AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Armand Dayot (86)


Mais Chardin connut lui aussi les amertumes de la critique. Il ne fut pas uniformément loué. On lui reprocha sa monotonie, la répétition constante de ses natures mortes qui avaient fait le meilleur de son succès. Une brochure publiée à la suite du Salon de l’année 1751 suppose un tableau de Chardin : «Il s’y peint, dit le folliculaire (frère aîné de bien des critiques d’art contemporains), avec une toile posée devant lui sur un chevalet; un petit génie qui représente la Nature lui apporte des pinceaux; il les prend, mais en même temps la Fortune lui en ôte une partie, et tandis qu'il regarde la Paresse qui lui sourit d’un air indolent, l’autre tombe de ses mains.» Rien n'est plus injuste que cette critique. On y reproche à Chardin de pouvoir travailler à son aise: on eût dû se réjouir de ce qui lui donnait au contraire le loisir de l’œuvre consciencieuse: on reproche à l'artiste de se répéter: mais on ne comprend pas que cette répétition n'est qu'apparente, et que parmi tous ces objets inanimés, aucun n’est peint de pratique, chacun est né, observé, transcrit fidèlement, avec des variations si subtiles, si raffinées, que l’auteur du pamphlet ne les a pas vues et a conclu rapidement à une similitude apparente.
Commenter  J’apprécie          70
FILS d'un tailleur florentin, Andréa Vannucchi, plus connu sous le nom d' Andréa del Sarto, manifesta dès son jeune âge les plus vives dispositions pour la peinture. Son père le mit en apprentissage chez un orfèvre. C'était une bonne école pour un futur peintre: il devait y gagner cette fermeté du dessin, cette sûreté de la ligne qui, plus tard, caractérisèrent sa peinture. Mais il ne tarda pas à quitter son patron pour s'adonner exclusivement à la peinture, sa passion. Il entra dans l'atelier de Piero di Cosimo, qui était à cette époque un des artistes les plus réputés de Florence. Sous l'habile direction de ce peintre, professeur consciencieux et probe, le jeune artiste ne tarda pas à faire de rapides progrès et bientôt il fut l'égal de son maître.
Commenter  J’apprécie          60
Si l'Ecole hollandaise du XVIIe siècle a pu, en effet, entrer librement dans « sa phase de grandeur » et prendre mie place unique dans les écoles de peinture les plus réputées, grâce à la sincérité originale de sa vision et à sa forte technique faite à la fois de vigoureux accents et de nuances d'une délicatesse infinie, c'est que l'époque d'origine, avec sa noblesse hiératique, et celle de transition, malgré son pédantisme conventionnel emprunté à la décadence italienne, avaient initié l'artiste hollandais à la beauté de l'art et l'avaient soumis aux règles les plus sévères du dessin.
Commenter  J’apprécie          50
M. Jules Laurens a, dans un dessin d'ailleurs assez médiocre, représenté Bonaparte enfant, assis au milieu de ses livres, dans cette grotte de Milleli, vulgairement désignée aujourd'hui sous le nom de grotte de Napoléon Après, des courses vagabondes à travers les maquis de son pays natal, le futur empereur aimait à méditer et à apprendre ses leçons dans cette fraîche et ombreuse retraite, dont le silence n'était troublé que par le chant des merles, la chanson du vent dans les myrtes et les oliviers, et le murmure des flots.
Commenter  J’apprécie          40
Reynolds, malgré son admiration profonde pour Michel-Ange, est surtout un élève des Vénitiens. Le Titien, Véronèse et le Tintoret, furent ses maîtres véritables. Dans ses recherches infinies pour pénétrer le métier de ces grands artistes, dont il aimait instinctivement l'art fastueux, le coloris éclatant, dans ses élans de passion pour saisir le secret de leur génie, on le vit sacrifier des toiles dues à leurs divins pinceaux, afin d'en décomposer les couleurs, d'en découvrir les pratiques mystérieuses.
