Citations de Cléa Malherbe (182)
C’était la première et la dernière fois, se promit-elle intérieurement. Grégory était peut-être charmant et taillé comme un mannequin, mais en matière de sexe, il n’était pas à la hauteur.Contrairement à elle, le jeune homme était visiblement très satisfait et Emma devinait qu’il aurait volontiers remis ça, mais elle se débrouilla pour lui faire comprendre qu’elle était fatiguée. Il n’insista pas, fit un détour par la salle de bain, puis se rhabilla et se prépara à partir. La manière dont il la prit dans ses bras pour lui dire au revoir parut à Emma bien plus agréable que toute leur partie de jambes en l’air, mais elle ne le dit pas. Elle voyait bien qu’il avait fait de son mieux et elle n’avait aucune envie de le blesser inutilement. Il faudrait simplement qu’elle trouve comment lui faire comprendre que ça ne se reproduirait pas.
Certes, il s’efforçait de la caresser de manière stimulante, mais il n’était pas difficile de voir qu’il était bien trop absorbé dans son propre plaisir pour faire vraiment attention à elle. Et même s’il était vraiment bien foutu et qu’il était très agréable de palper ses muscles qui roulaient sous sa peau de plus en plus brûlante, ce n’était pas suffisant pour Emma.
Ses mouvements dégageaient une puissance animale d’une sensualité involontaire et intense. Il martela encore plusieurs fois le sac, puis s’immobilisa soudain, se tournant vers elle. Il respirait fort et une légère rougeur colorait ses joues habituellement pâles. Il avait les pupilles tellement dilatées qu’Emma se demanda avec incrédulité s’il avait pris de la drogue.
À nouveau il lui adressait son sourire charmant, vraiment très sexy. Pourtant, malgré tout son sex-appeal, il dégageait quelque chose qui éveillait irrésistiblement la méfiance d’Emma. Et elle n’aimait pas ce qu’elle sentait flotter dans l’atmosphère entre les deux frères.
Malgré sa curiosité, Emma détestait les ragots. Certes Raphaël était étrange et semblait vivre dans son propre monde, mais elle n’avait encore rien découvert qui puisse corroborer de telles hypothèses. Elle songea qu’il ne lui avait pas encore donné l’accès à sa chambre, puis écarta cette pensée.
La jeune femme sentait bien qu’elle lui plaisait et elle devait bien s’avouer qu’il ne la laissait pas indifférente. C’était un garçon simple et direct, sans prise de tête, et surtout, très agréable à regarder.
Son premier employeur avait profité de son jeune âge pour essayer de la peloter en douce, n’ayant visiblement pas saisi à qui il avait affaire. Lorsqu’elle lui avait renversé une soupe brûlante sur les genoux, il avait menacé de porter plainte contre elle avant de la flanquer à la porte. Malheureusement c’était un homme influent dans son domaine et il l’avait grillée dans tous les restaurants de la région.
Certes Raphaël Deluca n’était pas particulièrement aimable, mais elle avait déjà connu des employeurs bien plus pénibles que lui. Il ne la surveillait pas, ne passait pas son temps à critiquer tout ce qu’elle faisait, ne cherchait pas à contrôler la manière dont elle occupait son temps libre. En vérité, elle n’était confrontée à lui que quelques minutes par jour et la plupart du temps, il restait silencieux, perdu dans ses pensées, sombre et intriguant.
Emma connaissait suffisamment de jeunes hommes dans sa cité qui évacuaient par le sport la dangereuse énergie qui les habitait et elle savait reconnaître ceux qui se dépensaient pour le plaisir et ceux qui le faisaient pour ne pas exploser ; Raphaël Deluca appartenait à la seconde catégorie.
Quand on se fait encore appeler mademoiselle à plus de cinquante piges, il faut s’attendre à se faire taquiner.
