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Citations de Charlotte Adam (25)


La suite fut tellement machinale qu’il avait l’impression de fonctionner uniquement par réflexes, comme en pilotage automatique. Il avait à peine ouvert la porte que déjà il avait sorti le pistolet muni d’un silencieux qu’il portait sur lui. Encore une fraction de seconde, le temps de refermer la porte, de braquer simultanément son arme sur l’homme qui se trouvait derrière le bureau et qui venait de relever la tête, et c’était déjà fini. Comme toujours, il avait atteint sa cible exactement là où il avait visé ; à cette distance, c’était presque trop facile. Il n’y avait même pas eu de challenge, pas de quoi lui provoquer une montée d’adrénaline ou un sentiment de succès là où tant d’autres auraient échoué. Il toucherait la somme du contrat, point.
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Une enquête s’imposait. Ironie du sort, il se retrouvait cette fois dans le rôle du détective, afin de savoir qui avait profité de son crime pour en couvrir un autre… En tentant de faire passer le tout pour une tragédie conjugale. La situation l’exaspérait, il avait l’impression de s’être fait manipuler, même si, en l’occurrence, le second assassin n’était probablement qu’un opportuniste. N’empêche, l’individu s’était servi de la scène qu’il avait soigneusement mise en place pour satisfaire ses propres besoins. Et pour le moment, ça lui coûtait dix mille dollars, la moitié de son contrat.
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Il la sentit se blottir davantage contre lui. Depuis quand n’avait-il pas vécu un moment pareil ? Très longtemps, aussi loin que remontait sa mémoire… Il n’avait qu’à se laisser faire, de toute façon il n’était pas en état de faire autre chose. Lui qui détestait d’habitude se sentir vulnérable prenait cette fois plaisir à la situation. C’était un étrange mélange de douleur et de bien-être, une sorte d’abandon total, en confiance. Marina savait tout de lui, il ne lui avait jamais rien caché de ses activités même s’il évitait de lui en parler en détail. Et là, elle prenait soin de lui, peut-être même était-ce un peu plus…
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Aimer quelqu'un qui vous torture, vous humilie et vous méprise, c'est insensé, non ?
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Il se leva, l'enlaça brusquement et l'embrassa en faisant glisser la serviette qui la couvrait. Marina gloussa tandis qu'il l'entraînait sur le canapé.
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Il suivit du regard les gouttes d'eau qui coulaient sur son corps, de ses épaules à ses seins puis jusqu'au ventre.
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Wade avait quitté l'appartement avant que Marina ne soit réveillée. Il avait seulement pris le temps, avant de partir, d'observer son corps dénudé endormi, ses mèches brunes entremêlées.
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Il sentit quelque chose de tiède venir contre lui. Quelque chose ou quelqu'un qui caressa doucement son torse puis son visage, avant de l'enlacer. Marina … ? Peut-être était-il en train de rêver ?
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Tapie dans les buissons, au bord de la route déserte, la Bête attend. Silencieuse, elle observe, allongée dans les hautes herbes du bas-côté de la chaussée. Son heure va venir, elle le sait, elle le sent. Il lui suffit d’attendre. Une proie se présentera, tôt ou tard. Elle retrouvera bientôt les sensations merveilleuses qu’elle éprouve en plongeant dans un corps terrifié qui se débat désespérément. Puis vient le coup de grâce, et avec lui, l’extase ultime. La consommation peut reprendre, la viande est encore chaude, agitée parfois de minuscules tremblements nerveux qui décuplent son désir. Un pur moment de satisfaction. Un plaisir si facile. Une réussite garantie à tous les coups. Du moins jusqu’à présent.
La Bête a déjà fait quatre victimes, en deux mois. Les autorités sont dépassées par la violence des mises à mort et par le mode opératoire de la créature. Les agressions ont eu lieu dans un vaste péri-mètre de plusieurs dizaines de kilomètres carrés, aussi bien de jour que de nuit. Ce qui reste des dépouilles ne laisse pas grand-chose à analyser ; lors de la dernière tuerie, des morceaux de cadavre ont été retrouvés éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.
Soudain, la Bête s’aplatit davantage sur le sol, ignorant le papillon qui cherche à se poser sur elle. Elle a entendu quelque chose… Dotée d’une ouïe supérieure à la moyenne, elle sait qu’elle peut faire confiance à ses sens. Et même si l’ouïe lui faisait défaut, son instinct seul lui suffirait pour détecter l’approche d’une proie. Et la voici, la fameuse proie. Elle la distingue à présent, venant à sa rencontre en toute ingénuité. Jeune, agile, gracieuse… Facile. Excellente à consommer. La promesse d’un moment de délice. La Bête s’en réjouit d’avance, le plaisir monte déjà en elle, simplement à l’idée du festin qui l’attend.
