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Critiques de Christophe Esnault (24)
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Aorte adorée

Le suicide comme on en rit, les délices de l'humour noir, la préservation de la panique, vécue, dans les provocations de la blague potache, du sérieux du comique macabre. Aorte adorée, 32 brèves situations terminales, autant d’échappatoires, où Christophe Esnault creuse son propre rapport au monde.
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Isabelle, à m'en disloquer

Performance poétique, performance amoureuse : s’il fallait présenter en peu de mots l’ouvrage de Christophe Esnault, ce serait sans doute ces expressions en écho qui prévaudraient. Isabelle à m’en disloquer est la célébration d’une double passion : celle pour Isabelle, l’amante, l’aimée, celle pour la langue, l’aimante, la disloquée.



Entre ces deux fébrilités, la langue chair mime, dans ces rythmes comme dans sa mise en page (saluons ici le –très impressionnant- travail de composition transformant le poème en objet littéraire de toute beauté), les essoufflements asthmatiques des amants, leurs contorsions frénétiques. Mots aux syllabes légèrement décalées (pour mieux en déployer les trésors d’invocations), phrases/chiffres-calligrammes formant cœurs et corps, jeux de mise en scène mimant le sens ou faisant surgir, du texte, paysages et portraits, changements de caractères transformant le poème en rendez-vous pictural… Aimer et écrire, semble souffler Esnault, c’est participer du même mouvement de ploiement : on se plie et plie aux mots comme l’on fait ployer le corps de l’autre.



La suite sur mon blog :
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Lettre au recours chimique

La psychiatrie et ses aliénations normatrices, la folie et ses refus, la dysphorie et ses soulèvements, ses lucidités aussi sur cette normalité qui nous tient lieu de soumission à la discrétion. Récit versifié, explosé, sur la mise en mot de l'expérience de l'auteur, son expérimentation de la pharmacopée, les différentes formes et comédies que peuvent trouver un discours sur la folie, Lettre au recours chimique est un texte à la force d'un cri primal. Christophe Esnault, sous les masques et la provocation, le rire et le Vivre, met à nu la singularité de sa voix.
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Correspondance avec l'ennemi

Correspondance avec l’ennemi, Christophe Esnault

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) dans La Cause Littéraire.

Avant-propos : Correspondance avec l’ennemi est le huitième ouvrage des Éditions Les doigts dans la prose. Mention spéciale pour le graphisme & le design de la 1ère et 4ème de couverture, dont la présentation en avant-dernière page vaut le coup d’œil & de lecture : le livre a été composé au Mans en Titillium par Anne Milet, D.A. de l’Agence Atribu, qui a tiré à boulets rouges sur la couverture, avant d’en confier l’impression à L’Imprimerie Graphique de l’Ouest, sise Chemin des Amours au Poiré-sur-Vie (Vendée), pour démultiplication à 550 ex., sur Munken white print de 80 gr pour l’intérieur, carte Arktika une face mate de 250 gr pour la couverture illuminée par un Pantone rouge sang 485 C, rehaussé d’une touche de noir intense sous son pelliculage mat, la première quinzaine du mois de décembre 2014 ; le tout constituant l’édition originale. L’impression d’image 3D majore le look vraiment réussi de ce bel Objet-Livre.



Le recueil : On me citera en note de bas de page dans une thèse consacrée à la bienséance dans la littérature épistolaire contemporaine, commente Esnault avec humour dans l’une de ses lettres (p.75). Série de lettres explosives / assassines adressées à des cibles plus ou moins bien connues du public (écrivains, personnalités publiques, politiques, marques) Correspondance avec l’ennemi signe dans la bibliographie de Christophe Esmault un livre décapant à l’humour parfois très trash – parfois franchement mal poli un brin indécent (cf. la Lettre aux Poilus) – désopilant ! De la dérision, beaucoup ; de l’autodérision également au passage pour se moquer de soi comme on se moque à l’encontre des autres ; de l’invective déployée jouant de la caricature de mauvaise foi pour provoquer le rire (un truc balaise, p.69). Rire déclenché parfois jaune, on l’imagine, sur la face de certaines cibles. L’abus de mauvaise foi – de bon aloi – en semant la caricature et en déclenchant le rire chez le lecteur, au pays d’Esnault comme un peu au pays d’un Voltaire, d’un Cioran, d’un Beckett dont le titre parodié en exergue du livre percute : Stallone meurt avec, pour citation : En sortant de chez moi pour aller me suicider, de sublimes crétins ont dévié ma trajectoire et m’ont roulé par terre : j’étais devenu le plus hilare des hommes.



