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Citations de Christine Frérot (17)


Lorsque l'on se penche avec attention sur la production d'une vie de création -somme toute assez courte puisqu'on peut la réduire à trois décennies et demie - on ne peut qu'être frappé, paradoxalement, par une cohérence qui traverse les oeuvres, celle d'un fil rouge, invisible, lié à la recherche d'un "paysagisme" sensible et onirique, traversé d'influences esthétiques, plus ou moins revendiquées. D'abord celle de Wolfgang Paalen, puis celles de Paul Klee et de Joan Miró, en alternance et selon les années, qui vont se diluer entre figuration, semi-abstraction et abstraction. L'immersion d'Alice Rahon non seulement dans le Mexique des villes mais aussi dans celui de la nature vierge, va libérer très vite d'autres possibles, engendrer de nouveaux espaces esthétiques, ouvrir la voie à un imaginaire inattendu. Sa vision du réel, transcendée ou transfigurée, se traduira par une émotion de la couleur, un "sfumato", qui marquera l'effacement des frontières, autant géographiques que mentales.; une fluidité des formes qui reflètera sa fascination de l'immensité de paysages, son attrait pour la nature en mouvement et le vertige pictural qu'ils lui procurent.
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1936, c'est aussi une année de passion absolue. Deux ans après son mariage avec Paalen, elle tombe amoureuse de Picasso. Epoque perturbée et perturbante pour les époux Paalen et surtout pour Wolfgang qui menace de se suicider si elle ne quitte pas le peintre espagnol. Devant le désarroi de son mari et la menace prémonitoire de l'acte volontaire qui provoquera plus tard la mort de ce dernier au Mexique, Alice doit rompre cette courte et intense romance de quelques mois, contre son désir le plus profond, avec un Picasso lui aussi très amoureux. Ce dernier lui avait adressé le 10 février 1936 une lettre-poème de deux pages Pour Alice, et au moment de la rupture, elle lui enverra un poème intitulé Le désespoir, daté du 29 mai 1936.
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Née le 08 juin 1904 dans un petit village de Franche-Comté, Chenecey-Buillon, Alice Rahon est morte à Mexico le 27 septembre 1987. Après une rétrospective en 1986 au Palacio de Bellas Artes elle avait cessé de peindre et n'exposait plus depuis dix ans. Elle vivra ses dernières années en solitaire, recluse dans sa maison de Las Flores à Tlacopac (Mexico). Dans un hospice pour personnes âgées où elle était hébergée, seule et oubliée, elle souhaitera qu'on la laisse partir et cessera de s'alimenter. Elle est enterrée au cimetière Panteón Jardín au sud de la capitale mexicaine.
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A cette même époque, elle rencontre Frida Kahlo venue participer à l'exposition Mexique de la Galerie Renou et Colle en mars 1939 à Paris. Une amitié se noue entre les Paalen et l'artiste mexicaine qui les invitera à visiter le Mexique, convaincue que ce pays de fantaisie et de magie doit attirer et séduire des esprits curieux et libres comme ils le sont tous les deux, profondément traversés de doutes existentiels et métaphysiques. Organisée par André Breton qui a écrit la préface du catalogue, l'importante exposition mexicaine réunit des objets d'art précolombien et d'art populaire, des peintures surréalistes mexicaines et étrangères et des photographies. C'est la première fois que Frida Kahlo est présentée en Europe (avec dix-huit peintures) et que sont montrées au public français les photographies de Manuel Álvarez Bravo (au nombre de quatre). A cette occasion, le Louvre achète la seule oeuvre de Frida Kahlo, The Frame, que possèdent aujourd'hui les musées de France, un petit autoportrait en verre qui fait partie de la collection du Musée national d'art moderne. Frida Kahlo garde de son séjour à Paris un souvenir mitigé pour ne pas dire exécrable, "este pinchissimo" Paris" (ce putain de Paris), comme elle le taxe avec une violence certaine. Elle déteste les intellectuels et les artistes parisiens qu'elle trouve prétentieux, le seul trouvant grâce à ses yeux étant Marcel Duchamp. Elle qualifie aussi peu aimablement les surréalistes de "tas de fils de putes lunatiques et tarés". Par ailleurs, elle conteste absolument le fait que Breton, chez qui elle est hébergée à son arrivée en France, veuille à tout prix en faire une artiste surréaliste, lui qui, par ailleurs dans on texte de 1938, a qualifié avec justesse son art de "ruban autour d'une bombe".
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Dans les toiles autobiographiques qui constituent l’essentiel de l’œuvre peint de Frida, en dehors de quelques natures mortes tardives, de scènes où apparaissent ses héros communistes ou de portraits de commande, je suis, je reste l’homme éternel, l’astre dominant, protecteur, salvateur, le pilier central et indispensable de sa galaxie d’amour du monde.
...
