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3.83/5 (sur 32 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bourg-en-Bresse , 1976
Biographie :

Céline Didier s'occupe de la gestion et du développement de projets culturels, ainsi que de la communication.
Elle raconte dans "C'était ton vœu" le passé de résistant et de déporté de son grand-père Hippolyte.
Elle vit à Lorient.

https://fr.linkedin.com/in/c%C3%A9line-didier-9133853b

Source : letelegramme.fr
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il avait les yeux dans le vide
et il s'est mis à me parler
de ce qu'il avait enduré
pendant la guerre
il était très ému
Ça m'avait impressionnée
Car c'était un très grand bonhomme
Une masse très imposante
Avec des grands yeux bleus
Des yeux
Très embués
Ce matin-là
En quelques instants seulement
Ce grand costaud
Avait laissé transparaître toute sa fragilité
Il essayait de me donner sa version
de l'histoire
De son histoire
À lui
De la guerre
Comme il l'avait vécue
Lui.
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L'administration a autre chose à faire
Qu'à choisir une bonne couleur !
Peut-être
Mais cette carte de déporté
Etait-ce trop demander
De ne pas utiliser
Le premier papier
Qui tombe sous la main
Le papier
Que l'administration a en stock
En assez grande quantité
Car il a fallu en imprimer
Un paquet
De cartes de déportés
Je ne dis pas qu'elle aurait dû être
grise ou noire
Cette carte
Mais juste d'une autre couleur que ce rose

Et finalement
Ce rose
Peut-être n'est-il pas si mal choisi
Il me rappelle en effet
Celui d'un autre document
Un document qui t'est cher
Un document qui atteste lui aussi
Ton histoire de déporté et de résistant
Ce rose s'apparente beaucoup
curieusement
à celui de la couverture de ton cahier.
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Je veux que, plus tard, les descendants de ma famille sachent quelle lutte continue et sournoise nous avons menée pour libérer notre beau pays. Je veux surtout que l'on sache la vie terrible que nous avons vécue dans les bagnes nazis p. 108
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(Les premières pages du livre)
Et si on l’écrivait cette histoire
Et si on l’écrivait cette histoire
cette histoire tant de fois racontée
tant de fois évoquée
par bribes
Des bribes d’histoire
des bouts
des séquences
des anecdotes
Tellement par bribes
qu’on a du mal à l’écrire cette histoire
à la raconter d’une traite
entière
On n’est plus sûrs
on hésite
on ne sait plus dans quel sens cela s’est passé
on ne sait plus par quel bout la prendre
pour la restituer
au plus juste

On ne sait plus
ce qui est de l’ordre de la réalité
de l’imagination
On se demande si on ne mélange pas tout
il y a des incohérences dans notre récit
ce récit qu’on avait pourtant l’impression de maîtriser
Et si on l’écrivait cette histoire?!
Et si on remettait tout à plat
pour retrouver le sens de cette histoire
pour retranscrire la vraie histoire
celle qui s’est vraiment passée
celle qu’on n’a pas envie d’oublier
celle qui nous rend si fiers
d’appartenir à cette lignée
une lignée de résistants
d’hommes et de femmes
qui n’acceptent pas tout
qui n’ont pas envie d’accepter l’inacceptable
qui savent que ce qui est train de se passer est injuste
C’est insupportable l’injustice
Non ils n’accepteront pas
Ont-ils conscience à ce moment-là
qu’ils risquent leur vie?
Qui sait

