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EAN : 9782226328588
416 pages
Albin Michel (23/08/2017)
3.03/5   62 notes
Résumé :
Une terrible sécheresse a fait de la Californie un paysage d’apocalypse. Fuyant Central Valley devenue stérile, les habitants ont déserté les lieux. Seuls quelques résistants marginaux sont restés, prisonniers de frontières désormais fermées, menacés par l’avancée d’une immense dune de sable mouvante qui broie tout sur son passage.
Parmi eux, Luz, ancien mannequin, et Ray, déserteur « d’une guerre de toujours », ont trouvé refuge dans la maison abandonnée d’u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Entre Mad Max et The Walking dead
*
Un roman d'anticipation + du post-apo + La Californie + ma collection d'édition préférée = je suis intéressée, je le lis.
*
La Californie est devenue un paysage d'apocalypse. Une sécheresse transformant la vallée en un terrain stérile. La population a déserté excepté quelques marginaux dont Ray l'ancien soldat et Luz, jeune mannequin. Une rencontre avec une petite fille mystérieuse contraint cette petite famille à émigrer vers l'Est, vers un eldorado. Une rumeur qui promet de l'eau et une vie meilleure. Illusion ou réalité ? Ils vont vite le découvrir à leurs dépens...
*
On rentre directement dans une Amérique fragilisée en proie à une crise écologique sans précédents. Un événement incontrôlable qui montre les failles de cet Etat suprématique. Les institutions n'existent plus, il est temps de se regrouper en petites communautés auto-suffisantes.
L'atmosphère sombre ressemble à une ambiance à la Mad Max : chaleur, sécheresse, fureur, violence, clans, recherche de ressources, la survie à l'état pur.
Mais plus qu'une sensation, on peut aussi retrouver les thèmes chers à la série The Walking Dead avec le fonctionnement primitif de l'être humain dans un groupe (loi du plus fort, bouc émissaire, exil des plus faibles, parole d'évangile d'un gourou...).
*
C'est une lecture incroyable tant par l'atmosphère surréaliste très cinématographique et quelques touches oniriques qui rajoutent une touche poétique imagée. Une peur obsédante collant à la peau rend le récit hypnotique que j'ai lu presque en apnée.
L'auteure a cette plume sensible, audacieuse et tendre qui permet de se détacher par moments tellement le sujet est terrifiant. (oui, c'est de l'anticipation, voire une dystopie et c'est ça qui est effrayant).
Il y a tout de même un passage que j'ai trouvé incohérent avec le catalogue animalier.
*
C'est noir, dérangeant, désespérant, prophétique peut-être.
Un roman original et maîtrisé de bout en bout avec des questionnements d'actualité (gestion des déchets, réchauffement climatique, manipulations).
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LES SABLES DE L'AMARGOSA de Claire Vaye Watkins
Traduit par Sarah Gurcel
Éditions Albin Michel, collection "Terres d'Amérique"

Lorsqu'un ami, dont je respecte les choix littéraires, a avoué avoir jeté l'éponge à la 150ème page de ce livre, ma curiosité a tellement été piquée que je l'ai aussitôt sorti de ma PAL...

4ème de couverture :
Une terrible sécheresse a fait de la Californie un paysage d'apocalypse. Fuyant Central Valley devenue stérile, les habitants ont déserté les lieux. Seuls quelques résistants marginaux sont restés, prisonniers de frontière désormais fermées, menacés par l'avancée d'une immense dune de sable mouvante qui broie tout sur son passage.
Parmi eux, Luz, ancien mannequin, et Ray, déserteur "d'une guerre de toujours", ont trouvé refuge dans la maison abandonnée d'une starlette de Los Angeles. Jusqu'à cette étincelle : le regard gris-bleu d'une fillette livrée à elle-même, qui réveille en eux le désir d'un avenir meilleur. Emmenant l'enfant, ils prennent la direction de l'Est où, selon une rumeur persistante, un sourcier visionnaire aurait fondé avec ses disciples une intrigante colonie...

A mon avis, avec "Les sables de l'Amargosa" Claire Vaye Watkins a réussi l'exploit d'écrire un livre majeur de la littérature nord-américaine dès son premier roman. Cette dystopie nous met en garde contre le réchauffement climatique, la gestion des déchets nucléaires, la déportation des êtres humains et les différentes manipulations, qu'elles proviennent des gouvernements ou des faux prophète.

Je comprends que le style narratif du livre, de par son originalité, peut en rebuter certains. Mais personnellement j'ai adoré la façon dont Claire Vaye Watkins donne de la perspective à son histoire.

