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Critiques de Céline Didier (16)
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C’était ton vœu

«  Je veux que, plus tard,

les descendants de ma famille sachent

quelle lutte continue et sournoise

nous avons menée pour libérer note beau pays

Je veux surtout que l'on sache

la vie terrible que nous avons vécue

dans les bagnes nazis »



C'était le voeu d'Hippolyte Thévenard, né en 1920, résistant et maquisard durant la Deuxième guerre mondiale, déporté à Dachau après avoir été dénoncé par un milicien. Il s'est tu durant toute sa vie, cachant à sa famille les détails de l'enfer concentrationnaire comme si parler lui aurait été trop lourd à porter.



Hippolyte était le grand-père de l'autrice. Elle a retrouvé son cahier de souvenirs ainsi qu'une quinzaine de feuilles volantes permettant de restituer son parcours de 1939 à 1945.



« Et si l'on écrivait cette histoire ? »



Céline Didier aurait pu faire de son texte un livre d'histoire à partir des archives de la Résistance de l'Ain et de Dachau. Elle a plutôt préféré de partir de son vécu de petite-fille, de ses souvenirs d'enfant, de ses réflexions d'adulte. On sent combien elle s'est imprégnée des écrits de son grand-père, heureuse d'avoir un accès direct à lui dans une version non édulcorée.



Très tendrement, elle croise son histoire personnelle avec celle d'Hippolyte. Ses mots s'entretissent avec les siens ouvrant un dialogue intergénérationnel au delà de la mort. Elle cherche des signes, des points communs, des coïncidences pour s'approprier la vie de ce grand-père qu'elle a peu connu :



« quand ces petits signes

surgissent

sans crier gare

ça donne des frissons

ça devient

comme une évidence

comme un petit clin d'oeil de la vie »



Elle a écrit sous la forme d'une longue poésie en vers libres dans une langue simple, directe et accessible qui dit l'urgence à raconter son grand-père. Comme si elle avait écrit d'une traite pour qu'on lise dans un souffle. Avec les nombreux retours à la ligne, le texte respire, insistant sur certains mots, certaines phrases, proposant ainsi un passage de témoin tout en douceur pour interroger sur le devoir de mémoire, l'engagement et la transmission au sein des familles.



PS : j'ai adoré la petite histoire à la fin des « selfies » facétieux d'Hippolyte au photomaton qui ornent la couverture.



Lu dans le cadre de la sélection 2023 des 68 Premières fois
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C’était ton vœu

«Je veux que l'on sache ce que nous avons vécu dans les bagnes nazis »



À la mort de son grand-père, Céline Didier retrouve un cahier de souvenirs. C'est en vers libres qu'elle exauce le souhait de ce résistant et déporté de raconter son expérience, de dire l'indicible.



Il faut l'écrire cette histoire, l'histoire de Simone et Polyte, l'histoire des résistants, l'histoire aussi du con qui a envoyé le grand-père en camp de concentration. Même si on s'en fout un peu de sa vie de con.

Oui, il faut l'écrire car Hippolyte vient de mourir, 44 ans après être revenu de Dachau. De lui, il reste la figure du grand-père qui décide à 18 ans de s'engager et qui part pour le Maroc. De lui, il reste ce ruban rouge de la légion d'honneur «qui faisait joli». De lui, il reste un cahier avec un minaret sur la couverture où sont couchés les souvenirs, avec ces mots: «personnel et privé».

Voilà donc la petite-fille de résistants explorant cette autobiographie succincte, égrenant les dates et la vie de cet homme engagé. Jusqu'à ce retour en France, jusqu'à cet été 1944 et ces quelques mots entourés de deux dates:

«29 juin

Branle-bas de combat dans la prison Évacuation très rapide des prisonniers

avec leurs baluchons

direction la sortie.

«Minute inoubliable !

Devant le portail

des SS

Oui des boches.

Nous étions 800 et quelques résistants français

livrés à l'ennemi

par la police

soi-disant française »

Chargés dans des cars

direction Perrache

Entassés dans un train

direction l'Allemagne

2 juillet

Arrivée du convoi dans le camp de Dachau.»

