L'épreuve fondamentale de l'autre dans sa différence est une rencontre permanente. Quand je pense à l'autre dans sa différence, je n'ai aucune image spécifique de handicap dans ma tête.
Les parents souhaitent seulement que l'on reconnaisse que leurs sentiments ne sont ni anormaux ni répréhensibles, et que sont naturelles leurs interrogations, leur souffrance, leur angoisse, leur révolte, leur peine à affronter la réalité et les exigences éducatives de leur enfant.
Par la déchirure, l'altération de notre propre image qu'elles nous imposent, les personnes en situation de handicap nous provoquent paradoxalement à exister, c'est à dire à être en dehors de soi, à découvrir sans cesse que nous sommes autres et que l'autre n'est pas seulement ce que nous croyons ou désirons de lui.
Il n'y a que des existences singulières ; il n'y a pas d'être handicapé. Il y a seulement des multiples inassimilables les uns aux autres et irréductibles à un seul signifiant. Chacun d'entre eux prend sa forme tout au long d'un itinéraire à nul autre pareil.
A leur place ! On n'est jamais à la place d'un autre, aussi est-il vain de prétendre prévoir son propre comportement dans des situations aussi atypiques. En effet, si l'on peut évoquer l'éventualité de la naissance d'un enfant handicapé, on peut difficilement en imaginer la réalité correspondante.