Petite précision biographique qui permet d'encore mieux comprendre "Les sables de l'Amargosa" : Claire Vaye Watkins est la fille de Paul Watkins qui était le bras droit de Charles Manson (Paul Watkins était chargé du recrutement des jeunes filles destinées au gourou et il a été gravement brûlé dans l'incendie du van où il dormait juste après avoir pris la décision de témoigner contre Manson).
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Une nouvelle voix féminine de la littérature américaine vivement plébiscitée outre-atlantique, ça ne se refuse pas. D'autant plus que j'avais été intriguée par l'un des commentaires figurant sur la jaquette du livre déclarant que nous avions là le portrait le plus juste de la Californie contemporaine depuis Les raisins de la colère (rien que ça !), tandis que la quatrième de couverture évoquait plutôt un road movie sur fonds de désastre écologique, soit un de ses romans dans le genre post-apo comme il en sort d'assez bons ces temps-ci sur un mode renouvelé. Laquelle de ces deux visions reflétait le mieux le livre ?
Les deux en fait, et ce n'est pas la moindre qualité de ce roman ardent, à la fois désenchanté et poétique, original dans la forme du fait d'une langue très inventive et à l'atmosphère déroutante.
Le Sud-Ouest des Etats-Unis se meurt, brûlé sous une terrible sécheresse et envahi par une gigantesque mer de sable qui engloutit tout sur son passage. La Californie révèle en s'effondrant toute sa superficialité et les artifices sur lesquels elle a construit sa devise : l'or, la gloire, les agrumes.
Parmi les rares qui n'ont pas fui à l'Est, Ray le déserteur de ‘la guerre de toujours' et Luz, ex Baby doll exploitée depuis l'enfance, sont deux jeunes paumés qui se rencontrent et trainent leur errance dans une villa dévastée. La rencontre avec la petite et chétive Ig les sort de leur léthargie et ils décident de partir.
S'en suit un long et pénible périple qui les séparera : elle au pied de la mer de dunes, perdue dans les mirages déployés par un prophète manipulateur, lui retenu sous la dune, dans l'envers du décor.
L'eau ne reviendra pas, l'amour est mort, il n'y a plus de rébellion à laquelle se raccrocher : sombre vision d'une Amérique en déshérence, et pourtant étrangement on ne ressort de ce roman avec un sentiment de désespoir, comme s'il pouvait encore sortir des sables de l'Amargosa quelque avenir nouveau après les calamités.
Expérience étonnante de para-réalité que ce livre, bien ancré dans l'air du temps.

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Les sables de l'Amargosa de Claire Vaye Watkins (USA, 1984)(2 Livres) - 416 pages - ALBIN MICHEL (23/08/2017) – 3.02/5 (60 notes Babelio)
(Déconseillé par la personne de domyb (babelio)).
D'où sort ce chien ? Comment ça le seul être vivant depuis des lustres ? Quelles descriptions « Seins » « Cul » ? J'aurais préféré des mots plus élaborés…
On nous parle d'amour, de cul, d'un couple, « Il fait Trop chaud pour faire l'amour » aha ! En tout cas ça n'attend pas pour attaquer au paquet. Mais ce n'est pas non-plus le genre qui fait bander… « Sauf que presque tout le monde était mince, maintenant. » ça nous parlerait donc d'un certain apocalypse où tout le monde devrait se serrer la ceinture ? Je vis ce début de livre comme un long bronzage près de la piscine…
« La perspective de Mère Nature ouvrant les cuisses et réinvitant Los Angeles » on est sur quelqu'un qui aime le « cru » …
« du sable dans les draps, dans le pli des aisselles, dans la raie des fesses. »
« Mieux vaut que tu ne regardes pas. »
« Elle enfouit son visage au creux de ses mains puis le releva aussitôt. Elle étouffa un cri. Ray était là. Au bout du tisonnier qu'il brandissait, il y avait le corps agité de spasmes du chien de prairie, empalé, la gueule ouverte. Les pattes avant tressaillirent une fois, deux fois. Puis Ray se rua dehors. »
Pauvre « chien de prairie « ! ! J'espère au moins que c'était pour le manger…
« Elle était torse nu, une pâquerette mauve peinte sur chacun de ses seins » ça parle beaucoup de nichons dites-moi !!
