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Critiques de David Lopez (II) (174)
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Fief

Le style, entre l’épure et le rap, rythme la lecture et la rend unique. L’ennui des jeunes, livrés à eux-mêmes, que seule la drogue motive, ne nous lasse jamais ici. Le langage réhabilite ces existences que la société veut oublier, les donne à voir et à entendre surtout.
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Vivance

Ça ne l'a pas fait avec moi, je ne l'ai d'ailleurs pas terminé car les 50 premières pages m'ont ennuyée. Je n'avais même pas envie de savoir comment le personnage principal en est arrivé là, ni ce qu'il allait faire après.

Peut-être aurais-je dû continuer un peu, peut-être que ça s'active un peu plus loin. Peut-être le reprendrai-je un de ces jours ?



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Fief





Le fief, c'est celui de Jonas, ce jeune mec qui a poussé au milieu des mauvaises herbes, parmi ces types de banlieue, qui s'insultent à longueur de phrases, en toute amitié, et trompent leur ennui et leur désespoir en fumant des joints de mauvais shit et en allant à la salle de boxe du vieux Pierrot.

Le fief, c'est ce territoire dont on est prisonnier quand on est ado, comme les parents l'ont été aussi avant eux, finalement.

Le fief, c'est aussi ce pré carré dont ils sont fiers d'être les maîtres, à moins qu'ils n'en aient honte quand ils partent en virée à la ville voisine.



Et c'est précisément ce que je retiens, malgré certains -rares- passages qui m'ont moins convaincue : l'auteur semble si imprégné de ces vies, de ce langage inimitable, de ces passe-temps qui ne servent à rien, surtout pas à passer le temps et ne mènent nulle part ; le romancier a si bien su rendre compte de cette duplicité, entre fierté et honte, entre espoir et résignation.

On y est, là, parmi eux, aux côtés de ce Jonas qui dit "je" et se dévoile. Attachant et désespérément lucide déjà. Avec la survie comme unique cap.



Un anti-héros englué dans sa vie qui débute ...

Pauvre seigneur de son pauvre fief...

Et sans doute, quand même, c'est déjà ça.

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Fief

Fief, lauréat du Prix du Livre Inter en 2018, traite d'une jeunesse désœuvrée dont l'espoir a fondu comme neige au soleil. Les jours passent et leur monotonie avec. Seule distraction, un joint puis un autre pour tromper l'ennui, un verre d'alcool puis un autre pour oublier que la vie est chagrin. La boxe et quelques rencontres amoureuses leurs font croire par intermittence à la vie, mais le mal est trop profond pour que la foi subsiste.



David Lopez avec beaucoup d'empathie et de tendresse a su recréer le désespoir résigné de ces jeunes liés par une amitié forgée par leur exclusion et les codes qu'ils se sont créés, pris entre le regret de l'enfance ou tout était encore possible et le vide de ce que sera sans doute leur vie d'adulte.



Malgré tout ce vide existentiel désespérant, on ne peut s'empêcher de rire lorsqu'il nous livre ces moments de littérature cocasses comme quand Lahuiss essaye d'expliquer aux autres le Candide de Voltaire ou qu'il leur fait faire une dictée tirée d'un texte de Céline.



À l’instar de ces multiples fautes d’orthographe, la narration de Fief peut se révéler déroutante car l'auteur a intégré tous les dialogues à la narration de Jonas ce qui donne un texte dense mais qui reflète bien leur façon de parler : untel dit que ...... et l'autre dit que ..... en plus d’un langage « verlan » et autres mots tirés de l’argot contemporain qui pourraient perdre de multiples lecteurs. On sent que David Lopez a été formé au rap, il fait la part belle aux dialogues, tout dans le rythme et la musicalité des phrases.



Ne vous attendez pas à des rebondissements et à des scènes d'action, en réalité tout repose sur une atmosphère et un univers qui sont propres au romancier. Fief c'est l'histoire d'une génération contée au travers de récits intimes d'un narrateur à la personnalité atypique qui multiplie les introspections personnelles. C'est surtout l'histoire d'un groupe d'amis qui sont en quête d'une identité, d'un avenir tout en fumant des joints.


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Fief

J’ai adoré ce livre de David Lopez. J’ai passé mon été à en lire des passages à ma famille. Dès que quelqu’un nous rejoignait dans notre maison, il avait droit à la lecture de passages hilarants de Fief. De deux en particulier : la synthèse du Candide de Voltaire, truculente dans son parler banlieue wesh; et le passage où l’un des protagonistes essaye d’expliquer ce qui se passe quand on creuse et qu’on se retrouve de l’autre côté de la Terre…quelques passages très chaud montre que le sieur Lopez sait écrire et bien. Un très bon livre même si les passages sur la boxe m’ont laissé froid.
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Fief

Tranches de vie de jeunes qui zonent dans l’espace indifférencié de la banlieue d’une petite ville, c’est cru, sans complaisance mais pas sans tendresse malgré le manque d’avenir, la seule lumière vient de la lecture qui peut mener à l’écriture, cela sent le vécu.

Au départ j’ai cru que je n’irai pas très loin et finalement j’ai été happé par les personnages et leur soif de vie, avec leurs codes et leur vocabulaire qui n’est pas sans poésie.
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Fief

Pendant une cinquantaine de pages je me suis demandé si je ne me lasserais pas du style original de ce fieffé Lopez, si rien d'essentiel ne venait rapidement pimenter un évènementiel fait de nonchalance forcenée. Et puis je suis rentré dans sa gamberge, de plus en plus accroché finalement, en me disant qu'il était peut-être une sorte de Proust de banlieue...

Son Jonas est de la "génération beuh". Alors qu'il grandissait dans une banlieue quelconque, en région parisienne peut-être et juste avant la campagne, son père fumait déjà des joints. Du coup il a commencé tôt lui aussi, comme ses copains du quartier aux surnoms improbables. Tout le monde fume sans se poser de question. Souvent, beaucoup.

De là peut-être sa nonchalance avisée, comme un désengagement délibéré. Il a de la mémoire et de la jugeotte, Jonas. Il a tout retenu de l'enfance, fidèle aux potes qui n'ont pas changé. Comme eux il est un peu chelou, pas pressé de réussir sa vie, pas très combatif quoi qu'il soit plutôt bon comme boxeur. S'il fumait moins, s'il buvait moins, il pourrait d'ailleurs sûrement briller sur les rings mais bon, c'est comme ça.