Tout l’univers d’Esnault est dans ces mots en exergue : son style, sa violence au sens de ce qui provoque chez l’autre immanquablement une réaction. « On », plus proche du commun des mortels, aurait pu écrire : En sortant de chez moi pour aller me promener (…). Mais Christophe Esnault sort plutôt de chez lui pour aller se suicider et ne doit rien au commun des mortels. On, plus anodin, aurait pu écrire : En sortant de chez moi pour aller me promener, de sublimes créatures ont dérouté ma trajectoire et m’ont roulé dans la farine : j’étais devenu le plus fieffé cocu / coquin des hommes. Mais Esnault préfère les sublimes crétins aux sublimes créatures – préfère celles & ceux qui dévient sa trajectoire – on imagine ses inclinations & ses inclinaisons vers le genre des déviants/déjantés – préfèreêtre roulé par terre par les meilleures espèces rampantes traînant leur sombre carcasse sur cette terre brouillardeuse, au remugle d’une mixité douteuse – et devenir le plus hilare des hommes, afin de mieux rire, pour mieux en rire encore…



Voltaire, Cioran, Beckett viennent en références au lecteur pour la veine, la tonalité, le registre, le genre de l’écriture ici pratiquée. Mais d’autres auteurs pourront surgir de sa mémoire, en fonction de sa culture livresque, de son tour d’esprit et de sa sensibilité – là n’est peut-être pas l’essentiel. Pourquoi ne pas penser aussi au Satyricon de Pétrone pour l’évocation d’amours illicites (anachronisme), au Camus de L’étranger ou du Premier Homme pour ce sentiment de l’Absurde vrillé aux chevilles du quotidien, à Beigbeder, au sublime 4.48 Psychose de Sarah Kane, à…



Correspondance avec l’ennemi fait l’effet d’une bombe prête à exploser, d’un arsenal de grenades à dégoupiller. L’enjeu n’est pas anodin dans une époque où les cibles sont plus violemment / plus directement touchées. Mais ici le terrain de combat est celui d’une écriture attaquant de front, avec cependant la distance, la force de l’humour à froid et de l’ironie, des têtes à faire tomber de leur autel érigé comme une imposture. Des têtes ennemies descendues (de leur piédestal) mais sans haine. On serait plutôt a contrario dans l’état d’esprit de la devise « Qui aime bien châtie bien ».



Tombent les masques, des cibles auréolées par un succès en droit d’être provisoirement ou durablement suspecté. Des personnalités publiques (politiques, journalistes, éditeurs, auteurs, tel directeur de publication grelot de ligne, libraires, Docteurs – « du » tiers-payant, de la CMU ou les autres –, Banquiers, directeurs de revues, etc.) ; des lieux ou références incontestés reconnus comme tels antres paradisiaques de la vraie Culture à consommer / à diffuser (magazines, journal, médiathèques, Arte,Centre d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme…, Télérama (aux amis du Pape), Monde des Livres, France Loisirs, managers de Centre de Formation pour futurs maîtres, etc.) ; entreprises de tous genres et variés marquées à l’encre sympathique et indélébile sur les enseignes de nos territoires de consommation (Leroy Merlin, EDF, Interflora, Leader Price, McDonald’s, Darty, Moulinex, SNCF, etc.) ; des establishment au décor salutaire de maladies préméditées (Sanatorium Camel) ; des marques (Butane, Manix, Colgate, Dim, Duracell, Tefal, Barilla, Findus, etc.) ; des hauts lieux de gourmandises (Carambar, BN, Nutella, Coca-Cola, Nestlé, Mont-Blanc, Mamie Nova, etc.). Où caser d’ailleurs Pôle Emploi, incontournable : dans quel espace d’exploitation ou d’exploration (de l’homme par l’homme ?) (ndla). Esnault n’épargne rien ni personne. Pas même le Chef de l’État (Très-estimé François Hollande, p.83). Sans oublier Dieu, la meilleure cible, la plus belle tête (p.36-37 ; au seul index numérique : 6 : 600 euros : Voir Dieu).



L’originalité de Correspondance avec l’ennemi est probablement de ne pas faire dans le détail et de saper aux fondements des instances / des institutions dans le moindre ver attaquant le fruit – sachant que le fruit est dorénavant déjà dans le ver programmé pour le meilleur d’un monde à l’obsolescence préméditée. La caricature atteint son objectif en approchant sans pénurie d’offre par rapport à la demande la loupe d’un auteur téméraire dans l’offensive de ses lettres ouvertes, dont la verve satirique et sarcastique touche au près la sensibilité des lecteurs jusqu’à provoquer le Rire. Car là réside bien l’essentiel de cette correspondance : écrire et donner à lire des lettres offertes à l’envoyeur et au lecteur comme des prétextes à RIRE. J’écris des lettres assassines, note Christophe Esnault. Sa Correspondanceest une arme, désarmant effrontément et sûrement les pontes d’une Farce humaine où tombent dans une danse jubilatoire les plus belles instances, les plus hautes présences : baudruches/poupées dégonflées de leurs fastueuses ou avantageux apparats/apparences. Qui a dit que le rire n’était pas salutaire ? Une blessure ouverte pour mieux rire de nos certitudes & secrets petits travers, petites postures de grands ridicules démantelées/dénoncées. Correspondance avec l’ennemi : échange épistolaire dans l’espace ouvert du Dire & du Rire.