« Luz fusilla son amour du regard. « Ils sont défoncés…
– Tout le monde est défoncé, ici. Ils se détendent. » »
L'héroïne s'occupe de la petite « Ig » j'ai trouvé très étonnant ces croisement femme de plaisir/femme maternelle mais bon je suis peut-être un vieux ringard… ?
J'ai lu un peu en diagonale (mais en entier!) car je n'ai pas compris, j'imagine que ça peut plaire à une jeune mère qui passé d'une vie de « fesses » à l'attendrissement maternel. Mais perso j'ai trouvé les personnages creux et l'histoire très peu intéressante… Je n'avais qu'une expectation : que ça finisse enfin ! …
« Dieu sait que nous ne devrions jamais avoir honte de nos larmes, car ce sont pluies versées sur l'aveuglante poussière de la terre, qui recouvre nos coeurs endurcis. »
Charles Dickens
(page 209)
« Est-ce que les pets se composent uniquement de méthane ou est-ce qu'il y a aussi des particules de caca ? »
(p.229)
C'est d'un niveau ! Niveau « Xavier » on va dire !! (private joke !)
Un petit virage façon pièce de théâtre que j'apprécie moyennement surtout parce qu'il y a « les filles » comme « le choeur » chaque personnage devrait être un individu « autonome » ; -) …
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Un roman d'anticipation écrit avec virtuosité par Claire Vaye Watkins qui alterne gravité, fantaisie et audace au fil des pages. La Californie dans un futur indéterminé est envahie par le sable, désertée par ses habitants réfugiés plus à l'est. La chaleur est suffocante, l'air est vicié, l'eau est introuvable, les denrées rationnées, le sable s'immisce partout.
Quelques-uns sont restés pourtant : Luz, ancienne mannequin, et Ray, soldat déserteur. Ils forment un couple atypique installé dans la propriété abandonnée d'une starlette où la piscine est vide, les pièces à l'abandon, la végétation du jardin sèche depuis longtemps. le rythme est donné dès les premières pages : Luz trompe son ennui en fouillant le dressing de la starlette, un amoncellement improbable de vêtements hors de prix, aux couleurs extravagantes, aux matières satinées, brillantes. Luz se déguise, bottes de caoutchouc (bien inutiles) et vison pour conjurer le présent et surprendre son compagnon. Ray de son côté s'affaire à construire une rampe de lancement de skateboard avec des restes de fenêtres au bord de la piscine. Ensemble ils festoient avec des biscuits secs et du soda, boivent de l'alcool et se défoncent dès que l'occasion se présente.
Pourtant, ironie du sort, Luz fut l'égérie d'un mouvement de protection de l'environnement dans son enfance ! Sous le sobriquet « Baby Dunn » elle était porte drapeau d'une cause militant pour des lendemains prospères et fertiles.
C'est lors d'une virée hors de la propriété en quête de denrées introuvables que Luz et Ray croisent la route d'une petite fille qui va littéralement s'accrocher aux jambes de Luz. Un moment d'émotion pour Luz, un retour à la vie avec ce lien invisible qui la lie déjà à cette enfant. Ray aussi s'attache à cette petite fille étrange, pensive ou enragée, tendre, au rire à la limite de l'hystérie, des yeux clairs, une grosse tête, elle est craquante. Tous deux décident de la protéger, ils l'enlèvent à la bande de jeunes dépenaillés qui voyageait avec Ig.
Le trio est constitué. Ils embarquent alors vers l'est à bord d'une vielle voiture le Melon, dont la climatisation va lâcher puis carrément tomber en panne. Ils espèrent des jours meilleurs, trouver cette colonie prospère dont ils ont entendu parler.
La route est jonchée d'embuches, de mirages, des vestiges d'antan (dépôts de borax, odeurs de soufre), l'eau vient à manquer. Ray doit se résoudre à partir seul chercher du secours, à laisser Luz et Ig en plein désert avec la promesse de revenir très vite.
La suite sera source de surprises, émaillée de rencontres avec des personnages bienveillants ou inquiétants : Tout d'abord, Dallas, mystérieuse et imposante femme qui allaite Ig. Surtout Levi, sourcier/sorcier, gourou, étrange puis pervers et manipulateur qui va prendre Luz dans ses filets. Plus qu'une colonie, Luz se retrouve au centre d'une secte dirigée par un Levi, tout puissant, aux pouvoirs infinis.
Rien n'est prévisible dans ce récit particulier, jamais plombant, plein de fantaisie (une couche improvisée pour Ig avec un foulard Hermes !). L'avenir de Luz, Ray et Ig n'est pas tracé car ils évoluent dans un monde incertain peuplé de colonies étranges qui ont adapté leur mode de vie à l'environnement désormais hostile.
