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Citations de Darío Jaramillo Agudelo (39)


La connaissance de soi n’est pas un prérequis indispensable au bonheur. Je suis navré de contredire autant de sages en déclarant que je suis heureux alors que j’ignore tout de moi-même.
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Quand on a les bons outils, il est très facile de faire le diagnostic du fonctionnement d’une machine. Mais rien n’est plus difficile pour moi que d’évaluer les êtres humains. J’admets ma coupable ignorance en ce qui concerne la nature et le fonctionnement de l’espèce hétéroclite à laquelle j’appartiens. Je suis toujours ébahi que certains, comme Regina, puissent dire « Moi, je connais les gens ». Il ne me semble pas sérieux d’essayer de codifier les êtres humains, de les classer, ni même de chercher une logique dans leurs comportements.
Et plus je tente d’approfondir la connaissance que j’ai de quelqu’un, moins je le comprends.......sans aller si loin, dès que je plonge en moi-même, dans mon passé, dans l’esprit de celui que je fus, dans mes penchants comme dans mes phobies, je me trouve de moins en moins clair, de moins en moins prévisible.
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Une femme fortunée, avec dix ans de plus que moi – eh oui – mais désirable, comme j’avais pu l’apprécier pendant nos danses et nos échanges de baisers. J’ignorais alors qu’à vingt-quatre ans, un homme désire à peu près n’importe quelle femme.
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Diva répliqua :
— Comment peux-tu nier que la philosophie est une science ?
Je pris ma respiration et lui répondis :
— Je peux l’expliquer. Une machine, cela relève de la science. Si on la démonte, il n’y a qu’une seule façon de la remonter pour qu’elle fonctionne à nouveau. Ça, c’est de la science. Ça, c’est de la précision, c’est quelque chose que l’on conçoit avec l’esprit et qu’on réalise avec les mains. À l’inverse, comment des explications si diverses, incohérentes, imprécises et contradictoires, toutes invérifiables, et qui plus est, englobent toute la Création, peuvent-elles être scientifiques ? Cela relève du délire, du pur délire, sans aucune intervention manuelle.
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Les romans sont une thérapie, principalement pour leurs auteurs. L’imagination est une maladie qui se soigne avec l’art, avec la peinture, avec la musique. Lorsqu’un individu a de l’imagination, il tend vers la schizophrénie, si de surcroît il pense les pires choses du genre humain, son art passera par le roman. Je refuse d’être un personnage de roman, je préfère m’en remettre à un Dieu infiniment sage, infiniment raisonnable.
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J’ai eu l’intuition – et aujourd’hui, plus qu’une intuition, je pense que c’est une loi physique – qu’il vaut mieux ne pas se retrouver au milieu des relations d’amitié ou de haine qui existent entre deux femmes. C’est un univers inintelligible dans lequel il vaut mieux ne pas mettre son nez, où la logique – ou son substitut – est différente et où l’aversion réciproque est toujours irréductible.
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[A propos de la machine qu'il est chargé de monter, en 1964]: En examinant chacun de ses organes, plongé dans les radiographies de son squelette (...), je vécus auprès d'elle et de ses techniciens pendant qu'elle s'activait, qu'elle engloutissait les matières premières et recrachait des produits finis à une vitesse révolutionnaire pour l'époque. J'aime cette image: la société, avide, consommant les déjections de ses machines!
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J’ai voulu enquêter sur ce que les hommes avaient réussi à savoir sur la nature du temps et ma conclusion fut décourageante : jamais hommes si doctes ne dirent autant d’âneries sur d’autres sujets que la somme d’âneries que les philosophes ont dites sur le temps. En se jetant dans le vide, ces hommes sensés ont essayé d’expliquer ce qu’est le temps et ils se sont égarés sur des chemins scabreux au bout desquels on peut admirer leur capacité à garder leur cohérence avec leurs autres affirmations, mais qui ne font nullement la lumière sur la question initiale, à savoir comment être sûr qu’une minute est bien équivalente à une autre minute.
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Diva Tarcisia a une imposante personnalité et elle est malheureuse. Je suis heureux et je manque de personnalité. Pas besoin d'une imposante personnalité pour être heureux. Plus encore, lorsqu'un individu utilise la force de sa personnalité pour écraser les autres, il est très possible qu'il soit malheureux. Et il le sera irrémédiablement s'il fonde son présent sur la conquête, c'est-à-dire sur le désir. Sur ses désirs sexuels comme le fait Diva Tarcisia, ou sur n'importe quel type de désirs. Le désir engendre l'anxiété.
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Darío Jaramillo Agudelo
Un jour j'écrirai un poème
qui n'évoquera ni l'air ni la nuit;
un poème qui omettra le nom des fleurs,
qui n'aura ni jasmin ni magnolia.

Un jour je t'écrirai un poème sans oiseau
ni fontaine, un poème qui éludera la mer
Et qui ne regardera pas les étoiles .

