Une nuit entière dans le noir total et sans le moindre contact possible avec qui que ce soit pour la moitié des habitants de la planète. Le grand rien dans une société habituée à être saturée d'informations et de communications en permanence. Un retour à l'âge de pierre. Une nuit de tous les dangers.
L'aurore m'emportait, me berçait, faisait remonter en moi des sentiments déroutants, un mélange d'apaisement et d’excitation que je ne connaissais pas. J'étais intensément vivante et légère à la fois, voyageuse universelle sans but, j'étais un grain de lumière et une tache de ciel noir, je me sentais plus proche que jamais de ce que j'étais réellement. Cette lumière unique, insensée, me révélait à moi-même.
- (...) J'ai lu plein de choses sur Internet et les réseaux sociaux. Evidemment, pour moi c'est assez abstrait, j'avoue que j'ai un peu de peine à comprendre l'intérêt de la chose. Moi, mon réseau social, c'est les gens qui sont près de moi. Pour me connecter, je n'ai qu'à m'approcher, je n'écris pas sur leur... euh... comment tu appelles ça déjà ?
- Leur mur ?
- Oui, c'est ça, leur mur. Donc je n'écris pas sur leur mur, je leur parle.
Finalement, tu sais… on n'est pas si mal à faire ce boulot. Mais tu n'as pas l'âme paysanne. Et moi qui croyais que dans cette famille cela s'héritait, que tous les garçons depuis des générations avait ça dans le sang, la terre et les bêtes, que c'était dans les gènes Despeyret.
Il le sait, bientôt dans sa tête une tempête soufflera, un gros grain s’abattra sur lui avant de se coller sur les yeux perdus de sa mère dans lesquels se liront la stupeur et l’incompréhension. À l’instant où elle tentera de soutenir son regard, il baissera les yeux. Il aura menti, grugé, il l’aura déçue comme personne ; oui, il le sait, cette vérité sourde et et féroce tombera de tout son poids, claquera son pauvre écho sonore sur les murs et le sol, avant de lui revenir en pleine face. Mais elle est sa mère, il est son fils.
Corps, ce mot sourd, qui à cet instant et à cette place voulait dire mort, avait tournoyé dans l’air avant de s’arrêter sur sa bouche pour tirer. Pan ! Sur le moment, le sien de corps semblait s’être désintégré sous la déflagration de ce corps. La violence de ce mot envolé, échappé, inerte, venu hanter ses yeux et son esprit, ce corps qui était un peu du sien, de son visage blême et de ses mains froides.
Les règles de vie hawaiiennes :
Ne jugez jamais une journée sur le temps qu'il fait
Les meilleures choses dans la vie ne sont pas des choses
Dites la vérité, il y a moins à se rappeler
Parlez doucement et portez des vêtements aux couleurs criardes
Les buts sont décevants ; une flèche qu'on n'a pas visée ne manque jamais la cible
Celui qui meurt avec le plus de jouets meurt quand même
L'âge est relatif ; quand tu as passé le sommet de la colline, tu prends de la vitesse
Il y a deux moyens d'être riche : gagner plus ou désirer moins
La beauté est intérieure, l'apparence ne veut rien dire
Pas de pluie, pas d'arc en ciel...
Voici un extrait représentatif de l’œuvre : « Nous sommes environ quatre-vingts à habiter au Refuge, répartis en quatre tribus d'une vingtaine de membres. Des petits villages, si tu préfères. Chaque tribu vit à une extrémité du réseau de cavernes. Il y a presque dix kilomètres entre chacune d'elles. Au centre du réseau se trouve la place de Rassemblement, où nous nous retrouvons tous régulièrement. Chaque tribu est autosuffisante, elle entretient et développe à sa guise son petit coin de souterrain. » (page 31-32).
Mais à trop vouloir tordre le fer, on finit généralement par le casser. Paul avait goûté aux sorties, à la vie libre. Et peu à peu, le doute – cette ligne de faille dans laquelle son esprit n’avait eu qu’à s’immiscer – s’était insinué, même si dans son cœur c’était autre chose ; mais son cœur il ne l’écoutait pas. C’était juste un organe qui pulsait le sang dans son corps, son cœur, et au fur et à mesure qu’ils naissaient, les sentiments étaient remisés, oubliés, effacés. L
Il est là pour l’aider, il est là dans ses pensées, il l’aide à se lever, à s’endormir, à vivre, à passer l’hiver. Non, il n’est pas là-bas allongé dans le froid, sous une pauvre couronne de germinis.