Citations de Claire Fourier (101)
.
L'âme se sent vite à L'unisson d'un paysage aimé .
Allongée sur la dune mousseuse ,
je goûtai dans la brise salée et le tremblé de l'air
l'harmonie du monde ;
je sentais sous mon corps bruire la terre multicolore .
J'étais en phase avec l'ordre des choses .
L'heure passait , allongeait les ombres [...]
Le bleu du ciel se mâtinait de mauve accordé à la bruyère ,
et virait à l'orange .
Bientôt le monde se noyait dans un creusé d'or .
J'entrai éblouie dans le Temple de la beauté pure .
J'entrai dans l'universel .
P.42 ( dune de Saint-Samson , pays de Landunvez ,Finistère )
— Toutes les histoires se ressemblent, ma petite fille, c’est la manière de les vivre et de les raconter qui change.
p.220
La musique de Debussy ne fait pas de bruit, seulement de la lumière. Sa fille, âgée d’une dizaine d’années, confiait à Marguerite Long : « Papa veut que je joue du piano, mais il ne veut pas que je fasse du bruit, je ne sais comment faire ! » Dans la lecture aussi les mots devraient se transmuer en lumière.
p.273
Il y eut des cadrans solaires au fronton desquels on lisait : "Le temps est la seule chose dont la vie soit faite. Ne pas bousculer."
P.107
En latin, Finis terrae, fin de la terre. En breton, Penn ar Bed : Tête du monde. Le Finistère est-il la fin ou le début du monde ? J'aime à croire qu'il est un pont jeté entre deux mondes.
Scrutant l'océan
regard s'emmêle de pinceaux
quoi penser de quoi ?
Là j'ai compris que l'être humain doit être, plus qu'un éveilleur, un veilleur de la pensée : il loge dans la chambre de veille. Qu'est-ce, au vrai, que le Graal ? Non pas une lumière dans le lointain, mais en nous la lumière qui fait voir le lointain.
p.70
Anna ne s’était pas fait une vie sur mesure, oh non ! c’est la vie qui avait enfin trouvé un être sur mesure!, - un être à la fois comme un oiseau dans l’air, et l’air autour de l’oiseau.
p268
- J'ai envoyé mes œufs avec moi !
[...]
Elle pratiquait, comme en breton (manière adoptée par Céline), l'inversion de phrase pour la rendre plus expressive.
p.314
Délivre moi Seigneur
Oh pas du mal -
De la conscience
Je n'ai plus personne à qui dire mes choses. Ainsi vont les jours.
"Ma mère est personne", et je suis l'enfant de personne. Donc je ne suis plus une enfant. C'est un adieu à l'innocence que je suis en train de vivre.
On perd un mari : on perd sa vie quotidienne. On perd un enfant : on perd la chair de sa chair, et une part d'avenir. On perd une mère : on perd son enfance, on perd sinon la patrie, -la matrie-, où tout ce qu'on faisait était inoffensif, où il faisait bon être irresponsable; on devient majeur.
Dans les langues grecque et bretonne, le même mot désigne le bleu, le vert : chez nous, feuillage et mer sont ‘glaz’.
p.282
De Falaise ou de Sicile, les Normands chassent les baleines grises ; les Bretons poursuivent la Baleine Blanche. Les pêcheurs de l'île de Sein, partis cent trente, revenus vingt-neuf, ce n'est pas à l'appel du Dix-huit juin qu'ils ont répondu, c'est à celui de Moby Dick ! Dans la tourmente de la guerre, ils ont confondu le général de Gaulle et le capitaine Achab.
p.127
Le rocher de Saint-Samson fut un tremplin mental - et celui de mes humeurs. J'y ai incubé une maladie : la mélancolie impétueuse. Le granit et le duvet d'écume m'ont appris à aimer chez les êtres la netteté de l'intellect et la brume du cœur.
p.21
Je ne sais pas pourquoi
larmes et gouttes de pluie
ont la même taille
Le temps n’est que le dérèglement de l’éternité.
p.249
Le livre est un chiffon de papier, le poète le chiffonnier du temps.
P.157
Tandis que les villageois se recueillent devant la dépouille du héros, l'épouse, reniflant son chagrin, épongeant ses yeux - qu'on dirait de sable bleui quand les vagues, juste retirées, y laissent une nappe d'eau très fine sous l'or du soleil -, trie, compte les œufs dans la cuisine.
p.13
Bach, dit-on, enfilait des gants noirs pour écrire un requiem. Enfiler des gants bleu vert pour écrire la mer. Oh, dites-moi, est-ce que le monde est ancré dans le temps ?
p.298
L'étoile sort le soir
peut-être elle n'a pas
de vie intérieure