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Critiques de Edouard Dor (20)
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Francis Bacon, en Morceaux Choisis

Pas évident de parler de ce peintre hors des modes et des systèmes, alors j’ai beaucoup aimé cette introduction qui met tout de suite au parfum, écrire sur lui, c’est tout sauf analyser, chercher une explication, ce n'est pas la bonne méthode. Edouard Dor a fait le bon choix, “juste l'émotion”, il est question de perception, d’un premier jet de lecture, d’analogies attrapées subrepticement mais surtout pas de biographie, hormis deux ou trois détails.

Je me souviens encore avoir vu sur la 7 (ce n’était pas encore Arte) un interview de Francis Bacon, il était debout, ivre, et tournait autour du cameraman, avec quelques junkies qui passaient derrière lui sans faire attention à l’interview en cours, ces propos étaient parfois confus, mais c’était Francis Bacon, le personnage collait parfaitement à sa création, et j’ai retrouvé dans ce livre, c’est dire comme il touche juste, cette impression de foisonnement, torturé, de ferveur créatrice, et de refus de conceptualisation.

Le seul reproche que l’on pourrait faire à ce recueil, c’est la modestie des reproductions, peu nombreuses et trop petites, mais par contre, avant de visiter une expo de cet artiste, je vous le recommande fortement.

Edouard Dor se permet un parallèle audacieux avec Miles Davis, ça ne m’était jamais venu à l’esprit, pourtant c’est une évidence, en lisant ce livre je me suis écouté “What I Say”, 1970, Cellar Door Session. Oh oui, que c’est bon !

Bref, ce petit livre est une excellente manière d’aborder la peinture de Francis Bacon, l’écriture est simple, efficace, et va directement à l’essentiel, Edouard Dor ne se met pas en avant dans une débauche lyrique ou vaseuse. il se contente juste de rendre compte de l’émotion. Pas besoin d’en dire plus, et maintenant allez voir les peintures de Francis Bacon.
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Nicolas de Staël, l'impossible Concert

Quand on pense à la peinture de Nicolas de Staël, on voit des à-plat de couleurs vives et lumineuses.

Son dernier tableau, « le concert », ne déroge pas à la règle.

Il présente un fond rouge avec, au premier plan, un piano à queue et une contrebasse séparés par des feuillets/partitions.

Il l'a peint en trois jours, en mars 1955, dans son atelier d'Antibes, juste avant de se donner la mort.

Ce petit livre de 90 pages ne prétend pas présenter cet artiste, ni même une partie de son oeuvre.

C'est un instantané de ses dernières semaines avec une évocation de ses tourments, sa vie sentimentale passionnée et douloureuse, son besoin vital de s'exprimer par la peinture.

D'où ce tableau qu'il peint après deux concerts à Paris consacrés à Webern et à Schönberg et qui sera son oeuvre ultime.



L'oeuvre de Nicolas de Staël est tellement importante et complexe que ce petit ouvrage ne peut être qu'un aperçu de celle-ci, et je l'ai pris comme tel.

Il m'a remis en mémoire quelques éléments biographiques du peintre et m'a surtout donné envie de visiter le musée Picasso à Antibes qui propose plusieurs de ses tableaux.

Et de lire la biographie réputée de Laurent Greilsamer, « le prince foudroyé ».



Merci à Babelio, Masse critique et les éditions Espaces et Signes

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Vittore Carpaccio, peindre l'ennui à Venise

J'aime toujours bien les livres qui apportent un éclairage sur une oeuvre d'art, peinture ou sculpture. En l'occurrence, ici il s'agit d'un peintre italien du Quattrocento, Vittore Carpaccio, et de son tableau intitulé « Deux dames vénitiennes », tableau exposé au musée Correr de Venise, peint vers 1490-1495.



L'auteur Edouard Dor propose quatre lectures de cette œuvre, immédiate, anecdotique, symbolique, sémantique.



Le premier des constats, c'est que la construction du tableau est étrange, deux femmes bien vêtues, l'une jeune, l'autre plus âgée, se tiennent comme retranchées dans un angle de terrasse, assises sur un banc, appuyées à la balustrade. le regard perdu dans le vide dirigé vers la gauche du tableau : lecture inhabituelle de l'espace peint, de la droite vers la gauche, renforcée par la lumière venue de gauche qui les inonde. Des animaux sont là : oiseaux, chiens ; des plantes aussi : lys, myrte, tronqués. Un petit garçon étrangement coupé en deux, tout comme le lévrier dont les pattes et le museau semblent dissociés. Le chiffre deux est là, omniprésent : deux femmes, deux plantes, deux colombes.