Il nous raconte son monde parallèle, ses journées de rien, le temps gaspillé en bande autour des jeux de cartes, les joints chargés à donf qui circulent et les vannes qui fusent du coup, sa copine occasionnelle fan de son cunnilingus, les virées très très arrosées, les pétages de plomb, et puis la boxe qui l'air de rien compte pas pour du beurre.

Ni bourgeois ni bouseux, ni gangster ni rasta, avec ses mots jaillis d'une oisiveté marginale Jonas nous dit les maux de sa vie sans repère, sa "djeunesse" désenchantée des années Mitterand.



C'est souvent bien vu, c'est sensible, c'est parfois drôle et au final c'est beau comme la tristesse qui dit bonjour, deux ou trois générations après Sagan...
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Fief

Jonas et ses copains, la vingtaine, vivent en France entre la banlieue et la campagne, sans réelle perspective d’avenir. Leur quotidien : boire, fumer du shit, jouer aux cartes, s’insulter … et jouer à la boxe pour Jonas. Ils se sentent exclus de la société. Au fond, ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ne demandent qu’à s’occuper mais ne font rien pour évoluer. Comme s’ils se complaisaient dans leur malheur. Ils disent même que « réussir c’est trahir ». Pour augmenter ce fossé qui les sépare des « autres », David Lopez utilise un langage familier, un peu déroutant au début, qui va rapidement nous conforter dans ce fief instauré par cette bande de potes. Il y a un fort contraste entre le quotidien de ces jeunes et les pensées plus profondes, réfléchies et soutenues qui assaillent Jonas sans qu’il n’aille au bout de ses capacités. Aussi bien intellectuelles que sportives.



Les tentatives d’éducation de Lahuiss, celui qui a un peu mieux réussi que les autres dans la vie parce qu’il a étudié, sont drôles, percutantes et atteignent leurs cibles de manière éphémère. Elles constituent un moteur pour pousser la bande à aller de l’avant et à sortir de sa condition marginale. Mais en ont-ils vraiment envie ?



J’ai bien aimé cette immersion dans un autre monde, ce fief, très enrichissante d’un point de vue personnel. C’est un thème qui est je crois peu abordé en littérature de manière aussi franche, cette réflexion sur la jeunesse perdue et son quotidien. Finalement, il s’agit d’ un roman percutant, coup de poing sans doute grâce au vocabulaire, à la brutalité des mots entre langage argotique et poétique. L’écriture, grave, nous atteint de plein fouet et nous fait prendre conscience de l’impression de certains de se sentir différent et exclu, face à une certaine fatalité. Chacun à sa manière est attendrissant, humain et rien que pour cela, cette histoire ne peut laisser personne indemne.
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Fief

Je l'ai dévoré...

Le récit est construit comme une boucle : il s'ouvre sur les retrouvailles de la bande après le match de boxe de Jonas et se ferme sur la revanche contre Kerbachi. Entre ces deux temps, la vie d'un groupe de jeunes qui zonent ou plutôt squattent dans leur quartier à essayer de se désennuyer. Car ils n'ont rien à faire. Ils n'ont pas de boulot mais n'en cherchent pas. Ils veulent changer de vie, partir mais ne font rien. Ils restent là, entre eux, à fumer, à jouer aux cartes et à parler de filles qu'ils voudraient bien séduire... Ils parlent fort, s'insultent à tout va mais ont peur de sortir de leur zone de confort.

Jonas, le narrateur, est particulièrement lucide. Il a compris qu'ils étaient coincés là, qu'ils tournaient en rond. Il a du potentiel mais n'a aucune volonté ou bien doute... je ne sais pas, mais je me suis surprise à suivre le match de la revanche avec inquiétude, à vouloir qu'il l'emporte...

C'est donc un roman d'amitié construite au fil des jeux d'enfants, puis adolescents et enfin jeunes adultes, des jeux faits de rien, souvent brutaux. Le chapitre consacré à l'enchainement des vacances scolaires est exemplaire "Quand j'étais petit le meilleur moment de l'année c'était les vacances..." et il égraine toutes les saisons, les gosses tout le temps dehors.

Enfin, les allusions au père permettent d’esquisser le déterminisme social auquel est confronté ces jeunes et en particulier Jonas. Si d'emblée le recours à cette langue qu'on pourrait qualifiée "de quartier" m'a un peu gênée j'ai vite été happée par le récit et me suis adaptée. (D'ailleurs, certains de mes élèves parlent et même écrivent comme les personnages alors que nous sommes en milieu rural !) Cela donne une saveur et une drôlerie certaines à des passages comme celui de la dictée.

Ce n'est pas seulement le récit de jeunes qui fument des pétards comme j’ai pu le lire ici ou là. C'est celui d'une bande de potes qui avaient l’avenir devant eux même s’ils n’avaient pas les meilleures cartes en poche mais qui voient leur horizon s’obscurcir au fil de leurs choix. Lahuiss illustre parfaitement ces possibles avortés.

Un beau roman que je recommande.

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Fief

Dans une petite ville de grande banlieue, trop verte pour être un "quartier" et trop goudronnée pour ressembler à la campagne, Jonas, Poto, Ixe, Miskine, Untel, Habib et Lahuiss tuent le temps en fumant de gros spliffs et en jouant aux cartes. Jonas se sent bien avec sa bande de potes, même s'ils ne font pas grand-chose. Ce qu'il veut, lui, c'est être tranquille, pouvoir s'entraîner à la boxe et préparer son prochain combat. Et continuer de temps en temps à fréquenter Wanda.



Un portrait de tout jeunes adultes un peu perdus, désoeuvrés, qui cherchent un sens à une existence sans grande ambition. le choix d'une langue très orale et actuelle – tchek de l'épaule, vas-y bien ou quoi, wesh gros on joue ou quoi ? – peut rebuter certains lecteurs, mais ce récit qui sonne fort juste est très bien construit. Et ce n'est pas parce que le récit est écrit dans l'argot des banlieues que l'auteur n'a pas de références littéraires, en témoigne un passage désopilant où Lahuiss, le seul à faire des études, entreprend de faire faire une dictée d'un extrait de Voyage au bout de la nuit à la bande. L'ensemble est très réussi et vivant, et empreint, dans son dénouement, d'une jolie dimension poétique.



Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".
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Fief

David Lopez : »Fief »



David nous raconte la vie d’une bande de jeunes vivant dans une ville coincée entre la banlieue et la campagne. Ils sont neuf garçons qui ne savent pas quoi faire de leur vie, ils vivotent entre jeux de cartes, drogues, alcool, boxe pour certains sans envisager d’avenir. Ils rêvent bien mais sont incapables de concrétiser tout projet durable et solide.

Tous ensembles, ils préfèrent traîner, ils se satisfont de la routine quotidienne. On ressent la peur de l’ailleurs, des autres , de quitter leur quartier ( leur fief), de fuir leur enfance.

C’est un roman sans intrigue précise mais une succession de chapitres relatant le quotidien de ces garçons. C’est Jonas , jeune boxeur talentueux qui est le narrateur. Il représente le véritable looser malgré son potentiel sportif. Son entraîneur lui promet une belle carrière mais Jonas la saborde en continuant à fumer de l’herbe, boire, sortir. Il n’a pas la volonté de choisir sa voie , il préfère vivre au jour le jour. On ressent cet abandon dans sa relation amoureuse avec Wanda, jeune fille habitant les quartiers bourgeois de la ville : il n’a de cesse de se sentir inférieur, de la considérer comme un fantasme sans aucun avenir. Il reste fidèle à sa condition sociale comme ses parents ; sa vie défile devant ses yeux sans qu’il intervienne, il n’en est que simple spectateur.

Ce personnage devient très attachant au fil des pages, il décrit précisément son désarroi, ses joies, sa profonde amitié envers ses copains du quartier. A travers son regard, on perçoit les atmosphères, les ambiances, les odeurs.

Jonas nous fait rencontrer le monde de la boxe amateur ; en effet le texte commence par un combat perdu et finit par une éventuelle revanche. On suit ses nombreux entraînements avec un vocabulaire technique , parfois difficile à décrypter , mais empli de scènes fortes en émotions, en tensions, en peurs et angoisse . L’auteur, lui-même boxeur, retransmet bien les sensations physiques et psychologiques de ce sport difficile.

C’est un livre sur l’ennui d’un groupe de jeunes ou l’amitié n’est pas un vain mot ; ces 9 jeunes sont unis entre eux , leur fidélité est entière et sans jugement.

Ce qui surprend , dans ce livre, c’est l’écriture qui est vive, crue et poétique à la fois, avec un parler de jeunes ; elle mérite d’être lue à voix haute grâce à sa cadence, son rythme énergique.Elle peut devenir très drôle avant de basculer dans la mélancolie.

Livre percutant et vrai sur les jeunes de petites villes















David Lopez : »Fief »



David nous raconte la vie d’une bande de jeunes vivant dans une ville coincée entre la banlieue et la campagne. Ils sont neuf garçons qui ne savent pas quoi faire de leur vie, ils vivotent entre jeux de cartes, drogues, alcool, boxe pour certains sans envisager d’avenir. Ils rêvent bien mais sont incapables de concrétiser tout projet durable et solide.

Tous ensembles, ils préfèrent traîner, ils se satisfont de la routine quotidienne. On ressent la peur de l’ailleurs, des autres , de quitter leur quartier ( leur fief), de fuir leur enfance.

C’est un roman sans intrigue précise mais une succession de chapitres relatant le quotidien de ces garçons. C’est Jonas , jeune boxeur talentueux qui est le narrateur. Il représente le véritable looser malgré son potentiel sportif. Son entraîneur lui promet une belle carrière mais Jonas la saborde en continuant à fumer de l’herbe, boire, sortir. Il n’a pas la volonté de choisir sa voie , il préfère vivre au jour le jour. On ressent cet abandon dans sa relation amoureuse avec Wanda, jeune fille habitant les quartiers bourgeois de la ville : il n’a de cesse de se sentir inférieur, de la considérer comme un fantasme sans aucun avenir. Il reste fidèle à sa condition sociale comme ses parents ; sa vie défile devant ses yeux sans qu’il intervienne, il n’en est que simple spectateur.

Ce personnage devient très attachant au fil des pages, il décrit précisément son désarroi, ses joies, sa profonde amitié envers ses copains du quartier. A travers son regard, on perçoit les atmosphères, les ambiances, les odeurs.

Jonas nous fait rencontrer le monde de la boxe amateur ; en effet le texte commence par un combat perdu et finit par une éventuelle revanche. On suit ses nombreux entraînements avec un vocabulaire technique , parfois difficile à décrypter , mais empli de scènes fortes en émotions, en tensions, en peurs et angoisse . L’auteur, lui-même boxeur, retransmet bien les sensations physiques et psychologiques de ce sport difficile.

C’est un livre sur l’ennui d’un groupe de jeunes ou l’amitié n’est pas un vain mot ; ces 9 jeunes sont unis entre eux , leur fidélité est entière et sans jugement.

Ce qui surprend , dans ce livre, c’est l’écriture qui est vive, crue et poétique à la fois, avec un parler de jeunes ; elle mérite d’être lue à voix haute grâce à sa cadence, son rythme énergique.Elle peut devenir très drôle avant de basculer dans la mélancolie.

Livre percutant et vrai sur les jeunes de petites villes



















David Lopez : »Fief »



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Tous ensembles, ils préfèrent traîner, ils se satisfont de la routine quotidienne. On ressent la peur de l’ailleurs, des autres , de quitter leur quartier ( leur fief), de fuir leur enfance.

C’est un roman sans intrigue précise mais une succession de chapitres relatant le quotidien de ces garçons. C’est Jonas , jeune boxeur talentueux qui est le narrateur. Il représente le véritable looser malgré son potentiel sportif. Son entraîneur lui promet une belle carrière mais Jonas la saborde en continuant à fumer de l’herbe, boire, sortir. Il n’a pas la volonté de choisir sa voie , il préfère vivre au jour le jour. On ressent cet abandon dans sa relation amoureuse avec Wanda, jeune fille habitant les quartiers bourgeois de la ville : il n’a de cesse de se sentir inférieur, de la considérer comme un fantasme sans aucun avenir. Il reste fidèle à sa condition sociale comme ses parents ; sa vie défile devant ses yeux sans qu’il intervienne, il n’en est que simple spectateur.