On pourra reprocher certaines longueurs au récit, quelques digressions aussi, pour autant le livre ne m'est jamais tombé des mains. J'admets cependant avoir trouvé certains passages (certes instructifs) trop longs à force de précision, de documentation. Ainsi, le catalogue animalier de Levi aux deux tiers du livre nuit à la cohérence du récit, j'ai perdu un peu le fil.
Le style est soigné sans être redondant, l'auteure fait preuve d'une imagination sans limite et surtout d'une fantaisie bienvenue dans ses descriptions.
En résumé, une belle découverte de cette rentrée littéraire, ambitieuse, documentée, dense, originale, aux personnages hauts en couleur, dont la lecture ne laissera pas indifférent.
A la fois prophétique et imaginaire, le récit questionne sur l'environnement, les dérives sectaires, l'avenir de l'humanité, le sort réservé aux générations à venir.

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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
13 septembre 2017
Prémonitoire ou déjà témoignage, le premier roman de Claire Vaye Watkins secoue. Où se réinventer est le prix à payer pour survivre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeFigaro
08 septembre 2017
Entre Mad Max et La Route, la science-fiction et la fable philosophique, ce roman déborde de lumière et d'invention.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Dieu sait que nous ne devrions jamais avoir honte de nos larmes, car ce sont pluies versées sur l’aveuglante poussière de la terre, qui recouvre nos cœurs endurcis. »
Charles Dickens
(page 209)
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Les versions circulant dans les professions libérales peuplent la colonie de réfugiés de la bourgeoisie. Une enseignante célibataire n’a pas déposé son dossier de titularisation à la faculté. Le service environnement n’a plus de nouvelles du petit nouveau tout droit sorti d’une université prestigieuse de l’Ivy League. Le directeur ultra-pointilleux d’un illustre laboratoire de recherche n’a pas renouvelé ses demandes de financement. Un post-doctorant brillant mais solitaire n’est pas revenu à son bureau dans la bibliothèque de l’institut.
Selon les approximations du sous-prolétariat, la colonie est un mélange d’habiles escrocs, de charlatans et de marchands d’élixirs de jouvence, héritiers de cœur des pionniers de la grande ruée vers l’or de 1849 : ils guettent la manne pétrolière, quand l’énorme masse de sable recrachera ses doses d’or noir, ou bien la manne aventurière, quand le sommet dépassera le Denali, la plus haute montagne du continent, et que les balades en hélicoptère iront au plus offrant, qu’un escadron de millionnaires à vestes colorées et barbes de trois jours se dresseront sur leurs tas d’argent pour être les premiers en haut.
Pour la gauche, c’est un avant-poste de survivalistes, de Cassandres qui pensent que l’Amargosa leur a donné raison, installés dans de vieux wagons de marchandises rouille orangé, rouge, bleu clair vif, avec des stocks d’armes, de boîtes de conserve, de bouteilles d’eau et de rations militaires. Un refuge de pérégrins libertaires et autres vagabonds, clochards, nomades, préférant se passer d’adresse, une garnison d’énervés, chatouilleux de la gâchette, qui viennent froncer les sourcils et cracher leur jus de tabac dans ce nouveau Vieil Ouest.
Pour la droite, c’est l’épicentre de la bio-révolution, une utopie dynamique où les beatniks du Nouveau-Mexique se sont rapatriés depuis le « Cercle enchanté » du Grand Sud – à moins que ce ne soient les toxicos vieillissants d’Atlas City depuis Tucson, ou les écolos de No Where Ranch depuis Santa Fé, ou les végétaliens vitrux de Gaia Village depuis Taos, ou les tourtereaux sulfureux de l’Agape Force depuis Sébastopol, ou les anarcho-communistes du Ant Hill Collective depuis Oakland, ou les surmenés de l’Alpha Farm depuis Grass Valley, ou les amazones saphiques de Girlhouse depuis Portland, ou kes junkies du Compound depuis Santa Monica, ou les adeptes du Burning Man depuis Minden, ou les moines rasés du Shamanic Living Center depuis Ojai, ou le groupe d’impro Technicolor Tree Tribe depuis Santa Cruz -, tous dans leurs géonefs roulantes, faites de pneus, de bouteilles et d’argile à l’empreinte carbone nulle.
