Dans un style à la fois épuré et profondément humain, Chiara Mezzalama signe un roman sur les carrefours de vie quand un couple après des années ensemble éclate faute de ne pas avoir conjuguer sur le même tempo le verbe aimer.
Elena s’en doute depuis des mois, son mari Ettore la trompe. Elle quitte tout brusquement, mari et enfants et part se réfugier dans la maison de son enfance en Ombrie.
Ettore lui n’a rien vu venir, son histoire passionnée avec Claudia vingt ans plus jeune, son couple avec Elena qui sombre car la flamme s’en est allée ailleurs. Chacun fermait les yeux pour les enfants, pour les habitudes, pour le « sait-on jamais ».
Pendant ce temps, sur Rome s’abattent des pluies torrentielles après des jours sans fin de sécheresse. Et ce couple où chacun de son côté sombre de plus en plus.
« Depuis un coin du jardin du Hêtre roux, on voyait la vallée du Tibre ; d’en haut, on aurait cru un petit fleuve, une créature tout à fait innocente qui venait pourtant de se transformer en un monstre affamé, furieux et aveugle. »
Il tombe à verse. Le ciel est noir. Les arbres tombent. Les gens crient, pleurent. Dehors ressemble à un exode biblique. Les difficultés pour que le couple se retrouve sont nombreuses. Les obstacles partout. La peur s’infiltre. La solitude amène les regrets, la culpabilité.
Il y a dans ce roman beaucoup de réflexions sur le réchauffement climatique, l’écologie y a certainement le premier rôle où les catastrophes naturelles font écho à ce couple qui voyais, qui savais mais n’a rien fait pour éviter le pire.
L’éveil de la conscience résonne à chaque page en faisant plier la nature, diaboliser l’homme qui consomme à tout va en piétinant la terre qui le nourrit et l’a fait naître.
« Comment, quand le temps sera venu, affronter et sans doute réinventer un avenir ? »
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Dedans, c'est un vieux palais oriental avec des bassins où nagent des poissons indolents et un jardin : « Un jardin tellement grand, un jardin sans fin. Un jardin sauvage qui avait été habité par des princes et des princesses. Des vrais, pas ceux des histoires inventées. »
Dehors, c'est la ville furieuse, la ville où « tous les bruits étaient engloutis par les coups de feu, les explosions de bombes et les cris. »
Dedans deux enfants terrifiés.
Dehors, une révolution menée au nom de Dieu par des barbus vociférants.
Entre ces deux mondes, un mur infranchissable...
Jusqu'au jour où…
Sur fond de révolution iranienne, une petite BD sans prétention, qui vaut d'abord par l'extrême beauté de ses images et par la qualité de la mise en page et du papier.
Une évocation douce-amère de l'enfance confrontée à la violence indéchiffrable des adultes.
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Dedans, c’est une villa avec un jardin sans fin et sauvage qui avait été habité par des vrais princes et princesses. Des vrais, pas ceux des histoires inventées.
Dehors, ce n’est pas les oiseaux que l’on entend, mais le bruit des bombes et des cris.
En novembre 1980, le père de Chiara est nommé ambassadeur d’Italie à Téhéran.
Prix des Sorcières 2018 bien mérité. Dessins et couleurs de style persan qui accompagnent bien ce texte tout en finesse et intelligence.
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N°1759– Juillet 2023
Après la pluie – Chiara Mezzalama – Mercure de France
Traduit de l’italien par Léa Drouet.
