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Critiques de Constant Malva (5)
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Ma Nuit au Jour le Jour

Ma Nuit au jour le jour est, sans conteste, l'ouvrage le plus achevé de Malva. Sorte de chronique, journal tenu pendant un an, de mai 1937 à mai 1938, on y croise tout ce qui fait la vie des mineurs, les peines et les joies, les peurs et les espoirs, la misère morale et matérielle.

Malva s'y confie. Sans fausse pudeur, il dit son dégoût pour ce métier, son inconscience de certains jours, l'alcoolisme, la violence d'une vie vouée à la mine. Comment faire des projets quand on n'a pas le sou, comment écrire quand on est harassé, comment être heureux quand on est condamné à un travail sans joie?

Ma Nuit au jour le jour est un livre poignant, un témoignage dur, sans complaisance. Ici pas de catastrophe exceptionnelle, pas de grève, rien que l'existence quotidienne des houilleurs dont l'humanité n'en apparaît que mieux.

Dans son introduction, Malva écrivait: "j'ai donc écrit un an de ma vie de houilleur. Dans ce journal, la vérité est fidèlement respectée; voilà de vrais mineurs, ils n'ont pas que des qualités. Pourquoi mentir, la simple réalité n'est-elle pas suffisamment tragique?" Ce journal ne fut publié qu'en 1953, c'est aujourd'hui l'oeuvre la plus connue de Malva.
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Jambot

Après son coup de maître de Ma Nuit au Jour le Jour, Malva est obsédé par le besoin de reconnaissance. Il rêve de devenir un écrivain célèbre et de vivre de sa plume. Avec Le Jambot, mot borain qui désigne un gamin ou un apprenti, il essaye de sortir des romans purement miniers et situe l'intrigue hors du monde du travail. Il ne parvient pourtant pas tout à fait à convaincre avec cette histoire d'amour entre une cabaretière et un jeune ouvrier de 15 ans. Le récit vaut surtout pour la description de la vie quotidienne dans les milieux ouvriers du début du XXe siècle.
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Borins

Borins de Constant Malva



Avant-toute chose je dois dire que la première fois que j’ai entendu parler de Malva, c’est lors de la livraison si je puis-dire, de la préface généreusement offerte par Daniel Charneux, écrivain à Dour, édité chez Luce Wilquin.

Daniel Charneux citait, entre autres, Malva pour démontrer qu’on peut être un ouvrier et puis, écrire. Cette préface était un joli cadeau pour introduire mon roman : Verlaine avoue Rimbaud.

Alors, Constant Malva, je l’ai encore un peu plus, un peu mieux découvert lors d’un spectacle au sujet de l’identité boraine. En effet, une poignée de borains, et pas n’importe lesquels, il s’agissait de Françoise Houdart, Annie Préaux, Daniel Charneux, Roland Thibeau, Jean-Claude Derudder, Alain miniot… Tous des acteurs de la culture boraine contemporaine. Malva est un pseudonyme, son vrai nom est Bourlard Alphonse, né en 1903 à Quaregnon, décedé en 1969 à Saint-Josse-ten-Noode. Il fut un mineur parmi tant d’autres. Malva n'aura jamais son diplôme d'école primaire, mais un instituteur lui fit cadeau d'une grammaire qu'il gardera jusqu'à sa mort.

Après l'armistice, en 1919, alors qu'il avait quinze ans, il devint mineur de fond comme son père au charbonnage du Rieu du Cœur à Quaregnon.

Voilà pour Malva, moi ce qui m’intéressait, c’était de le lire ! Quelques jours plus tard, après le spectacle sur l’identité boraine vint Mon’s Livres, salon du livre bien connu en Wallonie. Avant l’affluence je fais un tour, et me dirige vers le stand de L’Oiseau Lire, célèbre librairie d’ouvrages anciens de Mons. Et puis là, plusieurs ouvrages de Malva ! Je discute avec la libraire et lui demande conseil afin de découvrir au mieux la plume, le style de Malva. Tous sont au même prix et c’est « Borins » qu’elle m’indique. Particularité de cet ouvrage datant de 1937, sa première édition, son premier tirage, il est non massicoté. Pour résumer, il faut, au fur et à mesure de votre lecture, découper vous-même les pages. J’adore cette idée ! Déflorer votre lecture… Une pratique, un style d’impression qui s’est presque perdu et c’est bien dommage, cela m’a donné des idées…

De quoi parle ce petit livre ? Des Borins (Borains) et plus particulièrement des mineurs Borains. Dans ce petit livre nous sommes plongés dans l’ambiance, l’atmosphère d’alors… Nous sommes à une époque où l’extraction du charbon est plus « moderne » si je puis m’exprimer ainsi… Les méthodes se sont modernisées et pourtant, toute la difficulté, la crainte du pire et la camaraderie s’y trouve et Malva nous la rapporte à merveille.

Je vous cite quelques extraits qui m’ont interpellé :

[…] Eh bien les traînards, vous avez encore du dimanche dans la peau ? […]

[…] Les hommes se succèdent sans arrêt et toujours la même question se pose :

— C’est hue ?

— C’est hue ?

— C’est hue ?

Et les porions répondent :

— Oui, c’est hue ! […]

C’est hue était l’expression dans le dialecte borain pour dire : On y va, c’est parti ?

