J’ai passé la plus grande partie de ma vie à lutter contre le virus du sida et, finalement, c’est un cancer qui va avoir ma peau, je trouve cela assez ironique.
Moi je trouve ça dégueulasse, maugrée mon frère.
Je crois que, malheureusement, on ne peut jamais plaire à tout le monde, alors laisse une chance de te connaître à ceux qui le veulent et oublie les crétins.
- Je te l'ai dit, j'ai eu une vie avant de te connaître, mais ces filles ne m'ont jamais rien apporté de bien. Tu sais, il y a des nuits où je me réveille en sursaut, bouffé par les angoisses. Je t'assure c'est parfois tellement flippant de se dire que ce putain de virus vit en moi que j'ai l'impression d'étouffer. Dans ces moments-là je n'ai plus envie de me battre, je me dis que je devrais me laisser partir puisque, de toute façon, c'est ce qui arrivera tôt ou tard...
- Jessy, murmuré-je, émue, en m'emparant de sa main.
- Mais ensuite je pense à toi, à notre histoire, à ton sourire, à ta manière de poser tes mains sur moi, à la façon dont tu me regardes, et alors je reprends espoir. Je crois que, sans toi, il y a longtemps que je me serais jeté du pont... La première fois que je t'ai vue, c'était dans le couloir du lycée, nos regards se sont croisés, et je me suis tout de suite dit que tu étais celle que je voulais.
[...]
- Megan, dit-il en caressant mes cheveux, c'est toi qui me donne la force de me battre contre cette saloperie de virus, c'est grâce à toi que j'ai relevé la tête, que je refais des projets. Je ne suis pas amoureux de toi parce que je suis malade, je t'aime parce que tu es toi.
« - Quand je croise le regard des jeunes de notre âge, je sais ce qu’ils pensent. Ils se disent que je dois être terrifié à l’idée de mourir… ce n’est pas le cas. Vivre me fait bien plus peur que mourir. Mourir c’est facile, on a juste à se laisser aller à s’éteindre, mais vivre, comment fait-on pour avancer jour après jour avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ? » p.113
- Toi et tes étoiles... Pourquoi les aimes-tu autant ?
- Je ne sais pas trop. Peut-être parce que je leur ressemble. Elles ont une vie éphémère, pourtant elles brillent longtemps, même après leur mort. Moi aussi, je voudrais guider longuement le chemin de ceux que j'aime.
- Toi et tes étoiles... Pourquoi les aimes-tu autant ?
- Je ne sais pas trop. Peut-être parce que je leur ressemble. Elles ont une vie éphémère, pourtant elles brillent longtemps, même après leur mort. Moi aussi, je voudrais guider longuement le chemin de ceux que j'aime.
— J’ai reçu un appel de l’école. Apparemment, l’un des parents d’élèves a entendu ce que ton ami a dit dans la rue et l’a tout de suite rapporté au lycée. Je suis convoquée ce soir pour parler de l’état de santé de mon fils et voir s’il peut poursuivre sa scolarité dans cet établissement. — Mon Dieu, mais c’est n’importe quoi ! — Malheureusement c’est ce qui arrive quand les gens savent que Jessy a le sida. Partout où il va, on le rejette. Cela s’est déjà produit à Allentown, et ça recommence ici. Tout le monde a peur d’être contaminé par un simple contact, même mon mari ne supporte pas d’habiter sous le même toit que lui. Mme Sutter secoue la tête comme si ses pensées peuvent s’évaporer par ce geste.
« Vous êtes tellement fusionnels, beaucoup trop. Lorsque je dis qu’elle est toxique, c’est parce qu’elle est capable de vous porter quand tout va bien mais quand ça va mal, elle vous entraine dans un gouffre de noirceur. Vous êtes comparables à un couple d’oiseaux, les inséparables, lorsque l’un meurt, l’autre se laisse mourir pour le rejoindre au plus vite. »
De retour chez moi, la première chose que je remarque est la voiture d’Eddy garée à ma place dans l’allée du garage. J’attrape un sac de provisions et entre. Jared et lui sont assis au bar, Eddy lit des feuilles étalées devant lui alors que la radio diffuse un hip-hop.
— J’aime beaucoup ce texte, je ne sais pas qui t’a inspiré ces paroles mais ça déchire, sourit Eddy.
— Ne t’embête pas surtout, tu m’as piqué ma place de stationnement !
Le coupable sursaute, l’air penaud, ce qui me donne une grande satisfaction.
— Désolé Ady, c’est que j’étais pressé de te voir.
Je lève les yeux au ciel.
— Mais bien sûr ! Puisque vous êtes là tous les deux, vous pouvez m’aider en rentrant les sacs de courses ?
Comme un seul homme, ils se mettent en action. Ouais, je suis peut-être petite et je n’ai que 19 ans mais je viens de faire bouger deux mecs et sans recevoir aucune plainte, c’est pas beau ça ?
Quand on tient à quelqu’un, il est normal de vouloir préserver cette personne et d’avoir peur de la perdre. Il n’y a rien d’irrationnel là-dedans, assure le psy en me lançant un regard rassurant. J’acquiesce silencieusement. Depuis que je me sais séropositif, j’ai tendance à faire du virus le responsable de tous mes ennuis. Ce soir, j’ai réalisé que je suis surtout un garçon de dix-huit ans qui continue de mûrir en se confrontant à toutes les craintes que la vie comporte. Je ressors de cette réunion, grandi, mes doutes apaisés… Mais en étant parfaitement conscient que cela ne durera pas.