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— La seule issue pour quitter cet endroit, c’est d’escalader les parois, résume Franck.
— Ou de prendre la gorge en sens inverse : nous sommes descendus vers la vallée, nous pourrions remonter, propose Manuel.
Ce qui inclut de refaire en sens inverse tout le chemin jusqu’à l’épave de l’avion, puis de continuer.
— On ne trouvera rien là-haut ! Il n’y a personne, ce sont les sommets, affirme Franck.
Sa remarque est pleine de bon sens mais, ni moi avec ma cheville en vrac, ni Hervé et son poignet cassé, ni Manuel qui a perdu l’usage d’un bras, n’envisageons sérieusement de tenter d’escalader les parois de la gorge.
— Il faut que vous deux, Flavie et toi, y alliez seuls, décrète Hervé. Une fois sur la crête, vous pourrez peut-être faire signe à un hélicoptère de recherches.
Flavie secoue la tête.
— Je n’y arriverai pas. J’ai le vertige.
La perspective de s’en sortir s’éloigne une fois de plus. L’image de tous ceux qui me sont chers m’envahit.
J’entends le bruit d’une chute derrière moi et je me retourne : Manuel vient de s’effondrer au sol. Nous nous précipitons : il est brûlant de fièvre et tremble sans pouvoir s’arrêter.
— Il lui faut de l’eau, crie Hervé.
— Comme nous tous, grogne Flavie.
Une fois de plus, il faut attendre que la bouteille se remplisse lentement, goutte après goutte. Pendant ce temps, Manuel tient des propos incohérents, parlant de piscine et de soirées déguisées. Au bout d’une grosse demi-heure, nous lui faisons avaler le peu de liquide qui s’est accumulé dans la bouteille. Ce n’est pas avec cela que nous pourrons le réhydrater. Et sans antibiotiques, je ne vois pas comment nous pourrions sauver son bras… ni même sa vie.
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Est-il besoin de préciser que je n’envisage pas une seconde d’aller me coucher, malgré l’heure avancée ? Je sens ma respiration se bloquer et je m’efforce de souffler doucement tout en relisant le courriel dans son intégralité. Le message est court et direct : je viens de recevoir une évaluation avec la note de 5, éliminatoire, attribuée par un des membres du comité de « lecteurs avertis ». Ma participation s’arrête donc là.
Refusant encore d’accepter l’inévitable, j’ai besoin d’en savoir davantage et me connecte sur le site du concours pour prendre con-naissance de l’avis accompagnant ce « 5 » fatidique. Il est lapidaire : « Je n’ai pas accroché une seule seconde, je n’ai pas été fascinée, je n’ai pas été emportée ». OK, et… ? C’est tout ? On a le droit d’arrêter le parcours de quelqu’un comme ça, avec aussi peu d’explications ? Même les rares lecteurs « non avertis » qui ont pu me laisser, par le passé, des avis mitigés, développaient plus que cela leur argumentaire ! Madame n’a pas aimé, pourquoi, comment ? Parce qu’elle avait mal dormi, qu’elle avait trop bouffé ou n’avait pas… vous voyez quoi ! La colère remplace la tristesse, je vais contacter les organisateurs pour avoir quelques explications. Comment un « lecteur averti » qui, si ma mémoire est bonne, est un professionnel du monde des livres, peut-il se contenter d’un avis aussi bref et inconsistant ? Et surtout, comment un tel avis peut-il être pris en compte dans un concours et suffire à éliminer un participant ?
Je contacte aussitôt par courriel le site qui organise le concours. Je piaffe ensuite derrière mon écran, attendant la réponse, tout en me doutant qu’elle ne me parviendra pas cette nuit.
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Je m’étire de tout mon long, appréciant la douce caresse du soleil qui balaie mon corps. Des parfums fleuris flottent dans l’air. Une belle journée s’annonce. Belle à tous points de vue : le temps est clément, j’ai tout mon temps pour paresser à ma guise et, petit plus, Millie devrait passer me voir bientôt. Ah Millie… Sa silhouette longiligne de beauté noire aux mouvements souples et gracieux nous envoûte tous. Ajoutons à cela qu’elle possède une paire d’yeux verts magnifiques et qu’il semblerait qu’elle éprouve un certain intérêt pour ma personne… Si j’ai bien interprété les messages qu’elle m’a envoyés, nous devrions même conclure ce soir. Une belle journée, vous dis-je ! J’ai toujours eu un certain succès auprès du sexe opposé, certains diraient même que je suis un vrai coureur. Je ne me définis pas ainsi, je crois que je suis simplement sensible au charme des belles choses. Et puis, la vie est trop courte, faite de déceptions, de trahisons et de deuils, alors j’ai fait de la maxime « vivons l’instant présent » la devise qui guide mes pas.
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— Léonard Peyrac, maire du Fagnet à l’appareil, annonça-t-il.