[…] Chargés de leurs lampes et de leurs outils, les hommes prennent place dans les compartiments exigus. Ils se serrent avec des grognements. Quand ils sortiront leurs tartines de leur sac de toile, les croutes et la mie ne formeront plus qu’une masse informe. […]

Un peu plus loin nous est relaté la descente selon Malva :

[…] Pendant ce temps, à intervalles réguliers, dans un tintamarre fait de bruit de ferraille et de coups de sonnette, la cage surgit du puits, s’immobilise quelques instants, puis repart avec sa grouillante cargaison.

La recette, peu à peu, se nettoie.

Il ne reste plus que quelques hommes ; bientôt plus personne.

Par son gosier démesuré, la bure les a ingurgités jusqu’au dernier. […]

Ce passage m’a ému, frappé par sa description digne qui cache toute la crainte de ne peut-être pas remonter vivant…

[…] « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front »

D’abord quelques gouttes ont perlé et ont roulé vers les yeux jusque dans leur bouche ; en un rien de temps leur caleçon a été trempé, et leurs pieds se sont mis à nager dans leurs chaussures. La fatigue les a quittés avec les premières gouttes ; maintenant ils sont plus souples, plus agiles, plus forts. Seulement, ils boivent beaucoup et ne cesse de mâcher du tabac. […]

Les semaines étaient longues, on peut essayer d’imaginer les matins, avant qu’ils ne s’encouragent en se demandant si c’est hue ? Ils devaient être éreintés, découragés, malheureux. Dans ce passage il est bien décrit qu’après les premières suées, la vigueur, tel un second souffle, revient et comme des machines ils abattent un travail de titan… Plus loin il est décrit un dialogue qui aujourd’hui n’a pas changé finalement, sauf que parfois, de nos jours on se plaint d’aise en comparaison de cette période minière :

[…] Bah ! ils sont comme nous, bons ou mauvais, c’est le régime qui les rend injustes.

Quand le socialisme sera établi dans le monde, quand les ouvriers ne seront plus des choses mais des hommes, les chefs nous traiteront comme on doit traiter des hommes, et le travail deviendra presqu’un plaisir. […]

Mon Dieu… Rien n’a changé dans le discours… Mais voilà, l’homme est sans cesse en quête de mieux et de toujours plus ? Nos conditions de travail ont évolués, la sécurité, le confort, les salaires… Mais le contexte ? C’est un large débat, je crois…

À l’époque, après le travail et la remontée, il y avait le cabaret.

« Le cabaret, c'était un sas entre deux enfers : celui, poisseux, de la mine et l'autre, misérable, du foyer » (Victor Regnart, le buveur de bière à la grosse moustache). Voici comment le décrit Malva :

[…] Tu vas sans doute trouver ça drôle, dit-il. Je bois, je bois par chagrin et par plaisir, je bois parce que je suis à la fois heureux et malheureux. Tu ne comprends pas, hein ? […]

L’alcool, la bière c’était certainement leur seule évasion mais qui ruinait aussi leur santé… C’est aussi là qu’on se défoulait, qu’on tapait sur les politiciens, les décideurs, mais c’est aussi là qu’on s’épanchait, telle la bière dans leurs gosiers asséchés :

[…] Je vais tout te raconter, c’est bon cela, de raconter, cela soulage. Je ne sais rien garder pour moi, j’ai la langue bien pendue. Quand je souffre, il faut que je clame ma douleur, que je montre mes plaies à tout le monde. Ce n’est pas beau, mais ça fait du bien. […]

Ce petit livre et la découverte de Malva, cet homme qui n’obtint pas son diplôme de primaire (comme moi), m’a touché, impressionné et je suis bien heureux de découvrir cet auteur presqu’oublié, car c’est ainsi qu’on n’oubliera pas, je vais m’atteler, moi, et d’autres comme ceux cités plus haut, à le citer dès que l’occasion se présentera. Je terminerai cette longue chronique, mais cela en valait la peine, par ce passage qui clôt une journée de mineur à l’époque :

[…] Que je suis heureux de revoir ma femme, mes livres, mon intérieur, jusqu’au chat qui s’arrête de dormir pour me regarder.

S’éveiller après un terrible cauchemar, revenir à la vie quand on s’est vu mort, quelle délicieuse chose ! […]


Lien : https://lesmotsricochent.blo..
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Le brasier

Ce texte n'avait pas été publié du vivant de Malva. L'Institut Jules Destrée l'a exhumé. L'ouvrage est souvent maladroit, l'auteur est toujours en quête de respectabilité littéraire. Ma Nuit au Jour le Jour à certes connu un certain succès, mais l'écrivain n'est admis que du bout des lèvres dans les cénacles littéraires. Il s'essaye ici à la fiction pure, relatant le terrible travail des boutefeux, les mineurs chargés des explosifs, avec un luxe de détails parfois dérangeant. Malva décrit avec minutie la vie au fond, ses dangers et ses codes. Il utilise un vocabulaire volontiers technique, quitte à lasser le lecteur. Le Brasier est presqu'exclusivement écrit sous forme dialoguée. Une oeuvre peu aboutie mais qui se lit comme un document sur l'enfer des mines d'avant guerre.
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Paroles de mineurs

Plusieurs histoires qui permettent de bien comprendre les difficultés des mineurs dans leur vie quotidienne que ce soit lors qu'ils sont dans la mine ou à l'extérieur durant leurs heures de repos et "loisirs".

Permet de relativiser les difficultés de la vie moderne !
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