L'approche symbolique permet de donner à chaque animal, chaque plante, le rôle qu'il a à jouer dans l'interprétation de la peinture.

« De fait, au niveau du foisonnement des symboles issus pour l'essentiel des mythologies classique et chrétienne, Carpaccio nous donne à voir dans Les Deux dames la représentation du cycle d'une vie humaine, de la gestation à la mort."



L'auteur émet l'idée qu'il peut s'agir de deux aristocrates qui attendent le retour des hommes (idée renforcée par la présence d'une scène de chasse au-dessus du panneau), ou bien de deux bourgeoises aisées, ou encore de deux courtisanes. J'ai du mal à trouver une justification à cette dernière hypothèse.



Au sol, devant les pattes du chien, une lettre froissée et jetée là. Est-ce une missive apportée par le petit garçon ? Une lettre de rupture, d'amour, que la plus jeune aurait jetée ? L'auteur les voit pleines d'ennui, moi je ressens la plus jeune comme atterrée, en état de sidération. La lettre y est-elle pour quelque chose ?



L'analyse devient plus intéressante quand l'auteur regarde une partie séparée du tableau et qui se serait située au-dessus du portrait des femmes : une scène de chasse.

Edouard Dor avance l'hypothèse que le peintre vénitien a voulu peindre l'ennui, le vide, véritable injure à Dieu selon l'Église car source de tous les péchés. Comme dit l'auteur, « Est-ce bien cela ? Est-ce bien finalement cela que Vittore Carpaccio, artiste du Quattrocento, a peint ? Oui, à n'en pas douter. Il a osé. » Et ensuite, il est revenu à son habituel travail de peintures religieuses.



Au final, une analyse intéressante, qui force l'observateur à regarder avec attention, à savoir lire et interpréter, soit en suivant les orientations prises par l'auteur, soit en y apportant les siennes.



Sa dernière phrase résume bien le texte et la pensée de l'auteur :



p74 : « La fascination inexplicable que n'a cessé d'exercé ce tableau de Carpaccio, son intemporalité, sa pesanteur existentielle, laissent penser qu'au-delà du peintre s'est exprimé, à l'évidence clandestinement à l'époque, non seulement un poète, mais aussi avec certitude ce que l'on nomme un philosophe. »



Enfin, viennent deux intéressants rapprochements avec des œuvres plus modernes : Intérieur, femme à la fenêtre de Caillebotte (1880) et Room in New York de Edward Hopper (1932). Là encore, où l'auteur voit la peinture de l'ennui, je vois deux couples où la femme est seule avec elle-même tandis que le mari s'absorbe dans un journal, synthèse à mon avis du couple qui ne parvient pas à vivre dans la durée, ou du mariage de convenance. Je ne parviens pas à « voir » ce personnage que, selon Edouard Dor, la femme en bleu voit en face de sa fenêtre.





Une lecture intéressante (comme le fut en son temps « Nicolas de Staël, l'impossible concert » du même auteur. Un grand merci à Masse critique de Babelio et à la maison d'édition Espaces et Signes, dont la directrice a joint un gentil petit mot à cet envoi.
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Nicolas de Staël, l'impossible Concert

Ce très court volume retrace la vie de Nicolas de Staël et et tente en premier lieu de trouver une explication à sa fin tragique. Une seconde partie nous propose une analyse par Edouard Dor du tableau « Le concert » réalisé par Nicolas de Staël juste avant sa mort.



C'est après avoir peint sa toile monumentale intitulée « Le concert » (350 cm x 600 cm) que l'artiste s'est jetée du deuxième étage de son atelier à Antibes.



Son histoire commence en 1914 sur fond de révolution russe dans le très riche hôtel particulier de sa famille, à Saint-Pétersbourg. Son père est général et commande en tant que second la forteresse Pierre-et-Paul. En 1922 - Nicolas n'a que huit ans - il devient orphelin, reste avec ses deux sœurs et sera recueilli par le couple Fricero, industriels en Belgique.



