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Critiques de Daniel Halévy (7)
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Vauban

J'ai plein de choses à dire, car le livre est "riche" d'informations !

Tout le monde a vu les fortins bas et étoilés de Vauban, qui émaillent la France.

Bas, pour que les boulets ennemis ne détruisent pas les murs ;

étoilés pour ne laisser aucun angle mort.

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Quel phénomène, ce Vauban ! J'aurais aimé avoir un patron pareil !

Ingénieur (de « génie »), savant, humain, courtois mais impétueux, organisateur, empathique, qui a son franc-parler, recruteur, « père » de tous les soldats, « protecteur » de la France, soldat, habile, terrassier, qui observe et connaît son terrain et l'hydraulique, généreux, avec un jugement sûr, courageux, serviteur fidèle du roi et de Louvois, constructeur de cent fortins, maître terrassier des sièges de quarante villes, et enfin Maréchal, etc...

. Il aurait dû être le ministre principal de Louis XIV, mais extrait de petite noblesse du Morvan, il est barré par « les Grands », dont la majorité sont des incapables.

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De 1660 à 1700, il a fortifié, sécurisé les frontières de la France, donné des conseils judicieux à Louis, par l'intermédiaire de son ministre Louvois ; Louis trop téméraire, trop plein de gloriole mal placée, qui dépense des fortunes à construire Versailles et à refaire la guerre à l'Espagne des Pays Bas parce qu'elle n'a pas payé la dot de la reine Marie-Thérèse ! Personne n'ose prendre la responsabilité de lui faire remarquer, mais, dans son domaine, les constructions, Vauban a son franc-parler, d'abord avec Louvois, puis directement avec le roi à la mort de Louvois en 1691.

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J'ai aimé cette biographie, car l'auteur, Daniel Halévy a, lui aussi, un style direct, riche en informations, il y a beaucoup de témoignages et des passages entiers de lettres sont communiqués, nous apprenant l'esprit de l'époque. Vauban s'appelle Sébastien Leprestre, né en 1633, et c'est un homme de terrain.

Il est très bien cerné par l'auteur, et l'on peut facilement imaginer ce diable d'homme, qui aurait fait beaucoup mieux pour la France que ce qui a été fait, en particulier...

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1 ) quand le roi veut venger la promesse non tenue de l'Espagne, la guerre de dévolution, et la deuxième guerre contre Guillaume d'Orange : bilan : un million de morts qui auraient pu travailler en paix et enrichir la France, alors qu'à la suite de ça, elle est exsangue. Vauban, humaniste, économisa toujours la vie des hommes, et pas orgueilleux, n'aurait pas gaspillé un million de vies à gagner quoi ? Une petite bande frontalière, l'accès au Rhin et la Comté ? Une victoire à la Pyrrhus !

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2 ) Pour accéder au Paradis, conditionné par les jésuites ( il faut lire « Les Provinciales » ), Louis pense se racheter en révoquant l’Édit de Nantes ( 1675 ) du bon roi Henri IV ! Par plusieurs extraits, l'auteur montre que Vauban, diplomatiquement, est opposé à cette mesure, d'abord parce qu'il perd de précieux hommes de son équipe, mais aussi en montrant au ministre qu'avec la façon inhumaine dont sont traités les protestants des campagnes, cent mille d'entre eux émigrent, ce qui fait une perte considérable pour le royaume.

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Je n'aime pas Louis XIV, j'adore Vauban, qui, tel un fidèle adorateur de son roi, lui donne sans arrêt de précieux conseils, sous forme de mémoires, pour l'attaque de villes proches de la frontière ( « N'allez pas voler le papillon ! » lui dit-il sans cesse, tenez le pré carré ).Cet homme a bétonné les frontières de la France, sans arrêt sillonnant les routes du pays, donnant des directives à ses équipes. Humain, il a vu, en 40 ans, les conditions de vie des paysans se dégrader à cause de la hausse des impôts dus au financements des guerres incessantes de son roi, qui sacrifia un million d'hommes en quarante ans pour quelques territoires gagnés  ( Artois, Alsace, Comté ) : le « jeu » en valait-il la chandelle ?

Le dernier combat, à plus de 70 ans, de Vauban, ( Sébastien Leprestre, seigneur de Vauban, et enfin maréchal de France, fut pour le petit peuple qu'il aimait tant, et c'est dramatique, mais pas étonnant : le roi, cette fois, ne l'écouta pas, Vauban en est mort.