Si le carnet n'en dit pas plus, il reste des notes, des brouillons pour dire les horreurs endurées, l'indicible. Et, après le choc de ces lignes insoutenables, la volonté de répondre à l'appel de son grand-père, de témoigner, de ne pas laisser son histoire sombrer dans l'oubli. De suivre le souhait émis dans la préface de ce récit sobrement intitulé Souvenirs:

«Je veux que, plus tard, les descendants de ma famille sachent quelle lutte continue et sournoise nous avons menée pour libérer notre beau pays. Je veux surtout que l'on sache la vie terrible que nous avons vécue dans les bagnes nazis».

Est-ce un hasard si Céline Didier s'est installée dans la Bretagne de Joseph Ponthus pour se lancer dans l'écriture de ce livre? Toujours est-il qu'elle s'est rapprochée du style de l'auteur des Carnets d'usine pour remplir son devoir de mémoire. Les vers libres donnent tout à la fois une dimension poétique et une fluidité de lecture à ces pages dont Hippolyte serait sans doute fier. Et c'est sans doute le plus beau compliment à faire à l'écrivaine.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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C’était ton vœu

Hippolyte Thévenard est un résistant, un combattant, un courageux, un déporté. Mais c’est aussi un grand-père aimant et aimé. De sa vie d’avant restent des écrits, des souvenirs, des mots couchés sur un cahier pour remplir les silences. Et c’est en son honneur, pour lui rendre hommage, pour lui assurer d’un impossible oubli, que sa petite-fille nous livre son histoire…



On le dit, on le répète, il ne faut pas oublier. Toute la violence, la haine, l’ignominie des camps et des déportations trouvent dans ces pages une douceur, une poésie, une quiétude troublante.



On pourrait croire que ces deux mondes ne peuvent pas cohabiter. C’est là tout le talent, porté par un amour sincère, de Céline Didier. Elle réussit avec pudeur, à mettre de la lumière jusque dans la plus petite part d’ombre de notre histoire. Elle évoque ce grand-père, sa résistance et son combat, sa vie d’avant et celle d’après, sa fiancée, ses frères et ses amis, ses morts et ses vivants.



Les vers libres défilent, rythment une lecture puissante et émouvante. Merci aux 68 premières fois pour ce cadeau…
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C’était ton vœu

En vers libres. Céline Didier évoque son grand père Hippolyte.



La rencontre avec Simone l'amour d'une vie.

En 1938 Hippolyte s'engage avec l'accord des parents et ce sera la Maroc et le régiment des zouaves. La guerre éclate et c'est le retour en France dans les zones de guerre.

Travailleur prisonnier en Allemagne, il est soutien de famille et revient au pays. Puis entre dans la résistance il devient maquisard en 1943, mais est dénoncé par un ancien collègue français comme lui mais soumis à la volonté de l'occupant.

Ce sera la Déportation à Dachau et les journées de travail éreintantes où l'on se demande à quel moment on va s'écrouler, sous les coups, la faim, les crocs des chiens, l'épuisement.



Enfin de retour au pays à la libération, après des épisodes tragiques propres à cette guerre, aux camps de la mort, aux conditions dans lesquelles les Déportés étaient maintenus à peine survivants pour abattre des heures d'un travail exténuant alors qu'ils étaient affamés, malades, épuisés.



J'ai aimé lire ce court premier roman dans lequel on sent toute la tendresse et l'admiration d'une petite fille pour son grand père.



La forme tout à fait inhabituelle le rend encore plus prenant.

Les chapitres se suivent pour dire les faits, les souvenirs, les sentiments, la mort et la vie.

Une jolie surprise des 68 premières fois, et une maison d'éditions que je découvre avec cette lecture.

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C’était ton vœu

Hippolyte est le grand-père de l'autrice. Pendant la 2ème guerre mondiale, il entre dans la résistance mais sera déporté à Dachau en 1944, suite à une dénonciation. Il a survécu et a choisi de vivre sans raconter ses mois difficiles et innommables dans ce camp de concentration.

Bien des années après sa mort, Céline Didier découvre les notes de son grand père et décide de réaliser son voeu : écrire.

Sous forme d'un long poème, l'autrice nous retrace l'histoire vécue par Hippolyte, notamment lors de sa détention à Dachau et son retour en France après la guerre. L'autrice a également intégré à son très beau texte des extraits du journal de son grand-père. Ce mélange est parfaitement réussi.

