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Citations de Elisabeth Brisson (45)


Dans la Concord Sonata de Charles Ives, étonnante partition dont chaque mouvement était dédié à un transcendantaliste ; le destin y était Leitmotiv, prêt à livrer son message à chaque fois identique et renouvelé, harmonisé avec douceur au tout début du mouvement consacré aux Alcotts. « Il y a un “oracle” au début de la 5eSymphonie, écrivait Ives ; dans ces quatre notes est contenu l’un des plus grands messages de Beethoven. Nous voudrions placer son interprétation au-dessus de l’implacabilité du destin frappant à la porte, au-dessus du message humain supérieur de la destinée, et nous efforcer de le rapprocher du message spirituel provenant des révélations d’Emerson, voire du “cœur commun” de Concord – l’âme de l’humanité frappant à la porte des mystères divins, radieuse dans la foi qu’elle sera ouverte – et que l’humain deviendra le divin ! » (Essais avant une sonate, 1920)

Modernité de Beethoven
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Une œuvre tout particulièrement atteste de l’empreinte beethovénienne sur la musique de Mendelssohn : le Quatuor à cordes en la mineur op. 13.

Modernité de Beethoven
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Le 29 mars 1827, Schubert rendait un dernier hommage à Beethoven, portant l’une des huit torches escortant la dépouille vers sa dernière demeure ; la légende veut qu’il se soit ensuite rendu dans un cabaret avec quelques camarades, ait levé un verre au souvenir de l’Immortel, un autre au premier qui le rejoindrait. Se savait-il lui-même condamné à bientôt suivre le maître ? Toujours est-il qu’immortel, Beethoven le devint dès ses obsèques, célébrées en grande pompe en présence d’une foule nombreuse.

Rendre hommage à Beethoven
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Cette œuvre constituera une véritable charte musicale pour le romantisme allemand et notamment pour Robert Schumann – auteur de nombreux cycles de lieder – qui citera cette page à plusieurs reprises dans son œuvre (Fantaisie opus 17, L’Amour et la vie d’une femme).

Modernité de Beethoven
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(...) l’« Immortelle bien-aimée », selon toute vraisemblance Antonia Brentano10. Sa rupture avec elle en 1812 devait être un des éléments déclencheurs d’une longue crise affective morale et intellectuelle qui allait conduire le compositeur au bord du suicide et l’enfermer dans une période de relative infécondité.

Tout indique qu’il était imprégné du souvenir de l’« Immortelle bien-aimée » lorsqu’il composa ce lied en 1816 dans le plus grand secret ; sublimation tardive de l’amour impossible, certes, mais aussi inscription sereine dans la musique même du geste de renoncement : à travers le retour, dans le sixième lied, du thème initial de l’œuvre, le poète invite en effet la femme aimée et pour toujours lointaine à chanter sur le même air qu’au début des paroles nouvelles d’acceptation et de transfiguration de la perte :
« Car la musique efface
Espace et temps
Et un cœur aimant atteint
Ce qu’un cœur aimant a béni. »
Le sentiment personnel de nostalgie fut-il à l’origine du choix d’architecture de cette œuvre ? Remarquons simplement que la première idée d’un principe cyclique est née dans une œuvre chantant l’impossible retour de la femme aimée.

Modernité de Beethoven
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Grâce en partie à sa personnalité « indomptable » – le mot est encore de Haydn – et à un contexte social plus favorable que celui qu’avaient connu ses prédécesseurs (l’influence, même à Vienne, de certains principes de la Révolution française), Beethoven put s’imposer comme artiste libre et émancipé, imposant par là-même l’image de l’artiste moderne.

Modernité de Beethoven
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Fidelio, l’humanité dans sa quête de la liberté, la Missa solemnis, l’humanité dans son rapport au divin, la 9e Symphonie, l’humanité fraternelle dans son rapport à elle-même. (...)