Une véritable fronde littéraire contre les mous flonflons du bal littéraire/sociétal général – à l’instar du catalogue de l’éditeur de Correspondance avec l’ennemi. Âmes insensibles à l’humour décalé, façon Esnault, s’abstenir ! On avance au pays trash & d’insolence roborative de Christophe Esnault comme armé d’un désespoir jubilatoire pour remuer un monde reformé « les doigts dans la prose »…



Laissons les derniers mots à la première lettre de la Correspondance : incipit prometteur – promesse tenue ! – des lettres assassines & explosives qui le suivent :



Butane,



Tout ça c’est de votre faute. Je suis allé chez Carrefour pour chercher une bouteille de gaz et y en avait plus. Le gars m’a conseillé de tenter ma chance chez Leroy Merlin. J’étais énervé, je roulais vite. J’ai pas vu la gamine débouler sur le passage clouté. Comme elle est morte sur le coup, j’ai pas trouvé utile de m’attarder. Y avait plus rien à faire pour elle. Chez Leroy Merlin, ils n’avaient pas été livrés non plus. Je suis reparti avec deux petites bouteilles pour mon réchaud en attendant que vous vous sortiez les doigts du cul.



Cuisiner dans ces conditions un sandre au beurre blanc, c’est dead de chez dead. J’avais fait une promesse à Sylviane (elle adore le poisson). On a donc été au resto et dans la conversation, elle m’a dit : « T’as entendu à la radio le salaud qui a écrasé une petite et s’est barré ? » j’ai répondu : « Faut rouvrir les chambres à gaz rien que pour lui ». Sylviane n’était pas vraiment plus modérée que moi à propos du tueur. En rentrant chez moi, j’ai pas réussi à la baiser, j’étais pas dans mon assiette. Elle était super vexée que je ne la désire pas et que même en me suçant j’ai n’ai aucune réaction ? J’ai répliqué que c’était à cause des salopards de chez Butane ! Sylviane a lâché un pet d’étonnement et c’en a été trop pour un seul homme. Je l’ai étranglée. J’ai pas hyper faim. De toute façon, ça va pas être pratique de la cuisiner sur le réchaud.



Livrez dans les temps, putain, merde !



C.E.



Christophe Esnault flingue à boulets rouges & à bout portant avec des balles à blanc. C’est flinguant, renversant, décapant, fringant. Une décharge rafraîchissante qui ressuscite des mythes ; dont on sort meilleurs vivants, revivifiés. Jubilatoire, irrésistible !



Murielle Compère-Demarcy








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CapharnaHome : 10 nouvelles sur la maison

La maison, lieu de toutes les joies et de tous les dangers dans ces 10 nouvelles étonnantes.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/12/01/note-de-lecture-capharnahome-collectif/
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Poète né

Pour approcher ce que peut être la poésie, une drôle d’enquête ethnographique, dans la dérision et l’auto-dérision, parmi les postures revendiquées à tort et à travers, de ci de là, par celles et ceux qui voudraient tant en être – ou non.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/26/note-de-lecture-poete-ne-christophe-esnault/



Un poète ou une poétesse peuvent-ils être détectés, reconnus, identifiés comme tels, sur les réseaux sociaux ou dans la vie de tous les jours ? C’est à cette enquête de type ethnographique soigneusement trafiqué que nous convie Christophe Esnault, jouant de la dérision (beaucoup) et de l’auto-dérision (aussi) pour traquer un éventuel gène de la poésie dans les comportements, les postures et les bravades, dans les idiosyncrasies et dans les préjugés, dans les récits de soi et dans les auto-glorifications toujours tentantes. Sous couvert d’enquête, bien entendu, comme l’avait pratiqué à sa manière différente mais convergente le Hans Limon de « Poéticide », il s’agit bien – et les poésies (identifiées comme telles) qui se glissent entre les paragraphes de l’investigation anthropologique veulent en témoigner – de questionner la notion même de poésie : affaire de mots avant tout – et non de statuts, de statures, de statues ou autres habits.



Malicieux comme toujours, féroce comme bien souvent, Christophe Esnault poursuit avec ce « Poète né », publié en juin 2020 aux éditions Conspiration, une quête multiforme, distribuée à parts soigneusement variables entre l’enjoué et le rageur – comme le travail accompli en musique avec son complice Lionel Fondeville au sein du Manque. D’un côté, on trouvera les résonances multiples et joliment polémiques de ses « Correspondance avec l’ennemi » (2015), de « Ville ou jouir » (2020) ou de sa « Lettre au recours chimique » (2021), tandis que sur l’autre rive nous contempleraient en souriant presque « Isabelle, à m’en disloquer » (2011) ou « L’enfant poisson-chat » (2020). Besoin d’une intransigeance impossible à rassasier, tendre dénonciation de ce qui pousse à plier et à conformer, l’œuvre au long cours incarne ici aussi toujours autant de pistes et de possibilités, pour que la poésie reste matière vivante et récalcitrante.
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Mollo sur la win

ize nouvelles corrosives, amusées, sur nos dérives et les tranquilles déraisons de nos aspirations. Mollo sur la win met en scène des paumés magnifiques - dérisoires et romantiques - se heurtant à leur solitude et à l'incompréhension qu'ils suscitent. Avec une délicieuse dérision (parfois un peu facile, quelquefois même un rien aigre), Christophe Esnault et Lionel Fondeville livrent dans ces nouvelles un instantané acide de notre époque et de son milieu culturel.
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Mollo sur la win

« Mollo sur la win » est un sacré pas de côté. Ces nouvelles serrées comme un café fort, parfois acides sont un saut dans la flaque du conventionnel.