C'était ton voeu est une ode à l'amour d'une petite fille à son grand-père. C'est beau, touchant, émouvant, poétique. C'est un très beau témoignage que nous livre Céline Didier . J'ai énormément apprécié cette lecture. Je peux même dire que c'est un coup de cœur. Merci à l'équipe des 68 premières fois pour cette merveilleuse sélection.
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C’était ton vœu

Hippolyte a fait le choix d'entrer en résistance lors de la seconde guerre mondiale mais une dénonciation et tout s'effondre, sa vie va alors prendre une direction inimaginable, il va être transféré à Dachau en 1944. La fin de la guerre n'est pas loin mais ces mois passés dans ce camp, Hippolyte ne pourra en parler. A son retour, il fait le choix de la vie. 



Hippolyte était le grand-père de l'autrice et à travers ce court roman composé de vers libre elle prend la plume pour nous raconter ce dont cet aïeul ne parlait pas, ses mois d'incarcération au camp de Dachau pendant la second guerre mondiale, son choix d'entrer dans la résistance. Il est décédé alors que l'autrice n'avait que 12 ans, il n'a donc pu lui confier son histoire mais il avait fait le choix de poser par écrit ce qu'il a vécut avant sa déportation et grâce à son carnet retrouvé sur le tard, l'autrice nous partage les souvenirs Hippolyte et lui rend un bel hommage mais elle va devoir aussi imaginer une partie de ce drame. 



Le vers libre apporte de la fluidité et de la distance à cette histoire.  Un premier livre personnel et nécessaire pour rendre hommage à un grand-père mais surtout à tous ces hommes et femmes victimes d'une folie innommable. J'ai aimé retrouver à la fin les photos abordées dans le livre, ce partage est vraiment touchant
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C’était ton vœu

Quand je lis un récit sur, entre autres, la seconde guerre mondiale, j’ai toujours cette impression, à tort, que je fais partie d’une des dernières générations à être émue. Mes grands-parents sont nés entre les deux guerres et la guerre a toujours été un sujet tabou. Comme si cette horreur n’avait jamais existé (par protection ?).





Céline Didier, poussé certainement par cette nécessité de partage et de transmission, décide, à sa manière atypique, de retranscrire les notes de son grand-père, Hippolyte, qui dans son cahier secret a transcrit ses plus profondes pensées et réflexions. Héritage familial entrecoupé d’interrogations personnelles font de ce récit un émouvant hommage à nos aïeux.





Texte anomal au rythme affolé, les mots s’enchaînent avant qu’ils ne disparaissent camouflant parfois la douleur, l’incompréhension et l’abject. Pourtant ils frappent sans aucune mesure, balançant sans aucun fard la terrible cruauté de Dachau. Ils cisaillent l’âme et pourfendent le cœur.





Humble, bouleversant, lyrique, Céline Didier signe un premier roman à la beauté ravageur comme l’ultime aurevoir à ce grand-père qu’elle chérissait sans jamais oublier l’homme qu’il était et l’abnégation qu’il a toujours porté.
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C’était ton vœu

Alors ils y sont allés !

Défendre leurs idéaux

combattre les absurdités de cette guerre

même si c'était au risque de leur vie

mais le savaient-ils seulement

Bien sûr ils le savaient

que ce n'était pas un jeu

qu'ils la risquaient leur vie

et pourtant il était impossible pour eux

impossible de ne rien faire

impossible de ne pas bouger

impossible de ne pas s'engager

impossible de ne pas lutter

impossible de laisser faire

sans réagir

sans se rebeller

se rebeller, étrange ce mot

comme si défendre une vie juste

c'était être rebelle..."



Quand son grand-père Hippolyte Thévenard meurt quarante quatre ans après son retour de Dachau, l'autrice n'a pas treize ans. Plus tard, elle éprouve le besoin de coucher sur le papier noir sur blanc l'histoire de ce Pépé,  résistant,  dénoncé et envoyé dans les camps de la mort... C'est un hommage intime et pudique en vers libres basé sur un cahier de Souvenirs à l'insolite couverture rose, et quelques feuilles volantes,  quelques photos  aussi, pour ne jamais oublier que des hommes et des femmes courageux se sont battus pour la liberté,  que certains ont perdu la vie dans les camps, que ceux qui en sont revenus sont souvent restés silencieux parce que l'horreur était indicible... Ne jamais oublier ...