Commenter  J’apprécie          40
Aucun art ne reflète peut-être aussi exactement le caractère d'une race que celui de l'Islam, aucun autre ne fut marqué comme lui d'une empreinte sociale aussi forte. La claustration des femmes en est la base. C'est dans les demeures où elles étaient condamnées à vivre toujours, derrière les murs qui ne devaient rien révéler de leur mystère, que la poésie, le luxe, l'imagination, l'art, se réfugièrent presqu'exclusivement.
Une ville arabe est une cité blanche, fauve ou grise, aux ruelles étroites, aux portes massives, aux maisons plates, sans fenêtre ni décoration. Demeures anonymes, uniformes, qui ne se distinguent pas les unes des autres. C'est vers l'intérieur qu'est tourné leur visage et leur grâce...
Commenter  J’apprécie          30
Grand merci, monsieur le peintre. Je me rendrai dès demain matin à votre invitation, bien que l'inestimable bonheur m'était réservé de pouvoir dans quelques jours examiner vos chefs-d'oeuvre au Salon. Mais d'ici là on pourrait encore me faire un cruel reproche de ne pas connaître votre atelier , où vous avez, paraît-il, accumulé tous les trésors décoratifs de l'extrême Orient. J'irai monsieur le peintre ; mais si vous voulez bien me le permettre , je vais tout d'abord me reposer un peu , après avoir relu une superbe pièce de vers manuscrite d'un de mes amis , qui cherche vainement un éditeur, car il est pauvre.
Commenter  J’apprécie          30
Il est de toute évidence que c'est en écrivant, et avec quelle grâce étincelante et avec quel charme incomparable, son poème d'un sensualisme si spirituel à la gloire de l'amour que Fragonard exprima avec le plus grand succès l'idéal qui convenait le mieux à son tempérament. Et jamais son pinceau ne se chargea de plus précieuse lumière blonde que lorsqu'il eut à faire éclore, à l'ombre légère de rideaux blancs agités par des vols d'oiseaux, la chair savoureuse de ses petites femmes « cardées de faussettes » et la fleur si fraîche de leurs seins. Mais si délicieusement poète de l'amour et de la volupté que soit Fragonard, il a d'autres titres encore à notre admiration.
Commenter  J’apprécie          20
« Mon divertissement, dit-il volontiers c'est le dessin ». Il se délasse à évoquer la mimique d'un corps en traits rapides; c'est pour lui un amusement, qui le repose du rude labeur du modelage. D'une manière générale, les dessins de peintres ou de sculpteurs ont la valeur de documents précieux et vivants; les tendances intimes de l'artiste s'y révèlent à nu ; une oeuvre largement élaborée est d'un sentiment moins immédiat, quelque soit l'instinct de vérité qui anime son auteur.
Commenter  J’apprécie          20
GÉRARD DAVID est l'un des plus illustres successeurs de Hans Memling ; beaucoup de critiques le considèrent même comme son égal. Avec Gérard David, qui est représenté à la " National Gallery " par deux de ses plus beaux chefs-d'œuvre, l'art flamand du xv' siècle touche à sa fin. C'est le suprême et complet épanouissement de cette école glorieuse dont les frères Van Eyck furent les fondateurs. David est le dernier représentant d'une tradition; ses élèves ne le suivront que de très loin et laisseront déchoir un art qui fut porté si haut.
Commenter  J’apprécie          10
L'enseignement que le jeune Chardin recevait dans un atelier pourtant fort renommé en ce temps, ne présentait rien non plus de bien saillant. Les élèves étaient astreints à copier les ouvrages du maître. De modèle, point. D'étude de la nature, il n’était pas question. Comme le jeune artiste était très pauvre, il ne pouvait s'offrir un modèle à lui tout seul, et le profit qu'il retira des leçons de Cazes fut donc très mince.

