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Citations de Claire Genoux (47)


Nous attendons

Une fille encore une
- le corps encaisse
nous avons beau nous
articuler autour
nous les mères
qui l'avons portée
l'enfant elle
a giclé
vers un autre centre
Grandir va
la tuer
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Nous exécutons

nos parts de vaisselles
nettoyons bien entendu
le congélateur les sols
la maison tient toutes
les chambres sont
occupées
la lumière ne s'épuise
pas en particulier
devant les fenêtres
depuis qu'elles sont
bloquées
et nous vivons seules
dans de l'exclu
murées à
quelques mètres
des caves
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A trop m'occuper
de la fidélité du lierre le long des troncs
j'oublie de distraire ma langue
dans la brioche bien faite des heures
ou de me piquer à la quenouille comme il est écrit

en attendant que la table soit mise
je repars le ventre vide parmi les ronces
et tire ma faim par le col
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Lynx ne sait pas comment on capte les histoires, comment on s’y prend avec la viande des mots ou comment on coupe à l’intérieur pour faire des poèmes. Comment ça fusionne, comment c’est rassemblé après dans le livre. Mais il peut bien s’imaginer que quelque chose tombe en obscurité comme quand il s’avance dans les branches, quand il se rapproche des bêtes qui soufflent. Il peut se l’imaginer et qu’ensuite quelque chose doit être accompli, qu’il faut frapper aux mots comme lui, Lynx, il frappe aux troncs et qu’il faut venir tout près pour sentir dessous ce qui se passe.
Alors seulement on mérite sa place contre la nuit. 
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Les arbres forment un auvent au-dessus de la clairière, les flammes claquent, le vent dépose sa dent dure sur la tête des vivants. La forêt est pleine, elle renferme des colères mal éteintes. Ce serait de cet inachèvement que l’histoire tirerait sa force. Aucun autre événement ne se produirait dans le livre que la solitude de Lynx. Aucune autre musique que celle du feu. L’écriture seule resterait, une écriture basse, des phrases incomplètes. Elle s’installerait dans l’intimité des pages et plus rien des arbres ni du fleuve ne serait perçu. Le travail serait d’aller à cet extrême du silence donné par le feu, celui qui a détruit l’enfance, celui qui a condamné au secret. 
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Parler c’était pas la peine.
Dans l’enfance, après le départ de maman, les mots n’ont plus été utilisés. Seuls le silence et les coups ont été gardés comme moyen d’information. Quand Père rentre du bois avec les machines et les haches, les épaules retirées sous le pull, quelque chose monte qui empêche de respirer jusqu’au fond. Le bol de soupe et le pain sont jetés sur la table. Lynx ne lève pas la tête, se protège les yeux. C’est maman à la maison qui parlait, qui écrivait des billets, des listes, disait des histoires et des drôleries. Père n’aimait pas qu’elle s’enferme seule au premier pour faire de l’écriture et des poèmes dans des carnets tout sombres, qu’elle ait comme ça sur elle cette vue, depuis l’intérieur, cet espace pour s’installer.
Père, ça le porte à l’agressivité, ça lui donne les nerfs ces moments de pause qu’elle s’accorde, qui sont pris sur le temps du ménage et du maintien de la maison. Il refuse de lire ce qu’elle voudrait lui montrer. Les yeux de Père sont noirs, de la couleur du feu. Sur la maison, sur cette chose-là de leur vie commune, sur ce qui va et qui vient, il ne veut rien savoir.
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Lynx voyage pour le silence des plaines de sable, pour les nuits sans lune et le café qu’il boit devant la tente quand les oiseaux autour de lui se cherchent un repas. Sans les voyages il ne tiendrait pas ici entre la forêt et le fleuve. Père le savait qui aurait voulu garder Lynx au plus près de la maison d’enfance, l’attacher à l’herbe froide des hivers.
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L’enfance a été faite avec Père seulement, avec les longues heures d’attente dans la forêt et la lumière jaune des arbres. Avec le fleuve, avec l’étang qui était beaucoup plus marécageux qu’aujourd’hui, et ça ne pourra pas être transformé. Lynx s’en ira, il oubliera tout de la maison d’enfance, s’arrachera aux hivers. Il vivra et durera loin d’ici. Une autre vie viendra avec le voyage à moto, la tête sera débarrassée et toujours il conservera une bonne place dans sa bouche pour la cigarette, qui sent la terre et enivre jusqu’au poumon.
De la forêt, des bruits de la nuit et des bêtes, il ne s’occupera plus, il fumera lentement les yeux fermés sans penser à rien. 
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Le corps de Père avait disparu tout entier dans des trous de vieilles ronces, seul le visage éclairait. Le terrain n’est plat que par endroits et difficile d’accès dans cette partie de la forêt qui surplombe le fleuve. Il était parti avec la tronçonneuse. On ne l’a retrouvé que tard dans l’après-midi après des heures de recherche et déjà la lumière avait baissé. C’est Lynx qui a donné l’alerte. Il a entendu l’arbre tomber, ensuite plus aucun bruit. Il a été chercher les pompiers et ils ont mal retrouvé l’endroit à cause du brouillard qui s’était épaissi. Le visage était comme détaché du corps, la bouche donnait des mots dans le désordre. Ils ont conclu à l’accident. Dans un premier temps ils ont laissé Lynx tranquille. Père était malade et les gens de la ville savent qu’il ne faut pas toucher aux forêts, aux fleuves et aux lacs d’ici : des morts étranges s’y produisent, des noyades qui ne s’expliquent pas. Les bêtes se traînent, pourrissent dans des trous. Personne n’a dans l’idée de vouloir expliquer ça, de comment la terre et l’eau se nourrissent.
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Novembre…


