Citations de Elisabeth Foch (148)
Mais le plus souvent la montagne s'efface devant le grimpeur et ses prouesses.
Entre les deux guerres, la technique photographique et la fréquentation de la montagne évoluent et modifient le regard porté sur le paysage alpestre.
L'histoire de la photographie de montagne prouve qu'ils ont su dans un même déclic saisir et dépasser la réalité de l'altitude et trouver ces raccourcis vers l'essentiel que sont les véritables oeuvres d'art.
Pour capter le regard des spectateurs, les photographes aussi ont dû filtrer les réalités qui encombrent les montagnes, abandonner l'habitude visuelle d'un horizon sans relief et se laisser gagner par les visions que provoque le vertical.
Cézanne hante la montagne aixoise pour le temps et l'éternité.
Les peintres aussi se sont mesurés à l'univers vertical qui déroute, bouscule, bouche le paysage, inspire la crainte, la passion, l'étude et parfois aussi des chefs-d'oeuvre.
Avant l'alpinisme, la montagne avait déjà fait couler beaucoup d'encre.
Toute quête spirituelle nécessite une rencontre.
Le mystère de la civilisation pascuane demeure et nourrit l'imagination des voyageurs, qu'ils soient écrivains ou photographes.
Vie et mort sont des mots bien étriqués pour célébrer la généreuse et chaotique redistribution de beauté qui tour à tour avale ou ou soulève les montagnes. Et confie à certaines d'entre elles la mystérieuse mission de nous aimanter.
La nature a tout prévu : le vide est là pour sublimer le temps et l'espace et nous ouvrir à l'univers de la création et des métamorphoses.
Face à l'invisible, le poète n'a d'autre solution que d'affûter sa plume.
Le mauvais temps est une aubaine pour les amateurs d'invisible.
Nues et nuages, brumes et brouillards, en occultant une partie du paysage, suggèrent de ne pas se fier aux apparences et de voir au-delà de la couleur des choses.
Les infinies nuances de gris des photographies en noir et blanc sont particulièrement efficaces à révéler le vide.
Pour se rendre disponible aux signes qui vont surgir et révéler l'espace, les photographes n'ont pas de meilleure recette que de mettre un pied devant l'autre et faire confiance aux ressources du regard.
Les espaces désertés accueillent l'imaginaire et les photographes nous restituent cette hospitalité : il faut avoir l'âme généreuse pour faire une image avec du vide et accepter que le spectateur ait la liberté de l'achever à sa manière.
On ne perturbe pas impunément l'équilibre spirituel et moral.
Les déluges inondent toutes les croyances, les sautes de vent accompagnent de nombreuses révélations, les arcs-en-ciel et autres sons et lumières génèrent des apparitions.
Dans les déserts d'altitude, l'homme se croit investi de la mission de remplir l'espace vide.