Arraché à sa terre natale, il fait de vagues études, voyage beaucoup (au Maroc, notamment, où il découvre les sujets qui ont inspiré les peintres orientalistes), suit les cours de l'Académie d'Art contemporain où il rencontre Fernand Léger, puis entre dans la Légion étrangère !



En 1946, sa première épouse, Jeannine, meurt après lui avoir donné une fille, Anne. Il épouse Françoise presque aussitôt, est naturalisé Français en 1948. Il peint et son ami et marchand Jacques Dubourg vend bien ses tableaux, notamment aux États-Unis.

Il devient l'ami de René Char, s'installe en Provence où il aura trois autres enfants avec Françoise.

Mais la passion s'empare de lui quand il rencontre Jeanne, femme mariée et mère de famille qui accepte une liaison épisodique qui le rend fou de frustration. Il achète une superbe résidence dans le Lubéron, « Le Castelet ». Il est totalement dépendant de sa maîtresse. René Char le surnomme « Vermillon » (cf P  27).



Il déménage à Antibes où Jeanne s'est installée avec mari et enfants. Torturé par son « amour d'idiot », il peint les tableaux à la chaîne (266 en 1954!) : peindre devient un « véritable combat ».



Passionné de musique, il assiste en 1955 à un concert proposant une œuvre d'Anton Webern, compositeur viennois élève de Arnold Schönberg avec qui il forme la « seconde école de Vienne » en compagnie d'Anton Berg. De Staël apprécie cette musique novatrice, il ressort bouleversé de la salle de spectacle et tente en quelques jours de restituer son émotion.



Sa création est un éclat omniprésent de vermillon, qui met le feu à la toile et sur lequel se détachent un piano, aux angles vifs et d'un noir coupant, puis une contrebasse aux tons d'ocre cernés de blanc, aux formes féminines, douces et rondes, énorme sur le devant de la scène. Entre les deux, un amas de partitions.



L'analyse de ce tableau s'appuie sur les sentiments et émotions contradictoires ressentis par l'artiste. Une femme - passion, aiguë et intransigeante, une femme- douceur, rassurante et patiente. La première, femme-piano, incarne l'artiste soliste, celle qui occupe la première place. La seconde a pour vocation d'accompagner, doucement. En toile de fond, un éclaboussement intense de rouge vif (« rouge majeur », disait Denis Bayle, dans un livre à lire absolument). Edouard Dor interprète cette omniprésente tache rouge : un rideau de scène ? Mais où sommes-nous ? Devant, en attente du début du concert ? Ou derrière, morts de trac car il va nous falloir jouer devant un public ?



Le saut du second étage de son atelier à Antibes, le suicide de Nicolas de Staël, dans la nuit du 16 mars 1955, ne serait donc que l'expression de son incapacité à choisir, à cesser de souffrir entre deux désirs incompatibles ? L'idée est séduisante, la démonstration riche et argumentée.

L'auteur complète son propos par une confrontation avec le « Nu couché bleu », contrepoint intéressant qui apporte de nouvelles interprétations de l’œuvre de l'artiste.



Un livre riche et passionnant qui vient, en ce qui me concerne, compléter très opportunément une lecture plus ancienne et passionnante également : « Rouge majeur » de Denis Bayle. Tout comme l'auteur, j'aimerais aller à Antibes, au musée Picasso, pour y passer de longs moments devant ce tableau qui m'a laissé une profonde impression.



Merci à Babelio et à sa "Masse critique privilégiée" pour cette belle découverte.



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Nicolas de Staël, l'impossible Concert

« Le Concert » est une toile gigantesque. La dernière œuvre de Nicolas de Staël, qui se suicide dès qu'il l'a terminée.

L'auteur de cet opuscule l'aime tout particulièrement, puisqu'il est allé la contempler « plus de cent fois ».

Que dis-je ? « aimer » ? N'est-ce pas un verbe trop faible pour traduire les sentiments d’Édouard Dor ? N'avoue-t-il pas : « dès que la vie me semble un peu trop fade ou trop pénible, j'ai pris l'habitude d'aller, à Antibes, passer quelques précieuses minutes avec ce tableau. »

On parle souvent d'un livre ou de la musique d'une vie. Pour Édouard Dor, c'est « le Concert » qui joue ce rôle.

