AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

2.94/5 (sur 78 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Bishop, Californie , le 09/04/1984
Biographie :

Claire Vaye Watkins est écrivaine et universitaire.

Elle obtient son BA à l'Université du Nevada à Reno et son MFA à l'Université d'État de l'Ohio.

Ancienne professeure adjointe à l'Université de Princeton et à l'Université Bucknell, elle enseigne l'écriture créative à l'Université du Michigan.

Elle est la fille de Paul Watkins (1940-1990), un membre de la communauté "Famille Manson" fondée par Charles Manson (1934-2017) en 1966.

Claire Vaye Watkins est l’auteure du recueil de nouvelles "Nevada" ("Battleborn", 2012), qui lui a valu de nombreuses récompenses.

"Les sables de l’Amargosa" ("Gold Fame Citrus", 2015) est son premier roman. Il a fait sensation sur la scène littéraire américaine et la place au rang des meilleurs jeunes écrivains de la décennie. Il obtient le prix Lucien Barrière 2017, décerné lors du Festival du cinéma américain de Deauville.

Claire Vaye Watkins vit avec son mari, l'écrivain Derek Palacio (1982), et sa fille.

son site : http://clairevayewatkins.com/
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Claire Vaye Watkins   (2)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Les grands débats - O… comme Ouest : Les Grands espaces - Ivy Pochoda - Guy Vanderhaeghe - Claire Vaye Watkins - Francis Geffard Marqué par la grandeur et la richesse de ses paysages, patrie du Western, l'Ouest est un lieu incontournable de l'imaginaire américain. Erigé au rang de mythe par des générations d'écrivains et de cinéastes, de quoi est-il encore le nom aujourd'hui ? Comment en renouveler les motifs ? L'Ouest authentique existe-t-il toujours ?


Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
« Dieu sait que nous ne devrions jamais avoir honte de nos larmes, car ce sont pluies versées sur l’aveuglante poussière de la terre, qui recouvre nos cœurs endurcis. »
Charles Dickens
(page 209)
Commenter  J’apprécie          170
C'était ça, son pedigree. Des spéculateurs et des opportunistes, des aboyeurs de carnaval et des agents immobiliers, des imagénieurs, des lâches, des rêveurs, des filles faciles. Des Mojaves. Qui cherchaient frénétiquement l'éclat du minerai, le flash des appareils phto, la chair hmide des fruits. L'or, la gloire, les agrumes.
Commenter  J’apprécie          50
Les versions circulant dans les professions libérales peuplent la colonie de réfugiés de la bourgeoisie. Une enseignante célibataire n’a pas déposé son dossier de titularisation à la faculté. Le service environnement n’a plus de nouvelles du petit nouveau tout droit sorti d’une université prestigieuse de l’Ivy League. Le directeur ultra-pointilleux d’un illustre laboratoire de recherche n’a pas renouvelé ses demandes de financement. Un post-doctorant brillant mais solitaire n’est pas revenu à son bureau dans la bibliothèque de l’institut.
Selon les approximations du sous-prolétariat, la colonie est un mélange d’habiles escrocs, de charlatans et de marchands d’élixirs de jouvence, héritiers de cœur des pionniers de la grande ruée vers l’or de 1849 : ils guettent la manne pétrolière, quand l’énorme masse de sable recrachera ses doses d’or noir, ou bien la manne aventurière, quand le sommet dépassera le Denali, la plus haute montagne du continent, et que les balades en hélicoptère iront au plus offrant, qu’un escadron de millionnaires à vestes colorées et barbes de trois jours se dresseront sur leurs tas d’argent pour être les premiers en haut.
Pour la gauche, c’est un avant-poste de survivalistes, de Cassandres qui pensent que l’Amargosa leur a donné raison, installés dans de vieux wagons de marchandises rouille orangé, rouge, bleu clair vif, avec des stocks d’armes, de boîtes de conserve, de bouteilles d’eau et de rations militaires. Un refuge de pérégrins libertaires et autres vagabonds, clochards, nomades, préférant se passer d’adresse, une garnison d’énervés, chatouilleux de la gâchette, qui viennent froncer les sourcils et cracher leur jus de tabac dans ce nouveau Vieil Ouest.
Pour la droite, c’est l’épicentre de la bio-révolution, une utopie dynamique où les beatniks du Nouveau-Mexique se sont rapatriés depuis le « Cercle enchanté » du Grand Sud – à moins que ce ne soient les toxicos vieillissants d’Atlas City depuis Tucson, ou les écolos de No Where Ranch depuis Santa Fé, ou les végétaliens vitrux de Gaia Village depuis Taos, ou les tourtereaux sulfureux de l’Agape Force depuis Sébastopol, ou les anarcho-communistes du Ant Hill Collective depuis Oakland, ou les surmenés de l’Alpha Farm depuis Grass Valley, ou les amazones saphiques de Girlhouse depuis Portland, ou kes junkies du Compound depuis Santa Monica, ou les adeptes du Burning Man depuis Minden, ou les moines rasés du Shamanic Living Center depuis Ojai, ou le groupe d’impro Technicolor Tree Tribe depuis Santa Cruz -, tous dans leurs géonefs roulantes, faites de pneus, de bouteilles et d’argile à l’empreinte carbone nulle.
Commenter  J’apprécie          00
Mais le sable, tout ce sable, ce sable infini et monstrueux. Qui avait émaillé le Sud-Ouest d’un réseau d’aqueducs ? Qui avait asséché d’abord le lac Owens, puis les lacs Mono, Mammoth, Havasu et cetera, pour ne laisser que de grandes macules de poussière blanche ? Qui avait détourné les eaux de pluie de la côte et pompé les nappes phréatiques du Grand Bassin ? Qui avait creusé sous le lac Mead, installé un drain au point le plus bas et vidé l’ensemble comme un lavabo ? Qui avait épuisé les aquifères de l’Ogallala et du Rio Grande, la couverture neigeuse de la Sierra Nevada et des Cascade Mountains ? Si c’était Dieu, il portait de nouveaux noms : Conseil municipal de Los Angeles, Service de l’eau et de l’électricité de Los Angeles, Ville de San Diego, Ville de Phoenix, Service de l’eau et de l’électricité d’Arizona, Commission de l’eau du Nouveau-Mexique, Direction de l’eau et de l’habitat de Las Vegas, Bureau de gestion du territoire, Département de l’Intérieur des Etats-Unis.
Les métaphores étaient inévitables. L’Amargosa était une maladie : un cancer, une malignité, une tumeur. Un bulldozer, un rouleau compresseur. Une bête insatiable, un corps obèse s’autogénérant, une boursouflure informe se bâfrant de terres fraîches, diverses images d’appétit extrême, projection des désirs les plus laids de notre moi profond.