Ce personnage devient très attachant au fil des pages, il décrit précisément son désarroi, ses joies, sa profonde amitié envers ses copains du quartier. A travers son regard, on perçoit les atmosphères, les ambiances, les odeurs.

Jonas nous fait rencontrer le monde de la boxe amateur ; en effet le texte commence par un combat perdu et finit par une éventuelle revanche. On suit ses nombreux entraînements avec un vocabulaire technique , parfois difficile à décrypter , mais empli de scènes fortes en émotions, en tensions, en peurs et angoisse . L’auteur, lui-même boxeur, retransmet bien les sensations physiques et psychologiques de ce sport difficile.

C’est un livre sur l’ennui d’un groupe de jeunes ou l’amitié n’est pas un vain mot ; ces 9 jeunes sont unis entre eux , leur fidélité est entière et sans jugement.

Ce qui surprend , dans ce livre, c’est l’écriture qui est vive, crue et poétique à la fois, avec un parler de jeunes ; elle mérite d’être lue à voix haute grâce à sa cadence, son rythme énergique.Elle peut devenir très drôle avant de basculer dans la mélancolie.

Livre percutant et vrai sur les jeunes de petites villes











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David nous raconte la vie d’une bande de jeunes vivant dans une ville coincée entre la banlieue et la campagne. Ils sont neuf garçons qui ne savent pas quoi faire de leur vie, ils vivotent entre jeux de cartes, drogues, alcool, boxe pour certains sans envisager d’avenir. Ils rêvent bien mais sont incapables de concrétiser tout projet durable et solide.

Tous ensembles, ils préfèrent traîner, ils se satisfont de la routine quotidienne. On ressent la peur de l’ailleurs, des autres , de quitter leur quartier ( leur fief), de fuir leur enfance.

C’est un roman sans intrigue précise mais une succession de chapitres relatant le quotidien de ces garçons. C’est Jonas , jeune boxeur talentueux qui est le narrateur. Il représente le véritable looser malgré son potentiel sportif. Son entraîneur lui promet une belle carrière mais Jonas la saborde en continuant à fumer de l’herbe, boire, sortir. Il n’a pas la volonté de choisir sa voie , il préfère vivre au jour le jour. On ressent cet abandon dans sa relation amoureuse avec Wanda, jeune fille habitant les quartiers bourgeois de la ville : il n’a de cesse de se sentir inférieur, de la considérer comme un fantasme sans aucun avenir. Il reste fidèle à sa condition sociale comme ses parents ; sa vie défile devant ses yeux sans qu’il intervienne, il n’en est que simple spectateur.

Ce personnage devient très attachant au fil des pages, il décrit précisément son désarroi, ses joies, sa profonde amitié envers ses copains du quartier. A travers son regard, on perçoit les atmosphères, les ambiances, les odeurs.

Jonas nous fait rencontrer le monde de la boxe amateur ; en effet le texte commence par un combat perdu et finit par une éventuelle revanche. On suit ses nombreux entraînements avec un vocabulaire technique , parfois difficile à décrypter , mais empli de scènes fortes en émotions, en tensions, en peurs et angoisse . L’auteur, lui-même boxeur, retransmet bien les sensations physiques et psychologiques de ce sport difficile.

C’est un livre sur l’ennui d’un groupe de jeunes ou l’amitié n’est pas un vain mot ; ces 9 jeunes sont unis entre eux , leur fidélité est entière et sans jugement.

Ce qui surprend , dans ce livre, c’est l’écriture qui est vive, crue et poétique à la fois, avec un parler de jeunes ; elle mérite d’être lue à voix haute grâce à sa cadence, son rythme énergique.Elle peut devenir très drôle avant de basculer dans la mélancolie.

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David Lopez : »Fief »



David nous raconte la vie d’une bande de jeunes vivant dans une ville coincée entre la banlieue et la campagne. Ils sont neuf garçons qui ne savent pas quoi faire de leur vie, ils vivotent entre jeux de cartes, drogues, alcool, boxe pour certains sans envisager d’avenir. Ils rêvent bien mais sont incapables de concrétiser tout projet durable et solide.

Tous ensembles, ils préfèrent traîner, ils se satisfont de la routine quotidienne. On ressent la peur de l’ailleurs, des autres , de quitter leur quartier ( leur fief), de fuir leur enfance.

C’est un roman sans intrigue précise mais une succession de chapitres relatant le quotidien de ces garçons. C’est Jonas , jeune boxeur talentueux qui est le narrateur. Il représente le véritable looser malgré son potentiel sportif. Son entraîneur lui promet une belle carrière mais Jonas la saborde en continuant à fumer de l’herbe, boire, sortir. Il n’a pas la volonté de choisir sa voie , il préfère vivre au jour le jour. On ressent cet abandon dans sa relation amoureuse avec Wanda, jeune fille habitant les quartiers bourgeois de la ville : il n’a de cesse de se sentir inférieur, de la considérer comme un fantasme sans aucun avenir. Il reste fidèle à sa condition sociale comme ses parents ; sa vie défile devant ses yeux sans qu’il intervienne, il n’en est que simple spectateur.

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Jonas nous fait rencontrer le monde de la boxe amateur ; en effet le texte commence par un combat perdu et finit par une éventuelle revanche. On suit ses nombreux entraînements avec un vocabulaire technique , parfois difficile à décrypter , mais empli de scènes fortes en émotions, en tensions, en peurs et angoisse . L’auteur, lui-même boxeur, retransmet bien les sensations physiques et psychologiques de ce sport difficile.

C’est un livre sur l’ennui d’un groupe de jeunes ou l’amitié n’est pas un vain mot ; ces 9 jeunes sont unis entre eux , leur fidélité est entière et sans jugement.

Ce qui surprend , dans ce livre, c’est l’écriture qui est vive, crue et poétique à la fois, avec un parler de jeunes ; elle mérite d’être lue à voix haute grâce à sa cadence, son rythme énergique.Elle peut devenir très drôle avant de basculer dans la mélancolie.

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David nous raconte la vie d’une bande de jeunes vivant dans une ville coincée entre la banlieue et la campagne. Ils sont neuf garçons qui ne savent pas quoi faire de leur vie, ils vivotent entre jeux de cartes, drogues, alcool, boxe pour certains sans envisager d’avenir. Ils rêvent bien mais sont incapables de concrétiser tout projet durable et solide.

