Citations de Claude Marthaler (162)
Onze mai 1995, kilomètre 20189, 415ème journée passée à mesurer la planète à la circonférence de mes roues (2,2 mètres) et de mes coups de pompe.
Des paysages aux pays sages, des visages aux vies sages, se mouvoir c'est s'émouvoir. (p. 70)
p 67/69 - citation de Luc Bureau reprise par Claude Marthaler...
Est érotique l’attitude de l’homme lorsqu’il se laisse imprégner par l’indissoluble unité du monde, se sent effleuré, palpé, aspiré par les matières et les formes qui le composent. À l’inverse, est pornographique le comportement de l’homme qui exploite, violente et souille la nature, qui tente de la dominer du haut de ses savoirs, de ses outils et de son orgueil. Est érotique le passage d’un canot léger sur les eaux d’un lac ; est pornographique le monde des courses automobiles, la marche assourdissante des bulldozers, l’envol des avions, les sports olympiques. Est érotique la paix ; est pornographique la guerre.
La vie ne trouve-t-elle pas précisément son accomplissement dans la simplicité, la gratuité et la lenteur, dans ce qui ne compte pas?
"Le charbon est acheminé en cargo vers la Chine qui nous vend ensuite des produits issus de sa sidérurgie. Pas moyen de la concurrencer , hélas ! Avec le bas coût de leur main-d'œuvre et l absence de syndicat chez eux." Revoilà la sinistre emprise du colosse chinois, si menaçant que même si il venait à s'essouffler, son affaiblissement entrainerait l'ensemble de l'économie planétaire.
Voyager, c'est aussi visiter les amis qu'on ne savait pas avoir.
Durant tous mes voyages, les gens ont été mon carburant. L'amour qu'ils m'ont donné est le plus beau cadeau que j'aie reçu dans ma vie.
Le col est au cycliste ce que le sommet est à l'alpiniste, mais pour l'un, la descente sera légèreté, tandis que pour l'autre, elle pourra se révéler danger...
Ayant longtemps flirté en biseau avec l'itinéraire hautement recommandé des Rocheuses, penché sur mon guidon, je me sens d'une instabilité féconde, retenant dans mon souffle animal toute la douceur de ce temps suspendu.
Rien ne vaudra jamais une rencontre in vivo, l'irremplaçable émotion et description qu'elle suscite, le face-à-face plutôt que le profil.
La vie ne trouve-t-elle pas précisément son accomplissement dans la simplicité, la gratuité et la lenteur, dans ce qui ne se compte pas?
Je m'engouffre dans une série de canyons bordés de roches bistre où le végétal le dispute au minéral. Des genévriers alligators, mais aussi des arbres gigantesques et inconnus dont le ramage semble soutenir la voûte céleste avec grâce.
Plus haut dans les massifs, entre chênes caducs et pins ponderosa, trouvent refuge le wapiti, la dinde sauvage, l'ours noir et le puma.
Au basalte refroidi et ses formes fantasmagoriques se substituent peu à peu des prairies tentaculaires parsemées de pins pignons et de genévriers.
Une immersion de quelques jours dans la wilderness suffit à me plonger dans un état second.
Je crois parler aux pierres, pour n'entendre que le râle du vent.
En m'enfonçant régulièrement dans des canyons, je découvre un monde hypogé, invisible à distance, qui me laisse deviner la mue d'un arroyo asséché et les couches successives de ses sédiments.
Dans la mythologie nordique, le premier homme fut créé à partir d'un frêne, et la première femme naquit d'un bouleau.
Les choses les plus importantes dans la vie se passent de volonté et adviennent lorsqu'on s'y attend le moins.
Que sommes-nous sans les autres? Que reste-t-il quand les amis s'en vont?
Une froidure monte de la nuit comme la promesse d'un ciel plus clément.