Son ouvrage est court. Il ne compte même pas cent pages. Mais quelle force et quelle richesse dans ces quelques lignes !

Si j'aime énormément la peinture, hélas, je n'y connais pas grand chose. Il y a des années, à la porte de mon bureau , dans des tons gris et bleus, la reproduction d'un bateau peint par Nicolas de Staël. Combien de fois ne me suis-je pas perdue dans sa contemplation. Il m'aidait à m'évader lors d'une réflexion difficile. J'entendais le bruit des vagues, le cri des mouettes. Mon esprit voguait vers l'infini. Aussi l'artiste est-il devenu un de mes préférés. Je n'ai pas eu la chance d'aller admirer ses œuvres à Antibes, comme Édouard Dor. En revanche, j'ai acheté plusieurs volumes qui lui sont consacrés. J'étais donc curieuse de découvrir l'analyse de ce « Concert » dont le titre m'intriguait, puisqu'aucun musicien n'y figure.

Dès les premiers mots, mon cœur se serre : « dans un état d'extrême solitude, Nicolas de Staël le peignit en trois jours, avant de se jeter dans le vide depuis la terrasse de son atelier. C'était dans la nuit du 16 mars 1955. » C'était le jour de ma naissance... Je le savais, bien sûr. Et cela me cause toujours le même choc.

L'auteur commence en nous résumant la vie du peintre. Je découvre que, orphelins, les enfants de Staël sont recueillis par un couple « qui habite une grande propriété à Uccle » et Nicolas s'inscrit à l'Académie royale des Beaux-arts de Bruxelles. J'ignorais totalement qu'il avait vécu et étudié dans mon pays.

En évoquant ses amours, Édouard Dor explique que, quoique marié à Françoise, qu'il aime, pourtant, il a eu un véritable coup de foudre pour Jeanne, qui devient sa maîtresse, sa muse et qui le fait énormément souffrir. Il est déchiré entre ces deux femmes.

Peu avant la réalisation du « Concert », Nicolas de Staël peint le « Nu couché bleu », dont le modèle est Jeanne. Édouard Dor établit un rapport, une concordance entre les deux œuvres dont le fond est d'un rouge intense. Une analyse très subtile, très convaincante fait (re)découvrir ces deux toiles. Attire le regard sur des détails auxquels, sans doute, n'aurait-on pas prêté attention. En donne une interprétation audacieuse et vraiment originale.

Les œuvres, reproduites dans l'ouvrage, sont d'une qualité exceptionnelle.

Au cours de ses explications, l'auteur décrit avec précision l'atelier d'Antibes. Mais pas besoin de se lancer dans une recherche sur le net, il suffit de tourner la page. Une photo permet de visualiser l'endroit.

De nombreux extraits de correspondances, de poèmes enrichissent le texte.

J'ai appris énormément de choses. J'ai été enchantée de cette lecture. J'ai eu l'impression d'en ressortir un peu moins bête qu'avant.

Mon seul regret : n'avoir, hélas, aucun pouvoir magique qui me permette, d'un claquement de doigts, de me téléporter face aux tableaux, de les admirer d'un autre œil.

J'adresse donc un immense merci à Babelio et Masse critique pour m'avoir permis cette extraordinaire découverte, ainsi qu'aux éditions Espaces et signes qui m'ont offert ce précieux petit livre.
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Les couilles d'Adam : Sur une fresque de Ma..

Les couilles d’adam - Edouard Dor - Sens & Tonka

C’est le troisième voyage que j’entreprends avec Edouard Dor, après les Deux vénitiennes et Une inquiétante étrangeté, je le retrouve aujourd’hui dans un essai sur Masaccio, on change d’époque mais toujours en gardant ce regard décalé, libre et passionné sur les oeuvres, loin des essais trop sérieux des historiens de l’art.

Comme dans les livres précédents plusieurs oeuvres sont regardées, rapprochées, comparées.

Le titre de ce livre prend sa source dans la fresque de Masaccio de la Chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine à Florence.

Dans la chapelle deux fresques se font face, celle de Masolino, La Tentation qui représente Adam et Eve avant la chute. Cette fresque qu’ Edouard Dor qualifie « d’art médiéval » correspond au canon esthétique et à la tradition de l’époque.