« Ma petite performance est un coup de poing de trois minutes. Sollers toujours allongé par terre, me regarde, fasciné. »

Christophe Esnault & Lionel Fondeville binôme certifié, atypique et original pourvoient à la littérature avant-gardiste avec des allures de Diogène. Ces nouvelles sont une bouffée d’oxygène, tant la liberté, le vivifiant sont des cerfs-volants lâchés en plein ciel chassant les nuages lourds d’aprioris. Ici, reste d’équerre le ton, la puissance, l’empreinte de deux auteurs engagés et convaincus. Parfois caustiques, sociétales : « L’esprit d’entreprise » sentimentales : « Humeurs », dans chacune se love la belle humanité et ses étrangetés, ses errances, ses pertes de vitesse, crissures su la glace, le relationnel aux abois.

« Ses classements dans les derniers marathons auxquels il participait étaient d’ailleurs honorables. Mais il ne courait pas, il fuyait. »

Ce kaléidoscope est une course en plein champ, blé fauché, rien ne résiste aux faux-semblants. Les mauvaises herbes arrachées, ici vous avez l’envers du décor, le réel écorché vif. Prenez soin de « « Littératures comparées », je vous promets un grand moment de pur délice, du pétillant, et un humour de rois, de princes ou d’auteurs cachés entre les lignes et qui s’amusent comme des êtres enivrés d’espace littéraire, libres, immensément libres.

« J’ai pondu Perlouse d’une traite. Un texte d’une densité incroyable. Un jour, il sera étudié dans les facs. On me comparera à Rabelais et on montrera comment j’ai repensé la forme courte et la scatologie littéraire là où Jauffret et Gainsbourg ont poussivement ahané vers le Goncourt. »

Ces textes entrecroisés sont dans une double lecture, la gravité maquillée en clown. Méfiez-vous des apparences. Elles sont des mises en lumière, le microcosme de notre monde, fourmilière égarée, des êtres tremblants de beauté sous des masques trompeurs. Ce kaléidoscope est la Babel des gens, des passants, d’un homme ou d’une femme, nos semblables sans fioritures. Lisez ces nouvelles en plein été, vous sentirez le vent léger d’une trame hédoniste qui signe « Mollo sur la win » en apothéose. Publié par Cactus Inébranlable Éditions.



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Lettre au recours chimique

ue dire d’un récit qui ne se raconte pas ? Ai-je détesté, sûrement pas. D’ailleurs, est-ce une lecture dont on peut dire que l’on aime ou pas, encore moins. Alors comment vous parler d’un ‘roman’ comme celui-ci ? C’est une lecture qui demande de l’attention, éprouvante : elle marque, indéniablement. Et l’auteur encore plus.



Christophe Esnault est d’abord un Amoureux de la littérature. Amoureux de l’amour, de la vie.



Mais il est atteint de dysphorie depuis plus de 20 ans. Il se décrit cador du parano aussi. Et angoissé. Il ne rentre pas dans les cases, il dérange ceux qui ne savent pas Vivre.



Pour nous présenter ses pathologies, il nous dresse un tour d’horizon de son monde, ce qui le rend humain, l’illumine, l’énerve, le révolte, l’affaibli. Il nous parle ici de tout, ses amours, des handicapés mentaux, des neuroleptiques, de la musique, des DRH, de ses rdv médicaux, des faux semblants, de l’importance de savoir VIVRE… Surtout.



Il se bat contre l’addiction, les psys, les médocs, sa folie, les normalités, celle du couple,… Le couple, sa vision est absolue ; il aime l’amour, mais pas le couple. De ce qu’on en fait et de ce ‘faut’ qu’il représente pour les normaux.



C’est pourquoi l’auteur aime tant sa femme, par ce qu’elle est libre de lui.



Il nous ouvre les yeux et confie ses autres manques, ses souffrances qui dérangent.



En premier lieu visé, le soin psy.. prodigué par ces hommes aux blouses blanches faussement thérapeutes, cachés derrière des murs de diplômes et dénués de la seule chose qu’on leur demande : l’Ecoute de l’humain et sa compréhension.



L’ECOUTE



Aujourd’hui, on sédate le patient sans connaître la cause de son mal, et pour avoir la paix. Et puis parce que cela fait tourner le monde. Le fric.



On prescrit, c’est tout. On lance les engrenages de traitement longue durée sans se soucier des effets secondaires de traitements au long court.



Mais on n’écoute toujours pas.



Christophe Esnault devient fou de cette transparence, de cette cécité sur les besoins de milliers d’autres patients, de ces pathologies qu’on colle au dos pour donner le droit de prescrire encore un peu plus et bien sûr, il souffre aussi.



Ce récit est « Un texte centré pour un homme égocentré », qui a pris autant de soin à {dé}ranger ses mots, sans dessus dessous, sans règle particulière, à demi, chevauchant, barrés ou solitaires.. Ici les mots, les phrases dansent, volent, se cherchent, explosent, accusent, aiment, pointent.. Dans ce joyeux bordel, chacun à la place qui lui revient et tout est alors limpide.



