« Tu t’es inquiété… pour moi ?
— Bien sûr, pour qui me prends-tu donc ?
— Pour Méphistophélès, Prince des Enfers, Seigneur de la Caïna, Maître du Feu Noir, connard prétentieux et arrogant qui pense à ses intérêts avant tout le reste… Je continue ? »
Extrait de
Céleste Tome 1 - Héritière
Doriane R. Bottino
— Que voulez-vous de moi ?
— Et vous, que souhaitez-vous obtenir ? répliqua-t-il du tac au tac.
— La vérité.
La réponse était spontanée. Bien plus que ses souvenirs, elle espérait comprendre ce qu’elle était et la raison pour laquelle elle était enfermée dans un corps qui n’était pas le sien, si loin de chez elle.
— Alors venez la chercher, Ashtoreth, fille des dieux. Prenez ce qui vous revient de droit.
Pétrifiée, la Prophétesse fut réduite au silence. Le fait qu’il semble si bien la connaître la troublait au plus haut point, tant et si bien qu’elle se perdit à son propre jeu, incapable de poursuivre une partie qu’elle avait pourtant initiée.
Ce fut l’odeur qui la marqua en premier, une fragrance douce et fruitée lui rappelant la fleur d’oranger qu’elle appréciait tant. Cela attira son attention. La sensation s’épanouit, la perturbant sans qu’elle en saisisse les nuances. Puis le timbre d’une voix, celle-là même qu’elle entendait en s’endormant. Le frisson cascada le long de sa colonne, prémices d’une prémonition à venir, sa tête s’alourdit, sa vision se brouilla. Détachée de son corps, comme lors de transes, elle sentit les vibrations s’intensifier, et la peur lui vrilla les entrailles. La présence se faisait de plus en plus forte, épaisse, imposante. Les derniers invités passèrent et tout s’évanouit. Elle retomba, se retenant au banc pour retrouver son équilibre. Elle finit par se relever, tremblante, rassembla les plis de sa robe comme s’il lui suffisait de ce simple geste pour ramener à elle les éclats épars de sa personnalité, et croisa un regard d’une profondeur troublante, qui la replongea à l’orée du voile.
Parfois, alors qu’elle fermait les yeux et se retrouvait entre conscience et inconscience, elle apercevait une ténébreuse silhouette qui l’observait, elle ressentait la chaleur de son foyer, distinguait le timbre grave d’une voix qui lui parlait doucement dans une langue qui lui semblait tant familière qu’étrangère. Tout s’évanouissait toujours lorsqu’elle cherchait à l’atteindre. Seule persistait la douleur d’une perte qui la brisait un peu plus chaque jour.