Cléa Malherbe

Puis elle se mit à faire le tour du dortoir, passant entre les rangs d’esclaves silencieux, les examinant comme des objets, dédaignant les plus âgés, ne s’attardant qu’aux plus jeunes et aux plus athlétiques.
Lorsqu’elle s’arrêta devant lui, Théo ne put s’empêcher de déglutir et se tendit, douloureusement anxieux. Elle l’examina ouvertement un long moment, fit un signe à Baron qui obligea brutalement Théo à tourner sur lui-même, puis la femme releva le menton du jeune homme du bout des doigts et Théo se risqua à soutenir son regard. Elle caressa doucement sa joue, puis hocha la tête avec un sourire satisfait.
— Je prends celui-là, déclara-t-elle laconiquement.

— Je ne suis pas en état de te faire l’amour comme je le voudrais, déclara-t-il doucement. Je suis fatigué et le moindre mouvement m’est pénible.
[...]
— Cependant je refuse que mon état me prive d’une nuit de plaisir avec toi. Tu me parais en pleine forme, c’est donc toi qui vas me faire l’amour. Je m’offre à toi, tu peux disposer de mon corps comme tu l’entends. Je t’arrêterai si je ne suis plus d’accord.
Axel dévisagea l’Alchimiste avec incrédulité, ne pouvant croire qu’il lui faisait un tel cadeau.

Axel fut jeté sur un lit.
— On vous l’attache ? demanda l’aubergiste avec une certaine froideur, après avoir allumé plusieurs lampes à huile. Il est pas encore tout à fait maté.
— Je me débrouillerai, répliqua Oriel. Vu son état, je ne devrais pas avoir trop de mal.

Pour vous, mesdames et messires, ces deux beaux garçons d’à peine vingt ans ! Robustes, en excellente santé, il vous appartiendra de les dresser pour en faire des esclaves dociles ! Mais imaginez le plaisir de punir deux aussi beaux postérieurs !

Pour savoir s’il aime un truc, ce n’est pas compliqué : il a vidé son assiette ? Ça veut dire qu’il a adoré. Sinon, il laisse minimum la moitié. Et si vous voulez lui faire plaisir, tapez dans les plats épicés ou exotiques.

Ne le laissez pas vous bouffer, parce qu’il en est capable. Vous savez comment je l’appelais à la fin ? Mon magnifique poison. C’était cruel et ça le blessait, mais c’est exactement ce qu’il était pour moi. Si vous vous lancez avec lui, il faudra que vous ayez un antidote puissant.

Il a tendance à faire cet effet-là pour être honnête. Il vous met en rage et ensuite, il lui suffit d’un regard pour vous désarmer. Je suis passé par là, croyez-moi. Sauf qu’au bout d’un moment, on n’en peut plus.

Lorsqu’il se mit à descendre le long de son abdomen, abandonnant ses seins dressés et ultra sensibles, Emma faillit lui dire de s’arrêter, affolée de désir. Ce fut comme s’il pouvait lire dans ses pensées ; soudain il ralentit ses mouvements et ce fut avec une lenteur torturante qu’il fit descendre son pantalon le long de ses cuisses jusqu’à envoyer le vêtement valser. Il se pencha pour embrasser sensuellement ses pieds, puis remonta délicatement le long de ses tibias, taquina ses genoux. Lorsqu’elle sentit son souffle brûlant sur ses cuisses, Emma se cambra à nouveau, avide, impatiente. Il la caressa et la respira à travers sa culotte déjà trempée, lui arrachant des gémissements, puis il se débarrassa du vêtement à son tour. Emma fit basculer ses jambes par-dessus les accoudoirs du fauteuil, s’offrant complètement.

Tous semblaient trouver naturelle cette débauche débridée, le fait d’observer les autres ou de se laisser observer, toucher, pénétrer, attacher, frapper.Emma n’avait pas envie de les juger. Il s’agissait visiblement d’adultes consentants et au moins la moitié d’entre eux devait être très bien payée. Elle ne surprenait de réticence chez aucun et l’atmosphère était paisible malgré la drogue et l’alcool. On riait, on discutait, on baisait. Emma n’avait aucun penchant exhibitionniste, mais elle devait bien s’avouer qu’elle ne trouvait pas désagréable de les regarder.