Ettore et Elena sont mariés depuis des années, ont ensemble deux enfants. Dès les premières pages on apprend qu’Ettore a une maîtresse, une femme évidemment plus jeune que son épouse et dont il est follement amoureux. C’est assez classique que ce soit le mari qui trompe sa femme, éternelle victime, une littérature boulevardière a largement popularisé ce genre de situation, comme si l’épouse ne pouvait pas elle aussi tromper son mari, surtout de nos jours. Et avec tout cela, Ettore qui se sent vieillir et Elena est la seule à ne rien savoir de la toquade de son mari ! Air connu. L’amour ne rime pas avec toujours comme on fait semblant de le croire, il ressemble à toutes les choses humaines, il est fongible et consomptible, est miné par l’hypocrisie, le fatalisme, la naïveté, l’indifférence qui finissent par s’installer dans le couple. C’est comme cela depuis toujours, la vie ne tient jamais ses promesses. Et avec tout cela les enfants à qui rien n’échappe, la culpabilité, les questions qu’on se pose et qui restent sans réponse, le sentiment d’échec, de perte de confiance, de révolte, d’injustice, le désir de vengeance, le besoin de partir pour faire le point...Et la solitude qui en résulte. Rien que de très classique donc. L’auteur en rajoute avec le traditionnel conflit de générations à propos de la prise de conscience écologique qu’illustre ce débordement du Tibre et cette pluie aux accents de fin du monde, ce qui n’est pas sans rappeler le déchirement de ce couple.
Je veux bien que le hasard fasse partie de notre vie mais que chacun des époux rencontrent séparément, pendant la tempête, quelqu’un qui ressemble au « bon samaritain » et qui remet en question leurs certitudes sur le travail, le quotidien, l’avenir, m’étonne aussi à l’heure où le « vivre ensemble » est plus que jamais problématique. Que ces personnages se connaissent entre eux, qu’ils soient aussi différents l’un de l’autre et soient près de la nature, des animaux et respectueux de l’environnement m’a aussi paru quelque peu artificiel. Que l’énergie nucléaire soit un danger même si elle apporte confort et bien-être est une chose évidente et incontournable aujourd’hui. Quant à l’amour, différent de l’attirance sexuelle, qui survient quand on ne l’attend pas, ça m’a paru avoir de légers relents d’eau de rose. Je passe sur l’épisode accueillant du monastère, véritable microcosme à la fois de paix et de mélange ethnique, je n’y ai pas vraiment cru non plus. Je suis volontiers respectueux de la nature et peu porté au gaspillage et au consumérisme à outrance, mais le discours écologiste, dans ce qu’il a de culpabilisant et qui rappelle trop le contexte judéo-chrétien dans lequel nous baignons tous, m’a franchement ennuyé par son côté sermonneur. Que l’auteur l’ait fait tenir par les moniales jeunes et inattendues a achevé de me décevoir.
C’est bien écrit (traduit?) et j’ai lu ce roman jusqu’au bout parce qu’il est en lice dans un concours littéraire qui requiert l’avis des lecteurs, mais il m’a un peu agacé avec ces remarques moralisatrices gratuites et répétées sur le mode de vie, la relativité des choses face aux dangers, avec une bonne dise d’aphorismes . Quant à l’épilogue, il m’a aussi déçu par son côté idéaliste.
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Le format est grand, comme un livre d’images, sage et beau, avec un graphisme aux traits épais, des grandes illustrations où le noir est posé comme en linogravure, épais et intense, avec du grain comme par un procédé d’encrage artisanal, on sent le grain du papier, la matière douce des couleurs, on sent la feuille se décoller du support, bois ou lino, avec le bruit de l’encre qui se décolle, faisant apparaître l’image sur la feuille qu’on retourne délicatement, parfois le trait est grossier, et parfois plus fin, souvent pour les éléments décoratifs, les ornements des portes tout droit sorties des Contes des mille et une nuits, c’est le jardin de l’ambassade d’Italie à Téhéran, luxuriant Eden, le dedans pour la fille de l’ambassadeur, et les informations de l’extérieur apparaissent parfois, au compte goutte, la gamme de couleurs se restreint, les verts omniprésent du dedans disparaissent laissant des pages rouges et noires agressives et dures. Il n’y a presque pas de phylactères, une voix off nous suit tout au long du récit, celle d’une petite fille qui ne comprend pas toutes les règles, l’effervescence et la violence du dehors.
