Cette semaine, les conseils de lecture de la librairie Point Virgule sont marqués du sceau du mystère. En effet, voici trois romans récemment parus en format poche qui vous réservent, chacun à leur manière, leur lot d'énigmes et de révélations.
- L'Infortunée, Wesley Stace, J'ai Lu, 8,90
- L'Homme Coquillage, Asli Erdogan, Babel, 7,70
- Trois étages, Eshkol Nevo, Folio, 8,60
Musique du générique d'intro par Anna Sentina.
Demain ( 17 septembre 2019) sera un jour crucial pour Israël.
Cette fois-ci on ne choisira pas entre la droite et la gauche. On choisira entre le pays que nous avons connu, où nous avons grandi, que nous racontons à nos enfants , et une entité nouvelle. Divers. Extrémiste. Raciste. Fondamentaliste. Une entité qui risque de s'imposer si Itamar Ben Givir ("Kahana* avait raison "); Bezazel Smoritch ("L'Etat doit suivre les règles religieuses"), er Rafi Perez ("Thérapie de réorientation sexuelle"), en deviennent les piliers du prochain gouvernement .
*Rabbin ultra-nationaliste
( Corriere della Sera 16 septembre 2019)
C’est ce qu’il y a de beau dans la littérature, qu’un livre soit écrit de nouveau avec chaque lecture, non ? Ça me convient parfaitement. En outre, je n’y peux rien.
Qui décide de la signification d’une œuvre artistique, celui qui la crée ou celui qui la contemple ?
C’est la pensée qui m’a accompagné pendant des années.
Il existe le monde éthéré, grandiose, effrayant, des écrivains. Et il y a mon propre monde. Ordinaire. Et, entre les deux, se dresse une barrière infranchissable. Quand je traduis, je peux grimper sur cette barrière et jeter un coup d’œil à ce monde différent, mais, en fin de compte, je me vois toujours contraint de faire retraite dans mon propre monde. Parce que je ne suis qu’un individu quelconque, banal. Et qui suis-je pour écrire ?
In ognuno di noi c’é un piccolo criminale che in qualunque momento puo alzare la testa senza preavviso, capito ?
En chacun de nous sommeille un petit criminel qui peut se réveiller à n’importe quel moment sans préavis, t’as compris ?
p.37

Écrire un livre, c’est pas facile, j’ai répété ses mots, en dévalant vers la mer, en bas, sur le boulevard Freud. Ce n’est pas facile, mais je l’ai fait. J’ai bougé. Je suis sorti de ma cage et j’ai avancé pendant des mois. Sans manquer d’oxygène. Certes, c’était au nom d’Ofir. Et, certes, c’était à cause de l’équation des billets du Mondial. Mais si j’ai fait ça une fois, ça signifie que je peux le refaire. Je peux dénouer mes propres liens. Me libérer de mon pessimisme délétère. De ma retenue sceptique. Je peux exprimer de nouveaux souhaits en vue du Mondial 2006 et, cette fois, les réaliser. Je peux changer. Me révéler. Découvrir une vocation. Je peux en aimer une autre, pas Yaara. Je peux – si la mer s’ouvre devant moi ainsi, dans tout son scintillement –, je peux même continuer à l’avenir à être l’ami de mes amis, et non plus les congeler dans le temps grâce à l’écriture. C’est vrai, leur vie va bientôt être très différente de la mienne, mais cela ne signifie pas que ce livre est condamné à n’être qu’un requiem.
É un po imbarrazante di avere di nuovo bisogno di te, nello identico modo, dopo piu di vent’anni, perché vorrei credere che il tempo passato da allora abbia un senso. Un marito, due figli.Una stanza tutta per me. Che tutto mi avesse dato di una certa stabilità. Ma evidentemente nostra anima non procede in avanti, solo in cerchi. E ci condanna a cadere e ricadere nelle stesse buche.
( Ça m’est un peu embarrassant d’avoir de nouveau besoin de toi, de la même façon, après plus de vingt ans, car j’aurais aimé croire que le temps qui a passé depuis, ait eu un sens.Un mari, deux enfants. Une chambre tout à moi. Que tout ça m’eût portée une certaine stabilité. Mais manifestement notre âme ne progresse pas, mais tourne en rond. Et nous condamne à tomber et retomber dans les mêmes trous.)
p.153
Comment pouvoir vivre et écrire dans un lieu où l’on n’a pas de souvenirs ? Dont on ne se soucie guère ? Qui ne nous met pas parfois en rage au point de vouloir taper sa tête contre les murs et ses doigts sur le clavier ?
Si on me demandait ma définition de l’amour, je dirais ceci : Savoir que, dans un monde débordant de tromperie, il existe un être humain totalement sincère avec toi, que toi tu es absolument sincère avec lui, et qu’entre vous deux il n’y a que la vérité, même si elle n’est pas toujours dite.
[Jeremy Miller, président de l’Association des psychologues canadiens] affirme qu’il existe une lutte feutrée dans la psychologie moderne entre l’école américaine tournée vers le futur et l’école européenne enracinée, grosso modo, dans le passé. Quand un psychologue américain reçoit un individu, la première question qu’il pose est : « Où cet homme veut-il arriver ? » Quand un psychologue européen recevra le même individu, sa première question sera : « D’où vient-il ? »
p. 330