En face l’oeuvre de Masaccio, Adam et Eve chassés du paradis terrestre, marque une rupture et le passage à l’art moderne.

L’analyse détaillée fait apparaître des détails ignorés, nous fait découvrir l’intention du peintre de faire de cet Adam le procréateur désigné par dieu, et d’Eve qui pousse un cri inaudible, qui revêt le masque de la douleur, le symbole de la punition divine.

Cet homme et cette femme ne sont plus des personnages habituels, ils ne sont plus des canons de la culture gréco-latine mais deviennent plus humains.

« Cette volonté de Masaccio d’humaniser ses héros fait qu’ils nous sont immédiatement compréhensibles et sympathiques. Nous compatissons à leur douleur, cette douleur qu’ils semblent partager et qui les rend solidaires l’un de l’autre (...) Oui nous saisissons bien, d’emblée, la précarité de ces créatures. »

Le titre choisi par E Dor pour cet essai trouve son origine dans la suppression des pudiques feuilles de vigne qui cachaient les attributs virils d’Adam avant la restauration de la fresque en 1984.

Masaccio dont Elie Faure disait « Celui-là même qui a inventé la peinture » inspirera Michel Ange, Raphaël, les tableaux de ceux-ci sur le même sujet sont examinés par Edouard Dor. Puis plus près de nous il nous propose un rapprochement avec Rodin mettant en regard, le visage douloureux d’Eve et la sculpture de Rodin "Tête de la douleur"

Comme pour les précédents j’ai aimé cette invitation à la découverte d’une oeuvre et cet essai est allé rejoindre les deux précédents sur les étagères de ma bibliothèque


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Une inquiétante étrangeté : Sur trois tableaux : ..

À quoi tient qu'un tableau nous trouble plus qu'un autre ?

Pour nous parler de « cette inquiétante étrangeté » Edouard Dor nous installe devant trois oeuvres de Véronèse traitant d’un même sujet, les amours de Mars et Vénus. Dans un des trois tableaux la présence d’un escalier qui va on ne sait où et surtout et ajouté à ce « décor ambigu » au beau milieu d’une scène voluptueuse, une tête de cheval en haut de l’escalier.

« Véronèse cherche à nous surprendre, à nous déstabiliser »

Le deuxième exemple pris par Edouard Dor est le portrait fameux « Olympia » par E Manet . il se livre à une étude passionnante dudit portrait, en particulier de son éclairage frontal, sur la présence d’un chat aux yeux jaunes, sur la fascination et le malaise que nous pouvons éprouvé devant la toile.

Son dernier exemple est une étude d’une oeuvre peu connue de Matisse : « Porte fenêtre à Collioure ».

J’ai aimé à l’égal du premier ce petit livre, simple et fouillé il invite à lire autrement une toile, à observer en nous laissant pénétrer par cette « inquiétante étrangeté » qui naît de nos fantasmes et qui peut aller jusqu’à l’épouvante absolue nous dit S Freud dans l' essai dont s'est inspiré Edouard Dor.


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Rome mise en scènes

Avec Rome mise en scène, Edouard Dor signe le deuxième ouvrage de sa collection sur les lieux du cinéma. La lecture est passionnante : à bord d'une petite vespa, on va progressivement à la découverte de la ville éternelle, de ses quartiers, de son histoire, sur les pas de Pasolini, Fellini, Visconti et bien d'autres !

Et du coup, on a envie de voir ou revoir plein de films...
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Francis Bacon, en Morceaux Choisis

« Prendre la tangente » pour aller voir là où Francis Bacon ne se livrait pas. Telle est la proposition d’Edouard Dor qui invite avec ce petit livre à aller redécouvrir les toiles puissantes par un détail. Il s’agit bien ici d’une redécouverte, tout au moins d’une nouvelle exploration de l’oeuvre du peintre britannique, ett cet ouvrage s’adresse, à mon avis, plutôt à ceux·celles qui sont déjà familiers du travail de Bacon.

La peinture de Francis Bacon est faite de chairs en mouvement, dégageant ici violence, là douleur ou encore le cri muet d’une souffrance tue. Autant de mots que je, nous mettons sur ces oeuvres qui ne laissent personne indifférent, happant de façon quasi hypnotique ou provoquant le rejet.

