Dans ses yeux (El secreto de sus ojos) est un film (2009) argentin, réalisé par Juan José Campanella. Il a remporté l'Oscar du meilleur film en langue étrangère 2010. Bande-annonce
Depuis un certain temps les téléphones publics fonctionnent mieux. On n’en trouve presque plus qui soient vandalisés ou trafiqués de façon à ce que les pièces restent coincées. En se remettant en marche, il réalise pourquoi : tout le monde a un portable et les cabines téléphoniques sont une excentricité à laquelle seuls les imbéciles dépourvus de mobiles, comme lui, ont recours régulièrement. Voilà pourquoi elles fonctionnent à présent. Pauvre pays, conclut-il amèrement, où reste intact seulement ce dont personne ne veut.
…le manque de ponctualité n’est qu’un sport argentin parmi d’autres. Le second en importance, peut-être, juste après ce grand passe-temps national qu’est conduire sa voiture comme un hors-la-loi en cavale pour finir en bouilli sur les routes.
Quand on ne peut pas dire les choses, les regards se chargent des mots.
DEUX SEMAINES après leur cessez-le-feu, Mauricio et sa femme se rendent à leur première séance de thérapie de couple. Entre-temps les choses n’ont quasiment pas évolué. Mauricio a réussi à réintégrer le lit conjugal, c’est sa seule victoire. Tout le reste n’est que phrases laconiques, torrents de larmes, silences en voiture, et autres n’essaie-même-pas-de-me-toucher…….
Le meilleur moment, c’est quand la psy demande à son épouse de parler de la clé de voûte de leur couple. Mauricio ricane en son for intérieur du jargon de ces gens. La « clé de voûte ». Pourquoi ne pas utiliser une expression moins solennelle, moins prétentieuse ? Est-ce qu’ils pensent que ça fait moins sérieux de dire « qu’est-ce qui te plaît dans le fait d’être mariée à ce type » ? Est-ce qu’ils ont peur qu’on ne remette en question leurs tarifs s’ils se mettent à parler comme tout le monde ?
Ce con de Russe* est décidément un vrai marmot, avec une capacité de concentration digne d’une larve. Ils sont près de conclure une affaire de trois cent mille dollars qui leur a pris presque deux ans et coûté quantité de mauvais sang, et ce crétin ne trouve rien de mieux à faire que se remémorer des émissions humoristiques de la télé des années soixante-dix.
*Le Russe est un pseudo :-)
En l'observant cet après-midi de juin 1973, je comprenais que la brièveté de la vie d'un être humain ou sa longévité dépend de la somme de souffrances qu'il est obligé d'endurer. Le temps s'écoule plus lentement quand on a mal ; l'angoisse et la douleur laissent des traces définitives sur la peau.
S'ils gardent à présent le silence, s'ils en profitent pour s'interroger du regard sans le briser, s'ils se sourient sans parler, c'est que rien ne les retient hormis l'envie d'être simplement face à face et de laisser passer le temps, et c'est là toute la beauté de cet instant.
J’aurais bien voulu savoir comment un type aussi limité s’était débrouillé pour devenir chef d’un secrétariat, puis je me suis dit qu’un bon mariage peut faire des miracles. Sa femme n’était ni particulièrement belle, ni particulièrement sympathique, ni particulièrement intelligente. Elle était surtout la fille d’un colonel d’infanterie, mérite non négligeable dans l’argentine d’Onganía. Repenser à leur cérémonie de mariage et à tous ces képis verts ne faisait que m‘agacer davantage.
Il est tombé entre les mains d'un de ces crétins qui considèrent qu'ils peuvent augmenter leur prix en disant des choses évidentes avec des mots grandiloquents. Quelque chose qui s'appelle « relevés métriques du tracé souterrain » est forcément plus cher qu'un «croquis montrant où passent les câbles ». Forcément beaucoup plus cher. Même si ça veut dire la même chose.
Il y a des gens comme ça, qui ont l'air d'avoir été touchés par une baguette magique. Ils s'en tirent toujours. Ils survivent à tout. Quand tout le monde va bien, eux vont encore mieux. Et quand tout le monde coule, ils surnagent.