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4.48/5 (sur 21 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Damien Agut-Labordère est docteur en égyptologie, épigraphiste, spécialiste de l'écriture démotique et de l'histoire du Ier millénaire av. J-C.

Il est chargé de recherche au CNRS, membre de l'UMR Arscan-HAROC (Nanterre), membre du programme Achemenet, Président de l'association Atelier Aigyptos (en 2007).

Il est chargé de conférences à l'École pratique des hautes études à Paris, chargé de cours histoire grecque et hellénistique à l'Institut catholique de Paris et professeur d'histoire et géographie.


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Atlas historique du Proche-Orient ancien Vidéo 3/4 : L'Empire perse achéménide. Présenté par Damien Agut Actuellement en librairie et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/4343-atlas-historique-du-proche-orient-ancien. Un panorama complet du Proche-Orient ancien, depuis les prémices de la sédentarisation, il y a plus de 20 000 ans, jusqu'au tournant de notre ère. Cet ouvrage a rassemblé une cinquantaine de contributeurs, experts reconnus ou jeunes chercheurs (archéologues, historiens, épigraphistes...). Tournage et montage réalisé par La Caméra verte | https://www.lacameraverte.com/

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Dans un décor de marécage, coiffé de la couronne blanche de Haute Egypte, un roi, dont le nom, placé devant la tête, contient l'image d'un scorpion, manie une houe au-dessus d'un cours d'eau. Ce document est parfois interprété comme commémorant la mise en eau de canaux expressément creusés sur ordre du monarque. Il sert aussi à justifier l'hypothèse, parfaitement invérifiable, que l'administration royale aurait, dès l'origine, pris en main l'organisation de l'irrigation de l'ensemble de l'Egypte. La persistance de cette interprétation est certainement liée au fait qu'elle soit venue conforter l'hypothèse proposée par l'historien germano-américain Karl Wittfogel dans son livre "Oriental Despotism" (1957). Pour cet auteur, l'émergence précoce d'Etats très centralisés au Proche-Orient, en Inde et en Chine serait liée à la nécessité qu'auraient eue ces "monarchies hydrauliques" à se doter très tôt d'administrations complexes chargées de la gestion de l'eau. Cette analyse, au sein de laquelle l'Egypte pharaonique ne jouait qu'un rôle marginal, a été aujourd'hui pratiquement abandonnée après que l'archéologue américain Robert MacC.Adams a, dans les années 1970 et 1980, montré que le réseau d'irrigation mésopotamien était aux mains des pouvoirs locaux et régionaux. A la fin, la signification du geste du pharaon "Scorpion", et le sens que revêtait la représentation de celui-ci sur cette tête de massue, nous échappent.

Légende de la photo d'une tête de massue sculptée au nom du pharaon "Scorpion", calcaire, fin du IV° millénaire, av. J.C, p. 99.
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Cependant; en dépit de ces différences, Haute, Moyenne et Basse Egypte connurent alors les prémices d'un mouvement culturel qui allait se poursuivre tout au long du premier millénaire. Désigné sous le nom d'"archaïsme" par les épigraphistes et les historiens de l'art, il se manifesta par la recherche et l'emploi des modèles graphiques, artistiques et littéraires puisés dans les oeuvres des II° et surtout III° millénaires. Textes, formes et procédés d'écriture tombés en désuétude retrouvèrent un nouvel usage, tout particulièrement en Thébaïde et dans la région memphite...
L'archaïsme pourrait donc être interprété comme une réaction culturelle au changement de paradigme politique que connut la monarchie égyptienne à ce moment-là. Le fait que les grandes villes du pays abritaient désormais leur propre lignée royale ne pouvait en effet que nourrir le sentiment d'appartenance locale. Dans ce contexte, les membres des grandes familles thébaines ou memphites pouvaient avoir la volonté de réécrire leur propre histoire, en l'inscrivant dans une tradition fabriquée, en récupérant une partie des vestiges, textuels et plastiques, des temples et des nécropoles locales. En effet, ce n'est pas le fruit du hasard si les premières traces d'archaïsme se repèrent à Thèbes, là où se manifestèrent d'emblée les plus fortes velléités de localisme politique. Alors que la structure même de la monarchie pharaonique était en train de se transformer en profondeur, le désir de se rattacher au passé le plus ancien habitait les Egyptiens.

p. 525
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C'est là un point rarement souligné, les nécropoles prestigieuses de la région thébaine furent profanées et pillées, non seulement par des pillards mais aussi par des agents royaux envoyés depuis Tanis. Cet aspect de l'action du pouvoir tanite dans la Vallée des rois éclaire d'un jour nouveau le regroupement de nombreuses momies royales par le Grand Prêtre d'Amon, Pinedjem II (990-969). Pinedjem II fit en effet rassembler ces corps, placés dans des cercueils de bois, dans le vaste hypogée qu'il s'était fait creuser à Deir el-Bahari. Imputé par de nombreux savants aux risques que faisaient peser des groupes de brigands sur les tombes royales, il est possible qu'une partie des profanations perpétrées contre ces sépultures ait été ordonnée par les souverains tanites eux-mêmes, avec l'accord des autorités thébaines, au cours de pillages officiels, destinés à alimenter le faste des funérailles des souverains du Nord.