L'objet du délit est un gros mémoire, un essai : «  La dîme du Roi ».

V'latypas que Monsieur de Vauban se permet, pour la première fois, de sortir de son domaine, « le génie », pour s'attaquer aux impôts ! La dîme du roi, impôt unique proportionné aux revenus, et collecté directement par les gens du roi, sans magouilles des nombreux intermédiaires, serait la solution pour rassurer le petit peuple, celui qui est la force vive, productrice du pays, celui sans qui le roi n'est rien. Et il s'attaque aux financiers, usuriers, intermédiaires, qui sont la source de la pauvreté. Quel tabou a-t-il soulevé ! Ne sait-il pas que déjà, à cette époque, ceux-ci ont une puissance redoutable, qui payent les gens pour qu'ils se taisent ? Le mémoire fait grand bruit, le roi, pour une fois, ne répond pas.

« Mon Roi m'a abandonné ! »

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En lisant Hannah Arendt, je constate que Vauban et Robespierre se rejoignent, à presque un siècle de distance. Ce dernier, comme Vauban, était préoccupé par la pauvreté :

« La république ? La monarchie ? Je ne connais que la question sociale" .

Louis XIV eût été plus ferme, eût approuvé Vauban, nous aurions peut-être fait l'économie de cette révolution française, et surtout de ses morts :

« Deux millions de morts : tel semble être, aux seuls dépens de la France, le coût des guerres de la Révolution et de l'Empire. »  (démocratie-royale ).

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1708 : maintenant que Vauban n'est plus là, de jeunes maréchaux prétentieux commandent les armées n'importe comment. Ils perdent une guerre contre les Anglais, Louis peut garder la Comté et Lille, à condition de leur donner Dunkerque, après avoir détruit toute sa défense : c'était le chef d’œuvre de Vauban !

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Bon, c'est décidé, après Mazarin, décédé en 1661, ma reine Louise XIV (qui ne s'appelle plus Amélie ) va prendre Vauban comme premier ministre, quitte à faire un scandale auprès des Grands, qui peuvent émigrer, ce ne sera pas une grosse perte !

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« Vauban » est un livre riche de détails, et passionnant !
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Nietzsche

Aucun philosophe plus que Nietzsche ne mérite plus d'être approché biographiquement : selon lui, un homme pense de tout son être, avec ses instincts, sa vie, ses passions, son histoire. Aussi le grand livre de Daniel Halévy est-il indispensable pour entrer dans cette oeuvre, même s'il n'est pas la seule porte possible. En tous cas, c'est la mieux ouverte, la moins universitaire et la plus agréable, tant l'auteur est savant et écrit bien.
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Vauban

Remarqué dès ses vingt ans par l'un des plus grands cardinal de l'histoire de France, les villes et les sièges se succéderont.



De Lille à Tournai en passant par Maastricht, Mons, Namur la France se murera derrière les compétences d'un homme hors du commun.



Forteresses et remparts sauveront encore des vies au cours de la première guerre mondiale.



Courage, humanité et simplicité feront de Vauban un des plus grands représentants de son siècle.
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Histoire de quatre ans 1997-2001

Daniel Halévy est l'auteur d'une utopie : Histoire de quatre ans, 1997-2001, œuvre de jeunesse, écrite à 31 ans, parue dans les Cahiers de la Quinzaine en 1903. Appréciée par Péguy, qui la publia, par Anatole France et Georges Sorel, elle est aujourd’hui oubliée.

En cette fin de XXème siècle, imaginé par Halévy, la société est en mesure de nourrir les hommes à faible coût grâce à l’albumine. Il n’est plus besoin de travailler beaucoup pour se nourrir. Trois heures par jour suffisent. Il n’y a plus de paysans. L’industrie de l’albumine appartient à un trust tout puissant, détesté. Cette société du loisir n’est pas le paradis. Seule une petite élite sait s’occuper utilement. Pour le reste, l’alcool, les drogues, font des ravages dans le peuple. Un excitant a été inventé “qui permet de mourir dans des spasmes de joie après cinquante heures d’érotisme continu”. Les asiles d’aliénés sont pleins.

Dans une forme de démocratie élective s’opposent plusieurs partis : les “libéraux populistes”, financés et animés par les capitalistes qui vivent du commerce des loisirs et des drogues après avoir dépossédés du monopole de la production de l’albumine par un nationalisation décidée par leurs adversaires, le parti des “socialistes libertaires”.