Cette plume incessante sort « mille pensées à la minute », dans un flot enivrant, spontané. L’auteur plante sa plume au cœur, dans une explosion de sincérité, elle est piquante, cynique et folle, surtout maladivement poétique.



Pour reprendre mon souffle, j’aurais pu fermer ce livre et le continuer au fil des jours, mais.. je suis restée en apnée. Certes court récit d’une centaine de page, ce plaidoyer saisissant se lit d’une traite. Lorsque Christophe Esnault entre dans notre tête, il y reste ; ce genre de personne ne vous laisse plus tranquille une fois rencontrée, lue ou écoutée.



Elle habite votre esprit.



Elle ne s’arrête jamais, elle est solaire, rieuse, bavarde. On voudrait qu’elle aie toujours à nous dire.



Au point d’en être saoulé.



Drogué.



Nous aussi.



Il y a des rencontres qui marquent l’esprit : une présence, une personnalité, un charisme, un tempérament ou aussi un flot de paroles déversé le temps de la « rencontre ». Ou tout ça à la fois. Quand elles entrent en scène, c’est la tornade, tout vole, tout brille, tout éclate et une fois la porte refermée derrière elles, on reste seule, avec pour unique bruit, le silence qui nous enveloppe.



Comme une chape de plomb qui nous tombe dessus.



Alors vous vous demandez ce qu’il vient de se passer.



Et vous reprenez votre respiration, enfin.



« Lettre au recours chimique » n’est pas que le long monologue d’un fou, c’est d’abord les proses d’espoir d’un homme qui ne veut plus souffrir.



Puisse cette lettre faire changer les choses ♥
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Poète né

La poésie en sa prétention, portrait du poète en pauvre type, satire acide de sa figuration sur les réseaux. Au seuil de l'outrance, Christophe Esnault y surajoute une autre voix, une autre vision du poète dans l'effacement. Poète né interroge alors où, derrière l'humour, l'auteur à lui-même se révèle.
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Pas même le boucher

L’adolescence empêchée, emprisonnée dans ces institutions sans secours, capturée dans ses échappatoires — drogues, lecture et écriture. La rage, la vie jusqu’au désir d’en finir. Un long poème, un cri pour comprendre comment on se construit sur les refus, sur le désir d’amour perpétuellement dénié, sur l’intégration par la picole, la fumette, les conneries. Parlant, semble-t-il, pas seulement de sa seule expérience, Christophe Esnault livre une fiction d’une immense puissance émancipatrice, donne voix à une révolte qui n’occulte ni ratage ni impasse. Lisez Pas même le boucher.
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Lettre au recours chimique

Une incroyable poésie fiévreuse et furieuse adressée au soulagement des pathologies non soignées qui constituent la vie contemporaine.





Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/07/09/note-de-lecture-lettre-au-recours-chimique-christophe-esnault/



On sait depuis quelques années la capacité rare dont dispose Christophe Esnault pour s’adresser à des interlocuteurs hautement improbables (ou rendus tels lorsqu’ils ne le semblaient d’abord pas) et particulièrement réjouissants, littérairement : dès « Isabelle, à m’en disloquer » (2011) et « Correspondance avec l’ennemi » (2015), voire dans « Ville ou jouir » (2020) et même dans « L’enfant poisson-chat » (2020) – on vous laissera le soin, pour ces deux textes-là, de déterminer le protagoniste réel de l’échange -, le questionnement frontalement poétique et subtilement politique, sans relâche, irrigue une révolte de fond face à la force d’inertie si colossale de l’absurde qui régit notre contemporain (et que l’aventure Le Manque à laquelle participe Christophe Esnault en compagnie de Lionel Fondeville – dont le témoignage photographique est aussi présent dans l’ouvrage – tente aussi de déminer et contourner).



Publié en mars 2021 dans la collection Freaks des éditions Æthalidès (où l’on trouve aussi, par exemple, les remarquables « Seins noirs » de Watson Charles ou « Le tango des ombres » de Jean-François Seignol), « Lettre au recours chimique » mobilise lorsque nécessaire Günther Anders et son « Obsolescence de l’homme » (dès l’exergue), des films d’Aurélia Bécuwe (« Phase haute », dès l’exergue également) et de Sandrine Bonnaire (« Elle s’appelle Sabine »), Jean-Louis Comolli et son « Une terrasse en Algérie », Sarah Kane et son « 4.48 Psychose » (une référence presque constante de l’auteur, comme il en sourit page 77), Pierre Guyotat et son « Tombeau pour cinq cent mille soldats », Mathieu Riboulet et son « Entre les deux il n’y a rien », Unica Zürn et ses « Lettres au docteur Ferdière », ou encore Claire Dumay et ses « Étreintes bloquantes ».



Naviguant dans un espace éminemment inconfortable mais particulièrement judicieux, aux bornes opposées duquel on trouverait peut-être le Pierre Barrault de « Clonck et ses dysfonctionnements » et le Thierry Théolier de « Dude Manifesto », ces 100 pages fiévreuses délimitent un étrange territoire, à la fois terriblement familier et brutalement dépaysant, celui où s’exerce le vivre (que l’on ne saurait accoler à l’épithète libre que dans un contexte furieusement spinoziste) sous diktats et soulagements esthétiques, sociaux, médicaux et politiques – dans un ordre le plus souvent merveilleusement ou tristement aléatoire.


