Sur la piste des chimères | Bande annonce de l'album
Mais voilà qu'un samedi,
poursuivant un pickpocket
qui dans sa poche avait fait cueillette,
Monsieur Matuvu emprunte
pour la première fois la rue des fossés fleuris.
" Mais au fil des jour, de cette cage dorée, prison de l'esprit et horizon bouché, l'oiseau désire s'envoler...
S'échapper."
Car dans ce pays où souffle la légende, chacun tremble à l'idée de croiser, quand l'heure vient à se dérégler, le messager de la mort alors que nul au sein du foyer ne l'attend encore.
Un autre soir, elle voulut voir les montagnes enneigées et dévaler
les pentes toutes poudrées.
Pour faire vibrer son cœur, il l'emmena alors là où la terre est vêtue de son grand manteau blanc, au royaume des hauteurs.
Au clair de lune, d'infimes fragments d'étoiles scintillaient
de mille éclats.
Elle savourait ces instants de pure merveille, à l'abri du soleil.
C'était si beau qu'elle ne disait pas un mot.
Depuis que ses nouveaux voisins de palier étaient arrivés,
leurs volets restaient fermés ou leurs rideaux tirés.
Dans le quartier, les gens s'interrogeaient :
- Savez-vous qui ils sont ?
- Non, aucune idée. Il y a une enfant à ce qu'il paraît.
Lui aussi était intrigué. Pourquoi vivaient-ils ainsi cachés ?
Dehors, ils allèrent de quartier en quartier. Ils s'amusèrent le long des trottoirs, pareils à des funambules.
Puis encore et encore, ils dansèrent. Encore et encore, ils chantèrent.
Même la lune, pleine de ces morceaux de rêve, entra dans la ronde. Heureuse de sortir de sa bulle, la fillette rit, elle rit à en pleurer.
Jour après jour, il revint frapper à sa porte.
Elle était toujours là.
Chaque fois, il attendait qu'au dehors l'azur brunisse puis
ouvrait doucement les volets, faisant signe à la lune d'entrer.
L'astre de nuit, complice, adoucissait les ombres,
éclairait les murs de lueurs pâles.
Devant eux se dessinait un théâtre imaginaire où les deux enfants, telles des silhouettes de papier, jouaient sur la scène de leurs rêves.
Cependant aux yeux de son père aimant, elle n'est encore qu'une enfant. Il faut attendre, être patiente. Mais à l'instant présent, elle perçoit l'avenir comme trop lent à venir.
Adieu navets, radis et topinambours : tout aura disparu au petit jour.
C'est fort regrettable mais je le laisse faire, trop heureuse de crayonner une première Chimère.
Au seuil d'Avril, enfin voilà
le vrai soleil qui se réveille !
C'est l'heure à laquelle en bas
sur la terre au sortir de l'hiver,
deci delà, des bourgeons de velours
éclosent sous un ciel troubadour.
Damoisaile se presse d'accrocher
ses créations au fil des saisons.