Dianne Emley

Le mal existait. Il ravissait une mère à ses enfants et leur laissait un chagrin que le temps atténuerait mais ne parviendrait jamais à effacer. Croire que le temps guérit tout relève de la méthode Coué. Une illusion, pour ceux qui n’ont jamais connu un véritable malheur.

À voir comme la peau est déchiquetée, j’imagine qu’il s’est servi d’une tronçonneuse. Mais le meurtre de la femme paraît avoir été rapide et efficace. Plutôt comme une exécution. J’ignore qui il a tué en premier, mais je ne pense pas que c’était elle sa cible.

Recourir à l’humour macabre est chose commune chez ceux que leur métier confrontent à la face sombre de la vie. On plaisante pour se donner du courage. Ce carnage interdisait d’emblée toute plaisanterie thérapeutique. Rien ne pourrait atténuer l’horreur qu’il inspirait.

S’ils n’avaient encore aucun élément concret sur l’assassin, ils pouvaient malgré tout commencer à élaborer un profil – le fruit de l’expérience. L’assassin était probablement un homme, âgé de dix-huit à quarante-cinq ans.

Le fantôme de celui qu’on a été autrefois. Les fantômes des enfants devenus grands. Le fantôme d’un amour enflammé, à présent éteint. Il y avait des fantômes partout. Il suffisait de fermer les yeux. Ou de les ouvrir.

Les maisons, ainsi que d’autres lieux, possèdent leur propre vibration, leur karma. Elles gardent une empreinte des malheurs, petits ou grands, qui se sont déroulés entre leurs murs et ont profondément imprégné leur sol. Une maison vide qui attend une nouvelle famille semble diffuser une nostalgie non dépourvue d’espoir. La maison abandonnée, quant à elle, a une allure diablement butée, fière, telle une femme à la beauté fanée qui laisse deviner sa gloire passée dans un regard voilé.

Peu portée sur le maquillage, elle n’utilisait que de l’ombre à paupières et du mascara, qui mettaient en valeur ses grands yeux gris-vert. On lui disait qu’elle était jolie, mais elle ne le croyait pas, préférant penser que les hommes qui l’avaient complimentée ne cherchaient qu’à lui faire baisser la garde. La seule apparence à laquelle tenait Nan, c’était l’air d’autorité dont elle ne se départait pas. Être jolie ne servait pas à grand-chose quand on était flic.

Elle était descendue aux enfers et en était revenue. À moins que ce ne fût le Paradis. Elle n’aurait pu le dire avec certitude. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’il lui en restait des cicatrices pour le prouver.

— Vous êtes qui, bordel ? Ou plutôt, vous êtes quoi ? Un homme habillé en femme ?
— Je déteste qu’on critique ce qu’on ne comprend pas.

C’était comme contempler un château lointain. Parfois, savoir que la vie peut être différente suffit à nous aider à supporter la succession de journées harassantes. Encore une remarque perspicace, d’après lui. Autrement dit, « futée ». Et si la vie était rude, il fallait de temps à autre prendre les choses en main.

À ses yeux, le fric, c’était du fric. Pas de meilleur coussin qu’une montagne de billets pour amortir les aléas de la vie. En cherchant bien, les véritables ennuis n’avaient fait qu’effleurer Mercer, et sa souffrance n’avait duré que le temps d’une grimace de nouveau-né. Une fois passé le traumatisme de la naissance, ses quelques larmes et son air mécontent s’envolèrent aussitôt, et il n’en resta rien. Il fallut des décennies de soucis pour que ces rides d’anxiété reviennent creuser son front.

L’argent était le lubrifiant de l’existence. C’est ce qu’il avait toujours pensé, et c’était la vérité. Une métaphore brillante, estimait-il, qui illustrait le lien inexorable entre les deux aspects les plus importants de la vie : le sexe et l’argent. Quiconque pense autrement est un imbécile. (Lesley)

Vining se rappela un conseil que lui répétait sans cesse Bill Gavigan, son mentor : « Tiens le compte de tes victoires. »

Les flics remarquent tout. Même quand ils n’ont pas l’air de regarder, ils regardent. Etre aux aguets est pour eux une seconde nature, y compris s’observer les uns les autres […]

- les loyers ont trop augmenté, expliqua early.
il a fallu faire de la place
pour des commerces, haut
de gamme. les urbanistes
appellent ça l, embourgeoisement. moi
je trouve que c'est une honte parce qu'il détruisent l, âme de cette
ville pour satisfaire ceux qui allongent la carte de crédit.