Lien : https://charybde2.wordpress...
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L'enfant poisson-chat

D’Ernest Hemingway à Pierre Bergounioux, nombre d’écrivains ont écrit sur la pêche. Co-parolier du groupe « Le manque », acteur occasionnel, auteur de plusieurs recueils, le Chartrain Christophe Esnault parle de son jeune âge au prisme du passe-temps, racontant avec justesse ses parties de canne à travers une série de vers libres, merveilleusement lisibles, limpides comme l’eau claire. Le poème est d’abord géographique, visuel. Comme Gracq, C. Esnault décrit les lieux avec la simplicité, la dextérité d’un amateur chevronné. Retombant délicieusement en enfance, nous l’accompagnons ainsi dans ses excursions braconnières, au milieu des champs, sur les ponts, en bord de Loire lorsqu’il attrape différentes espèces de poissons, du méchant silure, catastrophe écologique, aux "petites perches arc-en-ciel" sautillantes (p. 16). Car sous la plume se dessine, au fil des textes, un récit initiatique, marqué par la naissance du sentiment amoureux, des premiers émois sexuels, déclinés en souvenirs extrêmement précis, quand "des livres pornos échangés à la sortie de la messe" (p. 28), on en vient à la réalisation concrète, et ce après de nombreuses tentatives infructueuses. Prendre des poissons, oui, mais aussi prendre des filles, si on peut dire sans choquer la gent féminine. Nulle misogynie, puisque C. Esnault se fait alors lyrique, passionné : "Elle avance dans la rivière en remontant sa robe/Vous avez dormi dans le camion la porte ouverte/L’ombre du petit pont de pierres/Tombe sur le ruissellement/Un tissu féérique sur ta pupille/Éblouit par les reflets" (p. 103). Ainsi s’achève ce petit livre, aussi sensible que vrai. Une légère mélancolie, un parfum de nostalgie, baigne le tout. Très présents, les souvenirs semblent également lointains, perdus dans la brume des canaux. Omniprésent, l’humour, le sens de la dérision, de l’autodérision, ouvrent à une sortie vers le rire, ou plutôt le sourire. L’intéressé n’hésite pas ainsi à nous raconter des épisodes peu glorieux, mais drôles, tels de petites saynètes tragi-comiques : "Quand ton père a invité le curé/Et qu’il y a un asticot dans la salade/Plus précisément dans l’assiette de l’invité/Tu es injustement suspecté/Toi et tes boîtes à appâts/Et ta mère va mourir de honte/Par ta faute" (p.50).

Édité chez publie.net, orné d’une belle couverture créée par la poétesse Aurélia Bécuwe, "L’enfant poisson-chat", qui porte un titre programmatique, n’est pas sans rappeler "Auberge de la tête noire", lorsque P. Sanda se raconte, à travers une série de textes en vers narratifs.



(Critique d'Etienne Ruhaud parue dans "Diérèse").
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Ville ou jouir et autres textes navrants

Rater son suicide et refuser hardiment de réussir sa vie, pour mieux chevaucher des antilopes urbaines, en une étrange poésie, faussement nihiliste et diablement rusée.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/04/19/note-de-lecture-ville-ou-jouir-et-autres-textes-navrants-christophe-esnault/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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CapharnaHome : 10 nouvelles sur la maison

aNTIDATA est une maison d’édition spécialisée dans la nouvelle et le texte court. Ici, nous sommes même assez proches de la « short nouvelle ». Quelques pages seulement pour nous faire franchir le seuil d’une dizaine de maisons. Avec l’œil du passant un brin voyeur, nous poussons les portes, nous glissant dans les recoins ou parcourant les pièces. Nous avançons à tâtons au gré des souvenirs qui s’y rattachent, des drames qui s’y déroulent parfois.



Les inspirations sont assez diverses même s’il est intéressant de souligner que la majorité des auteurs font appel au passé, aux souvenirs, à ce qui perdure.

10 écrivains plus ou moins confidentiels, rassemblés ici pour évoquer avec humour, angoisse, poésie, dérision ou nostalgie, l’intimité du logis. Chacun lève le voile sur ces lieux de passages, dévoile l’essence des lieux, les moments restés en suspens. Qu’il s’agisse de la première maison ou d’une nouvelle installation, celle qui reste, celle des parents, d’un voisin, celle de Dieu, ou la toute dernière, de marbre loti, toutes soulèvent des questionnements, laissent des traces, ouvrent une parenthèse temporelle.



Des nouvelles très courtes, qui ne s’enlisent pas dans le détail, toutes très bien écrites. Certaines sont de vraies trouvailles, avec un sens très aigu de ce que doit être la nouvelle, et notamment du caractère inattendu de la chute.

Mentions spéciales à la Souricière de Bertrand Redonnet qui nous mène sur les routes isolée de Pologne, à l’Odeur de soupe dans laquelle Gilles Marchand flirte de façon inattendue et réjouissante avec le fantastique, ou La valise de Charlotte Monégier qui nous offre un éloignement furtif au bout du monde et joue avec humour sur la difficile extraction du quotidien.