En cela Beethoven – non seulement dans son domaine en tant que musicien, mais aussi en tant qu’artiste, dans son rapport à l’art et en tant que penseur, dans son éthique – s’affirme bien comme un héritier des Lumières, les principes qu’elles prônent, Progrès, Raison, Dépassement, se traduisant dans son esthétique par les concepts d’innovation, d’unité et de transcendance fondant sa modernité.

Moderniteyde Beethoven.
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Beethoven est donc d’une actualité incontournable pour la musique et pour les compositeurs d’aujourd’hui. (...) le pianiste virtuose Pascal Amoyel qui en 2019 a imaginé un spectacle admirable, Looking for Beethoven, pour faire entendre la dimension spirituelle essentielle de ses Sonates : les clichés sont là mais sublimés, pour restituer la démarche même de Beethoven, celle qui a été de penser la condition humaine, ses angoisses, sa dynamique, ses émotions, ses interrogations, ses joies, dans ses choix de compositeur, dans la mise en œuvre de sa composition, en les inscrivant à l’intérieur de son écriture pour en faire une matière musicale jusque-là restée inouïe mais qui désormais atteint, profondément, tout auditeur réellement attentif, par-delà les mots.

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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Si Arnold Schönberg s’est inscrit délibérément dans l’héritage de Beethoven pour composer « une musique réellement nouvelle qui, appuyée sur la tradition, servira à son tour de tradition », Berg, Bartók, Ligeti, Boucourechliev, et bien d‘autres se sont également inspirés de la démarche de Beethoven, de ses audaces, et tous les compositeurs contemporains ne cessent d’analyser ses œuvres ; parmi eux, nombreux sont ceux qui cherchent à lui rendre hommage directement par des œuvres de nature très variée.

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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À l’occasion du 250e anniversaire, le centre de recherches de la Beethoven-Haus recense toutes les œuvres composées après Beethoven, d’après lui et sur lui : « Komponieren nach Beethoven » peut être consulté sur le site de cet institut de recherche.

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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Récupérant la dimension « révolutionnaire » de Beethoven, les nazis ont fait de lui un des précurseurs de leur idéologie, et le chantre de la supériorité de la race germanique et de la nation allemande.

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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Le centenaire de la mort de Beethoven a été fêté partout dans le monde, (...). La consécration officielle de ce compositeur de génie, son actualité au début du XXe siècle, est donc de l’ordre de l’universel. Pourtant, les connotations nationalistes dominent déjà fortement en Allemagne : (...). Les œuvres les plus emblématiques du culte de Beethoven sont données en concert : la Missa solemnis, la Symphonie Héroïque et la Neuvième, l’ouverture d’Egmont, le 5e Concerto pour piano, le Concerto pour violon, la Sonate op. 111, le Quatuor op. 132, autant d’œuvres associées à la souffrance, à l’héroïsme, à l’élévation vers la joie.
À Vienne au contraire la commémoration a une coloration universaliste : Beethoven n’appartient pas seulement aux Allemands.

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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Par-delà le recours à Beethoven pour penser et nommer la tension entre le bien et le mal, un véritable culte lui est rendu par certains écrivains, et en premier lieu par Romain Rolland, prix Nobel de littérature en 1915, qui admirait la statue de Klinger. Cet écrivain a directement participé à l’apothéose du génie en lui consacrant un ouvrage monumental de sept volumes : Beethoven. Les grandes époques créatrices. Dès l’introduction, datée de l’année du centenaire de la naissance de Beethoven, 1927, Romain Rolland installe son héros parmi les dieux : « Après une vie de combats, Beethoven, mis au tombeau, a continué de combattre, pendant un demi-siècle, dans le ciel de l’esprit, où se livre, éternelle, au-dessus de nos têtes, la mêlée de nos dieux. Vainqueur par ses lieutenants, dont Wagner fut le Poliorcète, il a, pendant un second demi-siècle, rempli la terre de sa victoire. Aujourd’hui, la victoire et le règne de Saturne s’achèvent. Mais on ne voit poindre aucun Jupiter. »
Paraissent ensuite successivement, entre 1928 et 1945 : De l’Héroïque à l’Appassionata (1928), Goethe et Beethoven (1930), Le Chant de la Résurrection (la Messe solennelle et les dernières Sonates) et Les aimées de Beethoven 1937), La Cathédrale interrompue/I La Neuvième/II Les derniers Quatuors (1943)/III Finita Comoedia (1945). La démarche de Romain Rolland consiste à associer la vie et l’œuvre en s’inspirant de Schindler, ainsi que des critiques formulées par Thayer.