Découvert dans la sélection 2023 des 68 premières fois
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C’était ton vœu

❝Le passé n'est pas ce qui a disparu, mais ce qui nous appartient.❞

Anne-Marie Garat, Dans la main du diable



❝En commençant l'écriture de ces textes

je ne savais pas encore

que j'étais en train

à ma façon

de répondre à ton souhait

à ton voeu

celui rédigé expressément

dans ton premier jet

dans une introduction intitulée

— cette fois en toutes lettres —

Préface



Ce voeu

on ne le retrouve pas

aussi bien exprimé dans ton cahier

on ne pouvait que le subodorer



Ce voeu

tu l'as en revanche clairement formulé

dans tes premières notes

dès les toutes premières lignes

tu l'as même clamé

clamé oui

comme un cri de révolte

un cri du coeur

tellement fort

qu'on ne peut qu'avoir envie

de l'exaucer

ce voeu

pour toi

et pour ceux

qui comme toi

comme Simone

ont voulu

résister

même si c'était

au péril de leur vie❞



Ce voeu était celui d'Hippolyte. Hippolyte Thévenard était le grand-père de Céline Didier, qui a décidé pour son premier ouvrage d'exaucer le voeu de raconter la vie, du moins une période de la vie, qu'Hippolyte avait inscrite dans un cahier d'écolier à l'incongrue couverture rose. Un exercice littéraire, une manière d'aller à l'homme en quelque sorte, auquel l'autrice se livre pour penser les liens à partir des écrits épars de ce grand-père qu'elle a finalement peu connu d'une part et de sa propre mémoire d'autre part, pour mettre en récit une existence dans le panorama plus large d'une époque tumultueuse et effroyable.



❝Et si on l'écrivait cette histoire

cette histoire tant de fois racontée

tant de fois évoquée

par bribes

Des bribes d'histoire

des bouts

des séquences

des anecdotes

Tellement par bribes

qu'on a du mal à l'écrire cette histoire

à la raconter d'une traite

entière❞



C'était ton voeu, ce sont des bribes d'histoire venues d'un cahier, sans date ni point final, des bribes d'histoire que la petite-fille a choisi de raconter en vers libres, courts et vierges de presque toute ponctuation. Bribes de phrases contre bribes d'une histoire, bribes d'une histoire contre bribes de l'Histoire que nous connaissons tous. de fait, n'attendez aucune révélation, l'histoire d'Hippolyte n'est pas renversante d'originalité, ne ménage aucun coup de théâtre ; elle est tristement hélas celle de beaucoup alors que gronde la Seconde Guerre mondiale et que trois mots suffisent à résumer : dénonciation, arrestation, déportation. Et pour lui, le miraculé, le résistant — à plus d'un sens—, il y aura l'inespéré retour parmi les siens alors que tant d'autres ne reviendront jamais de l'enfer.



Céline n'avait pas encore 13 ans quand Hippolyte est mort en ce 2 juillet 1989, soit 45 ans jour pour jour après son entrée à Dachau où il resta prisonnier dix mois. Quand ❝pépé est parti❞, ainsi que le scande sa grand-mère Simone, Céline était loin, occupée à remporter une première médaille avec l'équipe de gym aux championnats de France. Ce récit est peut-être pour l'adulte qu'elle est devenue une manière d'être enfin là auprès de lui, d'écrire au creux de cette présence/absence, sur ce qui reste encore quand la présence a disparu. le cahier rose s'arrête en gare de Lyon-Perrache avant que ne s'ébranle le train qui les mènera en Allemagne, au camp de concentration. Restent des brouillons, des notes, des traces, des choses vécues, des bribes là encore que Simone a donnés à sa petite-fille comme autant de fils pour reconstituer une trame et lutter contre l'oubli.



❝Alors on l'écrit cette histoire ?!



Elle en vaut la peine

je le sais

on le sait tous

il faut qu'on la mette noir sur blanc

cette histoire

pour qu'elle ne s'efface pas❞



Il est saisissant ce « on » qui écrit l'histoire d'Hippolyte à plusieurs voix, la sienne et celle de Céline, avec un rythme qui —pardonnez la formule — colle à la chose.