L’Amargosa était en colère, cruelle, insensible – une personnification inévitable, pardonnable, même, car parfois la masse semblait bouger avec discernement. Des témoins rapportaient des épisodes où il leur avait semblé qu’elle suspendait sa progression, ou que, plutôt que d’écraser une ville de son pied ferme, elle l’enveloppait, comme un étreinte, comme pour donner aux habitants le temps d’accrocher leur caravane à leur voiture et de se mettre à l’abri. Une fois, ses bourrasques soulevèrent un enfant qui jouait aux osselets dans son jardin et le déposèrent sain et sauf sur la benne à ordures derrière la station-service où travaillait sa mère. Mais une avalanche de sable qui bourdonnait quinze kilomètres plus loin dévia tout aussi facilement pour avaler une ville entière en quelques minutes. On parlait du mal incarné, mais aussi de l’œil grand ouvert de Dieu.
Commenter  J’apprécie          00
Sous toute la légèreté des jeux absurdes, ils remarquèrent quelque chose d’adulte et de dérangeant chez la fillette. Elle touchait. Elle gémissait. Ses paroles sortaient d’un coup puis se rétractaient, suite de progressions et de régressions. (…) Mais elle passait facilement de la colère à la bouffonnerie et à l’affection, son front bombé montrant le chemin. Son torse était tendu comme un ballon, gonflé par quelque pression interne, et quand elle courait, ses bras pâles pendaient comme des reliquats.
Commenter  J’apprécie          10
Elle n’aurait pas dû faire entrer le chien de prairie dans la bibliothèque. Luz Dunn le savait à présent, mais c’était la première bestiole vivante qu’elle voyait depuis longtemps et son apparition l’avait déstabilisée. Elle s’était réveillée un peu avant midi, après un rêve ambitieux qu’elle comptait bien réaliser : essayer toutes les robes de la maison. Elles tapissaient comme un plumage le dressing de la grande chambre, une gamme complète de coloris exquis, chaque spécimen absolument hors de prix – alors imaginez celles que la starlette avait mises dans ses bagages… Dans son rêve, Luz les portait toutes en même temps, ses seins incrustés de strass et noyés de poussière d’argent, ses fesses brodées d’allées de sequins cuivrés, ses hanches s’évasant en un panache de satin plissé, une barbe à papa de tulle pâle flottant jusqu’à ses pieds. Bien entendu, dans le monde languissant du réveil il fallait s’en tenir à une chose à la fois.
C’était important d’avoir des projets, disait Ray, même frivoles. Les vents brûlants de Santa Ana balayaient le canyon de leurs invisibles particules qui rendaient fou, et Ray pensait qu’elle ferait bien de trouver de quoi s’occuper les mains. De ne pas tant dormir. Parmi ses projets à lui, il y avait creuser la fosse d’aisances et siphonner l’essence des voitures de luxe abandonnées un peu partout dans la région.
Commenter  J’apprécie          00
Cette mer de dunes enflait toujours et comme toute mer qui se respecte elle générait son propre climat. Les versants blancs étincelants surchauffaient le ciel en surplomb, agitant l’air de tourbillons, attirant à eux des ouragans de poussière venue d’aussi loin que le Saskatchewan. Autoperpétuation.
Commenter  J’apprécie          10
Quand sa gourde fut à sec, il dit : "je te demande pardon, dune de sable, mais je suis venu récupérer ma femme et ma fille. Avec ta permission. Je n’en suis pas à mon premier désert, vois-tu. Je n’en ai pas fini avec ma vie – je dirais que j’en suis à peu près à la moitié."
Commenter  J’apprécie          10
Un casino peut rendre séduisant un homme quelconque. La lumière est tamisée, le plafond bas et tapissé de miroirs. Les machines éclairent son visage par en dessous d'un bleu pastel délicat. Les cartes des jeux électroniques, quand elles révèlent en tournant sur l'écran, illuminent son regard d'éclairs étincelants. L'épaisse fumée des cigarettes vous enveloppe d'un voile vaporeux qui rend votre présence presque irréelle. Comme si le moment appartenait déjà au passé. Comme si votre vie n'était pas une vie, mais un vieux film nostalgique. Duel au soleil, peut-être. Imaginez l'effet qu'un casino peut produire sur un bel homme.
Commenter  J’apprécie          00
Si ce voyage s'était déroulé comme prévu, Renzo et lui seraient au Grand Canyon à l'heure qu'il est. Si tout n'avait pas foiré en une seconde, de façon aussi tragique, ils auraient pris leur vol de retour en août et quand ses amis l'auraient interrogé sur son été, il leur aurait parlé du paysage américain insondable, des drogues américaines innommables, des Américaines insatiables. Ou, s'il était d'humeur nostalgique, il aurait simplement dit : C'était magnifique. Je n'avais jamais vu autant d'étoiles.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Claire Vaye Watkins (109)Voir plus

Quiz Voir plus

Et Dieu dans tout ça ?

"C'est Dieu qui a créé le monde mais c'est le Diable qui le fait vivre"

Marcel Aymé
Tristan Bernard
Jules Renard

8 questions
21 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , dieuCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..