.
— Nous voulons embarquer dans un bateau pirate.
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Un homme aux joues flasques, presque chauve, solennel comme la journaliste, mais avec dans les yeux une lueur qui laisse entendre qu’il fait semblant, fixe la caméra, les bras croisés. Sous sa panse satisfaite : James Paton, garde-côte de Sa Majesté, coordinateur de mission, Aberdeen.
— Nous savons que Mme MacAuley était une navigatrice expérimentée…
Ah bon ?
— … mais en considérant la vitesse du vent dans l’estuaire le matin du 3, nous estimons qu’elle avait déjà disparu depuis environ six heures au moment où l’alerte a été lancée.
Il marque une pause. Bien qu’il ne soit filmé qu’au-dessus de la taille, je vois qu’il se campe sur ses jambes comme pour tirer au fusil. Il ne parvient que de justesse à éviter de hausser les épaules.
— Au cours des soixante-douze dernières heures, la température de l’estuaire n’a pas dépassé les 7 °C. Dans ces conditions, un individu ne peut pas survivre plus de trois heures dans l’eau.
Connard, je pense. Avec la voix d’El.
La caméra repasse sur la journaliste, qui fait toujours semblant de se ficher de son brushing bousillé par le vent.
— À la fin de la deuxième journée de recherches, et dans des conditions qui vont empirant, l’espoir de retrouver Ellice MacAuley saine et sauve s’amenuise, dit-elle.
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Il me faut près de deux verres de merlot dans un bar plus tamisé, plus feutré, loin du vacarme du Shake Shack, pour me résoudre à regarder la première vidéo.
Jour 2, 4 avril.
Et même à ce moment-là, lorsque la photo d’El apparaît à l’écran (elle rit, la tête renversée en arrière dans ce qu’elle a toujours appelé sa pose Like a Virgin, putain, avec son chemisier transparent, ses cheveux blond argenté coupés au carré), je tressaille et appuie sur « Pause ». Je ferme les yeux puis passe les doigts dans mes mèches trop longues et emmêlées, soudain complexée. Je finis mon verre, en commande un troisième, et le serveur qui me l’apporte regarde l’écran de mon ordinateur si longuement et si fixement que je me demande s’il est en train d’avoir une attaque. C’est fou ce qu’on oublie, des vérités qui étaient autrefois aussi simples que respirer. Il croit voir une photo de moi sous les mots : Ellice MacAuley est-elle vivante ou morte ?
Je retire mes écouteurs :
— Ma sœur jumelle.
— Désolé, m’dame, dit-il avec un sourire Ultra Brite.
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(...) j’entends El hurler dans mes oreilles : N’entre pas ! On ne doit entrer sous aucun prétexte ! Puis la voix de maman, plus aiguë, plus cinglante, ne souffrant jamais la contradiction ou l’expression d’une opinion : Si jamais vous entrez dans cette pièce, je me ferai des jarretières avec vos boyaux, vous m’entendez ?
Oui.
Je laisse tomber et repars à reculons, peu encline à tourner le dos à cette porte avant d’être de nouveau sur le palier, baignée d’une chaude lumière dorée. Je suis parcourue d’un frisson violent, sans savoir pourquoi. Le pourquoi est comme une démangeaison sous ma peau ; je le sens, mais pas suffisamment pour vouloir me gratter.
Arrête. C’est des fantômes, tout ça. Rien d’autre.
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Soudain avide d’air frais, je vais à la fenêtre et tire fort sur la guillotine. Comme elle ne bouge pas, je baisse les yeux : une douzaine de longs clous tordus sont plantés dans le bois, à travers le cadre de la fenêtre. Et ce détail n’a aucune raison de me faire peur, pourtant, il me fait aussi peur que cette fraction de seconde, à L.A., où j’ai pensé qu’El était peut-être réellement morte. Ou que cette partie de moi qui se réjouit d’être ici. En ce lieu où ma première vie s’est terminée et n’était jamais, jamais censée redémarrer.
— Oh, El, je murmure, pressant les doigts contre la vitre froide. Qu’est-ce que t’as foutu ?
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