Elle nous raconte ce qu’elle vit dans cette ville, cela se passe juste après la crise des otages, un Iran inquiétant, c’est le dehors, et il y a ce petit garçon qui s’amuse à franchir le mur, c’est trop facile, faut-il s’en inquiéter ?
L’histoire est courte, vite lue, peu de pages, un bref échange entre enfants dans ce monde d’adultes qui semble irréel, une belle histoire perdue derrière un mur, protecteur et faillible, injuste et inacceptable, mais qui laisse un parfum d’espoir, léger et pourtant très puissant par sa poésie, sa beauté
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Dans la grande maison rouge de sa grand-mère, une petite fille découvre dans une armoire, un carton. A l'intérieur, une magnifique robe chinoise en soie rouge. Elle décide de l'enfiler mais sa grand-mère la gronde et veut qu'elle la retire de suite.
C'est un album surprenant construit telle une bande dessinée avec des bulles à chaque page. La robe de soie ce sont les souvenirs enfouis, les secrets de famille qui rappelle la guerre et dont on ne veut plus entendre parler. Comme un fait, un fantôme accompagne les pas de cette petite fille dans cette quête de la vérité. C'est un moment intimiste où la grand-mère va peu à peu se livrer et peut-être ainsi se libérer du poids du passé.
Un album flamboyant, que je recommande.
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Dans "La robe de soie", nous retrouvons Chiara Mezzalama et Régis Lejonc dans leur duo qui avait si bien fonctionnait avec l'album "Le jardin du dedans-dehors".
Mêmes graphismes - toujours superbes - même ambiance mais dans un contexte différent. Les jeux d'enfants rencontrent le monde des adultes, ses secrets, ses souffrances. Puis vient la libération de la parole. C'est une histoire intime, celle de la grand-mère de Chiara Mezzalama. C'est touchant, triste, mais aussi résilient et plein d'espoir en l'avenir. Car la vie continue malgré tout.
Un très bel album.
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Chiara Mezzalama nous livre a travers ce roman une réflexion quant à notre rôle en tant qu’individu sur l’avenir de notre planète.
Pour cela, elle a choisi de nous dépeindre l’histoire d’un couple en crise et le délitement de l’amour après de nombreuses années de mariage.
Tout semble sourire à Ettore et Elena.
Ils ont deux enfants et une situation économique confortable.
Mais lorsque Elena découvre avec stupeur que son mari la trompe, elle décide de partir quelques jours, seule, sans les enfants, faire le point dans la maison de son enfance.
C’est à ce moment précis que la nature décide de se déchaîner et une pluie torrentielle s’abat sur Rome. Le Tibre déborde et Elena est pour le temps que durera la tempête séparée de son mari et de ses enfants.
Les uns et les autres de part et d’autre du fleuve.
Mais cette histoire de couple n’est qu’un prétexte à ce roman écologique qui nous porte à réfléchir sur ce qu’adviendra la planète Terre si nous ne nous réveillons pas.
Le couple Elena et Ettore se délite et le climat avec.
Pendant quelques jours, les personnages évoluent sur fond d'orage et l’ambiance dévastatrice de la pluie est admirablement bien ressentie. Un décor apocalyptique sur la situation climatique qui dégénère et sur le comment devrions agir pour ralentir ce processus.
Que devons-nous enseigner à la nouvelle génération pour les aider à préserver leur avenir et l’avenir de la planète ?
La trame de ce roman était intéressante cependant, je me suis ennuyée à mourir à cause de l’aspect selon moi trop moralisateur de l’auteure.
C’est donc très difficilement que je suis allée au bout de ce roman.
Dommage car c’était plutôt bien parti avec cette construction atypique, la crise d’un couple se répercutant dans la crise climatique, l'une faisant écho à l'autre.
Intéressant donc mais il m’a manqué un petit quelque chose dans la narration qui fait que je n’ai pas vraiment apprécié ce roman.