Ce qui est sûr
c’est qu’ils y vont!
Là où leur conscience les mène
là où ils savent que c’est juste
Et ils n’hésitent pas
Ils y vont!
Advienne que pourra!
Qu’aurait-on fait à leur place?
Je me suis souvent posé cette question
moi qui ne supporte pas l’injustice
Ce n’est pas une coquetterie de ma part
de ne pas «supporter» l’injustice
comme quelqu’un qui ne «supporterait» pas le lin
et qui préférerait le coton
Non c’est viscéral
je ne supporte pas l’injustice, les injustices
ça me met hors de moi
ça me met la larme à l’œil, comme on dit
Une sacrée larme à l’œil!
C’est plutôt comme des sanglots qu’on garde en nous
on n’en fait jaillir qu’une larme
car on n’assume pas d’avoir envie de chialer
Chialer, oui, littéralement
à pleines larmes

tellement on est dégoûtés, écœurés, tristes
d’observer de telles injustices dans la vie
la vie de tous les jours
Mais on veut faire bonne figure
alors on n’autorise qu’une seule larme
à pointer le bout de son nez au coin de l’œil
comme pour réprimer notre hyperémotivité
car on se sent cons d’avoir envie de pleurer
en plein petit déjeuner
juste en entendant un «fait divers» à la radio
alors qu’on ne connaît pas la personne
qu’on n’est pas directement concernés
mais c’est plus fort que nous, les hypersensibles
ça y est on est pris aux tripes
on vit cette injustice de tout notre être
et c’est impossible, impensable
on a envie de pleurer, de se révolter
Mais on est là devant un bol de thé
et la situation ne s’y prête pas
là, à ce moment-là, on sait qu’on ne peut rien faire
on est impuissants
on ne va pas changer le cours des choses
on ne va pas changer le monde
en mangeant nos tartines
Alors on laisse juste venir cette petite larme

au coin de l’œil
comme si on s’autorisait quand même
à exprimer quelque chose
à montrer qu’on n’est pas d’accord
que c’est injuste
que la vie est parfois dure
un peu trop dure
et souvent avec les mêmes
ceux qui ne le méritent pas
Hippolyte et Simone
je ne sais pas s’ils ont eu la larme à l’œil
en voyant ce qui se passait dans leur pays
dans leurs villages
durant cette guerre
mais ce qui est sûr
c’est qu’ils n’ont pas accepté les bras ballants
cette situation
Ils y sont allés !
Où?
Là où ils savaient que c’était plus juste
pour eux
pour la société
pour nous
les suivants

les descendants
Ils étaient encore jeunes
mais je suis sûre qu’au fond
ils pensaient déjà à nous
nous, les suivants
nous à qui ils ne pouvaient pas léguer
une telle société
dans laquelle il aurait été impossible de vivre
Alors ils y sont allés !
Défendre leurs idéaux
combattre les absurdités de cette guerre
même si c’était au risque de leur vie
mais le savaient-ils seulement
Bien sûr ils le savaient
que ce n’était pas un jeu
qu’ils la risquaient leur vie
et pourtant il était impossible pour eux
impossible de ne rien faire
impossible de ne pas bouger
impossible de ne pas s’engager
impossible de ne pas lutter
impossible de laisser faire
sans réagir
sans se rebeller

se rebeller, étrange ce mot
comme si défendre une vie juste
c’était être rebelle…
Ils y sont allés !
Là où ils savaient qu’ils agiraient pour la bonne cause
là où c’était une évidence
là où Polyte se fera courser
Il a pourtant couru à toute vitesse, paraît-il
pour les semer
pour ne pas se faire attraper
pour ne pas se faire choper
pour ne pas se faire avoir
pour ne pas se faire piéger
pour les mater
et pourtant ils l’ont bien rattrapé
Dénoncé il a été
par un de ceux qui aurait pu choisir
de combattre à ses côtés
Cela aurait pourtant été logique
un gars du coin
ça se bat avec les autres gars du coin!
Qu’est-ce qu’il est allé faire avec l’ennemi celui-là?
Qu’est-ce qui pousse quelqu’un
à choisir le mauvais camp?