❝Une phrase, à mon avis, c'est beau quand ça bouge, quand ça tressaille comme la peau. Il y a des phrases, presque toutes, qui sont des phrases-trottoirs : tu marches dessus sans t'en rendre compte, tu ne fais pas attention au trottoir, n'est-ce pas ? Ça te sert à avancer, c'est pratique et puis c'est tout. Et puis tout d'un coup, tu ne t'y attends pas, et, nom de Dieu ! là, sous tes pieds, ça s'anime, ça remue, ça s'échappe, c'est un peu comme si tu marchais soudain sur de la chair, tu ne sais plus très bien où tu es, où tu vas, c'est comme une petite ivresse, tu as un peu peur, ça a l'air un peu dangereux et c'est excitant aussi.❞

Olivier Rolin, La Langue



Le phrasé ❝bouge❞, ❝tressaille comme la peau❞ et parfois martèle comme un slam dont les mots explosent avec grâce — c'est plus pour l'oreille que pour l'oeil qu'avec leurs trouées de silence ces vers sont faits, car nous sommes là dans la pure matière sonore de la phrase.



❝impossible de ne rien faire

impossible de ne pas bouger

impossible de ne pas s'engager

impossible de ne pas lutter

impossible de laisser faire

sans réagir

sans se rebeller

se rebeller, étrange ce mot

comme si défendre une vie juste

c'était être rebelle…

[…]

Il a pourtant couru à toute vitesse, paraît-il

pour les semer

pour ne pas se faire attraper

pour ne pas se faire choper

pour ne pas se faire avoir

pour ne pas se faire piéger

pour les mater

et pourtant ils l'ont bien attrapé❞



Cette biographie à la modernité peu académique, qui se lit dans un souffle, témoigne de comment la mémoire nous aide à retrouver nos vies. La parole en gras et italique de ce grand-père adoré, né en 1920, devenu ouvrier agricole avant de s'engager dans l'armée au Maroc à l'aube de ses 19 ans, est elle aussi faite de vers libres, courtes phrases avec de fréquents retours à la ligne et à la ponctuation presque tout aussi rare.



❝Je veux que, plus tard,

les descendants de ma famille sachent

quelle lutte continue et sournoise

nous avons menée pour libérer notre beau pays.

Je veux surtout que l'on sache

la vie terrible que nous avons vécue

dans les bagnes nazis.❞



C'était son voeu est un texte extrêmement fort, un devoir de mémoire et un passage de témoin où deux voix complices s'unissent, se répondent, se complètent dans un dialogue qui a priori ne va pas de soi puisqu'il doit enjamber le fossé des années pour partager l'émotion et dire le pire, la douleur et, je l'espère pour l'autrice, l'apaisement du devoir accompli.



En annexes, outre le facétieux Photomaton reproduit en couverture, on trouve deux photographies plus classiques, noir et blanc, prises le 17 mai 1945, l'une d'Hippolyte amaigri et perdu dans un costume devenu trop grand, l'autre de Simone qui lui sourit, timide, heureuse, peut-être encore incrédule qu'il soit revenu, je crois. Tous deux prennent la pose au bord d'une fontaine, le conjoint se laissant deviner à son ombre. Une manière émouvante de refermer sans le conclure tout à fait ce bel hommage à ce grand-père qui continue d'exister par les mots de sa petite-fille.



Premier roman, lu dans le cadre de la sélection 2023 des #68premieresfois


Lien : https://www.calliope-petrich..
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C’était ton vœu

Avec ce livre au format et à la construction différente, l'autrice nous invite à faire la connaissance de Hippolyte, son grand père. Elle commence par nous parler un peu d'elle. J'avoue que j'ai souvent eu la larme à l œil devant mon thé ou bien mon repas. Cette impuissance ressentie en menant la tartine ou la fourchette à ma bouche Hippolyte est son grand père. Un homme et un mari aimant, attentif, présent, soutien familial. Il était aussi un résistant déporté et c'est de cela que Céline nous parle mot à mot, petite phrase par petite phrase. On ressent tout l'amour qu'elle a pour cet homme. On y découvre aussi tout le respect et la pudeur qu'elle a pour son grand père. D'ailleurs Céline ne trahira pas le secret des feuilles volantes où Hippolyte a couché ses 10 mois de vie à Dachau. Ses 10 mois d'horreur quotidienne. Ses 10 mois dont il ne parlait pas avec ses petits enfants. Je vois ce livre comme un cadeau qu'elle lui a fait. Parce que la mémoire de ces feuilles volantes fait que l'âme d Hippolyte est à jamais vivante. Un petit coup de coeur particulier pour ce livre
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C’était ton vœu

Le grand père de l’autrice, ou de son personnage , a été déporté à Dachau en 1944 , dénoncé en temps que résistant. Cela se sait vaguement dans la famille mais, comme c’est très souvent le cas , Hypolite ne s’est jamais étendu sur le sujet .

