AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782918135722
183 pages
Editions Dialogues (11/04/2013)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Une femme se retire (pourquoi ?) dix jours en août dans un monastère de la Chartreuse abandonné par les moines et qui accueille des laïcs. Dans la chaleur de l’été, quasi nue et chaussée des grandes bottes de jardinage masculines dénichées dans l’atelier, elle met ses pas dans les pas du Chartreux, entreprend de nettoyer son jardin en friche, évolue comme chez elle dans la maison de l’ermite absent dont, épousant la manière de vivre, elle s’éprend peu à peu. Tout re... >Voir plus
Que lire après Dieu m'étonnera toujoursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ouvrage lu dans le cadre de Masse Critique, j'en remercie Babelio et les Editions Dialogues.

Dans ce livre aux formes atypiques, la narratrice quitte pour dix jours le "siècle" et ses turpitudes pour se recueillir dans un monastère de Chartreux dans la montagne jurassienne.
Au fil de la plume, elle décrit tour à tour ses activités, ses réflexions, ses souvenirs, ses brusques envies, ... La narratrice est un personnage hors norme: sans foi mais à la recherche de Dieu, venue quêter le silence et l'assagissement des sens, elle finit par brûler pour le dernier Chartreux qui vécut dans sa cellule, ...
Sa prière, c'est nue, en bottes de caoutchouc (laissées sur place par ledit Chartreux) et en jardinant qu'elle va la faire, exhalant un parfum de paganisme dans ce cloître chrétien. Sa quête de Dieu passe par la (re)découverte de son oeuvre, d'où l'exclamation du titre. Elle trouve Dieu à des endroits où elle ne l'attendait pas (un sapin notamment).

Claire Fournier, en alternant anecdotes et réflexions plus sérieuses, nous livre les pensées de sa narratrice (les siennes?) sur la religion, la place de Dieu, la mort, la vie, l'amour (charnel et intensément ressenti), la nature, le monde contemporain, ... Dans ses réflexions, Claire Fourier multiplie les références littéraires et théologiques: Niezsche, Bashô, Heiddegger, Saint Bruno, ...

Elle reconnaît le danger de sa retraite par rapport à la vie séculière: à trop rester dans ce cadre apaisant, où le temps reprend ses droits sans heurts ni fuite, on sent le risque de ne plus pouvoir retourner vers la société, vers les gens, le bruit, les horaires toujours trop courts, ...

L'ouvrage se découpe en courts chapitres, lesquels sont séparés par plusieurs courts poèmes de trois vers, dans le style haïku. On sent d'ailleurs une certaine influence du Japon, non seulement sur sa poésie mais dans son approche de Dieu aussi: sa façon de se le représenter m'a fortement rappelé le shinto.

Le ton général est très vif, l'écriture dynamique et pleine de poésie et d'humour. Je me suis prise à rire plusieurs fois sur certains de ses poèmes si pleins de naturel et d'esprit. Sa plume se teinte également à de multiples reprisesd'une touche d'érotisme léger

Le livre, inclassable puisqu'oscillant entre prose et poésie (d'ailleurs les limites sont souvent floues), de Claire Fourier est à la fois divertissant et offre matière à réflexion, à se plonger soi-même en soi pour y trouver une étincelle d'humanité dans sa plénitude. Une très belle découverte, donc, que j'ai grande envie de partager.
Commenter  J’apprécie          170
Claire Fourier Dieu m'étonnera toujours
Suites pour le temps qui passe
Récit
éditions Dialogues, 2013. (188 pages – 19,90€)

Certains rêvent de parcourir le chemin de Compostelle, d'autres d'effectuer une retraite spirituelle. C'est ce deuxième choix que Claire Fourier nous explique dans son « voyage au pays de Dieu » effectué l'été 2011,au coeur de la Chartreuse. La couverture annonce les occupations de la narratrice : jardinage, lecture, méditation, prière.

Claire Fourier nous décrit la configuration du site et nous ouvre la porte de son « ermitage » sur laquelle elle remarqua le mot «  suave ». Elle détaille l'ameublement de sa chambre. Avec un brin d'auto dérision, la novice Claire commente son intégration dans ce monde du silence, l'apprentissage des codes, d'où la valeur précieuse du sourire. La narratrice nous fait partage son quotidien, son repas frugal, sa communion avec la nature et décline tous les avantages de cet isolement pour retrouver son temps intime, la plénitude, et être « tout ouïe pour l'âme des choses ».
La voilà libre de gérer sa journée selon son gré.