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Mais le sable, tout ce sable, ce sable infini et monstrueux. Qui avait émaillé le Sud-Ouest d’un réseau d’aqueducs ? Qui avait asséché d’abord le lac Owens, puis les lacs Mono, Mammoth, Havasu et cetera, pour ne laisser que de grandes macules de poussière blanche ? Qui avait détourné les eaux de pluie de la côte et pompé les nappes phréatiques du Grand Bassin ? Qui avait creusé sous le lac Mead, installé un drain au point le plus bas et vidé l’ensemble comme un lavabo ? Qui avait épuisé les aquifères de l’Ogallala et du Rio Grande, la couverture neigeuse de la Sierra Nevada et des Cascade Mountains ? Si c’était Dieu, il portait de nouveaux noms : Conseil municipal de Los Angeles, Service de l’eau et de l’électricité de Los Angeles, Ville de San Diego, Ville de Phoenix, Service de l’eau et de l’électricité d’Arizona, Commission de l’eau du Nouveau-Mexique, Direction de l’eau et de l’habitat de Las Vegas, Bureau de gestion du territoire, Département de l’Intérieur des Etats-Unis.
Les métaphores étaient inévitables. L’Amargosa était une maladie : un cancer, une malignité, une tumeur. Un bulldozer, un rouleau compresseur. Une bête insatiable, un corps obèse s’autogénérant, une boursouflure informe se bâfrant de terres fraîches, diverses images d’appétit extrême, projection des désirs les plus laids de notre moi profond.
L’Amargosa était en colère, cruelle, insensible – une personnification inévitable, pardonnable, même, car parfois la masse semblait bouger avec discernement. Des témoins rapportaient des épisodes où il leur avait semblé qu’elle suspendait sa progression, ou que, plutôt que d’écraser une ville de son pied ferme, elle l’enveloppait, comme un étreinte, comme pour donner aux habitants le temps d’accrocher leur caravane à leur voiture et de se mettre à l’abri. Une fois, ses bourrasques soulevèrent un enfant qui jouait aux osselets dans son jardin et le déposèrent sain et sauf sur la benne à ordures derrière la station-service où travaillait sa mère. Mais une avalanche de sable qui bourdonnait quinze kilomètres plus loin dévia tout aussi facilement pour avaler une ville entière en quelques minutes. On parlait du mal incarné, mais aussi de l’œil grand ouvert de Dieu.
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C'était ça, son pedigree. Des spéculateurs et des opportunistes, des aboyeurs de carnaval et des agents immobiliers, des imagénieurs, des lâches, des rêveurs, des filles faciles. Des Mojaves. Qui cherchaient frénétiquement l'éclat du minerai, le flash des appareils phto, la chair hmide des fruits. L'or, la gloire, les agrumes.
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Elle n’aurait pas dû faire entrer le chien de prairie dans la bibliothèque. Luz Dunn le savait à présent, mais c’était la première bestiole vivante qu’elle voyait depuis longtemps et son apparition l’avait déstabilisée. Elle s’était réveillée un peu avant midi, après un rêve ambitieux qu’elle comptait bien réaliser : essayer toutes les robes de la maison. Elles tapissaient comme un plumage le dressing de la grande chambre, une gamme complète de coloris exquis, chaque spécimen absolument hors de prix – alors imaginez celles que la starlette avait mises dans ses bagages… Dans son rêve, Luz les portait toutes en même temps, ses seins incrustés de strass et noyés de poussière d’argent, ses fesses brodées d’allées de sequins cuivrés, ses hanches s’évasant en un panache de satin plissé, une barbe à papa de tulle pâle flottant jusqu’à ses pieds. Bien entendu, dans le monde languissant du réveil il fallait s’en tenir à une chose à la fois.
C’était important d’avoir des projets, disait Ray, même frivoles. Les vents brûlants de Santa Ana balayaient le canyon de leurs invisibles particules qui rendaient fou, et Ray pensait qu’elle ferait bien de trouver de quoi s’occuper les mains. De ne pas tant dormir. Parmi ses projets à lui, il y avait creuser la fosse d’aisances et siphonner l’essence des voitures de luxe abandonnées un peu partout dans la région.
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Les grands débats - O… comme Ouest : Les Grands espaces - Ivy Pochoda - Guy Vanderhaeghe - Claire Vaye Watkins - Francis Geffard Marqué par la grandeur et la richesse de ses paysages, patrie du Western, l'Ouest est un lieu incontournable de l'imaginaire américain. Erigé au rang de mythe par des générations d'écrivains et de cinéastes, de quoi est-il encore le nom aujourd'hui ? Comment en renouveler les motifs ? L'Ouest authentique existe-t-il toujours ?
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