Ce qu’elle voyait l’excitait considérablement et elle avait de plus en plus de mal à se retenir de se caresser.

Raphaël Deluca était un psychopathe et c’était entièrement sa faute si elle se retrouvait à sa merci. Comment avait-elle pu ignorer les signes aussi longtemps ? Tout dans ses manières suggérait qu’il était déséquilibré, le comportement même de son frère, le fait que la police s’intéressait à lui. Et les caméras, bon sang ! Qu’est-ce qui lui avait pris de passer outre une chose pareille ? N’importe qui de normalement constitué aurait fui après cet incident ! Mais non, elle s’était crue plus maline, elle était restée et maintenant elle était dans la merde. Elle avait besoin d’aide.Emma plongea la main dans sa poche pour attraper son téléphone, prête à rameuter tous les gens qu’elle connaissait, mais elle découvrit avec effroi qu’elle n’avait strictement aucun réseau dans cette pièce étrange. Elle tenta malgré tout d’appeler, mais il ne se passait rien et elle n’avait aucun accès à Internet. Évidemment, il avait dû prévoir qu’elle réagirait ainsi. Idiote qu’elle était !Emma abandonna son téléphone et s’obligea à considérer les choses avec calme. Que pouvait-il lui faire après tout ? Si elle disparaissait, il serait forcément le premier suspect,

Il lui fallait un remontant pour affronter ce qui s’annonçait comme une longue épreuve. Sans attendre d’y être invitée, elle s’installa dans un fauteuil. Il lui ramena son verre, trinqua avec elle et s’assit face à elle, avant de boire son alcool cul sec. Emma l’imita et le feu qui se répandit dans sa gorge et son ventre lui fit du bien.

Elle refusait qu’il la considère comme une prostituée dont il pouvait acheter l’intimité à coup de petites faveurs. Elle valait mieux que ça et elle était bien décidée à le lui faire comprendre, même s’il déployait tous ses charmes.

C’était toujours pareil avec ces gens friqués ; ils vous faisaient l’aumône d’un peu d’attention et ensuite ils vous le faisaient payer au centuple. Raphaël parut lire dans ses pensées et un amusement corrompu se dessina sur son beau visage.

Emma n’était pas du genre à se laisser abattre, mais ces coups successifs pesaient sur son moral et elle se sentait fatiguée. Cela devait transparaître sur son visage, car un jour où il faisait particulièrement chaud, alors qu’elle venait de lui servir distraitement une assiette de salade et s’apprêtait à retourner en cuisine, Raphaël lui adressa la parole pour la première fois depuis des jours.

Elle s’était fait une idée de Raphaël Deluca, celle d’un homme riche et pervers qui vivait dans sa bulle, qui tenait tout le monde à distance et dont il valait mieux rester éloigné. Mais ce soir-là, elle avait découvert une personne complètement différente, accessible, tournée vers les autres, généreuse même. Comment concilier l’image de Raphaël perdu dans sa chanson, profondément touchant, avec celle de l’homme qui avait mis des caméras dans son appartement et ne s’en était même pas excusé ? Comment concilier le désir irrépressible qu’elle éprouvait pour lui et le profond dégoût qu’il lui inspirait par moments ? Plus le temps passait, plus elle avait le sentiment de s’enferrer dans une situation inextricable.

La culture musicale de l’homme ressemblait à un puits sans fonds et il connaissait tous les compositeurs que Chris citait, en avait même rencontré un certain nombre personnellement.

Ce ne devait pas être très agréable de rentrer chez soi après un mois d’absence pour découvrir que son employée avait convié une bande de squatteurs. Emma avait beau être encore en colère contre lui, elle se sentait tout de même mal à l’aise dans une telle situation.

J’ai aimé chaque seconde de ce que vous m’avez offert. En revanche, je suis désolé si mon admiration vous a heurtée. Si vous restez, je vous promets que je vous laisserai l’occasion de vous venger.

Il n’était pas question de commencer à jouer avec le feu. Pour la première fois, elle avait trouvé un job tranquille, plutôt bien payé et où elle bénéficiait de nombreux avantages. Elle refusait de gâcher une telle opportunité pour une simple histoire de cul. Elle ferait son temps chez Deluca en gardant ses distances, elle économiserait jusqu’à avoir le nécessaire et puis elle se tirerait pour monter son foodtruck.