Métamorphoser ce jardin à l'abandon devient une priorité pour cette amoureuse des fleurs. Avec délicatesse, elle dégage les fraisiers des liserons, grappille des framboises, se confectionne un fauteuil de lecture. Elle ne ménage pas sa peine, frottant, grattant. Chaussée des bottes du Chartreux, la narratrice va s'identifier à lui, et même tomber amoureuse de ce « presque co-locataire inconnu ». À l'instar de Christian Bobin, elle va voir Dieu partout : dans « ces lézards », dans les arbres, en elle-même. On plonge dans ses pensées les plus intimes. La « nonne poétesse » dévoile sa vérité, ses préférences : « j'aime la conversation au coin de la chair. J'aime la chasteté vibrant d'érotisme ». La nuit, elle se laisse visiter par ses fantasmes. N'est-ce pas encore Dieu « tapi dans le sombre résineux », cet « olympien conifère » avec qui elle dialogue ?
Claire Fourier arpente le ciel en jouant à la marelle. Elle guette les petits riens somptueux comme dans l'atelier de menuiserie un rayon de soleil tissant les toiles d'araignées « de fils d'or tremblants ». Mais ne devient-on pas ce que le regard contemple ? Elle s'émerveille devant « le courtil bichonné », devant « le grand calice de pierre blonde », cette fontaine, véritable «  harpe aquatique ». Elle a su « capter l'air de rien ». Tous ces instants supérieurs vont être engrangés afin de ressusciter et de permettre plus tard d'occulter « tumulte, crasse et vulgarité » de la ville et de la rue.

Comme Sylvain Tesson a testé les rigueurs hivernales de la Sibérie, Claire Fourier imagine ce qu'un moine a dû endurer. Et de conclure que la jouissance de Dieu devait anesthésier la sensation du froid.
Claire Fourier convoque ses amours d'antan, étayant ses souvenirs par cette réflexion : « L'amour est un mal qu'il faut prendre en patience et un bien qu'il faut prendre de vitesse. » Elle confesse les petits échanges verbaux (interdits) avec le gardien pour combler cette carence affective, puisque sa préférence va à « la relation homme-femme ».
Son rapport au temps change, ses journées sont ponctuées par les offices, l'angélus. Pas de contrainte : de « laisse électronique », pas de superflu.
La narratrice oppose les deux univers et décoche sa charge contre « le siècle mesquin, cruel et sordide » qu'elle a voulu fuir durant une décade. Toutefois elle reconnaît qu'elle ne pourrait pas y rester ad vitam aeternam, le besoin de musique l'habite.
Claire Fourier ne cache pas son désir de retrouver sa féminité et un peu de coquetterie.

L'originalité de ce recueil réside dans l'alternance prose/poésie. Les poèmes prolongent chaque chapitre, permettent de cristalliser les images. L' «Extrême-Occidentale », comme Claire se définit, brosse le paysage environnant avec l'oeil de son peintre culte Caspar David Friedrich : « Splendeur et majesté ».

On retrouve son écriture fiévreuse, alliant sensualité « Dansant nue sous la pluie » et mysticisme, et sous sa peau, le manège du désir. La narratrice joue sur les mots : extase/instase, exténuée/inténuée, extravaguer/intravaguer pour rendre «  son feu intérieur », son « apocalypse ». de même, pour son adieu : « à Dieu, la Chartreuse. »
Une féerie de couleurs accompagne sa « saisie poétique » des lieux. Depuis le ciel d'azur, la pomme rouge, « un camaïeu de verts », l'or qui se mêle « au jade et à l'émeraude » jusqu'au « liseré turquoise » des cimes.

En alternant monologues (émaillés d'expressions latines), poèmes (saupoudrés d'un soupçon d'italien d'anglais), dialogues, apostrophe à l'absent, la romancière, « supersonique en mal de détachement », a su donner le tempo pour distiller les « élans erratiques »de son âme, ses interrogations, ses pensées, ses craintes, ainsi que pour traduire un soir d'orage « cette sublime folie de la nature ».

« L'ivresse de Dieu » fut le viatique qui guida Claire Fourier au point qu'elle en est contaminée, fécondée, même. Elle nous livre sa philosophie : « Se simplifier la vie est essentiel », se purifier l'âme, « vivre dans l'instant ». La plus belle conquête ne serait-elle pas histoire d'instants ? d'instants transfigurés ? Pour garder un lien avec son « béguinage », Claire Fourier conserve deux reliques : un bouton blanc trouvé dans le jardin et tombé de la bure qui, comme l'oeil du Chartreux ou de Dieu, veille sur elle désormais et un morceau de drap de laine faisant office de marque-page.
De « son expérience illuminative », Claire Fourier a retiré « la grâce du langage » et nous offre un livre « habitable et plein d'appels » mâtiné de lyrisme.