Encore un sans-faute pour aNTIDATA, avec ce recueil à picorer en guise d’entracte.
Lien : http://casentlebook.fr/capha..
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Isabelle, à m'en disloquer

Décidément, cette fin d’année est remplie de petites pépites poétiques. Après la lexicopathie somnambule selon Radu Bata, voici la dislocation amoureuse selon Christophe Esnault, ou quatre-vingt treize très courtes pages pour trois jours de passion dévorante dans les bras de la belle Isabelle. Le livre est ainsi composé d’une cinquantaine de textes, reflets de moments, de sensations vécues durant ces jours d’amour. Incrédulité, doutes, incertitudes, mais aussi passion ravageuse et ravagée, euphorie et coups de queue mémorables peuplent ces pages.



Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2011/12/chronique-livre-isabelle-a-men-disloquer/
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L'enfant poisson-chat

Entre hameçons et poissons nageurs, entre terroirs secrets et rivières banales, entre fritures occasionnelles et remises à l’eau salvatrices, une étonnante et malicieuse bouffée d’oxygène poétique pour nos branchies encrassées.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/28/note-de-lecture-lenfant-poisson-chat-christophe-esnault/



Lorsqu’il ne compose pas des vidéos, musiques et chansons aussi barrées que réjouissantes avec son compère Lionel Fondeville (dont je vous parlerai très prochainement sur ce blog de « La péremption ») au sein du Manque (on parlera sans doute bientôt aussi, ici, de leur « Mollo sur la win » récemment écrit en commun), Christophe Esnault nous offre depuis plusieurs années une poésie exploratoire qui parcourt régulièrement de nouveaux univers alternant plongées affolantes et fausses pistes élégantes, de la tentative de résolution d’une équation amoureuse de « Isabelle à m’en disloquer » (2011) aux courriers enflammés de « Correspondance avec l’ennemi » (2015), des insensés hommages surréalistes de « Mythologie personnelle » (2016) aux chevauchées d’antilopes urbaines de « Ville ou jouir » (2020), en passant par les rusées introspections de « Poète né » (2020) ou l’hommage absolu au ratage multiformes, sous le signe de Georges Hyvernaud, de l’ample « Mordre l’essentiel » (2018).



Et puis il y a ce « L’enfant poisson-chat », paru chez publie.net en novembre 2020 : l’apprentissage précoce, familial et garnementesque de la pêche, sous ses formes réputées (presque) nobles comme sous ses formes les plus arrachées et braconnantes, transformé en une petite et dense saga poétique, intime, sportive, naturelle et sans effets ajoutés.



Marquée du sceau secret d’une célèbre marque finlandaise de poissons nageurs et autres leurres, qui ne sera jamais citée (on sait par d’autres travaux que les noms commerciaux de la société de consommation, quels que soient leurs terrains d’évolution, ont valeur de chiffon rouge potentiel pour l’auteur : « Heureusement il y a Findus !’), cette guerre des boutons intérieure et à plus d’un titre larvée se joue dans les mares, les étangs, les ruisseaux, les rivières et les réservoirs d’une France liquide – qui n’est pas celle pourtant de Pierre Patrolin ou de Michel Jullien – dissimulée sous les surfaces. Quelques excursions carrément plus lointaines seront incidemment au programme, mais le décor général, entre enfance, adolescence et bouffées plus rares d’âge adulte, est bien celui d’un pays rural ou largement péri-urbain, avec un air dominant de Mayenne et de Maine-et-Loire, de Sarthe et d’Eure-et-Loir. Le terroir est ainsi sans doute moins prestigieux en apparence que le Montana, les techniques utilisées ne s’inclinent pas, loin s’en faut, devant la reine pêche à la mouche désormais popularisée par trois générations de nature writing et de nature filming nord-américaines (au milieu desquelles on notera non pas une rivière mais une malicieuse contribution autrichienne, celle de Paulus Hochgatterer en 2003), mais l’élan vital, technique et joueur, véhiculé par ces successions ramassées de brefs vers libres, ne cède rien à quiconque.



Du coup de filet maladroit d’enfants opérant naturellement en douce aux seaux tombant des porte-bagages, des chats à deux jambes dérobant les réserves de vifs aux cuillères accrochées aux branches qu’il est hors de question d’abandonner, de l’asticot suspect dans la salade du curé à la canne cassée d’un décrochage trop sec du poignet, chaque étape technique ou non d’un parcours souvent initiatique et potentiellement sans fin, chaque anecdote savoureuse, chaque émoi ressenti (parce que s’il y a la pêche, toujours et partout, il y aussi l’envie qui taraude de découvrir les filles et les femmes, de les embrasser et plus si affinités), chaque complicité établie vers des azimuts improbables est matière à récit et à poésie.