En réalité, Chardin devait se révéler à lui-même et au public, non par une progression banale et par des étapes qu’on peut déterminer à l’avance chez ce qu’on est convenu d'appeler un bon élève, mais par une série d'à-coups, d'incidents variés, dont l’instantané pique la curiosité, et donne comme un avant-goût de l'originalité artistique de Chardin.
Commenter  J’apprécie          10
Parmi les peintres animaliers demeurés fidèles au sol et à la nature hollandaise, et dont l'ensemble constitue, il faut bien le dire, un groupe très restreint, il faut faire une place honorable à Adrien van de Velde (1636- 1672), mort très jeune, comme Paul Potter. Élève de Wynants, il avait appris de son maître l'art de peindre et de composer. Une couleur vive, des expressions animées, des ciels vibrants de lumière, une touche franche et délicate, encore qu'il abuse parfois dans ses feuilles du métier sec et pointu de Potter, telles sont les qualités que l'on remarque dans les œuvres de cet excellent artiste.
Commenter  J’apprécie          10
Quelles surprenantes images ! écrivent les Concourt, parlant de ces admirables pastels... Ce travail violent et emporté, les écrasés, les modelages, les tapotages, les balafrures, les empâtements du crayon, ces touches semées franches et rudes, ces audaces qui commandent ces tons immariables et jettent sur les papiers des couleurs toutes crues, ces dessous pareils à ceux que le scalpel trouve dans les peaux, tout cela s'harmonise à quelques pas, s'assemble et se fond, s'éclaire, et c'est de la chair qu'on a sous les yeux, de la chair vivante qui a ses plis, ses luisants, sa porosité, sa fleur d épiderme...
Commenter  J’apprécie          10
Malgré la franchise très apparente de ses tons posés, et de ses harmonieux accords, Chardin travaillait lentement, et l'on peut dire que chacun de ses chefs-d'oeuvre est le résultat d'efforts prolongés. Néanmoins, grâce à la persistance de son labeur et au calme très méthodiquement ordonné de sa vie de famille, Chardin a beaucoup produit.
Commenter  J’apprécie          10
Au XVIIIe siècle les jeunes artistes organisaient en plein air, le jour de l'octave de la Fête-Dieu, une exposition de leurs meilleures toiles, exposition qui durait quelques heures à peine. Ce fut à l'une de ces exhibitions, souvent très intéressantes et qui avaient lieu place Dauphine avant le défilé de la procession, que Chardin, à peine âgé de 26 ans (1726), exposa pour la première fois. Sa toile de début représentait un bas-relief en bronze. Elle fut très remarquée, et J.-B. Vanloo en fit l'acquisition, offrant même une somme supérieure à celle que demandait le jeune artiste.
Commenter  J’apprécie          10
L'oeuvre de Chardin, surtout, est un magnifique enseignement pour les peintres. Ils y apprendront l'art de voir juste et de dire vrai.
Commenter  J’apprécie          10
Quant à Boucher, il serait peut-être un peu téméraire de vouloir présenter son oeuvre au public, sans disposer d'une immense salle d'exposition, encore impossible à découvrir aujourd'hui, et où l'opulente fantaisie du peintre de la grâce et de la volupté « pourrait se développer » en toute liberté, représentée non seulement par les quelques portraits charmants dus à son facile pinceau, mais encore par ses fraîches bergeries, aux horizons bleus et aux personnages enrubanés, par ses panneaux décoratifs, et par les plus beaux spécimens des tapisseries nées de sa fertile et folle imagination.
Commenter  J’apprécie          10
Avant le XVIIe siècle, les Hollandais et Flamands abordaient encore fréquemment la peinture religieuse et, bien qu'ils n'y fussent pas d'une très grande inspiration, du moins y manifestaient-ils l'effort d'une pensée pieuse. Mais l'époque des dons de tableaux aux églises étant passée, les peintres de ces pays se confinèrent dans cette peinture de chevalet qui nous a valu de si nombreux chefs-d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          10
Rien de plus facile que de puiser dans l’oeuvre de ceux dont la plus grande partie de l’existence artistique, ou l’existence tout entière, appartient au dix-neuvième siècle, comme Boilly, Carie Vernet, David, Prud’hon, Ingres, Gros, Géricault, Delacroix... Mais quelle conduite tenir vis-à-vis des Greuze, des Fragonard, des Moreau le jeune... qui n’ont survécu que de quelques années à la grande date révolutionnaire?
Commenter  J’apprécie          10
ALBERT BESNARD - DÉCORATEUR
QUELQUES peintres affectent de dire, en regardant les décorations de M. Albert Besnard : « C'est de la peinture de philosophe ». Pour eux, le métier seul existe, et les seuls grands peintres sont ceux qui savent modeler. « Faire tourner une pomme, qu'est auprès de cela le plafond de la Sixtine ou le Parnasse? » Aux yeux de M. Albert Besnard, la peinture n'est pas qu'un passe-temps inutile et prétentieux, « le plus vain des métiers » ; elle est, comme la musique, la littérature, la sculpture, un moyen d'expression ; elle exprime, avec les moyens particuliers à sa technique, des sensations et des idées contemporaines. M. Albert Besnard, préparé à toutes les hardiesses et à toutes les simplifications de l'oeuvre décorative par des études minutieuses et solides, par l'assouplissement que donne la pratique des métiers voisins de la peinture, tels que la gravure et le pastel, par l'étude passionnée des maîtres italiens de Florence, de Rome et de Venise, et dégagé enfin de leur imitation par des voyages en d'autres pays, par un séjour à Londres, par la vision de climats et d'écoles différents, bref, sachant tout ce qu'on peut apprendre, pouvait aborder résolument tous les sujets et, sans exprimer le dilettantisme suranné des archéologues et des brocanteurs, être de son temps, de son pays, tout en restant fidèle à une tradition technique commune à tous les temps et a tous les pays.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Armand Dayot (4)Voir plus

Quiz Voir plus

Compléter les titres

De Diderot : "Les bijoux …...."

volés
indiscrets
de la reine
précieux

15 questions
38 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}