Si l’homme ne se cachait pas, le peintre, lui, était peu disert sur son travail, sur ce qui animait ses créations, nourrissait son imaginaire, sur ce que sa peinture avait à dire de lui. Edouard Dor propose une balade dans cette œuvre par petits bouts, loin de toute analyse d’ensemble. En partant d’un détail, d’un objet parfois croisé dans plusieurs tableaux, il cherche ce que telle ou telle récurrence dit en creux de l’artiste. Il tente d’explorer les tréfonds d’une âme en souffrance qui livre à la toile ses douloureux atermoiements, sans les avouer totalement. Edouard Dor donne également ici une intéressante mise en perspective des créations de Bacon avec d’autres œuvres (picturale, littéraire, musicale entre autres). Autant de manières de redécouvrir l’oeuvre autrement, « pas pour comprendre à tout prix, juste et d’abord pour ressentir. Comme Bacon le souhaitait. »



Lu avec sous les yeux les triptyques de Bacon - tableaux fascinants découverts il y a plusieurs années en ouvrant le catalogue de la rétrospective que lui avait consacrée le Centre Pompidou en 1996 -, Francis Bacon, en morceaux choisis m’a offert une occasion de replonger dans cette œuvre qui me remue tant. D’y replonger mais aussi de l’explorer autrement, d’y déceler peut-être un peu plus d’intime, de révéler, avec pudeur, un bout d’homme derrière l’artiste.
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Vittore Carpaccio, peindre l'ennui à Venise

Vittore Carpaccio, peintre vénitien de la Renaissance, est majoritairement connu pour ses scènes religieuses monumentales. Avec un petit panneau de bois peint représentant deux vénitiennes aux regards perdus et semblant crever d’ennui sur une terrasse, Carpaccio a laissé aux historiens de l’art une énigme qu’essaie de résoudre Edouard Dor dans ce court, mais néanmoins passionnant, essai.

A partir de ce panneau et de l’historiographie, Edouard Dor tente de percer le « mystère » de ces deux femmes, en l’associant à d’autres œuvres de Carpaccio, aux textes d’auteurs contemporains et en étudiant la symbolique des animaux, des éléments du décor, des postures, des couleurs.

Ça se lit comme un roman, c’est pourtant mené comme une étude scientifique classique. C’est très bien écrit et très documenté, très convainquant même, l’auteur restant toujours sur le fil de l’hypothèse sans rien affirmer car comment le peut-on sans source, ni indications du peintre ? Car toute la difficulté réside dans ces regards vides qui témoignent de la complexité de peindre l’ennui et la prouesse de Carpaccio d’y parvenir grâce à une iconographie savante et une culture humaniste parfaitement maîtrisées.

J’ai lu ce livre avec mon regard d’historienne de l’art et je l’ai trouvé sincèrement très appréciable, non simpliste mais tout de même très abordable. Le format très court, tout de même illustré en couleurs, permet par ailleurs d’aborder facilement des thématiques artistiques tout en douceur.
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Vittore Carpaccio, peindre l'ennui à Venise

Reçu dans le cadre de la masse critique, je ne savais pas précisément à quoi m'attendre, ne lisant pas d'essai habituellement.

Le format court est très appréciable, il permet de cibler l'essentiel et rend la lecture agréable et dynamique. Chaque aspect du tableau est analysé selon l'auteur, on adhère plus ou moins à son interprétation.

Le côté énigmatique de cette oeuvre persiste une fois l'essai achevé, laissant le lecteur révasser à cette Venise étouffante et pleines de mystères.
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L'ennui des deux Vénitiennes de Carpaccio

Excellente étude d’un tableau de Carpaccio, intitulé Deux dames Vénitiennes.



Un mystère entoure ce tableau. Qui est le commanditaire ? En quel honneur fut il réalisé ? Qui sont les deux vénitiennes ? Serait-ce deux aristocrates vénitiennes ???? deux prostituées attendant d’éventuel client ????



On sait avec certitude qu’une seule chose. Il s’agit d’un morçeau d’une immense œuvre, qui fut découpée en plusieurs petits tableaux « indépendants » (si l’on peut parler ainsi) et représentant « diverses scènes » avant d’être éparpillés un peu partout sur la planète. A l’heure actuelle, une autre partie a été retrouvée aux U.S.A. Tout semble prouver que cette œuvre fut réalisé pour un meuble comprenant des portes… …



L’auteur tente d’apporter des éléments de réponses aux nombreuses questions que l’on ne manque pas de se poser sur cet étrange tableau. Ces interrogations se tournent sur le sens du regard de ces deux femmes… … et, c’est le point de départ, d’une reflexion philosophique sur l’ennui ainsi qu’une petite histoire de la condition féminine à l’époque de Vittore Carpaccio.

