Citations de Corinne Michaels (44)
« Je n’y comprends plus rien. La tension n’arrête pas de monter entre nous, et plus je cherche à lutter contre, plus je me sens désarmée. J’ai envie d’être près de lui. »
Tout le monde parle en langage codé, dans les Forces spéciales. La sécurité opérationnelle est une priorité quand les hommes sont en déplacement. Si l’ennemi les localise pour une raison ou une autre, c’est une chose, mais il serait impardonnable que les informations filtrent de notre côté.
Comment deux êtres qui se sont sincèrement aimés peuvent-ils se retrouver si loin de ce qu’ils voulaient l’un pour l’autre ? J’ai ma part de responsabilité là-dedans. Je l’ai éloigné de moi en faisant de la grossesse la priorité de nos vies. Mais je n’ai jamais cessé de l’aimer et jamais je n’aurais imaginé chercher quelqu’un d’autre.
J’ai envie de jeter quelque chose, de hurler de toutes mes forces, de pleurer, de perdre les pédales, pour une fois. Parce que je prends soin de tout le monde, ici, je fais en sorte que tous soient bien. Je suis la maman, l’amie, la fille. Alors, pour une fois, est-ce que je pourrais être une femme ? Écouter mes propres envies, mes propres désirs ?
On n’est pas dans un film où tout finit bien.
Mon histoire d’amour avec Aaron avait quelque chose de presque infantile. Je l’adorais tellement que je ne voulais voir que les bons côtés. On s’est aimés parce que c’était la seule chose à faire. La seule que je connaissais. Je pensais qu’il n’existait rien d’autre. Ça n’enlève rien à notre vie commune mais, en tombant amoureuse de Liam, j’ai découvert une autre partie de moi.
Je dois me sacrifier pour elle et espérer qu’elle finira par revenir vers moi. Même si cela signifie que mon ami le plus cher se retrouvera à la porte.
J’étais incapable de te donner un bébé, à toi, ma femme, l’amour de ma vie… J’étais un incapable sur tous les plans, mais elle ne voyait pas cet aspect de moi. Elle voyait l’homme fort et viril qui arrivait à tout sans effort. J’avais besoin d’elle pour oublier ma souffrance.
La vie est cruelle, l’amour est une blague.
Je parcours son corps du regard pour en absorber chaque détail. Ce n’est pas normal qu’il soit si élégant. Ce n’est pas juste. Il rend impossible toute tentative de résistance. Il arbore un grand sourire. Il mesure son effet et il est très content de lui, visiblement.
Je n’ai jamais vraiment regardé un homme comme je le regarde. Je ne fais pas attention, d’habitude, mais avec lui… Difficile de faire autrement. Il est grand, musclé, une véritable allure de prince. Chaque partie de son corps est un appel au plaisir, et pourtant je peux voir ce qu’il y a en lui.
Honnêtement, la seule explication, c’est que j’ai peur. Peur d’avoir des sentiments pour un autre homme, un homme qui, comme mon mari, est prêt à risquer sa vie pour en sauver une autre. C’est la même histoire qui recommence, et je ne pourrai pas endurer un nouveau deuil. Je ne veux pas que ma fille connaisse un jour la douleur de perdre un homme.
C’est attendrissant d’entendre des hommes adultes parler aux bébés avec cette voix douce et haut perchée. Elle lui sourit et lève les bras quand il s’approche. Ça m’enchante qu’elle soit si heureuse de le voir.
Ce n’est pas une vie pour une femme. Des allers-retours incessants. Des mois d’attente, puis l’appréhension de voir l’autre partir à nouveau. Je ne comprendrai jamais comment ces types peuvent être assez fous pour épouser quelqu’un. Ce n’est pas juste. Moi, je ne veux regretter personne, quand je suis sur le terrain.
On se souvient toujours de ceux qu’on a perdus, quand on part. On se regarde et on sait qu’au retour l’avion comptera peut-être une personne en moins.
C’est dur d’aimer quelqu’un et de savoir qu’un jour il peut ne pas rentrer à la maison. Mais renoncer à lui est impensable. Je suis née pour cette vie — toutes les femmes ne sont pas faites pour être épouses de militaires, encore moins de Forces spéciales. Il faut pouvoir aimer profondément, être solide et savoir qu’à tout moment la vie peut basculer.
Tout le monde offre son aide. C’est la chose la plus édifiante que m’a apprise la mort. Les gens sortent de l’ombre pour vous tendre la main. Ils sont prêts à venir faire la cuisine, le ménage, réparer le volet cassé, mais tout cela est superflu. Personne ne sait trouver les mots, alors tout le monde essaye de faire mais, au bout d’une semaine ou de quelques mois, l’envie d’aider s’évapore. Et on n’a plus d’autre choix que d’affronter la vie.
Les gens oublient, ils vont de l’avant. Pas moi. Je reste plongée dans l’enfer, jour après jour.
Chaque fois que ses parrains viennent à la maison, je les déteste un peu plus. Je déteste qu’ils puissent la voir, la prendre dans leurs bras, alors que celui qui lui a donné la vie ne le pourra jamais. La colère bouillonne en moi. C’est comme un nuage noir qui occulte la lumière que j’ai tant besoin de voir. Il n’y a plus d’espoir, parce que Aaron est mort et qu’il a emporté la lumière avec lui. Je veux qu’il revienne, et pas seulement dans mes rêves ; je veux le sentir près de moi. Il ne me reste que des draps froids et un lit vide.
Le temps passe. Les heures sont devenues des jours, les jours des semaines. Puis les mois défilent, et je continue à vivre. Mais suis-je bien vivante ? Je respire, je me lève le matin, je m’habille, mais je suis engourdie. Bien sûr, je souris, j’arbore une mine joyeuse, cependant c’est un masque. À l’intérieur, je suis perdue dans les profondeurs du deuil.
J’entends des gens pleurer autour de moi, mais rien de tout cela ne m’importe. Personne ne peut savoir ce que j’endure en ce moment. Perdre l’amour de ma vie, le père de mon enfant… La souffrance m’engloutit. J’avais la vie dont je rêvais. À présent, c’est un flot de désespoir qui emporte tout ce qu’il y avait de bon sur son passage.
— Natalie, je suis tellement désolé !
Les mots terribles que toute épouse de militaire redoute… J’étais censée ne plus avoir à m’inquiéter. C’était fini, derrière nous, tout ça. Je n’avais plus rien à craindre.