Un an après la disparition de Frida, Diego Rivera épousa en quatrièmes noces Emma Hurtado avec laquelle il avait une relation depuis dix ans. En tant que galeriste, elle avait l’exclusivité de son œuvre. Il avait fait murer la salle de bains de la Casa Azul qui contenait les effets personnels de Frida
(corsets, béquilles, lettres, objets divers, affiches politiques)
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La liberté de peindre est égale pour elle à celle d’écrire et de rêver. Aucune aventure technique ne l’arrête, elle passe de l’huile à l’encre, de la gouache aux crayons, du collage au grattage.
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Ma vie avec Frida aura donc été hors du commun, et nos héritages artistiques respectifs pèseront sûrement dans l'histoire de l'art de notre pays. Sa forte personnalité pourrait bien un jour éclipser la mienne ; le grand peintre que je suis ne serait plus alors que le mari de la célèbre Frida Kahlo ... Je ne crois pas me tromper en pressentant qu'elle pourrait devenir un véritable mythe, une légende, une héroïne pour toutes les femmes, un modèle de talent et de courage.
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Le Mexique devient alors une nouvelle terre promise. Une autre femme va surgir, si vivante et pourtant si fragile, passionnée et déterminée, Frida. Avec Frida, le Mexique prend tout naturellement la place de Paris. Avec Frida, jeune fille pleine d'audace, future peintre de talent, je suis invité à vivre l'amour autrement. C'est avec elle que je considère comme l'une des plus grandes artistes mexicaines que je vivrai l'âge adulte de la peinture et de l'amour ; notre histoire sera la grande affaire de ma vie.
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Partir, c’est se perdre. Partir, c’est apporter à la création de nouvelles sources, faire couler dans ses veines des éclairs et des étincelles, faire vibrer en elle des sons inattendus, réveiller des images enfouies, faire affleurer l’impossible, jouer avec l’ombre et la lumière. Exister autrement pour se trouver.
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Je me souviens des années passées avec cet être d’exception et mon esprit vagabonde au milieu des souvenirs de nos vingt-sept ans de de vie partagée. Il ne me reste plus qu’à rêver ; ma mémoire déborde, elle est submergée d’émotions, tantôt d’amour et de tristesse, tantôt de colère et de jalousie. Frida représentait pour moi un univers entier, elle comblait toutes les palettes de ma géographie sensible. Son absence est un abîme de sentiments contrastés, mais je vais pourtant essayer de vous raconter nos destins entrelacés, complices, fusionnels, tout simplement inséparables.
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La rêverie poétique dont parle Bachelard s’apparente à celle des enfants et c’est dans cette proximité de l’enfance, souvent revendiquée par Alice Rahon elle-même et profondément ancrée en elle, que l’artiste jouit de cette nature dans laquelle prend racine sa création. La rêverie, état incertain entre la réalité tangible et palpable, évasion de l’attention rationnelle, de la raison ; rêverie qu’elle a dû pratiquer enfant, alitée toute la journée, le corps dans le plâtre, dans le jardin de la maison de ses grands-parents en Bretagne d’où, en toute (in)quiétude, elle observait oiseaux, insectes, nuages, arbres et fleurs. Ils étaient devenus son seul horizon. Cette fusion obligée ne fera qu’augurer la place de son attachement à la toute-puissance du monde naturelle, quand elle deviendra peintre.
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En marge donc du surréalisme, mais pas complètement, à l’intérieur et à l’extérieur en même temps, sans renier l’essence du mouvement et sans être pourtant prisonnière de ses normes, tel est le paradoxe de cette artiste inclassable, à l’œuvre très confidentielle, dont la poésie des images s’est substituée à celle des mots.
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L’art de Rahon … n’entre et ne s’enferme dans aucune classification, n’adhère à aucun précepte stylistique. Il oscille et varie au gré des chaos, des peines et des joies de la vie, s’ouvre et se déploie dans une succession d’obsessions formelles tout en revendiquant le rôle de l’inconscient dans l’acte créateur. Intemporel, son art est un art de la nuance, de la fragilité, de l’instabilité et de l’impalpable ; il invoque les émotions autant que les sentiments.
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Je disais toujours à Eluard et à Breton que les femmes, pour prouver leurs qualités, devaient travailler dix fois plus dur que les hommes pour arriver à ce qu’ils les laissent intégrer leur cercle. Après tout, les surréalistes n’étaient pas si féministes.
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Jouir de la chaleur nonchalante d'Oaxaca. Marcher sans but, au gré des hasards et des coups de foudre. Se laisser porter par le regard et les affects. Etre bien dans sa tête et dans son corps, se sentir dans une sorte d'aboutissement sans peur, passer inaperçue, se fondre sans disparaître, ne faire qu'un tout en se sentant multiple, aimer sans objet de désir, sentir naturellement, être sans contraintes, oublier le temps. Trouver la sérénité.
Les rues éclairées par les couleurs chaudes des murs, les constructions coloniales à un étage, l'embrasement des bougainvilliers en cascade, les cactées démesurées..., un climat unique que le sourire des enfants et le simple affect ambiant ont converti en objet de désir et de plaisir permanents.
(pp.66-67)
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Mon temps était inexorablement devenu mexicain.
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