C’est après son décès que sa petite fille retrouve le cahier où il a consigné après son retour quelques éléments. C’est à partir de ce cahier qu’elle écrit ce récit en vers libres.

Des vers libres forts bien tournés, réalistes et touchants.

Belle lecture, mais qui, peut être ne laissera pas un souvenir impérissable.


Lien : https://poirson.marie-helene..
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C’était ton vœu

Un bel hommage en vers libres de l’autrice à son grand-père, résistant déporté à Dachau. Il a pour source un cahier dans lequel Hippolyte a tenté d’écrire ses souvenirs. J’ai bien aimé le choix des vers comme une scansion de la parole qui se heurte à la difficulté de dire.
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C’était ton vœu

Un hommage vibrant à Hyppolite, résistant et déporté, par sa petite-fille.



Un texte en vers libres écrit à partir des "Souvenirs" et journal intime de son grand-père, pour raconter son histoire : résistant durant la Seconde Guerre mondiale puis déporté dans le camp de concentration de Dachau.



Un texte nécessaire et bouleversant pour ne jamais oublier.



Découverte faite dans le cadre des @68premieresfois

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C’était ton vœu

J'aime la ponctuation !

Les auteur.e.s qui en font l'économie doivent redoubler d'efforts pour me séduire, donc. Là, ne subsistent que les moins subtils, ces guillemets grossiers doublés de l'italique...



J'aime le vers libre !

Ce qui est libre, en général. Quand la forme est au service du fond, qu'elle l'orne de poésie, qu'elle ouvre la porte de sa cage. J'ai envie de le voir plein (le vers) plutôt qu'à moitié vide, donc. Là, il est trop sage ; on a coupé le bon fil et ça n'explose jamais.



J'aimerais aimer ce roman...

Mais il m'a laissée sur le bord du chemin, sur le bord du souvenir.
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C’était ton vœu

A peine ouvert je savais que ce roman allait me plaire, non pas pour son sujet mais par sa forme. Écrit à la manière d’un poème, l’autrice s’adresse à son grand-père. A l’aide de ses carnets et lettres, elle retrace sa vie dans les années 1938-1945. Le titre fait référence au vœu de son grand-père, Hyppolite, qui souhaitait témoigner de la vie dans les camps. Mais la démarche qu’il avait entreprise pour la raconter dans son « petit cahier » était trop difficile pour lui.

Céline Didier rend un très bel hommage à son aïeul, résistant puis déporté. Elle permet également de faire perdurer le devoir de mémoire. Témoigner des atrocités des camps n’est pas facile mais essentielle. La plume est sincère, directe et accessible. Un livre que l’on peut mettre entre les mains des jeunes générations.

Merci pour ce roman, une belle découverte faite grâce aux 68 premières fois.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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C’était ton vœu

Ce livre hybride est un vibrant hommage à un combattant de l’ombre : Hippolyte THÉVENARD, Résistant contre l’occupant en France durant la deuxième guerre mondiale, déporté… et grand-père de l’autrice Céline DIDIER.



Le parcours de ce grand-père catholique courageux puis malheureux est retracé à partir de 1938 mais surtout en pleine guerre, jusqu’à son terme. Ce grand-père est mort bien des années plus tard, le 2 juillet 1989 (il pénétra dans l’enceinte de Dachau la première fois le 2 juillet 1944) alors que Céline DIDIER n’avait que 13 ans, aussi elle a décidé de s’emparer d’une partie de son itinéraire guerrier pour le conter ici.