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près avoir découvert que son mari, Ettore, la trompait, Elena a besoin de faire le point sur sa vie. Elle quitte donc son appartement romain et leurs deux enfants, pour rejoindre sa maison d’enfance en Ombrie. Une pluie torrentielle s’abat alors sur la région : cette eau, ruisselant sur les sols asséchés par un long été, gonfle le lit des rivières et rend les routes impraticables. Ettore, paniqué par le départ de sa femme et le déluge, tente de la rejoindre avec leurs enfants. La famille se trouve ainsi séparée de part et d'autre d’un fleuve infranchissable. Dans ce décor apocalyptique, ils croiseront un homme des bois au grand cœur, une Japonaise originaire de Fukushima, des religieuses adeptes de la permaculture et un jeune Norvégien qui se lance dans l’agriculture ; chacun d’eux les sensibilisera au changement climatique et leur donnera des clés pour survivre dans ce monde nouveau.
Grâce à un parallèle réussi entre le délitement d’un couple et un événement climatique dévastateur, Chiara Mezzalama façonne un beau roman écologique. Sa dénonciation de l’aveuglement face aux dérèglements du climat est amplifiée par une description terrifiante du déchaînement des éléments, dont la tension est palpable tout au long du roman. Tout en rejouant le conflit de générations, entre un père, promoteur immobilier qui fait fi des risques naturels, et sa fille adolescente qui prône la décroissance, l’autrice pose la question de l’avenir que l’Humanité risque d’affronter, mais elle instille aussi de l’espoir, appelant à un réveil des consciences pour ralentir le processus.
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Après la pluie de Chiara Mezzalama
Traduit de l’italien par Léa Drouet
Mercure de France
Elena quitte sans prévenir son logement romain. Elle sait depuis plusieurs semaines que son mari Ettore a une jeune maitresse. Un grand classique, néanmoins les voir côte à côte a été un choc. Elena a besoin de se ressourcer, peut être aussi de manquer à sa famille, Suzanna son ado et le jeune Giovanni. Elle prend la direction de l’Ombrie au Hêtre Roux, le havre de paix familial, l’endroit des souvenirs heureux. Son héritage.
Mais voilà, tandis qu’elle fuit un séisme personnel, un cataclysme s’abat sur Rome, l’île Tibérine est presque engloutie. Ce déluge, cette pluie torrentielle va bientôt gagner le reste de l’Italie...
« La pluie continuait à tomber comme une forcenée, elle semblait engagée, vindicative, mais c’est une erreur d’attribuer à la nature des intentions humaines. »
Elena n’atteindra pas sa destination. Ettore et les enfants qui étaient partis à sa recherche, n’arriveront pas, eux non plus. Les embûches se succèdent.
Au milieu des pluies torrentielles, les rencontres qui devaient se faire auront lieu et chambouleront la routine de tous.
Guido le ramasseur de truffes, séducteur malgré lui. Kiroko, japonaise sage et inspirée qui a survécu à la catastrophe de Fukushima grâce à son époux qu’elle recherche aujourd’hui. Otto qui a tout quitté pour une ferme délabrée en adéquation avec ses croyances d’aujourd’hui et les sœurs atypiques du couvent voisin...
Les consciences se réveillent dans cette fiction apocalyptique. Une fable écologique dans l’air du temps avec des protagonistes qui joueront la partition qui leur est dévolue.
Tandis que le couple d’Elena et d’Ettore évoluera vers de nouvelles relations, le roman glisse quelques pistes de réflexions sur un monde à reconstruire, après la pluie, le monde d’après...
Une approche intéressante sur les tournants de vie, et la conscientisation écologique.
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Cet album autobiographique nous emmène en Iran début des années 1980. Chiara Mezzalama a suivi son papa, alors ambassadeur, dans une ville meurtrie par la guerre. Ce qu'elle connaît de Téhéran, c'est le dedans - le jardin. Du dehors, elle entend les bruits, elle voit la fumée. Et puis, un jour, le dehors s'invite un peu dans le dedans.