— C’est le capitaine Fournier. Il y a du nouveau.
— Oui ? Au sujet du cambriolage à La Choune ?
— Non, cette fois il s’agit d’un homicide.
— Un… Un homi…, s’étrangla le maire.
— Un meurtre si vous préférez.
— Je sais ce qu’est un homicide ! grogna Léo.
Il ne manquerait plus que ce fonctionnaire de la ville le prenne pour un attardé ! Évidemment, Le Fagnet et ses cent quatre-vingt-neuf habitants (en hiver, car en été, avec les touristes, la population triplait), ce n’était pas Aurillac, néanmoins, il ne laisserait personne le prendre de haut.
— Quand ça ? Où ça ?
— Le corps n’a pas été formellement identifié pour le moment, mais il s’agirait d’un certain Matthieu Chassagne.
Le frère de Thomas, songea aussi Léo.
— On l’a retrouvé au pied d’une cascade, précisa le gendarme. Un randonneur qui passait par là. Moche découverte pour un vacancier.
— La cascade du Corbeau ?
— C’est ça.
— Il aurait fait une chute ? Pourquoi parlez-vous d’homicide ?
— Parce qu’il avait une flèche en travers du corps.
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— Je connais ce milieu, Marina. Même si ce n’est pas du même côté que toi. Ici, je pourrais facilement passer pour un des hommes engagés par Lucia pour la sécurité.
Elle eut un léger rire.
— Et j’imagine que depuis le début de la soirée, tu as eu le temps d’observer tout le monde et d’en tirer des conclusions sur les uns et les autres.
— Un peu.
— Et alors, de qui faut-il se méfier ? Que je le dise à Lucia.
Elle était à moitié sérieuse.
— Ta tante le sait déjà, murmura Wade. Elle sait parfaitement ce qu’elle fait. Ce serait plutôt d’elle que les invités devraient se méfier.
Marina ressentit une pointe de jalousie.
— Tu l’admires ? lança-t-elle avec une agressivité qu’elle aurait préféré retenir.
Il la dévisagea avec étonnement.
— Tu crois vraiment ça ?
— C’est une femme de pouvoir. Intelligente. Déterminée.
— Exact.
— Ça fait fantasmer les hommes.
— Certains peut-être. C’est ta tante…
— Ça n’empêche pas.
— Ce que je veux te dire, c’est que, si ce n’était pas ta tante, je te dirais ce que je pense vraiment. Il n’y aucune admiration de ma part, crois-le bien.
Elle ne s’attendait pas à cette réponse. Le ton de Wade était d’un froid glacial.
— Elle t’apprécie, murmura-t-elle.
— Elle me méprise. Elle a de bonnes raisons, cela dit. Nous avons chacun notre place dans ce petit monde bien organisé. Sauf que pour le moment, je ne suis à aucune place… Ou plutôt, j’ai quitté celle qui m’était naturellement attribuée, mais je ne peux prétendre à aucune autre.
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— Tu m’as déjà balancé une fois, Skinner, reprit Wade. Et après notre dernière entrevue, je comprendrais que tu aies eu envie de te venger… Je te laisse une dernière chance de tout me raconter.
— J’ai rien dit à personne !
— Je ne te crois pas. Ça fait plusieurs semaines que ce contrat sur moi a cours, et tu essaies de me faire croire que personne ne t’a posé de questions à mon sujet ? Personne ne s’est rapproché de toi pour savoir quelles sont mes habitudes, avec qui j’ai bossé, bref tout ce que tu pouvais connaître de moi ? C’est pas crédible une seconde !
Skinner secoua la tête et commença à trembler en voyant Wade s’emparer du couteau qu’il avait remis à sa ceinture, la lame encore souillée du sang du vigile.
— Si, on m’a posé des questions, bredouilla Skinner. Mais j’ai dit que je ne savais rien sur toi, et surtout pas où tu étais ! Tu n’es pas fou, tu n’allais pas me faire des confidences… C’est ce que j’ai dit à ces types.
— Quels types ? Décris-les-moi.
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Wade prit place en face de son interlocuteur. Parrish devait avoir la cinquantaine, il avait une certaine prestance, ses traits étaient réguliers, pourtant son visage paraissait figé, comme s’il contrôlait la moindre de ses expressions.
— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, j’ai besoin que vous éliminiez ma femme.
Wade attendit la suite. Les affaires privées de ses clients ne l’intéressaient pas, mais cette fois il avait besoin de savoir si Parrish était potentiellement le commanditaire du contrat sur Marina.
— Je paye vingt mille dollars, précisa Parrish. Par contre j’ai besoin que ce soit fait rapidement, très rapidement.
— J’imagine que vous êtes en mesure de me communiquer les éléments qui me permettront de vite la trouver.
— Naturellement. Ceci étant, je ne veux pas que ce soit fait à notre domicile commun, pour des questions d’ordre pratique.
Parrish se leva, il semblait gérer l’affaire comme il l’aurait fait d’un marché avec un client.
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Wade prit place en face de son interlocuteur. Parrish devait avoir la cinquantaine, il avait une certaine prestance, ses traits étaient réguliers, pourtant son visage paraissait figé, comme s’il contrôlait la moindre de ses expressions.

— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, j’ai besoin que vous éliminiez ma femme.

Wade attendit la suite. Les affaires privées de ses clients ne l’intéressaient pas, mais cette fois il avait besoin de savoir si Parrish était potentiellement le commanditaire du contrat sur Marina.

— Je paye vingt mille dollars, précisa Parrish. Par contre j’ai besoin que ce soit fait rapidement, très rapidement.

— J’imagine que vous êtes en mesure de me communiquer les éléments qui me permettront de vite la trouver.

— Naturellement. Ceci étant, je ne veux pas que ce soit fait à notre domicile commun, pour des questions d’ordre pratique.

Parrish se leva, il semblait gérer l’affaire comme il l’aurait fait d’un marché avec un client.
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Elle était jolie, pas idiote et avait beaucoup d’humour, mais là aussi il avait rompu, simplement parce que la relation s’installait dans le temps. Tôt ou tard des liens se seraient créés, des questions gênantes auraient été posées, une erreur aurait été commise. Il réalisa qu’aucune de ses partenaires n’avait jamais insisté quand il leur faisait comprendre que c’était fini. Souvent il n’avait même pas besoin de le dire, c’était implicite ; il ne devait pas attirer les femmes qui recherchaient une histoire sérieuse. Il s’efforça de revenir à l’instant présent.
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Il y a des affaires qui rapportent gros mais dans lesquelles il vaut mieux ne pas tremper.
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De mon temps il y avait des règles, des valeurs. Il y avait les types fréquentables et les autres. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Pour du fric, tout le monde fait n’importe quoi, avec n’importe qui.
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