L’exercice littéraire est une biographie dressée à partir d’un cahier de souvenirs du combattant déporté, mais pas de manière académique, Céline DIDIER ayant choisi la présentation comme pour une longue poésie, quelques mots, retour à ligne, quelques mots, etc. Sans ponctuation ou presque. Quant au style, il n’est pas littéraire, mais plutôt une langue orale, dans l’urgence, celle de témoigner, présentée comme les paroles d’une longue chanson de souvenirs, un slam de rue sans rime ni obligation stylistique.



« Alors on l’écrit cette histoire ?!



Elle en vaut la peine



je le sais



on le sait tous



il faut qu’on la mette noir sur blanc



cette histoire



pour qu’elle ne s’efface pas »



S’appuyant tout d’abord sur les propres écrits d’Hippolyte THÉVENARD, l’écrivaine doit ensuite faire fonctionner sa propre mémoire puis son imagination puisque le cahier se clôt en juillet 1944, à la date de la déportation du prisonnier pour le camp de Dachau. Il y restera jusqu’au 7 mai 1945.



Ouvrier agricole dans sa jeunesse, Hippolyte, né en 1920, s’engage dans l’armée au Maroc en 1939 alors qu’il n’a que 18 ans. Un an plus tard, il revient en France, la guerre est déclarée. Il est fait prisonnier en Allemagne puis libéré en juillet 1941 car soutien de famille.



La trajectoire de ce grand-père est similaire à celle, héroïque également, d’autres résistants, déportés, revenus ou pas. Hippolyte a eu cette « chance » de survivre à Dachau. Mais Céline DIDIER est émue lorsqu’elle découvre les souvenirs de ce grand-père, aussi elle hésite, ne sait pas comment en entreprendre la lecture, l’émotion pouvant lui jouer un sale tour. Elle se lance, décrit méticuleusement ce cahier, de couverture rose, s’en imprègne de chaque détail, comme paralysée par ce qu’elle va découvrir à l’intérieur, retardant le moment, la plongée.



Dans ce texte d’une écriture simple, pédagogique, pouvant parler à toutes et tous, Céline DIDIER présente une biographie, celle de son grand-père, qu’elle lie à la sienne propre, dont les pages s’écrivent bien des décennies plus tard, note les points communs, les coïncidences, prenant pour matière de travail le vieux cahier pudique, sans aucune date indiquée (ce qui rend plus difficile la réalisation du puzzle) écrit visiblement par un modeste, un juste.



« Quand j’ai commencé à me replonger



dans tes souvenirs



j’ai lu des copies



des photocopies



des pages intérieures



de ton cahier



que ma mère m’a envoyées



par courrier



comme si ces pages manuscrites



étaient des lettres qui m’étaient destinées



comme une correspondance



comme des confidences »



Rédaction didactique afin de pouvoir témoigner par personne interposée, biographie de résistant déporté une année, un soldat de la Liberté qui passe soudain d’un nom à un numéro. Du cahier, de courtes phrases en sont extraites, elles figurent en italique. Céline DIDIER fait partager son émotion, visible, sa fierté aussi d’avoir eu un grand-père de cette trempe. Elle lui donne une nouvelle fois la parole (notez ici la ponctuation, de retour lorsque le passé s’exprime) :



« Mes cheveux tombèrent



et la tondeuse passa partout



ensuite, soi-disant pour désinfecter,



on nous passa les parties au « grésil » pur,



ce fut pendant un quart d’heure des brûlures atroces,



pas un ne se roula par terre



la vie de bagnard commençait ».



Le texte se termine par l’analyse de deux photographies prises en 1945, quelques semaines après le retour des camps de son grand-père. L’autrice les fait parler, les chérit comme un don inestimable et en cadeau nous les offre à la toute fin de l’ouvrage. Le titre de ce livre est une réponse au grand-père qui, par le style de ce cahier, souhaitait sans aucun doute qu’il puisse être découvert et lu, expliqué et analysé. C’est ce que fait sa petite-fille, par petites touches, dans ce texte qui vient de paraître aux captivantes éditions Lunatique que je tiens à remercier au passage. Le catalogue vaut franchement la peine de s’y attarder.



« t’es qu’un prisonnier



un prisonnier qui se tape douze longues heures



de travail forcé tous les jours



mais ça ne compte pas ça



ça compte pour du beurre



du beurre si seulement…



un luxe impensable



tu ne sais même pas



si tu en reverras un jour la couleur »



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