J'ai trouvé cet album jeunesse magnifique, autant sur le thème que dans les dessins. C'est une sorte de témoignage historique à hauteur d'enfant. Une histoire d'amitié aussi, de celle qui vous marque par un attachement simple et sincère. L'association entre le texte touchant de Chiara Mezzalama et le talent d'illustrateur de Régis Lejonc fonctionne à merveille. C'est un joli coup de coeur.
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Après la pluie est un roman plutôt agréable, avec une bonne analyse des relations et évolutions au sein d’une famille citadine d’aujourd’hui. J'ai aimé la première partie du roman, où le récit se fait tour à tour de la perspective d’Ettore et d’Elena. L’autrice évite ainsi de tomber dans la caricature de l’histoire d’adultère où le mari a tous les torts. Chiara Mezzalama dépeint très bien la psychologie de chacun(e) et j’ai apprécié la façon dont cette famille va se réinventer. Le contexte de la catastrophe naturelle, qui fait écho au délitement de la famille (et à l'actualité récente dans le nord de l'Italie) est aussi l’occasion pour l’autrice d’exprimer ses craintes et ses espoirs face au changement climatique. Ce discours-là, d’abord amené par petites touches, est ensuite abordé plus frontalement et cela manque malheureusement de subtilité. La succession de rencontres d’abord plaisantes, puis improbables, avec des adeptes du « retour à la terre » m’a paru artificielle. Peut-être que des lectrices et lecteurs moins informé(e)s sur ces enjeux y seront plus sensibles. La toute fin du roman est cependant assez réussie : j’étais curieuse de savoir quelle voie les différents protagonistes allaient finalement choisir, mais je craignais une solution de facilité. Or, j’ai été agréablement surprise. En résumé, j’ai apprécié ces portraits d’une famille en proie à des remises en cause des rôles traditionnels, du genre, du rapport à la société de consommation et à la nature. Mais il manque pour moi une véritable âme qui ferait de ce roman plus qu’un agréable moment de lecture.
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Valentin est un petit garçon pas comme les autres: il prefere jouer avec les filles, aime les vêtements colorés,n'aime pas le foot et subit les moqueries des autres eleves. Pour son anniversaire, il reçoit la machine à coudre rêvée !
Un bel ouvrage sur la différence, l acceptation de soi et des différences. Un livre qui casse les stéréotypes de genre:oui les garçons peuvent aimer danser, aimer les couleurs et les filles jouer aux voitures, bricoler.
Les illustrations sont magnifiques, colorées, un peu naïves mais en totale adéquation avec l histoire.
Un superbe album
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Le préambule de l'album ne laisse aucun doute sur le ton dramatique du récit qui va suivre, un sacré bazar en événements, si l'on peut dire pour faire court.
Les jeunes lecteurs ne pourront sans doute s'empêcher de trouver de la complication dans ces passions et ces rapports humains très conflictuels.
C'est l'auteure qui raconte, fille de l'ambassadeur d'Italie en Iran à l'époque.
C'est un biopic de son enfance, une enfance prise un temps en otage par la folie et les ambitions d'adultes, car à leur niveau, elles ne peuvent être vécues et comprises autrement.
Nous sommes en Iran, dans les années 80, le pays a subi des changement de régime politique, du monarque Sha à la République Islamique de Khomeini. Le pouvoir revient au peuple, guidé par le pouvoir religieux en place.
Les historiens diraient que la barque du peuple passe de Charybde en Scylla.
Pris entre deux feux pour régler une fin d'histoire qui convienne à chacun des partis iraniens, des otages innocents seront monnayés et retenus captifs à l'Ambassade d'Italie en Iran durant 444 jours.
C'est un fond d'histoire très dur.
Pourquoi s'adresser aux jeunes lecteurs plutôt qu'à un lectorat adulte?
Nous saisissons la belle intention pendant la lecture et en refermant le livre.