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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À la suite de Wagner, de Joachim et de Mahler, la 9e Symphonie est devenue le moyen d’expression par excellence de la religion de l’art dont Beethoven était le prophète, lui qui a souffert pour sauver l’humanité en la guidant vers la Joie, cette belle étincelle divine…

L’influence de cette interprétation initiée par Wagner ne se limite pas au monde musical, mais concerne les autres arts : peinture, sculpture, littérature. Ainsi, Gustav Klimt pour la XIVe exposition de la Sécession à Vienne en 1902 a peint une frise qui s’inspire du programme de Wagner pour montrer comment l’humanité accède à la joie, et Max Klinger a installé une statue monumentale au centre du Pavillon de la Sécession, nouveau temple dont la vocation était de célébrer la religion de l’art : sans aucun attribut de musicien, Beethoven en marbre, dans une nudité héroïque, le regard tourné vers l’au-delà, les poings serrés, un manteau d’onyx et d’ivoire recouvrant ses jambes, est assis sur un somptueux trône orné de pierres précieuses. La richesse des matériaux comme les références suggérées discrètement à Prométhée, Zeus, Vénus, saint Jean, au Christ crucifié magnifient la métaphore de la métamorphose opérée par l’art.

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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Liszt, pianiste virtuose inventeur du récital de piano, n’a eu de cesse de faire connaître et de faire aimer la musique de Beethoven qui, à ses yeux, était celle d’un génie, prophète, messie de la religion de l’art. Pour appuyer cet investissement de toute sa vie, Liszt a mis en avant la légende du Weihekuss, ce baiser de consécration qu’il aurait reçu à Vienne le 13 avril 1823, alors qu’il n’avait que 11 ans, à l’issue de son concert d’adieu : en réalité Beethoven n’a pas assisté au concert, pourtant cette légende a été reprise par Schindler…

L'actualité de Beethoven : du culte à la demythification
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Érigé en héros, en messie d’une nouvelle religion, Beethoven a également été directement instrumentalisé, mis au service d’une cause idéologique, avant d’être redécouvert au plus près de sa vérité.

L’actualité de Beethoven : du culte à la démythification
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Si Léon Tolstoï et André Gide se servent de Beethoven pour interroger des effets paradoxaux et mortifères de la musique quand « l’entendre » coupé du « voir » favorise la plongée dans l’inconscient au risque de libérer les pulsions jusque-là refoulées, l’écrivain autrichien prolifique Stefan Zweig s’est plu à collectionner des manuscrits et des objets qui ont appartenu, entre autres, à Beethoven pour être au plus près de son processus créateur. Par-delà le culte du grand homme ou cette attention à l’homme créateur, Zweig a la conviction qu’une œuvre fait partie de ce qui relève du sacré : le concept « Beethoven » recouvre la dimension sacrée de la création.