Dans cette confession érotico-poétique qui ne laisse pas l'esprit du lecteur en jachère, Claire Fourier, « celte et panthéiste », explore sa relation à Dieu, au temps qui passe, fait l'éloge de la lenteur et pointe les dérives de notre siècle et son rythme effréné. La romancière sait nous hypnotiser, nous envoûter et continue à nous étonner. N'aurait-elle pas inoculé à son lecteur son virus, lequel passe comme un mot d'ordre ou exhortation : « Récupérez-vous » ?

Claire Fourier signe là un opus divinement obsédant qui vous tatoue l'esprit.
Commenter  J’apprécie          71
Dévoré d'une traite durant mon voyage vers Canterbury, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Claire Fourier et de ces Suites pour le temps qui passe. Sa plume, tout en poésie et en légèreté, entraîne le lecteur dans cette histoire intime d'une femme dont on ne connaîtra presque rien. Et c'est là l'intérêt de ce livre : le personnage est secondaire, se fait oublier tel le Chartreux qui hante les murs du monastère ; c'est le cheminement intellectuel de cette femme qui est intéressant, ses errances, ses désirs, ses pensées labyrinthiques et ses questionnements métaphysiques.

Et la construction atypique de ce livre - les chapitres alternent souvenirs de la narratrice et courts poèmes proches du haïku japonais - complète ce parcours introspectif. Une sensibilité singulière émane de ces lignes et c'est avec délectation que le lecteur s'imisce dans les réminiscence de la narratrice et observe son bien-être à se retirer du monde, à dormir peu et travailler beaucoup, à mettre de côté tout confort et toute opulence pour mieux se réjouir d'eau fraîche et d'une miche de pain.

La méditation est là, entre les lignes, et suit les méandres de la mémoire de la narratrice. Qu'il est bon de suivre avec elle ces dix jours de réflexion et de retour sur soi !
- See more at: http://bouquinbourg.canalblog.com/archives/2013/07/08/27594144.html#sthash.ozCPX2af.dpuf
Lien : http://bouquinbourg.canalblo..
Commenter  J’apprécie          50
Lors d'un été, Claire Fournier s'est retiré pendant une dizaine de jours dans un monastère de la Chartreuse qui accueille des laïcs. Elle en a tiré ce livre sur ses pensées, ses émois, ses impressions ... le tout entrecoupé de haïkus.

Lors de cette retraite volontaire, Claire Fourier, en plus de se recentrer sur la nature en désherbant son lopin de jardin, a revécu dans les bottes du chartreux qui vivait dans cet ermitage des années auparavant. Elle le fait revivre, imagine ses désirs, ses journées, ses attentes.

Beaucoup de sensualité dans ce livre très bien écrit et très personnel. Il y a un rythme donné notamment pas les haïkus qui apporte un calme et une sérénité très agréable.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
c'est l'hiver
seule et buvant du thé chaud
je fredonne un air

C'est l'été petit air
d'automne c'est l'automne
petit air d'hiver

Où va l'été quand il n'est plus
où va la vie quand elle n'est plus
cantique au jardin
Commenter  J’apprécie          60
Délivre moi Seigneur
Oh pas du mal -
De la conscience
Commenter  J’apprécie          140
Jardin de l'ascète
Je le nettoie moins
Qu'il ne me nettoie
Commenter  J’apprécie          100
J'aurais tué la poussière d'or de l'oeuvre au noir - celle où l'on distingue la lumière filtrée du temps - et balayé moins de grains que des graines de lumière. f
Commenter  J’apprécie          30
Venue pour mettre mon esprit en jachère, je trouvais une jachère à cultiver. Venue pour trouver du vide, je trouvais du rare.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Claire Fourier (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claire Fourier
Claire Fourier - L'amour aussi s'arme d'acier, route coloniale 4 en Indochine .Claire Fourier - L'amour aussi s'arme d'acier, route coloniale 4 en Indochine aux éditions Dialogues. http://www.mollat.com/livres/fourier-claire-amour-aussi-arme-acier-route-coloniale-indochine-9782918135845.html Notes de Musique : "February (Mumblemix)" by Calendar Girl.
autres livres classés : chartreuseVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (16) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..