Avec son verbe élancé et argenté, dansant et virevoltant, sachant même être boueux ou huileux lorsque nécessaire, Christophe Esnault nous prouve en souriant que chaque point d’eau, même bien loin des montagnes sauvages, secrète sa propre « Indian Creek » pour qui le veut et le rêve – et nous fait le cadeau rare, dans un milieu ô combien inattendu, d’affirmer discrètement que nous ne sommes peut-être pas toujours voués, malgré tout, à consommer et à être des truites d’élevage nourries aux granulés.
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L'enfant poisson-chat

« Apprendre à pêcher / Avant d'apprendre à lire. » Au fil du temps qui passe subrepticement, résistent les images pavloviennes, douces, la campagne en diapason. L'eau cruciale se loge abondante et affamée : de ce poisson-chat.Le summum fédérateur et éducatif, piédestal d'une littérature vivifiante.Le charme opère une fusion vertigineuse avec Christophe Esnault dont l'enfance était, dès les prémices, initiatique. La pêche, l'acte émancipateur, la liberté à plein bras. On devient l'ombre du narrateur, de cet enfant, de cet homme en advenir. On marche dans les feuillages, en équilibre sur les gués, canne à pêche en main, regard altier, la frénésie du jour nourricière et humble. Les heures coudées, franches, ivresse et joie. Les fragments prennent sens, éclatent de poésie d'un réalisme sidérant, perfectionniste. La ruralité devenue la pièce centrale des jeux de l'enfance vénérée. L'ouverture glorieuse des apprentissages. La campagne la cosmopolite verdoyance à perte de vue. « Parfois ce n'est pas ce qu'on sort de l'eau/ Ou ce qu'on ne sort pas de l'eau/ Ou ce que l'on voit à hauteur d'eau/ C'est la couleur d'un renard à vingt mètres/Prise dans notre émerveillement. » « le pêcheur dans sa barque te fait signe de la main/ Ça veut dire bravo mon gars beau poisson/Le sandre fait sept livres. » « L'enfant poisson-chat » pêche les moments de saveurs, poissons symboliques, les anecdotes deviennent des cartographies. Images d'Épinal, seau lourd de poissons, les heures d'abandon à soi-même, l'enfant grandissant dans cet espace de communion. « Tu n'as pas compris seulement/ Trente ans plus tard que cette jeune fille/ Avait été ton plus certain émoi sexuel/ Et que ton éducation et les stéréotypes véhiculés/ t'avaient fait sottement mentir sur ton désir. » On ressent le magnétisme d'une nature dévouée, sereine et solidaire. Corps à corps avec l'enfant, rythme fusionnel, le pont des espérances. Rivières, cours d'eau, sources, fontaines, gouttes d'eau perlées sur le coeur de l'essentialisme. La plénitude d'un Carpe Diem révélé. « Tu étais curieux de la connaissance d'un de tes camarades/ Qui pouvait donner un nom à tous les oiseaux. » « Ça ne servirait vraiment à rien/ D'avoir un compte Facebook/ Si on ne faisait pas un selfie/ Quand on vient de sortir de l'eau un silure. » L'enfant grandit, mutation. Visions d'un ailleurs mystifié. « Tu as réussi toutes les épreuves/En étant défoncé/ En l'étant encore/ Tu arrives à l'heure pour refiler la mob/ Tu achètes un pack/ bien mérité. » « Demande démesurée/ D'attention et d'amour. » Ce recueil de poésie, empreint de sociologie, toile picturale est la trace de la vie-même.De ses petits miracles, ses doutes. Notre contemporanéité d'un XXIème siècle à mille lieux de cette vitalité de vivre à l'air libre, si libre. Ce poème est aussi l'hymne du Vivre-Ensemble, la camaraderie, corde à noeuds. Émouvant, il encercle les questionnements d'un jeune homme devenu qui ne lâchera jamais ses prises paraboliques, envers et contre tout. « L'enfant poisson-chat » est un modèle olympien à reproduire. Laissez vivre les enfants au grand air, reflet dans la mare des expériences ! Christophe Esnault délivre les heures de gloire et d'incertitude aussi quant à son devenir. Se méfier de ce trop plein de plénitude, se risquer de l'autre côté, dans le monde urbain et réaliser qu'un pas de côté peut être salvateur. Ce poème est une leçon de vie. Il fait comprendre l'importance des petits riens qui en fait sont les marqueurs pour un lendemain à bâtir. Magistral. Publié par les majeures Éditions Publie.net.
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Correspondance avec l'ennemi

L’adresse aux puissances comme exorcisme poétique et incisif du manque.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/28/note-de-lecture-correspondance-avec-lennemi-christophe-esnault/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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L'apatride culturel

[...] Rencontrer est l’une des clés de voute de la vie de Christophe Esnault. C’est avec ce premier pilier qu’il va trouver sa place parmi les autres. Avec une exigence parfois démesurée, une rigueur aussi qui font qu’il peut lui être difficile d’arriver à ses fins, difficile d’arriver à une rencontre authentique [...] Si rencontrer est si important pour lui, c’est que Christophe Esnault a un autre pilier dans sa vie : la création. Rencontrer et créer : voilà les deux piliers qui le font vivre « La vie c’est la création » nous confie-t-il et il ajoute. « une présence vive / Me touche/M’émeut/M’augmente » On ne saurait mieux magnifier une rencontre. Et s’il est un domaine dans lequel les rencontres et la création s’épanouissent, c’est bien l’amour. Mais le poète reste muet sur ce chapitre. Raconter ses amours « c’est souvent tendre des miroirs/ A des vies parfois bien peu/ Commencées ».



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