Le processus de divinisation
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L’effet terrible de la musique est également relevé par André Gide, à une époque où le culte beethovénien est à son apogée, en publiant en 1919 un roman très court qu’il intitule La Symphonie pastorale. Gide choisit donc une référence directe à Beethoven et aux sentiments merveilleux éveillés par la nature pour s’interroger sur ce que cache le désir de sauver l’autre : n’est-ce pas une volonté d’emprise qui sert un intérêt personnel, comme l’atteste l’exemple du pasteur qui recueille et éduque une jeune aveugle orpheline dont il tombe amoureux, en prenant la place qui devait être celle de son propre fils ? Pour posséder la jeune fille il la maintient dans un monde d’illusions, ce qui est métaphorisé par le bonheur apporté par l’audition de la Symphonie pastorale. Mais, recouvrant la vue, la jeune fille se rend compte des manipulations du pasteur qui a écarté son fils dont elle était tombée amoureuse, ce qui lui donne le dégoût de la vie, la pousse à une tentative de suicide avant qu’elle ne meure de confusion mentale. Par ce court roman Gide incite donc le lecteur à se demander si se contenter d’entendre de belles sonorités qui entretiennent un monde d’illusions, n’est pas une façon de s’aveugler sur le mal : la musique serait en définitive mortifère, à l’instar de l’emprise de la parole pastorale. Ainsi, se référer explicitement à Beethoven et à cette œuvre emblématique et polysémique qu’est la Symphonie pastorale aurait été pour Gide une façon de souligner l’ambiguïté tout autant que l’ambivalence de la musique comme de la « pastorale » : la musique qui appartient au registre de l’entendu au même titre que le discours moralisant qu’est la « pastorale », « pastorale », masquerait par sa séduction la question du mal, de ses origines et des formes qu’il peut prendre.

Le processus de divinisation
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Pendant que les artistes plasticiens cherchent à percer le secret du génie de Beethoven, les écrivains contribuent à transformer le nom de Beethoven en concept, c’est-à-dire en un terme polysémique chargé de désigner un vaste champ d’expériences, tant la puissance de sa musique et sa biographie doloriste imprègnent les imaginaires.

Ainsi, Léon Tolstoï, dans la nouvelle La Sonate à Kreutzer, met en scène la jalousie mortifère d’un mari qui tue sa femme après s’être rendu compte qu’elle avait eu plaisir à jouer cette sonate avec celui dont elle allait devenir la maîtresse. En se plaçant sous l’égide de cette puissante œuvre de Beethoven, Tolstoï, mélomane et pianiste amateur, tentait de comprendre l’effet produit par la musique en général, musique qu’il désigne comme cette « chose terrible », « cause de tout ». Les questions qu’il pose et les réponses qu’il donne sont révélatrices du trouble provoqué par cette « chose terrible » : (...).

Révélatrice de pulsions inconscientes, loin d’apporter la joie, la musique pousserait au crime. Ainsi, avec Tolstoï le concept « Beethoven » recouvre le champ de l’ébranlement émotionnel mortifère provoqué par la plongée dans l’inconnu des forces obscures.

Le processus de divinisation
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Cette image idéalisée largement inspirée de la biographie de Schindler se retrouve également dans le petit livre de Romain Rolland, Vie de Beethoven, paru en 1903 dans les Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy, puis très vite dans la collection « Vie des hommes illustres » de la Librairie Hachette, réédité à plusieurs reprises. En une centaine de pages, Romain Rolland présente Beethoven comme un « Titan », véritable héros, figure de grand homme par excellence puisqu’il n’est pas un héritier, à l’instar des grands hommes de la Révolution, ayant souffert pour sauver l’Humanité : « Il est la force la plus héroïque de l’art moderne. Il est le plus grand et le meilleur ami de ceux qui souffrent et qui luttent. »
Et pour soutenir ses propos Romain Rolland donne à lire en traduction française le Testament d’Heiligenstadt ainsi que les lettres à Amenda et à Wegeler de l’été 1801, et les autres lettres de Wegeler, et il ajoute une série de « Pensées » dont il ne donne la source précise qu’à de rares exceptions, puisées pour certaines dans la publication fantaisiste de Bettina Brentano, Correspondance de Goethe avec un enfant (1835), en particulier : « La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie… Qui pénètre le sens de ma musique doit s’affranchir de toute la misère que traînent après eux les autres hommes. »

Le processus de divinisation
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