Autrement je lis. Je lis beaucoup. Cela me permet d’apprendre de nouveaux sentiments, de les comparer aux miens. Parfois ça m’inquiète. Parfois ça me rassure.
Un philosophe, c'est clair, il mange de la soupe tous les jours, mais, plutôt que de se dire qu'elle est bonne ou pas, il cherche à trouver ce qu'on a mis dedans pour en expliquer le goût. De fait, c'est un gourmet assez expert qui se servirait de son cerveau comme d'une langue, les neurones en guise de papilles. Avec l'intelligence de chercher à comprendre plutôt que l'instinct de tout gober. C'est aussi quelqu'un qui fabrique un brin de rébellion pour en nourrir les hommes, avec l'espoir qu'ils cessent enfin de brouter de l'herbe comme des moutons.
N’empêche, si j’avais hérité d’une mère jolie, attirante du téton ou de la croupe, elle aurait sans doute eu le bon goût des toilettes suffisamment suggestives pour éduquer l’œil et les sens de son fils, au lieu des caparaçons de ma génitrice que son bourgeois d’époux devait assaillir au pied de biche comme on cambriole un coffre-fort !
Achille, c’est un brave. Un brave entre les braves. Il a la réputation de rigolo. Sa spécialité c’est les blagues, pas toujours de bon goût. Ainsi que raconter des monologues pour noces et banquets. Ceux qui se récitent en toute occasion, dans les gueuletons d’anciens – tout court ou combattants – dans les réunions de famille, les baptêmes, les communions, les accordailles ou les noces, sans compter les anniversaires, voire les enterrements… après les pleurs.
La récitation d’un monologue nécessite un réel savoir-faire. Le vrai conteur doit posséder l’élocution d’un bon diseur, mais aussi le talent d’un accordeur d’effets, pour, discrète gestuelle à l’appui, battre la crème des mots, distiller les coquineries, faire monter l’impatience de l’auditeur jusqu’à la surprise de la chute.
Incipit : La haine est toujours plus clairvoyante et plus ingénieuse que l’amitié (Pierre Choderlos de Laclos)
Quand on s'est rencontrés, elle avait l'âge d'Aurore de Nevers, et moi celui d'Henri de Lagardère... à la fin du livre. Mais la vie, ce n'est pas un roman et je ne suis pas un chevalier. Jamais l'envie ne m'a fait défaut de lui demander sa main. Jamais. Jamais l'audace ne m'est venue de le faire. Jamais. Parce qu'elle était trop jeune pour moi, parce qu'elle était trop belle pour moi, parce que je ne pouvais pas non plus supporter l'idée d'un refus. Je préfère surnager dans l'espoir d'un oui que de me noyer dans d'épouvante d'un non.
C'est dans les yeux que le temps se remonte. Pas forcément dans la forme ou dans la couleur, qui a pu un peu passer. Mais dans la vérité qui les habite. Dans l'histoire qu'ils racontent. La mienne dans les siens. La sienne dans les miens. La nôtre dans les nôtres. Ma mère se balade dans nos pupilles. Elle saute de l'une à l'autre comme une jeune fille dans les flaques d'eau, en riant un jour de pluie où il fait soleil.
L'amour est universel. Comme la haine et la bêtise.
Proust, c'est un peu comme un jardin de fleurs. Chaque phrase en est une. Et à défaut de respirer le parfum de l'ensemble, on peut se contenter de quelques arômes.

J'ai adoré cette histoire qui fait l'effet d'une caresse sur la joue de l'enfant qu'on a été, quelle que soit l'époque d'ailleurs même si ce roman éveillera surement davantage de souvenirs pour la génération qui précède la mienne.
On peut penser que l'hommage au Club des Cinq d'Enyd Blyton,omniprésent,lui plairait surement beaucoup et les quelques passages choisis de cette célèbre série replongent en un claquement de doigts le lecteur dans l'ambiance de ces aventures de jeunesse,lues parfois,entre autres livres, sous la couette avec une lampe torche pour les acharnés(il y a prescription,on peut le dire maintenant sans craindre l'autorité parentale).
Un retour en enfance plutôt émouvant, des similitudes trouvées entre les héros du club des six et leurs brillants prédécesseurs,tant au niveau des personnalités que dans les façons d'aborder l'aventure.
Bien joué Henri!
Et autour des enfants il y a,comme toujours en Girardie,des personnages ordinaires et pourtant rendus hors du commun par sa plume,toujours profonde subtile et poétique,parfois tendre,parfois beaucoup moins parce que dans Les secrets du club des six,il y a des histoires de famille,des tiroirs secrets qu'on force,il y a des gens comme tout le monde,que l'on trouve partout,à toutes les époques,bourrés de défauts et de qualités(voire bourrés tout court)...Et un passé pas toujours glorieux qui ressurgit pour certains.
Un petit coup de coeur pour Nourrice,cette campagnarde attachante au giron protecteur qui incarne à elle toute seule l'abnégation, la sagesse,la simplicité,la générosité,le bon sens.
Les petits secrets percés en appelant d'autres,on se plaît à imaginer une suite car s'il y a une chose qu'on n'aime pas dans ce livre,c'est d'en tourner la dernière page.