p. 472
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L'historiographie de cette période de division politique, la "Première période intermédiaire" de l'égyptologie, en brosse un tableau le plus souvent apocalyptique. Ici encore, les découvertes archéologiques et la réinterprétation des données textuelles permettent de proposer une analyse plus nuancée de cette phase de l'histoire égyptienne ...
Pour l'épigraphie, la fin de la monarchie memphite est accompagnée par celle du monopole détenu par le palais concernant la production écrite. Cependant, loin de reculer, l'emploi de l'écriture connut alors une expansion considérable. L'écriture éclaire désormais la vie domestique et l'univers funéraire de nombreux individus n'appartenant pas à l'élite, même provinciale. Descendant l'échelle sociale, l'écrit devient le véhicule de valeurs inédites, souvent très originales par rapport à celles en vigueur à la cour ou même chez les potentats régionaux.

pp. 199-200.
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Au milieu du XIXe siècle, le savant allemand Karl Richard Lepsius (1810-1884) proposa une solution qui emporta d'emblée l'adhésion générale. Lepsius découpa cette immense plage de temps en cycles. Selon cette périodisation, trois empires (Reichen) se seraient ainsi succédé en Égypte aux IIIe et IIe millénaires. Entre chacun de ces apogées, il inséra des «périodes intermédiaires» (Zwischenzeit), marquées, selon lui, par un affaissement généralisé des formes politiques mais aussi esthétiques. Repris par l'égyptologie française (qui conserva le terme d'«Empire») et anglaise (qui, moins emphatique, retint celui de «Kingdom»), ce mille-feuilles constitue, aujourd'hui encore, la base de l'histoire de l'Égypte ancienne telle que nous nous la racontons. Parachevant son oeuvre, Lepsius prit soin d'intégrer au découpage qu'il proposait les trente et une dynasties définies par Manéthon, un historiographe d'origine égyptienne qui vécut au IIIe siècle av. J.-C. Chaque «empire» et chaque «période intermédiaire» se vit ainsi assignées un certain nombre de dynasties, donnant à l'histoire de l'Égypte pharaonique l'aspect rassurant d'un parterre parfaitement ordonné. Avec le temps, le découpage de Lepsius acquit le statut d'une réalité scientifique, au point que l'ensemble des données philologiques et archéologiques sont, aujourd'hui encore, organisées selon ce modèle.
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L'histoire politique de la Nubie ne s'est évidemment pas arrêtée avec le retrait définitif des forces égyptiennes, au XI°s. L'idée que pour le pays de Koush et la Basse Nubie, aurait alors commencé un "âge sombre" n'est en réalité que le produit d'une tradition archéologique qui, jusqu'à récemment, s'était exclusivement préoccupée des monuments de pierre et des textes hiéroglyphiques. Le prisme égyptologique, qui a trop longtemps dominé l'archéologie du Soudan ancien, est aussi à l'origine de l'idée selon laquelle le processus de construction de l'empire nubien des VIII° et VII°s, serait lié à la persistance, dans la région, d'une communauté de culture égyptienne, qui aurait fini par dominer les autres groupes et serait parvenue à ressusciter en Nubie un état de type pharaonique. Selon cette conception, la conquête de l'Egypte par les "pharaons noirs" aurait été motivée par le désir de retrouver la mère patrie égyptienne et d'en restaurer la grandeur. Trente années de recherche archéologique et historiques sont venues ruiner cette interprétation.

pp. 530-533
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Si l'égyptophile y trouve son content de faits et d'émotions, l'historien et l'amateur d'histoire demeurent le plus souvent perplexes devant de telles évocations. À quoi tient ce sentiment d'étrangeté ? D'abord au fait que, si l'historien est un ogre qui fait ventre de tout, il est cependant une chose qu'il ne pourra jamais digérer : l'éternité. Scrutant les inflexions, cherchant les ruptures, il se tient à l'affût des traces laissées par le passage du temps. Ainsi, s'il est tout à son aise dans les «sociétés chaudes», soumises à des processus de transformation continue, il peine en revanche avec les mondes «froids» : traditionalistes, conservateurs, où le temps semble, si ce n'est figé, tout du moins ralenti. De ce point de vue, cette Egypte, que l'on dit précisément «éternelle», ne saurait faire entièrement partie de son domaine. Comment en effet raconter l'histoire d'une forme politique qui perdura durant près de trois millénaires et demi ?
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Sa figure lisse, imberbe, aux grands traits purs, qu'il ne semblait au pouvoir d'aucune émotion humaine de déranger et que le sang de la vie vulgaire ne colorait pas, avec sa pâleur morte, ses lèvres scellées, ses yeux énormes, agrandis de lignes noires, dont les paupières ne s'abaissaient non plus que celles de l'épervier sacré, inspirait par son immobilité même une respectueuse épouvante.» Tel apparaît le pharaon du Roman de la momie de Théophile Gautier. Cette figure à l'autorité presque inhumaine, on la retrouve, à l'écran, dans le Ramsès II incarné par Yul Brynner dans Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille (1956). Voici donc le maître d'une histoire qui ne saurait être écrite qu'en recourant à l'hyperbole. Dans les ouvrages de vulgarisation, comme dans une partie de l'historiographie, la monarchie pharaonique est ainsi spontanément associée aux notions d'«empire», de «grandeur» ou encore de «gloire». Mis bout à bout, les titres des ouvrages et des catalogues d'exposition traitant des rois de l'Égypte ancienne épuisent le champ sémantique de la puissance.
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