C’est alors que surgit une étrange épidémie, “qui affecte le sang” et fait des ravages dans la population, parmi les vieux, les malades et les aliénés, tout en épargnant les tempérants, donc les musulmans, qui ne boivent pas d'alcool et ont tout loisir de conquérir le monde occidental affaibli par la pandémie. Heureusement les savants s’emploient à trouver les remèdes au sein d’un “établissement des hautes études scientifiques”. Certains d’entre eux se verraient bien confier le pouvoir au nom d’un positivisme contre révolutionnaire et jacobin, avec la devise “discipline, hiérarchie, amour”. D’autres restent fidèles au parti “démocrate ouvriériste”.

Dans ce monde agité et décadent seuls subsistent et prospèrent des colonies coopératives d’artisans (cordonniers, horlogers, éleveurs, bûcherons, sculpteurs). C’est parmi les meilleurs d’entre eux que l’établissement des hautes études scientifiques vient recruter ses jeunes chercheurs qui sauveront le monde.

On voit bien dans ce texte les influences mêlées des idéologies du XIXème finissant. Un zeste de positivisme, une dose de socialisme utopique, celui de Proudhon et de Fourrier, celui du mouvement coopératif, une pincée de socialisme scientifique (le grand capital), une piqûre de pasteurisme, la nostalgie des université populaires auxquelles avait cru Halévy, de forts relents d’antisémitisme (c’est l’époque de l’affaire Dreyfus), et des résurgences de terrorisme (les attentats anarchistes ne sont pas loin) nourris des théories du complot.

Des fulgurances, aussi : A côté de cette épidémie, qui préfigure singulièrement le sida, des propos novateurs sur l’éducation des enfants en petits groupes encadrés par leurs aînés, et surtout, 20 ans avant Coudenhove-Kalergi, l’idée des Etats-Unis d’Europe.

“Dès lors, une même volonté associerait les pâles enfants du soleil scandinave et les enfants brûlés de soleil de Sicile; dès lors les quatre langues immortelles, l’italien, le français, l’anglais et l’allemand allaient s’unir pour une même tâche, pour harmoniser la nature aveugle et conquise. C’était l’union....”

Une constitution européenne est votée. Et pour parachever l’ensemble, son hymne est choisi sur la musique d’une symphonie de Beethoven.

Souvent les utopies nous apprennent plus sur le passé que sur le futur qu’elle prétendent décrire. Tout Halévy se trouve dans cet essai du jeune écrivain. Son intérêt pour le peuple et son instruction, mais aussi sa méfiance des masses, sa confiance dans l’élite, son libéralisme aristocratique, dans la tradition familiale de l’orléanisme éclairé (Prévost Paradol était le demi-frère de son père).

Anatole France, lui aussi auteur d’un court récit utopique, dit bien les vraies difficultés à imaginer l’avenir :

“... La vérité est que les hommes ne regardent pas si loin devant eux sans effroi. Beaucoup estiment qu'une telle investigation n'est pas seulement inutile, qu'elle est mauvaise ; et ceux qui croient le plus facilement qu'on découvre les choses futures sont ceux qui craindraient le plus de les découvrir.” (Anatole France “Sur la pierre blanche”).




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Eloge de Jerome Tharaud

Daniel Halévy exprima son souhait de postuler au remplacement de Jérôme Tharaud à l'Académie française au décès de ce dernier. devant le peu d'enthousiasme qu'il rencontra il retira sa candidature mais publia néanmoins l'éloge qu'il avait préparé à la mémoire de son prédécesseur.
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Pays parisiens

On connait l’historien des débuts de la IIIème République (La Fin des notables -1930-, La République des ducs -1937-), le philosophe de l’Essai sur l'accélération de l'histoire -1948-. Mais on connait moins le Daniel Halévy de “Pays parisiens”, plus intimiste et familial, composé entre 1925 et 1930, qui évoque les différents quartiers habités par sa famille, à la charnière du XIXème et du XXème siècle.



Illustre famille ! En amont, un père, Ludovic, célèbre librettiste (La Belle Hélène, La Vie parisienne, La Grande-duchesse de Gérolstein, La Périchole ou Carmen...) qui finit académicien. Du côté de la mère, c’est la dynastie Bréguet, horlogers puis avionneurs. Un frère, Elie, philosophe et historien. Un gendre ministre du général de Gaulle (Louis Joxe), un petit-fils ministre du Président Mitterrand (Pierre Joxe). On trouve aussi dans cette descendance de savants universitaires et une actrice : Clémentine Célarié. Belle idée de biographie d’une dynastie bourgeoise pour la plume d’un Pierre Assouline!



