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Citations de Elena Balzamo (23)


Quoi qu'il en fût, l'époque avait eu raison de ses penchants : cet homme, orateur et interlocuteur par la grâce de Dieu, ne parlait pas des choses les plus intéressantes - l'histoire et la politique.
Pire : il n'a jamais rien écrit. Pas de souvenirs, même fragmentaires, pas de réflexions couchées sur le papier. Cela aussi, on peut le comprendre : si parler de certains sujets était dangereux, écrire pouvait se révéler fatal. Avec un passé carcéral comme le sien, il valait mieux ne courir aucun risque. Mais il y avait autre chose : l'homme qui "n'a rien écrit" avait en réalité passé son temps à écrire...des lettres.
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Et tel le cours d'un fleuve, la rude époque
avait changé ma vie. Qui désormais avait un autre lit
et d'autres rives...

Ces vers d'Anna Akhmatova s'appliquent à des millions de destins, et celui de ma grand-mère, si fantasmagorique qu'il paraisse, n'avait rien d'extraordinaire. Une enfance heureuse dans une famille aisée - ce qui explique sans doute pourquoi elle en parlait peu : moins on évoquait ses origines "bourgeoises" dans la Russie soviétique, moins on risquait d'en pâtir.
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La peur a de gros yeux.

Proverbe russe
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Dans un pays de pénurie endémique comme l'URSS, les livres - les vrais, et non la camelote qui ornait les rayons des librairies d'état et dont personne ne voulait - étaient une denrée rare. Ils faisaient l'objet d'un trafic juteux et ils s'écoulaient sous le manteau - "sous le comptoir", selon l'expression russe.
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La littérature est la seule forme de garantie morale dont dispose la société.
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Mais l'impression - ou l'illusion - selon laquelle il existait un milieu où l'on pensait "autrement" était importante : elle favorisait l'émergence d'un espace de liberté mentale, amorcée grâce à l'école.
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En tout cas, nul ne pouvait obtenir son diplôme sans avoir préalablement signé un contrat d'embauche (d'attribution) qui le liait à son emploi pendant trois ans. Ce système, qui permettait d'afficher un chômage zéro, se conciliait bien avec le principe de l'économie planifiée.
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Qu'il pût y avoir - en Occident ! - des personnes qui, sans être des débiles mentaux et ayant accès à toutes les informations, avaient des convictions communistes, je n'arrivais pas à le comprendre, cela me dépassait.
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Après cette arrestation eut lieu le mémorable échange entre ma grand-mère et le juge d'instruction.
- Pourquoi cet acharnement ? lui demanda-t-elle. Pensez-vous vraiment qu'après tant d'années de prison, de camp, de relégation, les gens comme moi peuvent encore représenter un danger pour l'Etat ?
- Un danger, non, lui répondit placidement le juge. Mais les gens de votre espèce ont une mémoire, et c'est de cela que nous ne voulons pas !
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"Plus proche que votre famille, plus cher, je n'ai rien..."La correspondance avec chacun de nous lui permit de goûter à une existence qu'il n'avait jamais eu, de vivre une vie qui aurait pu être la sienne. Une vie par correspondance ?
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"La qualité variait d’une photo à l’autre, certaines étaient si floues qu’on avait du mal à les déchiffrer. Les caractères étaient minuscules,mais il n’était plus nécessaire de tout lire en une nuit."
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- Un jour, martela t-il, on t'arrêtera pour tes opinions anti-soviétiques, et je ne veux pas que ce jour-là on découvre que j'avais appuyé ton adhésion au Komsomol !.
Je ne sus lui répondre. Nous avions quatorze ans tous les deux.
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[...] parler une autre langue signifiait déjà se dérober un peu à la surveillance de l'État omniprésent. Parler d'une autre façon, parler de sujets inhabituels. Parler littérature. Parler politique.
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« Après cette arrestation eut lieu le mémorable échange entre ma grand-mère et le juge d’instruction.
– Pourquoi cet acharnement ? lui demanda-t-elle. Pensez-vous vraiment qu’après tant d’années de prison, de camp, de relégation, les gens comme moi peuvent encore représenter un danger pour l’État ?
– Un danger, non, lui répondit placidement le juge. Mais les gens de votre espèce ont une mémoire, et c’est de cela que nous ne voulons pas ! »
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Les Russes se faisaient une idée peu flatteuse des Géorgiens : riches, pas très futés, débonnaires, lubriques, corrompus jusqu'à la moelle, persuadés que tout s'achète et parlant avec un accent indélébile.
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"Comment quatre personnes pouvaient-elles lire un livre de cette taille en si peu de temps ? La lecture à haute voix, processeur trop lent,n’entrait pas en considération. En fait, cela ne posait pas de problème dans la mesure où ce n’était pas un volume relié, mais des feuilles séparées, faciles à manier, qui passaient de main en main, page après page, chapitre après chapitre. Le lendemain matin, mon père partit au travail en emportant le livre dans sa serviette."
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« Récemment, je me suis rendu compte d’un fait étrange : j’ai beau être née et avoir grandi dans un pays communiste, les membres du Parti que j’ai connus se comptent sur les doigts d’une main. Comment est-ce possible? L’endoctrinement idéologique n’était-il pas omniprésent. Si. Et pourtant… »
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–Oh là, halte! cria le renard. Je ne souffrirai pas de voir ce fanfaron se comporter comme s’il était mon égal. Viens ici, on va se battre pour savoir si tu mérites qu’on te laisse en vie. Et si tu perds, tu seras à moi!
Le lièvre, lâche par nature, se mit aussitôt à trembler; et lorsqu’il se rendit sur le lieu du duel, il ne fut pas difficile à vaincre.
–Tu es indigne de cette marque d’honneur! lui déclara le renard à propos de sa queue, qu’il arracha d’un coup de dent pour l’attacher à la sienne.
Cela explique pourquoi le renard a une si longue queue, alors que le lièvre n’a qu’une petite touffe de poils blancs.
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Car même un changement des moins insignifiants était porteur d'un danger : une initiative, pour être appliquée, devait recevoir le feu vert de quelque autorité - mais qui oserait en endosser la responsabilité ? et si l'on se trompait ? On s'attirerait des sanctions, donc mieux valait ne rien faire. Tel était le raisonnement auquel on s'en tenait à tous les échelons, et personne ne faisait rien.
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Il s'y développa une complicité entre les professeurs, qui n'avaient pas peur de parler, et leurs élèves, qui n'avaient pas peur de poser des questions. Du jamais vu à l'ère soviétique.
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