Novembre et ma vie était jeune dans vos mains souples
notre chant était solide
et nous vivions la tête légère dans le ciel gris des voûtes

novembre et vos mains dansent encore
devant moi jusqu’au vertige
elles savaient en s’élevant
l’ampleur de tout l’obscur à venir
vos mains - rondeur d’oiseau
tremblent comme une caresse de soie à ma voix tue

novembre et ma vie est un peu d’eau
sur les lèvres du temps
et toujours suspendue au brouillard limpide des pierres
cette musique aux ongles de ténèbres
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Soleil ovale


Gardons ce corps solide…

Gardons ce corps solide
ce sang frais qui fuit dans les artères
gardons ces courbes claires
et cette peau vivante où les hommes ont posé leur visage
disons adieu aux caresses et aux lèvres anciennes
qui usaient notre ventre
dormons avant que le soleil
ne vieillisse notre chair blonde
et n’entame nos os chargés de moelle
que nous restions neuve pour le vrai jour.
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Vague immense de nos voix…


Vague immense de nos voix
respirations qui nous rongeaient le ventre
vague immense de nos souffles
au-delà des voûtes comme de très hauts nuages

chevelure de nos voix peignée par les doigts du vent
toison léonine aux boucles rousses de nos salives
nos haleines ondulaient comme des guirlandes
par-dessus les arbres et tous les toits de la ville
chevelure nouée de nos cris
- large bandeau au front des montagnes
longue tresse d’air qui s’ébroue
en lançant des appels aux sillages inconnues

chevelure de nos voix là-bas
averse étourdissante et fauve à l’épaule de la terre
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Elle a fait ça
en écoutant le bruit du vent
des écorces des feuilles des fleurs
le printemps commençait
elle devait sentir
dans la mécanique du corps
le silence soudain du sang
elle pleurait
sans allumer les lampes
pendant deux mois
avec nous à côté d’elle
elle a fait ça
mourir
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Les jours qui restent
Ça devient le plus important de la vie
ces jours qui restent avec elle dans la chambre
- mais combien
ce chaud qu'il y a jusqu'au fond des os
l'immensité des arbres
le blanc broyé du temps
ça ne va plus partir
et ça va devenir notre histoire
de la perdre

dans tout ce qu'il y aura après
les livres les voyages les enfants
on pourra seulement se souvenir
comment ça avait été de l'aimer
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je suis sans nouvelles de toutes ces rosées
qui haletaient dans l'aube en un langage pur
j'interroge en vain l'herbe nette
et mon errance n'a pas de repos
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si un jour Capitaine
vous partez pour des traversées plus lointaines
que je ne sache rien de vos haltes et de vos songes
dans d'autres ports parfumés
ni de vos nouveaux sommeils
dans quelque eau moirée
que je ne regrette pas vos visites
quand sur les reliefs entr'ouverts
vous glissiez à l'ourlet rose

[in "feuillets du lac et des quatre saisons", in "Soleil ovale"]
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Lilia l'écrira dans son livre que les saisons, les êtres seulement nous sont prêtés, qu'ils infusent en nous puis finissent par s'en aller.
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A qui on le dirait qu'enfant on a été seul, avec quelle grammaire dans les phrases. Que maman a manqué, maman qui habite depuis toujours dans le pli des pierres, avec des bras autour pour tenir chaud. Les paroles qu'elle disait s'en iront comme s'en vont les rivières et finiront par disparaître de la surface des choses.
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Dire

- mal dire
tant pis avancer
d'abord la tête
aller voir
nous la reconnaissons
c'est Elle
on est sûres
avec une transpiration
et les épaules prises au
gel
elle marche dénudée dé
truite sur un fond
blanc
de neige
Des pans entiers
d'Elle sont tombés
nous la laissons passer
buter
- une clé rouillée
dans ses godasses
c'est bref
et regagnons nos corps
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Recommencer

n'importe où n'est
pas possible
détacher
nos sangles
nous n'arrivons
plus
la croûte des sols
la boule fatiguée
des Enfances
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