Les souvenirs de l’enfant commencent avec les illuminations de l’exposition universelle, le 1er mai 1878. Sa famille habite Montmartre, alors que ses origines sont en centre ville au bord de la Seine. Daniel Halévy raconte l’histoire de son grand-père Hippolyte Lebas, architecte de l’Institut et secrétaire perpétuel de l’Académpie des Beaux-Arts, logé aux frais de l’Etat dans le pavillon qui termine l’aile gauche du Palais, et qui y hébergeat toute sa famille, pendant quarante ans, de 1830 à 1870. Puis, parce que la grand-mère garde des souvenirs champêtres de la Butte, “des pentes d’ombrages et d’herbages”, la famille se retrouve dans les différents appartements d’une même maison, dans le Montmartre mythique et champêtre, rapidement envahi par la ville avec l’arrivée d’un omnibus à trois chevaux (“Sa pesanteur, sa cavalerie puissante troublèrent le quartier paisible, comme l’incursion d’une force barbare”). Montmartre garde cependant ses artistes, dont Degas, l’ami de la famille, voisin le plus proche, fidèle visiteur. Au petit lycée Condorcet, Daniel a pour professeur Stéphane Mallarmé. Au grand lycée Daniel est le condisciple de Marcel Proust, auquel il soumet ses premiers écrits, jugés ineptes ! Leur amitiés n’en souffre pas et ils partagent leurs premier émois adolescents dans la contemplation du sourire de la la crémière du quartier, la belle Madame Chirade. L’échec cuisant de l’entreprise du jeune Marcel Proust pour lui déclarer sa flamme, observé de loin par ses congénères, est un morceau d’anthologie. Après la Plaine Monceau, la famille retrouve le centre de Paris et la vieille maison du bout de la place Dauphine, réhabilitée et modernisée pour la rendre habitable : “Nous étions rentrés dans Ithaque” écrit-il. “J’étais sur le Pont Neuf, à la pointe de la Cité...Genius loci...”



La description du centre de Paris ne dépaysera pas trop le piéton d’aujourd’hui. La Samaritaine et la Belle Jardinière sont en place. Les escaliers de la cour d’appel sont un “amas de pierres blanches”, avant le ravalement comme après. La déambulation des deux côtés de l’ile de la Cité est délicieuse et savante, car l’Histoire surgit à chaque instant.



Mais ce livre est aussi une autobiographie intellectuelle. Le jeune Halévy, orléaniste de tradition, mais esprit généreux, découvre la “question sociale”, en observant le savetier d’en face dans son échoppe du petit matin au soir, travaillant sans relâche et sans congés Il découvre Proudhon, devient l’ami de Péguy, s’engage en faveur du capitaine Dreyfus.



Il crèe les universités populaires d’abord au Faubourg Saint Antoine puis à La Chapelle



“Assis sur nos petites chaises de bois, un peu troublés, un peu intimidés, nous attendions que le peuple daignât faire son entrée.” Le même mouvement lui fera découvrir les paysans aux quels il consacrera un autre livre.



Les historiens rappellent son évolution ultérieure vers le traditionalisme, jusqu’à soutenir la politique de la Révolution nationale du maréchal Pétain et à accompagner les néo-maurassiens avec Pierre Boutang dans les années 50.



L’accélération de l’histoire, qu’il évoquera dans un court et brillant essai en 1948, (travail qui fera l’admiration de Philippe Ariès et de ses contemporains), l’aura donc laissé sur la rive, attaché au pays ancien, à une société intellectuellement raffinée, à ses salons littéraires, et plongé dans les méditations eschatologiques de l'après-guerre et d'Hiroshima. Le piéton de Paris qui aime à prolonger le plaisir de son itinérance en compagnie d’écrivains savoureux (Léon-Paul Fargues, Henri Calet, Aragon...) ou de cet extraordinaire chirurgien/éditeur (Eric Hazan) qui a écrit l’un des plus étonnants guides historiques de la capitale (“L'invention de Paris : Il n'y a pas de pas perdus”), ne doit pas oublier les“Pays parisiens” de Daniel Halévy.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Visites aux paysans du Centre (1907-1934)

Interpellé par les écrits d'Emile Guillaumin, Daniel Halevy s'est rendu à plusieurs reprises en Bourbonnais pour appréhender, lui l'intellectuel parisien, la réalité rurale. Ce livre est paru en 1935.
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