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L'ennui des deux Vénitiennes de Carpaccio

e vous transporte aujourd’hui à Venise, plus exactement au Musée Correr. On est tranquille, pas de bousculade, pas de queue devant le musée, suivez moi dans ma visite et arrêtons nous devant un tableau de Carpaccio

« Les deux vénitiennes » Mais là je vais vous abandonner aux mains d’Edouard Dor qui se révèle un guide comme on voudrait en rencontrer dans tous les musées.



Son livre est une véritable enquête sur ce tableau, Edouard Dor examine, scrute, observe, analyse, détaille tous les éléments de ce tableau, avec lui vous chercherez à comprendre ce que font ces deux femmes, qui sont-elles ? pourquoi semble-t-il manquer une partie du tableau ? ces deux femmes s’ennuient-elles ? qui attendent-elles ? quel est le sens de ce tableau ? Toutes les suppositions sont admises et Edouard Dor ne manque pas d’imagination !




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Rome mise en scènes

Lu en 2018. Il s'agit d'un ouvrage documentaire sur la Rome célébrée par les cinéastes du monde entier, italiens, européens et anglo-saxons.

Du péplum au western spaghetti, de la saga familiale au film d'auteur, de la mélancolie à la tendresse, de la grande Histoire à la petite, de la romance à la passion, de la religion à la politique. Arrêt sur images, anecdotes de tournages, visages et souvenirs... Un ouvrage qui parlera indubitablement aux puristes, férus de cinéma, mais également d'art, de sociologie et d'histoire.
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Francis Bacon, en Morceaux Choisis

Merci à Babelio et aux éditions Edouard Dor pour l’envoi de ce livre sur Francis Bacon ! Je ne connaissais pas vraiment ce peintre lorsque j’ai sélectionné l’ouvrage, et me suis dit que ce serait l’occasion de le découvrir.

J’ai d’abord été surprise par le format : le livre est petit et mince, et c’est vrai qu’habituellement les livres sur les artistes sont plutôt gros et épais. L’approche de cette étude se veut originale : Edouard Dor a choisi des poèmes, films, autres œuvres pour les mettre en relation avec Francis Bacon, plutôt que de partir à chaque fois de l’œuvre du peintre.

J’ai pensé au début que c’était frustrant de ne pas voir les œuvres … et me suis aperçu ensuite que les reproductions (en couleur !) étaient à la fin de l’ouvrage, accompagnées d’autres œuvres que Dor mentionne dans son étude.

La structure de l’ouvrage étonne également : les parties sont courtes, font penser à une œuvre musicale, se succède avec rythmes. Les contenus (et les rythmes) sont changeants : à un moment, une description d’œuvre, à un autre un poème, …

Néanmoins, même s’il se lit bien et facilement, et même si on apprend quelques informations sur Bacon, ses partis-pris, ses motivations pour peindre, j’aurais peut-être souhaité plus de contenu, plus d’œuvres à découvrir. Je reste un peu sur ma faim. C’est sûr, je le « ressens », ce que l’auteur souhaite sur la 4e de couverture, mais juste un peu, et j’aurais aimé le « ressentir » plus. Il manque, je trouve, des œuvres : j’aurais aimé découvrir plus de ses tableaux. L’auteur annonce dès le départ vouloir croiser les sources : très bien, mais j’aurais souhaité plus de comparaisons, de mises en parallèle, plus de poèmes, plus de films, … L’initiative est intéressante, mais un peu trop maigre à mon goût.

Quoiqu’il en soit, j’ai envie d’en savoir plus sur le peintre, et j’irai explorer ses toiles. Un ouvrage intéressant à lire et un beau petit livre à placer dans sa bibliothèque.

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Rome mise en scènes

Avec la collection Ciné voyage, les éditions Espaces et Signes proposent de voyager autrement. Quelle bonne idée ! Grâce à une Masse critique Babelio, j'ai eu la chance de recevoir l'ouvrage consacré à Rome : Rome mise en scènes d'Edouard Dor (version revue et argumentée).