Tous ensembles, ils préfèrent traîner, ils se satisfont de la routine quotidienne. On ressent la peur de l’ailleurs, des autres , de quitter leur quartier ( leur fief), de fuir leur enfance.

C’est un roman sans intrigue précise mais une succession de chapitres relatant le quotidien de ces garçons. C’est Jonas , jeune boxeur talentueux qui est le narrateur. Il représente le véritable looser malgré son potentiel sportif. Son entraîneur lui promet une belle carrière mais Jonas la saborde en continuant à fumer de l’herbe, boire, sortir. Il n’a pas la volonté de choisir sa voie , il préfère vivre au jour le jour. On ressent cet abandon dans sa relation amoureuse avec Wanda, jeune fille habitant les quartiers bourgeois de la ville : il n’a de cesse de se sentir inférieur, de la considérer comme un fantasme sans aucun avenir. Il reste fidèle à sa condition sociale comme ses parents ; sa vie défile devant ses yeux sans qu’il intervienne, il n’en est que simple spectateur.

Ce personnage devient très attachant au fil des pages, il décrit précisément son désarroi, ses joies, sa profonde amitié envers ses copains du quartier. A travers son regard, on perçoit les atmosphères, les ambiances, les odeurs.

Jonas nous fait rencontrer le monde de la boxe amateur ; en effet le texte commence par un combat perdu et finit par une éventuelle revanche. On suit ses nombreux entraînements avec un vocabulaire technique , parfois difficile à décrypter , mais empli de scènes fortes en émotions, en tensions, en peurs et angoisse . L’auteur, lui-même boxeur, retransmet bien les sensations physiques et psychologiques de ce sport difficile.

C’est un livre sur l’ennui d’un groupe de jeunes ou l’amitié n’est pas un vain mot ; ces 9 jeunes sont unis entre eux , leur fidélité est entière et sans jugement.

Ce qui surprend , dans ce livre, c’est l’écriture qui est vive, crue et poétique à la fois, avec un parler de jeunes ; elle mérite d’être lue à voix haute grâce à sa cadence, son rythme énergique.Elle peut devenir très drôle avant de basculer dans la mélancolie.

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David Lopez nous raconte la vie d’une bande de jeunes vivant dans une ville coincée entre la banlieue et la campagne. Ils sont neuf garçons qui ne savent pas quoi faire de leur vie, ils vivotent entre jeux de cartes, drogues, alcool, boxe pour certains sans envisager d’avenir. Ils rêvent bien mais sont incapables de concrétiser tout projet durable et solide.

Tous ensembles, ils préfèrent traîner, ils se satisfont de la routine quotidienne. On ressent la peur de l’ailleurs, des autres , de quitter leur quartier ( leur fief), de fuir leur enfance.

C’est un roman sans intrigue précise mais une succession de chapitres relatant le quotidien de ces garçons. C’est Jonas , jeune boxeur talentueux qui est le narrateur. Il représente le véritable looser malgré son potentiel sportif. Son entraîneur lui promet une belle carrière mais Jonas la saborde en continuant à fumer de l’herbe, boire, sortir. Il n’a pas la volonté de choisir sa voie , il préfère vivre au jour le jour. On ressent cet abandon dans sa relation amoureuse avec Wanda, jeune fille habitant les quartiers bourgeois de la ville : il n’a de cesse de se sentir inférieur, de la considérer comme un fantasme sans aucun avenir. Il reste fidèle à sa condition sociale comme ses parents ; sa vie défile devant ses yeux sans qu’il intervienne, il n’en est que simple spectateur.

Ce personnage devient très attachant au fil des pages, il décrit précisément son désarroi, ses joies, sa profonde amitié envers ses copains du quartier. A travers son regard, on perçoit les atmosphères, les ambiances, les odeurs.

Jonas nous fait rencontrer le monde de la boxe amateur ; en effet le texte commence par un combat perdu et finit par une éventuelle revanche. On suit ses nombreux entraînements avec un vocabulaire technique , parfois difficile à décrypter , mais empli de scènes fortes en émotions, en tensions, en peurs et angoisse . L’auteur, lui-même boxeur, retransmet bien les sensations physiques et psychologiques de ce sport difficile.

C’est un livre sur l’ennui d’un groupe de jeunes ou l’amitié n’est pas un vain mot ; ces 9 jeunes sont unis entre eux , leur fidélité est entière et sans jugement.

Ce qui surprend , dans ce livre, c’est l’écriture qui est vive, crue et poétique à la fois, avec un parler de jeunes ; elle mérite d’être lue à voix haute grâce à sa cadence, son rythme énergique.Elle peut devenir très drôle avant de basculer dans la mélancolie.

Livre percutant et vrai sur les jeunes de petites villes



Merci à 68premieresfois pour cette lecture































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Fief

Mon libraire m'a conseillé ce roman pour en savoir plus sur la génération que l'on nomme "Y". En effet, j'ai un petit-fils de cet âge et je voulais connaître son temps, les petits soucis d'aujourd'hui à l'ère des téléphones portables et d'Internet.

J'ai été passionné par ce livre qui ne m'a, pourtant pas apporté ce que je cherchais. En effet ce livre décrit le quotidien de jeunes habitants à la campagne, ou plutôt dans une zone péri-urbaine d'une ville moyenne de France.

Il y a beaucoup de drogues (surtout du haschish), d'ennui, de violence et le sentiment d'exclusion des personnages principaux (un peu voyous...) par rapport aux jeunes un peu plus riches est important. C'est un roman assez noir mais bien écrit et qui m'a appris sur la jeunesse.
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Fief

Je viens de terminer ce roman et je suis contente car je me suis ennuyée ferme tout comme la bande de garçons de cette histoire. Je n'ai pas été conquise par le style, d'ailleurs je ne trouve pas qu'il y en est. Juste un amoncellement de description sans poésie. Seules les évocations du milieu de la boxe porte un intérêt à ce livre, mais le reste est tellement lent et long qu'il efface ce qui aurait pu nous réconforter de lire ce roman. Même la fin est incipide, il n'y aucune ouverture d'horizon.
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Fief

J'ai eu du mal à entrer dans cette histoire; j'ai persévéré fort heureusement. J'ai découvert ainsi un roman saisissant par sa capacité à capter notre époque. L'écriture est brute, presque orale. Elle nous entraine dans le sillage de ces garçons, plus tout jeunes mais pas encore adultes, qui se cherchent dans tous les sens du terme. Entre insultes, bagarres, alcool et joints, le désoeuvrement et l'absurdité de ces vies qui débutent si mal est formidablement décrit, dépecé.

