Citations de Elisabeth Foch (148)
Qui n'a pas reconnu dans les nuages accrochés au relief la forme d'un animal?
En Europe, la montagne fait son apparition dans la peinture à partir du Moyen Age, et sa représentation est conforme à l'idée que l'on se fait alors de l'altitude. Son inaccessibilité en fait un symbole du sauvage, du menaçant et du maléfique en général.
H.B. de Saussure, lui, nous communique "l'angoisse géologique" qu'il a éprouvée en haute montagne.
Une menace rôde, qui atteint même le Canigou : celui-ci ne règne plus en maître du paysage mais subit bravement les assauts du ciel, comme le ferait un marcheur mouillé jusqu'à l'âme.
Le paysage se fait métaphore de la vie.
Pour les taoïstes, les montagnes constituent un tremplin permettant aux hommes de communiquer avec les immortels et les puissances primordiales de la terre.
La montagne se lit comme un roman. Le roman du monde dont l'énigme se situe tantôt sur terre, tantôt au ciel.
Toute la région de Q'eros est ponctuée de cairns qui indiquent non seulement les sentiers d'un village à l'autre mais aussi les seuls passages vers les plus hauts cols. Si bien que lorsque les écharpes de brume montent des vallées et forcent les arêtes, l'apparition d'un cairn rassure. On se sent alors sur le bon chemin, celui qui relie des hommes à d'autres hommes.
La mythologie inca situe le commencement de l'histoire et la naissance du soleil dans ce désert d'eau et de pierre que forment les rives austères du lac Titicaca, qui signifie "pierre d'étain".
Les Incas vénéraient les montagnes et construisaient leurs lieux de culte en altitude. c'est le cas du Macchu Picchu, le "Vieux Pic" qui culmine à 2045 mètres, près des sommets, véritables dieux incarnés qui peuvent à tout moment se mettre à rugir, trembler, se soulever, anéantissant toute vie dans d'épouvantables séismes et autres glissements de terrain, si fréquents dans les Andes.
Le moine devant son tas de gravier sait que le symbole compte plus que la réalité géographique.
Ici, comme partout en montagne, le héros du paysage c'est le vide. Il souligne le relief et renvoie l'homme à lui-même.
Je compris alors que l'enfer n'est jamais très loin du paradis et que les montagnes ont des choses à dire.
Dévaler une montagne, les éclairs sur les talons, par un chemin qui bientôt ne se distingue plus du torrent, peut provoquer cette expérience fondatrice.
La montagne se révèle loin des foules et des discours. Un jour, sans crier gare, elle vous entraîne dans un monde de résonances et réveille une insatiable curiosité cosmique.
Choses qui enracinent
Tenter une bouture.
Tailler la haie du jardin.
Faire et refaire la même ballade, saison après saison, en partant à pied de la maison.
Ne pas s'absenter à la floraison d'une plante que l'on aime : les pétales amers des iris noirs flétrissent si vite.
Choses qui incitent à prendre le large
L'envie d'aller voir comment vivent les gens qui ne vivent pas comme moi
Dit autrement : le besoin de m'éloigner de ceux qui vivent comme moi?
[...]
Les gens rencontrés au hasard des routes ne se doutent pas que le souvenir que l'on a d'eux nous accompagne. Qu'ils font partie des proches. Définitivement. Pas un jour sans une pensée pour l'un ou l'autre alors qu'on ignore s'ils sont toujours de ce monde ou s'ils ont rejoint le gros de la troupe.
Dans ces deux traditions, et depuis des siècles, les croyances permettent aux Ethiopiens de survivre avec une foi inébranlable dans une nature excessive, ballottés par le chaos de l’histoire. Les pèlerins ont tous une foi viscérale dans le pouvoir de protection et de guérison sur une terre criblée de symboles.
Désapprendre pour retrouver une liberté première, sauvage, antérieure à toute personnalité et autre concrétion qui emprisonne l'être.
Qui n'a pas décrypté dans les chaos de l'altitude une géométrie du désir?