D’accord. Je n’ai pas envie de te violer, je veux que tu sois consentant, je veux que tu me supplies de le faire. Crois-moi, dans quelques jours tu te donneras à moi avec empressement. Et tu seras heureux que je jouisse au fond de ton joli petit cul.Axel détourna la tête dans l’obscurité, continuant à pleurer silencieusement, certain que l’homme trouverait le moyen de réaliser son horrible prédiction.
Obéis-lui, offre-toi à lui pleinement, totalement, et il n’aura plus aucune raison de te punir. Tu dois intégrer que le but de ta vie est désormais de le satisfaire. Lorsque tu auras compris ça et que tu agiras en conséquence, il cessera de te punir, il te récompensera même. Tu ne le regretteras pas.
Fort de cette résolution, Axel retrouva un peu d’énergie. Il se mit en position de défense comme le lui avait enseigné son père, les poings à hauteur du visage, et cela souleva une clameur appréciatrice chez les soldats. Lorsque Thialé tenta de le frapper cette fois, Axel arrêta son coup de son avant-bras et lui balança son poing gauche en plein menton. Thialé tituba en arrière et Axel enchaîna avec deux autres directs percutants. Thialé s’effondra, du sang plein la bouche, et rampa hors de portée d’Axel.
Certains disaient qu’il aimait à se baigner dans du sang de vierges, d’autres qu’il lui arrivait de réclamer à sa table la chair tendre de jeunes enfants, d’autres encore qu’il utilisait son Alchimie pour invoquer des démons avec lesquels il forniquait allègrement, pour certains il était même un démon lui-même, descendu des Enfers pour terroriser les humains.
Axel ne pouvait croire que l’on pouvait torturer ainsi quelqu’un sans avoir aucun grief contre lui, et pourtant, il avait beau se creuser la tête, il ne voyait pas ce qu’il avait fait de particulier pour s’attirer les foudres de Kaele. L’Alchimiste l’avait simplement choisi comme ça, comme il aurait lancé un dé pour prendre une décision.
Malgré tout ce qu’il avait déjà subi, il refusait de signer sa reddition et d’accepter ainsi sa défaite. Kaele allait encore devoir faire un effort pour le briser. L’Alchimiste parut lire dans ses pensées et un sourire en coin apparut sur ses lèvres minces. Il caressa la joue d’Axel avec une douceur dangereuse.
Il haïssait Kaele, il haïssait le fait que l’homme ait aimé le voir souffrir ainsi, il aurait voulu le tuer de ses propres mains pour l’avoir humilié de la sorte. Mais il devait réserver cette vengeance pour plus tard, pour le moment il fallait se soumettre, il ne pouvait pas supporter l’idée d’être à nouveau puni de la sorte.
Axel contempla quelques secondes les longues mains fines et blanches, délicates comme celles d’un noble, au creux desquelles miroitait cette eau qu’il désirait tant, puis il eut un mouvement de recul involontaire. Non. Il n’était pas question qu’il s’abaisse à ce point, pas question qu’il lape l’eau dans les mains de cet homme horrible comme l’aurait fait un chien, il avait encore de la fierté pour lui, il ne pouvait pas le supporter.
Axel était demeuré calme, sans réaction, et son regard était fixé sur le corps de la jeune fille qui avait cessé ses convulsions, fasciné. Kaele était un Alchimiste très puissant. Axel avait beau venir des montagnes il savait que peu d’Alchimistes auraient été capables de tracer un cercle mortel aussi rapidement. De par sa nature froide et cruelle, Kaele était déjà terriblement dangereux, mais imaginer qu’il avait à sa disposition un pouvoir comme celui de l’Alchimie était encore plus terrifiant.
Beaucoup d’entre vous me connaissent de réputation et savent que je ne suis pas homme à tolérer la rébellion. La pitié m’est inconnue, le seul moyen de survivre sous mon joug est de s’y plier. Dès demain matin, nous regagnerons ma demeure à Kärnal, vous aurez tout le temps du voyage pour décider de ce que vous voulez. Réfléchissez bien.