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Fief

A l'image de mon introduction, cette lecture fut, pour moi un véritable calvaire pour aller à son terme.



Je le regrette mais l'évocation de l'univers banlieues/ boxe/ drogue/ drague et même copains, ici, est sûrement très réaliste mais pour moi c'est un livre sans Histoire ni nouveautés. J'ai eu l'impression qu avec cet énième récit, je relisais le millième témoignage d'un succession de faits divers dont les journaux nous abreuvent plus ou moins régulièrement mais pour le reste pas un moment d'âme de cette communauté, pas un personnage à qui s'attacher. Un récit décousu, un vocabulaire, hélas trop commun et à la limite du franchement vulgaire. Quelques pages échappent à ces regrets (les souvenirs de la plus petite enfance, les digressions comico - philosophiques, certaines réparties) mais pour moi tout cela est trop long au global.



Je ne remets, naturellement pas en cause l'écriture et l'auteur mais ce livre n'était probablement pas pour moi.
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Fief

"À force de ne rien faire l'ennui devient familier."

Josiane Coeijmans



"Ça ne fait pas une heure que je suis là que déjà je me sens dans mon élément. L'ennui, c'est de la gestion. Ça se construit. Ça se stimule. Il faut un certain sens de la mesure. On a trouvé la parade, on s'amuse à se faire chier. On désamorce. Ça nous arrive d'être frustrés, mais l'essentiel pour nous c'est de rester à notre place. Parce que de là où on est on ne risque pas de tomber."



Il suffit d’ouvrir certains romans pour s'y couler et s’y sentir bien. Et il y a "Fief". Le moins que je puisse dire c’est que je ne me suis pas du tout sentie à mon aise avec les premières pages de ce roman, le 1er et le seul de David Lopez à ce jour qui reçut le prix Livre France Inter en 2018 après avoir été sur les listes du Renaudot et du Médicis. Pas mal pour une entrée en littérature !



Un fief, de nos jours, c’est quoi ? Un terme tout droit venu du Moyen Âge, bref et sifflant, qu'on lâche avec les lèvres serrées de celui à qui on ne la fait pas, sauf que le fief de Jonas, le narrateur, n'a rien de noble, c'est une zone périphérique, un vague entre-deux, un trou paumé :



"On habite une petite ville, genre quinze mille habitants, à cheval entre la banlieue et la campagne. Chez nous, il y a trop de bitume pour qu’on soit de vrais campagnards, mais aussi trop de verdure pour qu’on soit de vraies cailleras. Tout autour, ce sont villages, hameaux, bourgs, séparés par des champs et des forêts. Au regard des villages qui nous entourent, on est des citadins par ici, alors qu’au regard de la grande ville, située à un peu moins de cent kilomètres de là, on est des culs-terreux."



"Fief", ce sont des journées éternellement recommencées où le temps se répète, monotone, et c’est triste, plat, d’une vacuité confondante. Tout cela transpire la résignation un peu molle. Il faut dire qu'il ne se passe pas grand-chose, alors Jonas et ses potes - Poto et son slam inspiré, Sucré et son surpoids, Miskine et ses embrouilles, Ixe et son herbe à fumette, Virgil, Lahuiss, etc. - se créent des rituels pour habiller leur désœuvrement. Ils épuisent leurs journées à fumer des oinjs, à picoler, à jouer aux cartes, à faire pousser de l'herbe,



"On peut considérer que c'est une manière comme une autre de cultiver son jardin."



à taper l’incruste dans des fêtes, à draguer, à boxer dans la salle de Monsieur Pierrot - plutôt bien d'ailleurs en ce qui concerne Jonas dont le palmarès amateur force le respect :



"Je prends le ring comme un terrain de jeu. C'est le meilleur moyen pour moi de conjurer ma peur. Je me sens comme un torero qui risque sa vie à la moindre passe. Prendre le parti de s'en amuser, c'est ma manière de renoncer à la peur. Sauf que le type en face n'est pas là pour jouer. Il n'est pas là pour me laisser jouer. Je ne peux jouer que contre les faibles. Pour progresser il faut se mettre en danger. Souffrir. Surmonter. Pour ça je dois me faire violence. Ça commence par oublier le jeu. Accepter la peur. Alors je me concentre. Je ne nie plus le danger. Il est là face à moi, c'est lui ou moi."



"Fief", c’est un horizon bouché et visqueux de désillusion, et tous en ont parfaitement conscience. N’est-ce pas Lahuiss qui cite le "Voyage au bout de la nuit" de Céline ? Lahuiss qui, petit à petit, se détache du groupe.



"On devient rapidement vieux, et de façon irrémédiable encore. On s'en aperçoit à la manière qu'on a prise d'aimer son malheur malgré soi."



"Fief", c’est le territoire de l’enfance que l’on craint d’abandonner pour l’inconnu que, pourtant, on devine sans surprise. L'avenir pourrait être ailleurs, mais ce n'est pas ainsi que ces jeunes le conçoivent.



"Dans la vie je ne vais que là où j'ai pied. La différence, c'est que dans l'eau je sais quels sont les mouvements à effectuer pour ne pas me noyer."



"Fief", c’est l’absence de modèle à suivre et de route à tracer, c’est pourquoi on reste, malgré tout, le dedans étant plus sécurisant que le dehors, le moindre obstacle ayant raison de leur ténacité. Jonas n'envisage-t-il pas de raccrocher définitivement les gants après une défaite sans appel, faisant fi des espoirs que Monsieur Pierrot a mis en lui ?



Comme il aurait été facile de faire des caricatures de ces jeunes qui se perdent à force de tourner en rond dans l'enclos de leur fief ! Ils ne sont pas exactement la génération perdue chère à Gertrude Stein. Ils incarnent plutôt une génération en perdition et le spleen, comme la flemme, leur collent aux basques.



