Huit nouvelles d'un écrivain né à Seattle , dans une famille italo-irlandaise.
Et beaucoup d'émotion. Bien sûr, c'est très retenu,pas vraiment noir, mais gris foncé...
Pas de winners dans ce monde américain ( le vrai, que l'on découvre très vite dès que l'on s'éloigne un peu des grandes villes et des quartiers chics), mais des quidams qui cherchent vaille que vaille , même pas à vivre. A survivre. Orphelins, schizophrènes , ados suicidaires, marginaux de toutes sortes. Tous des personnages légèrement en porte-à-faux,plus ou moins exclus d'un système qui ne fait aucun cadeau.
Ce n'est même pas triste, c'est glaçant, c'est la réalité.
De temps en temps , au milieu du marasme, des phrases fulgurantes, une langue qui donne vie à des personnages comme ces cantinières bénévoles " avec des cheveux de science-fiction, des nuages de gaz bleuté, des vapeurs de fusées chauffées à blanc, des explosions de frisottis atomiques"
Et puis quelques lueurs.
" L'opposé de l'amour est le désespoir" dit une soeur dans Passage des eaux.
Amour d'une soeur pour son frère, d'un père pour son fils schizophrène..
Mais quand même, tout de suite la note discordante , celle du bébé qui crie tout le temps parce que sa mère rajoute beaucoup d'eau dans le lait, pour que les boites durent plus longtemps...
Bienvenue aux Etats-Unis.
Commenter  J’apprécie         144
J'ai beaucoup apprécié ce recueil de 21 nouvelles publié en 2016 chez Albin Michel.
On y parle des grands et rudes espaces avec les hivers rigoureux pour les héros de l'Ouest, de la marginalité des descendants indiens souvent invisibilisés, des minorités ethniques et des ravages de l'alcoolisme. En somme une image façon Far-West d'aujourd'hui avec la misère et la violence des rapports humains où percent quelquefois des îlots de tendresse inattendus.
Au risque de faire des jaloux, je distinguerai parmi ces récits forts et intrigants ces cinq qui m'ont touchée particulièrement :
Parmi les disparus de Dan Chaon
La femme du chasseur d'Anthony Doerr
Les meilleurs sont déjà pris de Ben Fountain
Pièces détachées de Holly Goddard Jones
Sous la bannière étoilée de Benjamin Percy
Commenter  J’apprécie         90
Aimant bien les recueils de nouvelles, j'ai été ravie de recevoir celui-ci grâce à un concours sur Facebook.
On trouve dans ce recueil 21 nouvelles sur le thème L'Amérique, pour fêter les 20 ans de la collection "Terres d'Amérique".
J'ai découvert des auteurs totalement inconnu, et dans l'ensemble j'ai bien aimé ces nouvelles, mais sans plus.
Quelques semaines après l'avoir fini, je garde surtout des souvenirs de "Ce que savent les saumons" de Elwood Reid, avec un avis assez mitigé dessus. Par contre j'ai beaucoup "Montée des eaux" de Callan Wink ou encore "La Cooper Kings" de Callan Wink.
Ce sont des nouvelles variées et dans l'ensemble bien ficelées, même si je n'ai pas eu de coup de cœur pour une d'elle, je mets trois étoiles :)
Commenter  J’apprécie         20
Le musée des poissons morts,par Charles D’Ambrosio. Des nouvelles écrites par un maître contemporain es qualités, un américain originaire de Seattle, au nord de la côte Ouest. Cet auteur a su créer un monde qui lui est propre, un monde fait d’un ordinaire qu’il sait rendre saillant, drôle ou glaçant, attachant, poétique, .
Drummond est un homme ordinaire qui exerce un métier moins ordinaire : il est réparateur de machines à écrire, occupation sans avenir depuis l’avènement de l’ordinateur, sauf pour quelques passionnés, amoureux de la touche Olivetti ou Remington Streamliner. Drummond est un expert, son magasin est ouvert à tous, les clients comme ceux qui veulent se protéger de la pluie. Drummond a une autre occupation, il élève seul son fils Pete, un jeune adulte autiste. Il fait cela aussi avec amour, essaie de lui apprendre le métier, se promène avec lui, supporte ses facéties. Ce père en or est terriblement émouvant.
Scénariste est une incursion dans le milieu de la psychiatrie, dans un hôpital où se rencontrent psychotiques, suicidaires, monomaniaques. Le narrateur est un scénariste à succès, maniaco-dépressif (on dit aujourd’hui bipolaire). Il est fasciné par une ballerine dont le corps, superbe, est criblé de traces de brûlures… Obsession suicidaire et auto-mutilation peuvent-ils s’unir ?
Bénédiction voit une famille réunie à l’occasion de l’anniversaire de jimmy, un jeune homme désargenté et néanmoins chef de famille. On est dans l’arrière pays de Seattle, une région froide et humide où il pleut à faire déborder la rivière Skagit. Sacs de sable, mise en sécurité des objets précieux de la cabane du voisin, très menacée, la lutte contre l’inondation à venir est inégale. Chamailleries, agressivité larvée, ton querelleur, règlements de compte, la vie de famille n’est pas folichonne pour ceux qui n’y adhèrent pas. Règlera-t-on ainsi le besoin d’argent du fils qui veut lancer sa boîte, et celui de reconnaissance de la fille, actrice en mal de contrat ?
Les nouvelles écrites par Charles D’Ambrosio sont des tranche de vie, des morceaux d’existence, sans fin, sans chute, sans artifice. Ordinaires, les protagonistes ne sont pas banals pour autant, intellectuels ou accessoiristes de cinéma, actrice porno ou anciens toxicomanes reconvertis dans une action humanitaire à l’éthique vacillante, mais qui ne situent pas leur rédemption au même niveau, ouvrier latino ou noir, même condition mais cultures opposées…
Une écriture élégante, claire, où les mots créent l’atmosphère mais aussi l’évènement, une ambiance où la recherche d’ailleurs se fait sans évanescence, dans une connivence relâchée avec le lecteur.
[http://www.lireecrireediter.over-blog.com]
Commenter  J’apprécie         10