L'atout graphique Régis Lejonc adoucit évidement la perspective de lecture, il y a un soupçon de naïveté artistique dans ses crayons qui fait du bien, qui rend les choses plus douce, plus tendre.
Regis Lejonc joue du huis-clos avec deux réalités, celle du dedans, là où vit Chiara et sa famille, l'intérieur d'une maison avec un jardin et puis, celle du dehors, qui abandonne les teintes végétales pour se voiler de rouge.
Les enfants, un peu préservés, sont dans une bulle de verdure abondante et les mondes se chevauchent par moments, quand les bruits du dehors viennent secouer les murs du dedans par moment.
Et puis un jour, Massoud, un petit garçon, saute du dehors pour s'infiltrer dans ce dedans où des enfants curieusement jouent encore.
Les mondes se confondent.
Les aventures enfantines inspirées des Mille et Une Nuits reprennent le dessus et les envies d'enfants aussi, ils rient, oublient le dedans, le dehors par le truchement de l'imagination et l'envie de courir, s'amuser.
Le récit est fort, personnel, d'un intime qui nous parle.
L'auteure Chiara Mezzalama semble se retourner sur un miracle, une chose incroyable malgré tout ce qui pouvait se passer autour.
C'est vraiment un moment tendre d'amitié qui est raconté.
Cela vaut en effet d'être partagé avec la jeunesse.
Il remporta le Prix Sorcières 2018, Catégorie Carrément Beau Maxi.
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Trompée par son mari, Elena décide de quitter maison, mari et enfants adolescents pour se réfugier dans sa maison d'enfance en Ombrie et faire le point sur sa vie.
Son retour aux sources coïncide avec la survenue d'une tempête avec averses torrentielles, inondations dramatiques, maisons et ponts emportés à Rome et toute sa région.
Sur fond de crise à la fois conjugale et climatique, le récit de Chiara MEZZALAMA alterne entre le point de vue et le vécu d'Eléna puis de ceux de son mari Ettore, parti la rejoindre avec leurs ados.
Elle, complètement déstabilisée, comprend qu'elle s'est oubliée depuis la naissance des enfants tandis que lui, les redécouvre et comprend qu'il s'est fourvoyé.
Le roman est surtout prétexte à aborder les thèmes actuels du dérèglement climatique, les méfaits du nucléaire, la nécessité de réinventer un monde plus humain et durable en se réappropriant la terre et en protégeant les ressources de la nature.
Certains passages font néanmoins la part belle aux clichés : les enfants sont les plus conscients des errements passés, l'intérêt soudain du père pour les animaux et ses enfants, sa prise de conscience des pratiques plus que discutables au sein de son entreprise de BTP, la nécessité du retour à la nature, la rencontre improbable de la mère avec Guido, séduisant chercheur de truffes (!), le discours d'Hiroko et des soeurs du couvent qui éclairent les esprits…
L'écriture est fluide mais l‘intrigue se révèle trop attendue avec des poncifs existentiels et des passages moralisateurs et appuyés qui lassent le lecteur. Même l'épilogue est décevant et convenu. Dommage !
J'ai découvert ce roman dans la sélection 2023 du Prix des lecteurs du Festival des Littératures Européennes de Cognac, mettant à l'honneur l'Italie cette année.
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En voilà un album intéressant…indispensable même. Il traite de façon subtile et poétique de la différence, et de parvenir à être soi, à être fier de ce qui nous rend unique. Les garçons ont le droit de préférer la couture au ballon et on a le droit de s’affranchir des dictats de la société… Le message est fort mais ne se veut jamais moralisateur.
Valentin de toutes les couleurs est un album parfait pour aborder les stéréotypes de genre. En plus, les illustrations sont très belles, tout en douceur et très colorées. Et puis, petite mention pour la fin de l’histoire, que j’ai trouvé juste parfaite. Personnellement, je pense que c’est une histoire à abordé avec des plus grands, pour en comprendre toutes les subtilités ! Une jolie pépite.
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