Un jour je t'écrirai un poème qui se contentera de passer
les doigts sur ta peau
Et qui changera en mots ton regard.

Sans comparaison, sans métaphore , un jour j'écrirai
un poème qui aura ton odeur,
un poème avec le rythme de ton coeur,
l'intensité de ton étreinte.

Un jour j'écrirai un poème, la ballade de mon bonheur.
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Après le déjeuner quasi vespéral et pantagruélique, le clan au grand complet s’acquittait du rite hebdomadaire de la messe, à sept heures du soir, dans une église proche de chez mes beaux-parents. Accommodante religion que celle qui permet de solder ses comptes avec Dieu en y consacrant seulement vingt-cinq minutes par semaine.
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La structure intime de la grammaire me semble insuffisante parce qu’elle limite la compréhension de la quintessence la plus insaisissable du temps, elle dresse un rempart supplémentaire face à la possibilité de la saisir. Pourquoi, en effet, la grammaire ne laisse-t-elle qu’aux seuls verbes le soin d’indiquer le temps, ce temps qui se décompose en seulement trois portions : deux qui n’existent pas – le passé et le futur – et l’autre, insaisissable ? Pourquoi seulement les verbes ? Les substantifs inconstants – les choses, les animaux, les personnes –, les adjectifs qui pâlissent telles de vieilles peintures, et même les prépositions qui s’échangent et nous transforment – du « de » au « pour », de « avec » à « sans » –, ne devraient-ils pas tous pouvoir marquer cette variation du temps dans ses déclinaisons impensables ?
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...ce que l'on appelle amour, cette espèce de maladie ressentie pour l'autre, cette exaltation du désir, cette niaiserie face à l'autre, cette irrationalité absolue.
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[…] c’est ça, ma recette du bonheur. Travailler beaucoup, aimer son travail, le faire de mieux en mieux chaque jour. C’est ma recette. Il n’y en a pas d’autres.
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Pour l’auteur jésuite [Teilhard de Chardin] -et là, le filtre de l’oubli me pousse à simplifier-, la création entière se dirige vers une convergence totalisatrice : le point Oméga. Il n’indique pas quand pourrait se produire le phénomène, ce qui lui vaut d’être accusé de panthéisme pour certaines de ses explications. Selon les Teilhardinistes eux-mêmes, il s’agit d’une version spiritualiste de toute la création, opposée, en quasi-symétrie, au matérialisme historique de Marx, très en vogue à l’époque.

Ni Diva ni Regina n’accrochèrent à la mode marxiste. En revanche, celle de Teilhard leur convint parfaitement. Elle satisfaisait leur besoin de se sentir à la page, terme équivalent sur le plan intellectuel au ceci est vraiment indispensable de nos jours sur le plan matériel. Une théorie complexe qui se prêtait à la pédanterie et qui ne les questionnait pas sur leur accumulation de capitaux.

[…]

Après deux années de Teilhard de Chardin,Diva se tourna vers le structuralisme, fut parallèlement la maîtresse de son premier analyste, puis consulta un second psychanalyste recommandé par son fiancé et finit par perdre tout son intérêt pour le philosophe qui, une fois passé de mode, tomba dans un oubli total.

Sous l’aiguillon de son petit diable, Regina abandonna elle aussi progressivement Teilhard de Chardin, le laissant littéralement à son point Oméga.
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Regina détestait les tenelovelas, je détestais les telenovelas, nous avions donc tous les deux les mêmes goûts. Conclusion, je pouvais vivre avec elle. Mieux vaut vivre une telenovela -je le pense encore aujourd’hui- que d’en regarder une tous les soirs.
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Qu’elle repose en paix, en pis, en peu, en peau, et en pus.
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L’amour, en plus d’être un moyen inexorable d’atteindre le malheur, peut aussi conduire à la stupidité la plus totale et au déni d’évidence.
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Chez l’homme, la semaine de travail de cinq jours favorise l’alcoolisme, l’infidélité conjugale, le suicide causé par l’ennui, l’enracinement des valeurs consuméristes et les divorces pour incompatibilité d’humeurs, car, de fait, les longues quarante-huit heures que durent le samedi et le dimanche peuvent rendre insupportable à l’épouse la présence du mari, et vice versa.
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J’ai vécu à une époque où la radio et le phonographe ont permis, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un accès immédiat et absolu à un très large répertoire musical, que l’on soit dans son lit ou dans sa voiture. Personne n’aurait osé rêver une chose pareille quelques dizaines d’années plus tôt. Le résultat ? Nous sommes cernés par la musique, entourés par la musique, assaillis, abasourdis par la musique. Bombardés par la musique. Il n’y a pas un seul endroit sur cette planète où l’on peut échapper à la musique. Partout il y a du bruit, du bruit désorganisé par-ci, organisé, instrumentalisé et stéréophonique par-là : cela reste néanmoins du bruit. Il n’existe aucun endroit silencieux sur Terre.
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