En arrivant à Paname, les Allemands s'étaient rendu compte qu'une menace plus dangereuse qu'eux sévissait déjà. Alors, en accord avec leurs autorités, ils laissèrent ma famille, les Renoir, continuer leurs petites affaires. Je vais vous dire : cela aurait été plus simple si j'avais dû zigouiller des rongeurs et encore... j'en avais horreur. Bon, je ne vais pas vous mentir plus longtemps, je déteste toutes les bestioles, qu'importe l'espèce animale. Sauf que la plus terrible de toutes, celle que je traquais chaque nuit demeurait mon pire cauchemar. Mais voilà, l'honneur de la famille restait ma priorité. Si bien que même si j'avais le trouillomètre à zéro, je devais quand même braver mes peurs en affrontant mon ennemi juré : le vampire.
Un roman de Cécilia Correia, Rebelle Editions, Septembre 2012
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Elle détestait vivre chez les hommes. Ils étaient difficiles à supporter et, surtout, elle en avait par-dessus les oreilles de cette guerre. Non contente d'être obligée de se cacher lorsqu'elle sortait après le couvre-feu du travail, elle devait désormais porter un signe distinctif sur le cœur simplement parce qu'elle était juive, tout comme sa mère ! Cette discrimination était totalement absurde. Pourquoi certaines personnes avaient-elles peur des différences au point de haïr les autres ?
(pensées d'une naine gobelin juive pendant la 2nde guerre mondiale).
- Ne me refait plus jamais ça, espèce de... de... fripouille !
Je frappai son torse de multiples coups.
- Oh, franchement ! Je ne mérite pas mieux comme nom d'oiseau, Aliette ?
Je lui adressai un sourire malicieux et récitai en un seul trait :
- Cabot, cornichon, enflure démoniaque, enseigne de cimetière, face de sangsue, râtelier trop aiguisé, pire qu'un singe lépreux en rut... Tu veux que je continue ?
Ces yeux s'écarquillèrent. Je jubilai.
- A mon avis t'as dû être fini au bain-marie, gelé, regelé et démoulé un peu trop chaud ! Le jour où le vent de beauté a soufflé, tu étais allongé avec la tête dans le sable. Que Dieu fasse en sorte que tes fesses te grattent et que t'aies les bras trop courts...
Lawrence posa sa grande paluche sur ma bouche pour m'empêcher de parler.
- C'est bon, j'ai compris ! J'ai tendu la perche à un véritable moulin à insultes ! s'exclama-t-il.
- (…) J'espère au moins que tu as apprécié la chose, parce que ceci ne se reproduira plus, tu saisis ?
- Loin de moi cette idée ! s'exclama-t-il en me reluquant de haut en bas. Tu n'es pas du tout mon genre !
- Ah oui ? Et, c'est quoi, ton « genre » ?
- Je ne sais pas, bredouilla-t-il. Peut-être... peut-être un peu plus grande.
- Je ne suis pas petite, c'est toi qui es immense !
- Et aussi plus réaliste...
- Dit celui qui pensait réussir à contrôler sa réaction orgasmique...
- En tout cas, moi, je ne suis pas... comment vous dites déjà, les Français ? Un trouillard !
- Au fait, ça me fait penser que petite ou pas, l'autre soir, tu as détalé comme un lapin avec le feu aux fesses, en me voyant avec mon pieu...
(Lawrence et Aliette).
N'allez pas croire que j'éprouvais des sentiments pour ce chenapan ! Pour ça, il aurait fallu qu'il soit moins manipulateur, vicieux, fripouille, canaille, arrogant, alléchant, séducteur... Zut ! Passez au paragraphe suivant, s'il vous plaît.
- Alors, comme ça, la raclure est morte ? C'est vous ?
Lawrence resta silencieux et fit non de la tête.
- Parce que ça m'étonnerait que ce soit Aliette. Elle est tellement froussarde qu'elle a même peur de son ombre ! ajouta mon père d'un ton cassant. Mais, que voulez-vous, c'est une femme... On ne peut pas non plus lui demander de savoir utiliser une arbalète ou un pistolet. Déjà qu'elle ne sait pas tenir la maison correctement !
- Une flamme n'aurait pas autant d'effets sur une bougie !
- Dois-je prendre ça pour un compliment, Mademoiselle Renoir ?
- Ça dépend de quel point de vue on se place, celui de la bougie ou de la flamme.
- Pourquoi ? As-tu l'intention de m'allumer la mèche ?
Oh non... Cette conversation tournait au vinaigre ! Pourquoi lui avais-je tendu la perche, moi aussi ?
- C'est un peu égoïste, de ta part, tu ne trouves pas ?
Sytry me fusilla du regard.
- Qu'est-ce que tu insinues par là ?
- Tu veux devenir humain, mais tu te moques de ce que les autres ressentiraient si par malheur tu venais à décéder. Par contre, pour Murmur, tu ne veux pas qu'il reste comme ça, parce que tu as peur de souffrir s'il meurt. C'est de l'égoïsme, Sytry.
Bon, j'avouai qu'en repensant à cette histoire, j'avais peut-être poussé le bouchon un peu trop loin. L'alcool rend mauvais, comme on dit. Pourtant, en général, j'étais plutôt rigolote, mais là, j'avais vraiment le cafard. Et le cafard associé à la picole, ça ne donne pas forcément un bon résultat le lendemain. Bref, j'allais avoir sacrément mal aux cheveux...
C'est toujours lorsque vous êtes brouillés avec un ami que vous vous rendez compte à quel point vous y êtes attaché.
Agacée, je lui tirai la menteuse.
Plus vif que l'éclair, il saisit mon visage entre ses doigts et me força à le regarder.
- Une langue sert à beaucoup de choses, mais sûrement pas à me narguer. Garde-la bien dans ta bouche, mon cœur, sinon je risquerais de te la voler.
(dixit Sytry)