Le camp du méchant!
Qu’avait-il à y gagner ce gars du coin?
Ce gars qui connaissait mon grand-père
et qui l’a pourtant trahi
Pourquoi, pour quoi?
Va savoir ce qui fait prendre de telles décisions à ces
cons
ces cons qui font du mal par un simple geste
un geste tout bête
Par un acte d’aucune bravoure
ce con
il a envoyé mon grand-père aux camps !
Et là on ne parle pas de choisir son camp
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Ce qui est sûr
C'est qu'ils y vont !
Là où leur conscience les mène
là où ils savent que c'est juste
Et ils n'hésitent pas
Ils y vont !
Advienne que pourra !
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En découvrant
la suite de l’histoire
en lisant ces fameuses notes
que tu t’étais bien gardé de jeter
et qui heureusement ont été conservées
je ne vais pas te cacher
ma première impression
à chaud
la difficulté que j’ai eue
à encaisser
à absorber
à digérer
tout ça
ça…
ce « truc » horrible
indéfinissable
que tu as vécu
que tu as été obligé de subir
sans broncher
j’ai pris tout ça de plein fouet
Pas simple-simple d’imaginer son propre grand-père
vivre un tel calvaire
et là maintenant que faire
de toute cette matière abjecte
comment la traiter
comment la retranscrire
« le plus fidèlement possible »
comment m’y prendre à mon tour
pour poursuivre le travail que j’ai entrepris
moi aussi
pour transmettre à ma façon
ce que je retiens de ton histoire
comme un devoir de mémoire
comme un passage de témoin
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Mais plus tard
bien plus tard
à l'âge adulte
je l'avoue
j'ai parfois douté
je me suis demandé
si je ne les avais pas mis sur un piédestal
si en petite-fille
en adoration devant ses grands-parents
je n'avais pas un peu « héroïsé » leurs actes
avec les quelques éléments glanés
ici ou là
j'ai parfois été en panne d'arguments
pour expliquer précisément
quels résistants mes grands-parents avaient été
pour reconstituer l'histoire exacte
laissant alors planer
cette satanée question de la légitimité
toujours là celle-là
comme s'il fallait toujours justifier
avec une certification
de personnes qui seraient en droit
de juger
de valider
d'approuver
de légitimer
Qu'avaient-ils vraiment fait ?
Je manquais de détails
Méritaient-ils vraiment cette étiquette de héros ?
Je manquais de critères
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En commençant l'écriture de ces textes
je ne savais pas encore
que j'étais en train
à ma façon
de répondre à ton souhait
à ton voeu
celui rédigé expressément
dans ton premier jet
dans une introduction intitulée
— cette fois en toutes lettres —
Préface

Ce voeu
on ne le retrouve pas
aussi bien exprimé dans ton cahier
on ne pouvait que le subodorer

Ce voeu
tu l'as en revanche clairement formulé
dans tes premières notes
dès les toutes premières lignes
tu l'as même clamé
clamé oui
comme un cri de révolte
un cri du coeur
tellement fort
qu'on ne peut qu'avoir envie
de l'exaucer
ce voeu
pour toi
et pour ceux
qui comme toi
comme Simone
ont voulu
résister
même si c'était
au péril de leur vie
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29 juin 1944
Branle-bas de combat dans la prison Évacuation très rapide des prisonniers
avec leurs baluchons
direction la sortie.
«Minute inoubliable !
Devant le portail
des SS
Oui des boches.
Nous étions 800 et quelques résistants français
livrés à l'ennemi
par la police
soi-disant française »
Chargés dans des cars
direction Perrache
Entassés dans un train
direction l'Allemagne

2 juillet
Arrivée du convoi dans le camp de Dachau p. 62
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Tu ne nous as pas raconté beaucoup de choses
sur ton quotidien de déporté
Tu m’étonnes !
Comment peut-on « raconter » à des enfants
à ses petits-enfants si contents d’être là
en vacances chez leurs grands-parents
si insouciants
si souriants
si heureux ici avec toi et Simone
à la campagne
libres comme l’air
qui vivent les vrais bonheurs simples de la vie
ici à Talipiat
Comment veux-tu trouver le bon moment
pour leur « raconter »
l’horreur des camps
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