"Fumer n'était plus l'occupation, on fumait en se demandant ce qu'on allait bien pouvoir foutre. On n'était plus dehors. On s'est enfermés. On a opté pour d'autres jeux. Des jeux auxquels on peut jouer assis."



Cependant, il y a plus particulièrement chez Jonas, le narrateur, une gravité douce et sensible qui affleure sous le masque de fier-à-bras qu’il porte en présence de ses potes.



"Je ne trouve à m'affirmer qu'en affichant mes défauts."



Il est touchant, Jonas, quand il s’autorise à sortir de son rôle et qu'il laisse percer sa fragilité dans un récit second, plus doux et introspectif. Comment ne pas être émue à l’évocation de ses vacances quand il n'était encore qu'un enfant ? Comment ne pas ressentir de l’empathie quand il se retrouve à regretter de ne pouvoir nommer les essences d’arbres de la forêt ?

Ou encore :



"[…] je m'imagine avoir le même destin, un destin qui me permettrait de me rencontrer moi-même, sans les autres, qui ne constituent plus qu'un miroir déformant. Seul sur une île je n'aurais personne à qui me comparer. Et je pourrais travailler à ma survie, pour ne plus avoir à me demander si je vis bien. Heureusement j'en ai trouvé qui me ressemblent. On se soutient dans cet exil. Tous solidaires, ensemble. Tous à vouloir sortir du rang pour se retrouver enfin seuls, et tenter de comprendre ce qu'on est censés faire avec ça."



Malheureusement, cette douceur dit la passivité de Jonas englué dans une torpeur paralysante et culpabilisante.



"Réussir, c’est trahir."



Il y a des phrases qui ne paient pas de mine et qui, pourtant, font plus de dégâts qu’un uppercut :



"Je crois bien que c’est lui qui m’a appris que le seul chemin vers le bonheur c’était la résignation, pas honteuse, mais clairvoyante."



Alors, j’ai eu envie de le secouer pour qu'il ose se faire confiance, de lui botter le derrière pour le faire réagir, lui dont le regard est pourtant si aigu et juste, de le malmener comme lui et ses potes malmènent la langue.



Car "Fief" c'est aussi l’aventure d’une langue, une langue de combat - parfois de combat de coqs qui s'invectivent dressés sur leurs ergots. Elle est dans l'action, heurtée, brisée. Ces jeunes l'inventent, la triturent, la tordent, la dilatent à force de répétitions rassurantes, d’énumérations sans virgule pour combler la vacance de leur vie et chasser l’angoisse hors du fief. La langue comme armure face à un monde qu'ils redoutent. Avec David Lopez, la langue entre en résistance, est elle-même résistance et le lecteur, lui, ne doit pas résister (ce que j'ai hélas fait au début). Ponctuation minimale pour des phrases qui s’étirent, enflent sous le poids des descriptions et des dialogues noyés dans le corps du texte, autant de détails qui nous signalent que nous pénétrons en territoire étranger. Un peu à reculons, dans mon cas.



"Et le mec il arrive, il te tcheke et il te dit ouais, gros, bien ?"

"Je dis wesh me parle pas de ça maintenant, gros, et il fait scuse."



"Fief", c’est une somme de discours dont la discontinuité - expression même de la parole collective - offre au récit sa cohérence. Contradictoire ? Non, car la langue signe l’appartenance de ces jeunes gens à leur fief en même temps qu’elle les y enferme. Certes, on y croise le Candide de Voltaire, Barjavel, Céline, Robinson Crusoe, mais c’est Lahuiss, parti faire ses études en ville, qui les ramène avec lui. Il faut le lyrisme et la poésie des combats de boxe, le rire franc des blagues de potaches, voire le fou-rire libérateur de l'épisode de la dictée pour que le roman, laissant derrière lui la 1re centaine de pages, devienne moins fastidieux avant de s’achever, parfaitement maîtrisé.



Néanmoins, pour que je sois conquise par ce "Fief", il lui a manqué ce supplément d’âme qui aurait pu naître, par exemple, d’une relation au père plus creusée. Reste la beauté presque irréelle de la poétique du vide - je ne vois pas comment le dire autrement - que David Lopez a magnifiquement rendue.



"Je pourrais faire ça pour eux. Ça aurait du sens. Leur montrer qu'on peut se battre. Lutter pour devenir meilleur. Qu'on n'est pas prédestinés. Que le travail peut mener à la récompense. Je pourrais avoir ce rôle. Sauf que moi je voudrais être à leur place. Moi aussi je voudrais être là-haut à regarder quelqu'un le faire pour moi."



"Fief", c'est un 1er roman terriblement tendre et terriblement triste qui, sur le ton tragicomique, raconte comment, par manque d'ambition et d'espoir, il est presque trop simple de bousiller des vies qui méritaient mieux.



"Fief" est le choix de Julie Estève pour cette sélection anniversaire 5 ans des #68premieresfois.


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Fief

Jonas, le narrateur de »Fief », vit dans une ville moyenne française, dans une zone pavillonnaire à mi-chemin entre le quartier des tours et celui des belles maisons.

Il se laisse vivre entre ses copains qui lui ressemblent et qui sont sa vraie famille, fréquentant en dilettante les rings de boxe et sa petite copine, reproduisant fidèlement le modèle paternel, sans perspectives, sans limites, sans responsabilités ; une sorte d’Alexandre le Bienheureux du périurbain, dont la philosophie est, comme dit le livre : «Pas de plan. Pas de calendrier. Juste être».

Inutile de dire que ce n’est pas dans cet ouvrage qu’on trouvera des recettes d’ascension sociale, des exemples de sortie par le haut ou des justifications de travailler plus pour gagner plus...

A la dernière page, on se dit : ce n’est pas gai-gai, quel dommage, tout cette énergie gâchée... Oui mais, quelle langue ! Elle sonne juste et vrai et traduit à merveille les relations amicales et fraternelles de cette bande de potes qui tuent le temps entre rage, ennui, oisiveté, humour et innocence, avec leur argot, leur verlan et leurs mots venus de leurs langues d’origine, dans une scansion qui rappelle le rap, sa rage, sa fluidité et ses exagérations.



Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.
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Fief

Fief , c'est le territoire d'un groupe de jeunes qui vivent d'expédients , de petits trafics . Ils sont souvent au chômage et se retrouvent régulièrement pour fumer de gros spliffs et jouer aux cartes . L'histoire se déroule dans une ville de province , un peu en périphérie de la ville , avec un pied à la campagne .

Autant dire aucune perspective d'avenir pour Jonas , le héros du roman . Son personnage est franchement désenchanté , comme d'ailleurs la plupart de ses potes . Difficile de trouver une personne plus passive , il est dans l'acceptation en permanence . Il sert d'esclave sexuel auprès de son amie Wanda , une jeune fille riche . Il boxe en amateur , mais il attend que son manager , un homme âgé mais qui croit en lui , lui offre des combats à sa portée .

Seulement il y a tous ces joints qui le démotivent et qui le rendent incapable de gagner un combat .

Une vie de merde , en somme , sans grand espoir .

Le tour de force que réalise l'auteur , David Lopez , c'est d'avoir réussi à s'approprier cette langue qu'utilisent ces jeunes banlieusards (j'allais dire zonards ) , avec des wesh wesh ; bien ou quoi , gros ; grave , etc...

C'est un peu comme d'apprendre une langue étrangère , au début on tique un peu , et puis on finit par s'adapter à ce mélange d'argot et de verlan , avec quelques néologismes ici et là .

Car l'auteur a fait des études de sociologie , il a chanté des textes de rap dans ses jeunes années , il a boxé et vécu à Nemours , il y a beaucoup de sa propre vie dans celle de Jonas .

Avec cette différence que l'auteur a plus d'avenir dans l'écriture que son héros dans la boxe .

Merci aux Editions Points et aux bonnes fées des 68 premières fois , qui n'auront aucun mal à se reconnaître .
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Fief

«  Et le mec il arrive, il te tcheke et il te dit ouais, gros , bien ? »

«  Je dis wesh me parle pas de ça maintenant gros, et il fait scuse. »

«  Moi j'veux pas pécho une meuf qui nourrit les poules et qui fait sa pétasse le soir , et on rigole... »

Trois courts extraits de ce roman à la langue syncopée, orale, créative , pour le moins originale , dans les «  MOTS », pas facile à lire, entre tours et pavillons de banlieue .....



Un style d'écriture déroutant, l'histoire d'une bande de copains : Jonas, Poto , Sucré, Miskine, Ixe ... Lahuiss ...

Ils sont potes depuis l'enfance , habitent quelque part entre la banlieue et la campagne , l'endroit où leurs parents ont eux- mêmes grandi.



Jonas et ses amis tuent le temps comme ils le peuvent, fument des joints à gogo ——Dire « Oinj » ——-c'est impressionnant, boivent sec, jouent aux cartes., s'ennuient , font pousser de l'herbe dans le jardin., draguent les filles, pratiquent la boxe ....Ils disent : C'est flingué, j'éclate mon joint, on fumait en se demandant ce qu'on allait bien pouvoir foutre.... »



Entre La dictée, les jeux de cartes , la lecture de René Barjavel, ou Robinson Crusoé, ces jeunes s'ennuient ,ignorent comment sortir de leur quotidien , manque de courage ou d'imagination, torpeur ou ignorance ? .



Ils noient leur angoisse de vivre ,leurs tourments , leur colère, leur apathie , leur précarité,,



leur désir de briller et d'avoir une vie meilleure ... dans le shit..



Comment parler aux filles pour les séduire ?



On a envie de secouer Jonas : de la lecture de ce texte se dégage l'idée de vies sans perspective , jeunesse désoeuvrée qui se cherche, démotivée , un désoeuvrement terrible, qui fait mal....

Poto rappe , IXe fait des fautes d'orthographe ...

Un monde sans horizon avec quelques passages poétiques... Pratique de la langue, de son usage, son accès.

Un premier roman déroutant et original.. On se met dans la peau de Jonas grâce à l’usage de cette langue parlée, sa syntaxe, ses tournures , ses répétitions, ou ses réductions de phrases .



Je ne sais pas bien interpréter ce genre de texte, il faut le lire!

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Fief

Fief, c'est le quotidien de Jonas, narrateur et conteur de son quotidien. Il raconte ses parties de cartes avec ses amis d'enfance, ses aprems à fumer des joints ou à s'entraîner à la boxe - échappatoire à la vie comme à l'ennui.



David Lopez, usant de la voix de Jonas, se sert du langage familier propre à l'oral : ses codes, sa syntaxe, son vocabulaire, ses répétitions. Par ce procédé, on rentre dans la tête et la peau de Jonas. On l'entend nous parler de ce qu'il vit, ce qu'il vit et ce qu'il ressent.



De sa bande de potes à son père en passant par son plan cul, des personnages très différents nous sont présentés par leur surnom qui reflète une partie de leur personnalité ou un trait de leur caractère qui les suivent depuis leur enfance. Enfermés dans ce quotidien, Jonas est hanté par cette question que tout le monde lui pose : et maintenant, que faire de sa vie ?



Dur de réfléchir à l'avenir quand autour de nous, le monde stagne dans l'ennui et la fumette. Voilà tout l'enjeu de l'histoire de David Lopez ; il prend la voix d'une génération désillusionnée en perte de repères et en quête d'un sens à la vie. Dans leur confort quotidien, ils s'enferment …



De ce fief populaire et enfumé, Jonas peut s'en sortir grâce à la boxe, briser les murs, combattre, résister pour exister loin de ce qui l'enclave. Parviendra-t-il à s'affranchir des limites qu'il s'est imposé ? Vous le découvrirez quand vous lirez ce roman…



Personnellement, j'ai été désarçonnée par le style qui, comme je l'ai déjà dit, s'affranchit des codes de la littérature, malmenant la langue écrite pour l'écrire oralement. David Lopez n'hésite pas à insérer de l'argot, le parler typique de la classe populaire boudée en littérature. Si au départ, il faut un petit temps d'adaptation, on s'y fait très vite et on les imagine là animés par l'ennui et les désillusions du quotidien. J'ai particulièrement aimé la scène de dictée mais ça, je vais vous laisser la découvrir quand vous le lirez ;)



En bref, un roman oral lu d'une traite tellement on se prend vite au jeu de l'écriture, au vocabulaire comme au style oral de David Lopez. Merci les #68premieresfois :)
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