Quel voyage nous propose-t-on ? Une visite de la ville à travers sa filmographie. On le sait, à l'instar de Paris, Londres, New-York ou San Francisco, Rome n'a cessé d'inspirer les cinéastes : Pasolini, Fellini, ou Allen, pour ne citer qu'eux.

Un livre à lire dans l'ordre ou dans le désordre. L'index permet de choisir sa visite.

Des textes clairs et précis, des images mythiques du cinéma. On a une multitude d'informations : les coins, les quartiers de la ville, qui ont inspiré plus particulièrement, les époques historiques qui ont surtout été appréhendées par les réalisateurs. Un régal !

Pour ma part, j'ai adoré ce qui sert d'épilogue à l'ouvrage : un rapprochement entre des images de films et des tableaux célèbres. Il fallait y penser !

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Rome mise en scènes

Lu dans le cadre de la Masse Critique Non-Fiction de février 2018





Rome mise en scènes nous transporte dans la Ville Eternelle à travers le 7e art. La ville est explorée, racontée et contemplée grâce aux films qui en ont fait, pour la plupart, un personnage à part entière de l'histoire. Si l'ombre du grand Fellini n'est jamais bien loin et si le cinéma italien est bien entendu privilégié, le reste du monde n'en est pas moins oublié. Pas tout à fait guide voyage, pas tout à fait essai sur le cinéma, c'est en réalité un mélange des genres dont le nom de la collection (Ciné Voyage) résume assez bien le propos.





A travers l'évocation de grands films, dont l'histoire est généralement détaillée, on découvre plus que les monuments, évoqués bien que généralement au passage, une ville par sa population, son état d'esprit et son art de vivre représentés à de multiples reprises au cinéma. Chaque film est présenté par son rapport à la ville, sa représentation de Rome et ses habitants dans différents chapitres ayant pour thème l'atmosphère générale évoquée. L'histoire moderne (le fascisme et l'après-guerre principalement) , le Vatican et naturellement l'incontournable Cinecittà ont par ailleurs leur propre chapitre.





Plusieurs cartes en fin d'ouvrage permettent de replacer les lieux emblématiques des principaux films mentionnés dans la ville : Fellini Roma, L'Eclipse, To Rome with Love, le ventre de l'architecte... et bien sûr les monuments tels que La Dolce Vitta ou Vacances Romaines. Trois index bien utiles (films, réalisateurs et monuments) permettent par ailleurs de naviguer plus aisément dans les pages selon ce qu'on y cherche.





On peut regretter, s'il fallait trouver un point négatif à ce livre, que le propos tourne parfois à une énumération de films dont le lien avec le thème du chapitre (principalement pour les premiers) n'est pas des plus évidents. Cependant, ce voyage cinématographique dans Rome se révèle véritablement passionnant et permet de découvrir non seulement la ville et ses habitants mais aussi et surtout les films, connus ou moins connus, l'ayant pour cadre. Une fois refermées ces pages, on a juste envie d'aller déambuler dans les rues romaines, ouvrage en main naturellement, afin de voir de visu tous les lieux évoqués ici.... et de se faire une soirée ciné pour (re)découvrir tous ces films.
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Sur les barques de Braque : Dans l'attente ..

Cet essai enlevé et érudit d'Edouard Dor est une défense et illustration passionnée des marines du peintre cubiste, mort il y a cinquante ans.
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Quand penser en Chine se disait Mao

Dans le sillage de Georges Pompidou, en visite très officielle, le reporter en profite pour croiser des héros simples, nourris par la «fameuse, l’essentielle, l’incontournable pensée Mao Zedong» du Petit Livre rouge
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L'ennui des deux Vénitiennes de Carpaccio

Son livre est une véritable enquête sur ce tableau, Edouard Dor examine, scrute, observe, analyse, détaille tous les éléments de ce tableau, avec lui vous chercherez à comprendre ce que font ces deux femmes, qui sont-elles ? pourquoi semble-t-il manquer une partie du tableau ? ces deux femmes s’ennuient-elles ? qui attendent-elles ? quel est le sens de ce tableau ? Toutes les suppositions sont admises et Edouard Dor ne manque pas d’imagination !



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